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ladytherapy
9 janvier 2005

Les pions blancs et les pions noirs

Ca fait trois semaines et j'aime ma vie. Passionément. Ah non, vous n'imaginez pas.

C'est bien simple, ça faisait deux jours que j'étais ici que je pleurais déjà le soir en murmurant, entre deux sanglots, "Je veux rentrer chez moi". Phrase qui d'ailleurs, contient une certaine dose d'humour, preuve que vraiment, je ne perds pas le sens du bon mot même dans les situations difficiles. C'est toujours ça.

Mais vous me connaissez : je hausse les épaules mentalement en me disant que ça n'est qu'une phase. Que ça va passer. Que ça va s'arranger, même. Naïvement ? Sans doute.

Voilà que ça fait trois semaines et le constat est le même : quand, pitié, quand m'en irai-je d'ici ?

Trois semaines et, voyons ? Combien d'engueulades avec Mirador ? Une demi-douzaine. Au bas mot.

Suis-je quelqu'un de méchant ? Voilà mon thème d'aujourd'hui. La petite question qui va me picoter le cerveau jusqu'à ce que, possibilité A, je me console avec un mensonge quelconque, possibilité B, je m'endorme en pleurant.

Combien d'heures par jour puis-je donc passer à me demander si je suis une bonne personne ? A moitié en me le répétant (ça fait du bien quand personne d'autre n'y consent ou ne peut vraiment y répondre) et en me le demandant, en fait. Je fais une consommation massive, excessive, de questionnement sur ma qualité d'être humain. Sans doute la seule dans mon entourage. J'ai remarqué que ceux qui devraient le plus se poser la question l'évitent soigneusement. De là à prétendre que la réciproque est vraie, je ne m'avance pas, de surcroît ce serait vraiment peu modeste -ça ferait de moi une mauvaise personne donc. C'est compliqué, hm ?

Impulsive. Je veux bien reconnaître que je sois impulsive. En fait je le reconnais sans honte ni détour, je ne suis pas certaine que ce soit un défaut, tout dépend de qui est en face, car ça conditionne l'impulsion. Oui, impulsion de colère, souvent, quand les gens prennent le parti d'être désagréables et espèrent qu'on ne leur fera pas remarquer.

Odieuse. Ca m'arrive. Disons : je sais comment taper, je sais où taper, et quand j'ai mal je ne m'en prive pas. Donc odieuse occasionnelle. Pas par nature : par réaction. En même temps avec le nombre de congénères sur la planète, difficile de vivre autrement que dans la réaction. Je suis certainement odieuse très souvent.

Acerbe. Oh la vilaine langue de vipère. C'est moi ça. Je ne retiens jamais derrière mes dents quelque chose qui pourrait faire mal à quelqu'un que je ne porte pas en haute estime.

Mais sinon ?

Depuis quand n'ai-je pas été poussée dans mes retranchements ? De quand date la dernière conversation où je n'aie pas été à cran ? Je ne me rappelle pas n'avoir pas eu le coeur dans la gorge depuis des mois. Sans doute aussi ai-je une mémoire sélective du fait de mon état actuel, mais tout de même.

Qu'il s'agisse de surcompenser avec certains Belges en visite, en affichant une gaîté, oh, pas feinte, pas vraiment, juste exagérée afin de n'avoir pas à parler de ce qui me préoccupe vraiment... ou de tomber en larmes au téléphone avec Joker (lequel, c'est certain, ne me rappellera jamais ; règle n°1 de la rupture dégueulasse : les amis de ton ex ne sont plus vraiment des amis, mais faut faire comme si), je suis number one dans les émotions hors de proportions ces derniers temps.
Alors oui, quand Mirador, une fois de plus, est désagréable, menace de me priver du peu qui me tient à flot (en attendant de voir ma psy mercredi, dont je ne suis pas sûre s'il s'agissait d'un rendez-vous ponctuel ou d'une reprise de nos consultations, ça n'a pas été très clair mais il faudra vraiment mettre ça à plat), oui, sans doute : en joue, prête, feu ! Je tire où ça fait mal parce que je n'ai même plus le temps de lécher mes blessures.

Je ne la supporte plus, il faut aussi dire ce qui est. Chaque fois qu'elle s'adresse à moi (ce qui est fondamentalement différent des fois où elle parle, car j'ai plus l'impression qu'une poupée gonfflable à mon effigie remplirait dans ce cas la même fonction), je ressens ça comme une attaque. Je sens que quelque chose s'attaque à moi. A quelque chose qui me fait moi. A ce qui fait ma spécificité. Ce qui fait que je ne suis pas une autre. Pas elle, par exemple. Je sens qu'elle veut modifier mes habitudes (bien-sûr, aucune des siennes ne doit varier d'un pouce, sur l'air de "je suis chez moi ici et pas toi", comme si ça excusait tout). Qu'elle veut modifier ma façon de vivre, de voir la vie. Pas dans le bon sens. Ce n'est pas pour que je me sente mieux, pas pour que je vive mieux, pas du tout dans ce soucis. C'est parce qu'elle pense que je dois faire comme elle. Non pas qu'elle pense que j'irai mieux, que je serai heureuse ou quoi que ce soit de ce genre, non, vraiment. Il s'agit uniquement de gommer toute disparité. A terme, j'ai l'impression qu'elle veut faire en sorte que je lui sois si semblable qu'elle aura à nouveau l'impression de vivre seule, que je n'existe pas.

Je peux exagérer. C'est très possible. On exagère toujours un peu quand c'est subjectif. D'accord, je peux l'admettre. Mais cette impression n'est qu'une longue impression de trois semaines. J'ai l'impression d'être gommée, lentement, par tentatives multiples et détournées. Chaque concession que je fais n'est pas suffisante : elle attend de moi l'aplatissement total. Je n'y peux rien, je ne peux pas laisser faire ça.

Qu'elle soit ma grand'mère ? Ca fait bien longtemps que tout cela ne veut plus rien dire en réalité. Une famille ? Je ne ressens plus rien qui s'en rapproche. Les liens du sang, c'est une chose, mais c'est devenu sans valeur pour moi. Et quand ça en avait, je ne souffrais pas moins : bagage inutilement douloureux, en fait. C'est parti, tout ça, la notion d'appartenir à quelque chose (surtout d'aussi boiteux), l'impression de devoir répondre à quelque chose, le sentiment de dette. Tout ça a disparu et je ne sais pas trop quand, mais peu importe. Voilà un sentiment mort qui ne me manque pas, et comme la chose est rare, je ne m'attarde pas sur la question.

Cela fait-il de moi une mauvaise personne ?

En fait, du point de vue de mes parents et de ma grand'mère, résolument : oui.

N'avoir plus aucun sentiment pour ma famille de sang fait-il réellement de moi quelqu'un de peu convenable ?
De ce que je sais, pour la plupart des gens, c'est inconcevable. La famille de Lord T a arrêté de chercher à comprendre, mais de toute évidence elle ne s'y était jamais fait. Peu de parents comprennent. Et sitôt qu'il s'agit de quelque chose du type "beaux-parents", ça fait très peur.

Mais sinon ?

Je crois que je réfléchis comme s'il y avait un absolu de "bonnes personnes" et de "mauvaises personnes" (en écrivant cette phrase j'ai une pensée pour mes profs de lettres de lycée). Mais ce n'est pas le cas. Pourtant ce qui se dessine derrière cette question, c'est la reconnaissance. J'ai envie qu'on m'aime, tout bonnement.

Aïe ! Touché. Si je pleure en écrivant cette phrase, c'est de toute évidence que j'ai mis le doigt sur quelque chose.

Pas très étonnant, dans le fond. Pas très étonnant que j'aie l'impression de n'être pas aimée. Les gens avec qui je vis m'ont donné, ces derniers mois, plutôt l'impression de me haïr farouchement, ou pire encore, de me mépriser. A quelques exceptions temporelles près, qui toutes ce sont avérées fugaces... et mensongères : non ce n'était pas de l'affection pour moi, mais un besoin d'affection pour eux. Et chaque fois j'ai sauté à pieds joints dedans. C'est normal, j'étais faible. Et je le suis encore.
Justement, je me sens faible, si faible.

Quelqu'un peut me dire depuis combien de temps je me sens épuisée de vivre ? Je n'ai pas mon blog sous les yeux, mais il me semble vaguement que ce n'est pas la première fois que j'écris ces mots. Et avant de les écrire, je devais les penser depuis plusieurs mois déjà.

Je voudrais juste me sentir plus forte. Juste trouver quelque part le courage. Les gens qui l'ont semblent le tirer de leurs certitudes : je n'en ai plus une.

J'ai réalisé avec douleur que la foi qui m'animait jusqu'alors, cette foi qui était en moi depuis près de 5 ans, et qui avait germé un peu par surprise, cette fois a totalement disparu. Je n'ai plus aucune sorte d'espoir, et c'était le dernier que j'abritais.
Plus une seule certitude. Plus de sentiment de sécurité : ce après quoi je cours depuis des années, et dont en fait j'ai l'impression de n'avoir fait que m'éloigner.

Les gens comme moi finissent-ils bien ? Je ne parle pas simplement de mon avenir : tant que je serai lâche, tant que je trouverai des excuses, je resterai en vie et vivoterai tant bien que mal, comme je le fais depuis plusieurs mois déjà. Je n'ai aucune illusion à ce sujet : m'attendent des périodes d'apparente rémission, et des dépressions chaque fois plus graves. C'est, quoi ? La troisième ? Bravo, bel effort. Ou alors ce n'en est qu'une seule de plusieurs années et je ne suis pas certaine de me consoler de cette idée-là.

Non, ce que je me demande, c'est combien de temps, avec ce genre de vie, ce genre de pensées, ce genre d'entourage, ce genre de souvenirs, combien de temps je vais être capable de me demander si je suis une personne bien ? Parce que du jour où ça ne préoccupera plus, il sera trop tard.

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6 janvier 2005

Je cherche la Paix dans mes rêves

Voilà ce qu'il veut, voilà ce qu'il a eu : on n'a plus aucun contact d'aucune sorte en journée.

La nuit, c'est autre chose. Il est là. C'est l'évidence. Il s'aggrippe pour ne pas me laisser tranquille. Le harcèlement continue, d'une certaine façon et pour autant que c'en ait été un (ce que me confirmera mon ancienne psy que je dois retrouver la semaine prochaine)

Chaque fois, je rêve de lui.

Je sais que j'ai longtemps rêvé de la situation avec mon père. J'ai en mémoire un froid et particulièrement désagréable rêve où j'étais assise à mon bureau en train de dessiner (à moitié absorbée, comme on peut l'être dans un rêve, par quelque chose de complètement farfelu, en l'occurence des crayons de couleur dansant en forme d'arc-en-ciel), lorsqu'il a bondit bestialement et plein de fureur dans la chambre pour me... oui, encore heureux, le rêve s'était arrêté là. Mais c'est un des rares rêves où la situation se déroulait comme dans la réalité. Le reste du temps, tout se faisait sous couvert de métaphores plus ou moins habiles, souvent filées, comme le vampire, que vous devez maintenant connaître.

Avec Lord T, de toute évidence, je n'y arriverai pas. Mon esprit n'a pas l'air de maturer la question en la digérant via un processus métaphorique, ou une représentation abstraite quelconque, mais bel et bien des portraits cinglants de réalisme et de vérité : quand un élément varie du réel, vous pouvez être sûrs qu'il n'a pas la moindre influence sur ce qui se passe. Le décor varie par exemple, mais ni la rancoeur tenace, ni le mépris, ni les mots blessants, ni même, de mon côté, l'impression que tout est fini et que le moindre de mes efforts me coûte sans rien accomplir.

Il ne s'agit pas de rêver pour utiliser une soupape de sécurité, je revis, quasiment toutes les nuits, avec lui, la même chose que ces six derniers mois : belle performance pour quelqu'un qui voulait partir. De toute évidence j'y suis encore.

Cette nuit, une variante : j'ai eu l'espace d'un instant l'impression que les choses se passaient différemment. Dans cette version, il y avait de l'espoir. Il avait accepté une sorte de conciliation devant un groupe de psys, et ne restait pas enfermé dans son mutisme. Et c'est naturellement le moment qu'a choisi le réveil pour sonner.

J'ai donc lutté pour me rendormir : il me fallait un happy end. Eh, merde, au moins une fois et en rêve, ça fait de mal à qui ? J'ai senti que j'en avais besoin, juste un peu, juste une fois, juste parce que je vais très mal, juste parce que j'ai recommencé ma frénésie des achats, juste parce que je pleurais au téléphone l'autre jour avec Joker, juste parce que ça arrive trop peu souvent actuellement, juste parce que Mirador n'en finit plus de m'étouffer. J'avais tout cela à l'esprit confusément et j'ai tenté de me rendormir, malgré mes deux matous qui miaulaient à qui mieux-mieux (faut que j'arrête de les nourrir au saut du lit, ça va me tuer mes grasses-mat' ça)

Dans un premier temps, ça allait. Je déménageais, mais il était gentil. Sa mère était gentille. Elle nous commandait des kilos de chocolat (conséquence que je présume découler de consommation de chocolat belge la veille, à propos merci encore Tibou, dans ce contexte précis ça n'en a peut-être pas l'air, mais j'ai vraiment apprécié). Lord T me fait visiter son campus, les pièces sont plus blanches, plus lumineuses, il a pour moi des attentions touchantes.

J'aurais dû me réveiller à ce moment-là car une fois de plus les choses ont mal tourné et nous sommes revenus à la case départ. Une fois de plus le réel a repris le dessus.

C'en est décourageant, si même mon inconscient, mon subconscient, et toute la tribu des -scients, ne m'aident pas à guérir, la tâche va forcément être plus difficile. Comme si j'avais besoin de ça, comme si elle ne l'était pas suffisamment, comme si franchement je ne pouvais m'attendre à un coup de main de personne, pas même de moi.

Au réveil (près d'1h20 plus tard), le même tableau : le nouveau toit en pente qui m'étouffe, les chats affamés (ce n'est pas bon non plus de dormir avec pareilles bestioles se pourléchant à côté), et la conviction d'avoir raté ma nuit.

16 juillet 2009

Exorcisée

Je pensais à mes conflits au boulot, ces derniers temps. Et soudain, ça m'a frappée : ma progression professionnelle s'est faite sans le moindre vice de ma part.
Je n'ai pas cherché à être promue. Je n'ai pas cherché à avoir plus de responsabilités. Je n'ai pas cherché à escalader les marches de l'escalier social quatre à quatre. Je n'ai pas cherché à évincer qui que ce soit. Je n'ai pas cherché à me faire bien voir des personnes influentes, et surtout pas en diminuant les collègues. Je n'ai rien manigancé, rien fait de spécial. J'ai juste travaillé, et suivi le mouvement.
Sans le moindre vice.
Ça m'a paru très étonnant. Alors j'ai essayé de penser à mes actes ces derniers mois, et j'ai cherché la dernière fois que j'avais fait quelque chose dont je n'avais pas lieu d'être fière, la dernière fois que j'avais manipulé quelqu'un ou simplement élaboré tout un tas de théories pour parvenir à ce que je voulais. Et je n'ai rien trouvé. Serait-il possible que je sois libérée de tout vice ?

Quand on m'accuse de chercher à me faire passer pour une assistante parfaite afin de prendre la place de mes aînées, je trouve l'attaque basse et infondée. Mais quand j'y réfléchis je m'aperçois à quel point il est vrai que j'ai mené ma vie, ces derniers mois, avec une conscience immaculée. Je ne cherche à prendre la place de personne si ce n'est la mienne. J'aime simplement travailler. Dans mon esprit, je me dois de mériter mon salaire. Alors je bosse dur et en toute sincérité, ce n'est même pas contraignant pour moi d'être sur le pont 10h par jour avec le sourire. Parce qu'à travers cette façon de travailler dur, je sens instinctivement que je vais m'améliorer. Je me dépasse et j'en finis par n'avoir plus besoin de rien d'autre. Et surtout pas de voler la place de qui que ce soit. Parfois, c'est juste que j'aimerais que tout le monde donne tant de valeur à son travail, mais je peux concevoir que d'autres aient des priorités différentes.

Mais l'addiction au travail ou, plutôt, l'addiction au fait de travailler dur, me permet surtout de me purifier. En cherchant à être une meilleure assistante (et non la meilleure) et bien que ce métier n'ait jamais été ma vocation, je finis par être meilleure tout court. En réalité, travailler dur me stimule et m'aide à me focaliser sur l'important. De fil en aiguille, un cercle vertueux s'installe : en allant et revenant du boulot, j'ai envie d'écrire et j'y passe environ deux heures par jour ; puis à la maison, je fais vivre mes différents sites et blogs.
Et en résumant ma vie à ces quelques domaines d'épanouissement, j'élimine progressivement le vice de mon âme. Seuls comptent le travail, l'écriture, la musique et les séries. Il n'y a pas de temps pour tout, chaque jour, mais le fait de n'avoir pas à faire de place pour autre chose m'aide à ne plus rien ressentir de vil. Et du coup, c'est l'esprit beaucoup plus serein que je sors, vais au restaurant ou autre, avec mes quelques proches, et étrangement, je ne suis jamais autant sortie que ces derniers mois, alors que j'ai réussi à cultiver un temps bien à moi pour tout et que je ne lésine pas sur les heures supplémentaires. M'adonner au travail 50h par semaine me libère du temps...

Évidemment, par moments, j'ai envie de plus. Mais ensuite je réalise que ce n'est qu'une façon de vouloir améliorer ces aspects de ma vie, et non l'ambition de la changer. Déménager à Paris, être titularisée, adopter un troisième chaton... tout ça n'est qu'une façon de persister dans mon style de vie, de donner du confort à mon ascétisme.

En évitant d'avoir des gens trop proches (ce qu'aujourd'hui je considèrerais comme un facteur d'étouffement), je me concentre sur l'essentiel au lieu de me créer des tentations, et voir ressortir les vieux démons néfastes, qui doivent forcément être cachés quelque part en moi. J'ai peut-être la conviction qu'en tenant les gens à distance, je me protège autant d'eux que je ne les protège de moi ? Je crains peut-être que laisser les gens entrer trop en avant dans ma vie ne me rende à nouveau excessive, possessive, terrifiée. Mais en tous cas, à l'heure actuel, le mal semble circonscrit, si on regarde ma vie de ces derniers mois.
En moi, il n'y a plus de vice.

Après tant d'années passées à craindre que l'héritage de mes 18 premières années de ma vie n'ait laissé à jamais une empreinte maudite sur mon âme, je constate, comme surprise, que je me suis débarrassée du mensonge, de la manipulation, et de toute forme de méchanceté. Toutes les habitudes de cachotteries, les alibis, les plans étranges pour parvenir à mes fins, tout ce que mes parents m'ont appris, en fait, est derrière moi. Finalement, cette existence où je m'implique peu humainement dans la société, mais beaucoup intellectuellement, m'a purifiée.
Exorcisée.

Dans mes actes comme mes pensées, aujourd'hui il n'y a plus de vice.
...J'espère.

9 janvier 2011

Showgirl

Quand j'étais adolescente, je ne me rappelle plus trop, au juste, pourquoi, j'ai eu pendant quelques années des cours de théâtre. Pour quelqu'un qui a toujours voulu écrire et qui n'a jamais voulu être sur le devant de la scène, ça peut paraitre étonnant d'avoir passé tant de temps sur les planches. Je n'arrive sincèrement plus à me rappeler comment c'est venu. Peut-être aussi que mes parents m'y ont encouragée parce qu'ils se désespéraient de me voir rester des heures entières devant des feuilles de papier. A l'époque j'y ai connu des dilemmes insolubles parce que soudain j'étais confrontée à des gens et que j'essayais de comprendre, en quelques heures par semaine, comment fonctionnaient les gens qui ne vivaient pas comme moi. J'y ai aussi connu un modeste mais difficilement évitable lot de peines de cœur et d'amitiés fugaces ; je le répète, j'étais adolescente. Je n'avais pas l'impression d'en avoir tiré grand'chose. Je manquais toujours d'assurance, je ne savais pas me mettre en avant et je ne suis même pas certaine d'avoir bien joué, bien que mes souvenirs des répétitions comme des représentations soient très flous à présent. La dernière année, au conservatoire, aurait dû tirer quelque chose de moi mais, au lieu de ça, je crois que j'étais terrifiée à l'idée d'être entourée d'adultes qui, eux, semblaient savoir quoi faire de leur corps, leurs émotions et leur voix, et qui, même quand la pièce sonnait faux, parvenaient à exsuder quelque chose. Et puis j'ai passé le bac et mis tout ça derrière moi sans vraiment y repenser.
Ce n'est qu'assez récemment que j'ai réalisé tout le bien que ça m'avait fait. Et un peu de mal aussi, car l'un ne vient pas sans l'autre.

Après ces années passées sur les planches, j'ai pris conscience en premier lieu de la façon d'utiliser ma voix. On me dit depuis quelques années maintenant que j'ai une belle voix, et je sais à présent, après avoir longtemps cru à une blague, que ses modulations et ses inflexions, ses changements de ton soudains et ses oscillations subtiles, font partie, indubitablement, de ce qui plait chez moi. J'en ai douté, et puis je l'ai vérifié et je sais aujourd'hui que je peux compter sur ma voix (à condition qu'elle puisse compter sur moi, et d'ailleurs j'ai compris assez tard, après des années d'angines, qu'il fallait en prendre soin).
Mais c'est aussi et surtout une arme immense en termes de pouvoir. C'est fou à quel point ma capacité de persuasion augmente sitôt que je joue avec ma voix. Aujourd'hui, ma manipulation passe essentiellement par là.
Et le plus miraculeux c'est que, comme les filles avec des énormes seins qui ne se rendent même pas compte qu'elles ont passé la soirée à les balader sous le nez des mecs, je le fais sans même y prendre garde. Au pire, parfois, dans une conversation, je m'entends penser "je vais dire la phrase doucement pour ne pas donner l'impression de l'agresser", mais c'est plus en témoin qu'en acteur. Je maîtrise sans chercher à maîtriser. Ça me sert énormément. Auprès de mes patrons, la voix douce et docile, auprès d'un ami contre qui je suis encore en colère, un ton sec et sans réplique, et à l'amie à qui je confie ce qui est le premier embryon de sentiment amoureux depuis des années, une tonalité girly que je ne me connaissais même pas. Le message passe simplement mieux que si je le disais sur le ton qui est celui de mon cœur, plus monocorde.
Ma voix m'aide à devenir une caricature de moi-même. Mais c'est tellement pratique. Une inflexion de voix peut économiser plusieurs phrases d'une conversation ; pour quelqu'un de bavard, c'est un atout utile !

Pourtant, si le théâtre a porté ses fruits, c'est assez triste de voir que j'ai assez peu profité de l'expérience sur le moment. Peut-être qu'aujourd'hui je pourrais faire mieux. Parce que j'ai gagné énormément d'assurance, paradoxalement, en dépit de mes problèmes d'estime, et parce que depuis quelques années, je suis en représentation constante. Et le théâtre n'a pas vraiment aidé ce phénomène, même si je le dois aussi énormément aux mensonges constants et aux attitudes de façade permanentes qu'on avait en famille, où il fallait un alibi dés qu'on avait regardé la télévision pendant une heure ou qu'on avait voulu faire un tour en vélo après les cours.

Je suis devenue une épatante showgirl. Sérieusement, je m'impressionne moi-même certaines fois.

Là encore c'est devenu une seconde nature. Dés que je suis en présence de quelqu'un, je me mets à sourire et plaisanter, raconter des anecdotes et parler de séries et des films, et je sens bien que ça y est, j'ai enfilé mon costume, je suis sur scène et c'est trop tard pour voir la personne sous le personnage, je monte un show. Je soupire intérieurement et je continue... difficile de faire marche arrière, et trop angoissant de prendre le risque de gâcher la soirée.
Il n'y a bien que par téléphone ou surtout par écrit que j'arrive à peu près à ne pas chercher à donner le change systématiquement.

C'est ce que j'essaye de changer depuis quelques semaines, en tentant de m'ouvrir, en toute franchise, à certains de mes amis. Je vois ceux qui préféraient la version superficielle, et ceux qui arrivent à accepter la version originale. Je ne vais pas mentir : je les jauge à l'aune de ce qu'ils arrivent à encaisser. Si je dois changer des choses cette année, et c'est un peu la décision que je suis en train de prendre, alors ceux qui ont besoin que je me mette en scène vont rapidement se faire dégager. De toute façon, ce ne serait pas juste de les garder alors que j'ai décidé de baisser le rideau et qu'ils ne sont pas là pour ça.

Et puis, je commence à avoir des conversations en face à face au cours desquelles je n'ai plus peur de tomber le masque et montrer ce qui est vraiment sombre et angoissé chez moi, et j'apprécie d'autant plus les gens avec qui je peux le faire. Je dirais même que ces gens-là gagnent automatiquement mon estime pour me laisser me dénuder ainsi sans me repousser. C'est impressionnant que quelqu'un les ait suffisamment accrochées pour qu'on en arrive là. Il y a entre autres cette collègue qui a 40 ans révolus et avec qui les conversations ont pris un cours surprenant, à l'occasion. Il y a les moments où je voudrais m'enfoncer le nez dans mon pull et arrêter de plaisanter, et avec elle, une fois de temps en temps, j'arrive à le faire. Pas tout le temps, il reste beaucoup de déconne dans nos relations, mais de plus en plus. Ça m'ennuie uniquement parce que j'aime cloisonner le privé et le professionnel, mais en-dehors de ça c'est incroyablement libérateur, d'autant que la conversation se déroule d'égale à égale et qu'elle me donne l'impression d'en faire autant en face. J'ai envie de plus de relations comme ça dans ma vie.
Je ne me satisfais plus d'être simplement celle qui raconte des blagues, se distingue pour sa répartie et écoute paisiblement les autres avec quelques conseils dans sa besace.

Quand j'ai ouvert un compte formspring, j'espérais qu'il y aurait du défi. Qu'on me demanderait justement de me désaper pour tester les limites, je m'attendais même à une certaine brutalité. Qu'on me permettrait de mettre fin au show. Certaines questions m'ont un peu chatouillée, mais guère plus.

J'attends avec impatience de rencontrer, sur internet ou dans la vraie vie, quelqu'un qui aura ce qu'il faut dans le pantalon pour me pousser à arrêter la comédie, et, au lieu de chercher à donner le change, au moins une fois de temps en temps, qui saura me pousser à m'interpréter moi-même.

11 janvier 2006

Peau de bête

Il y a quelques semaines encore, je me demandais comment je ressortirais de cette période de ma vie. Non pas un questionnement sur le moyen (je sais bien, allez, depuis le temps, comment ; je n'y arrive juste pas) mais plutôt sur l'état. Je me demandais dans quel état je serai une fois cette période derrière moi, aussi bien mentalement (quelles séquelles) que même physiquement. Pendant longtemps j'ai craint d'être mortifiée et pleine de cicatrices, de causer quelques dommages, bien contre mon gré notez bien. Et puis... sans raison, d'ailleurs, du moins sans raison apparente... je me dis que peut-être que les choses reprendront leur place. Avec le temps. Quand des solutions auront enfin atténué la catastrophe. Forcément, les blessés couverts de sang ont l'air à l'article de la mort. Mais une fois les premiers soins apportés, et le plus gros nettoyé et pansé, on peut respirer et attester que rien d'irréparable n'est arrivé. Pas trop.

Depuis quelques jours, j'ai le vague sentiment de comprendre ce que ressent un serpent. Je me suis écorché la peau contre les aspérités du terrain, je me suis trainée sur plusieurs mètres, j'avais l'air lamentable et d'ailleurs je me lamentais, la douleur était sans nom... et puis, j'ai beau ne pas être arrivée au bout, je crois bien que j'opérais juste une mue. Je ne l'ai pas voulue, je n'ai rien contrôlé ou presque, et puis finalement je commence à me retrouver sur les quelques centimètres dénudés et brillants : ma nouvelle peau ressemble à l'ancienne, mais elle est plus solide, et à ma nouvelle taille. La majorité de mon corps n'est pas encore sortie du tunnel gluant, j'ai l'air encore piteuse mais je commence à reconnaître la forme.

C'est moi !

Je me redécouvre dans le miroir. Mais où étais-je passée ? Ca fait un bail. Je me ressemble à nouveau. Je devine comment et pourquoi les changements se sont opérés. Mais je me ressemble à nouveau et tout finira par aller bien. Pas tout de suite bien-sûr, ça ne se fait pas comme ça et la volonté seule ne suffit pas à résoudre les problèmes, mais quelque part ces derniers jours, quelque chose (et je ne saurais mettre le doigt dessus exactement) m'a ramené à ce que je croyais désormais hors d'atteinte : l'espoir.

J'avais l'impression d'avoir perdu des années, un paquet d'illusions et tout mon stock d'espoir. Mais, dans le fond, j'avais juste besoin de temps pour me remettre sur pied.

On dit que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. J'ai cru qu'en moi quelque chose était mort. C'est dire si je vais être forte une fois cette vieille peau laissée dans le fossé. J'ai plus qu'à continuer le long de ce sentier abimé, ça ne doit plus être bien loin maintenant que j'ai commencé...

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28 octobre 2005

L'autre raison pour laquelle je n'arrive pas à dormir

C'est le petit matin, les trains passent et les chats miaulent. Tout est normal. Tout, sauf le fait que je ne dors pas encore.

Depuis une semaine, je ne dors qu'à partir de 10h du matin. Je vous laisse imaginer combien ça rend ma vie facile en l'état actuel des choses. J'ai toujours eu des problèmes pour dormir. J'ai toujours eu des problèmes pour dormir lorsque j'ai des problèmes. Mais là, ça devient infernal.

Simplement parce que je ne veux surtout pas dormir. Tomber de fatigue dans un quasi-évanouissement est la garantie de ne pas rêver. Certes, le sommeil est moins réparateur, surtout pour se lever une poignée d'heures plus tard (parfois au bout de trois heures seulement), mais pas d'images troublantes en plus du reste.

Je n'arrive même pas à en parler franchement avec moi-même. Ces rêves sont apparus il y a un mois, un mois et demi grand maximum. Le plus troublant c'est qu'avant qu'ils ne ressemblent à ça, je n'en faisais jamais. D'où vient que mes rêves sont devenus ce qu'ils sont aujourd'hui ? Une fois, coincindence... Deux fois, soupçon. Mais plus ?

Je ne veux surtout pas me préoccuper de ça. Cela tient tant du détail dans ma vie, telle qu'elle est actuellement, que je me pose ces questions ! Mais c'est justement le moment que ces rêves ont choisi pour apparaître. Pour ajouter à la confusion.

C'est déjà assez dur d'être moi comme ça.

3 avril 2006

La rapace

C'est moi qui l'ai demandé. Je le sais bien. J'ai demandé à récupérer certaines affaires banales de ma grand'mère, puisque moi-même je ne suis pas exactement en période de prospérité. Je m'attendais avant tout à me retrouver avec un ou deux produits d'entretien, du lave-vitres et ça se serait arrêté là. Du tout. Ma mère a écumé les placards de mon aïeule, et bourré le sac d'objets qui ne peuvent pas être plus à elle.

Tout dans ce sac hurle le nom de ma grand'mère. Les lingettes, le vinaigre au miel ("la seule chose avec du miel que je supporte"), le lait Gloria, TOUT ! Et me voilà en train de déballer ce sac en larmes, avec cette très désagréable impression de dépouiller son cadavre. Ce ne sont que quelques flacons et quelques lingettes... mais je me suis sentie infiniment mal. Aussi mal que si j'avais moi-même été voler dans cette énorme buffet de sa cuisine tout un tas de ses affaires. Toutes ces affaires sont à elles. Ce n'est pas mon vinaigre. Ce n'est pas ma confiture au citron. Je sais qu'à chaque fois que j'ouvrir l'un ou l'autre de ces emballages, je serai tordue par l'envie de les laisser tels quels, de ne pas y toucher, de les laisser encore un peu dans mon placard. C'est irrationnel, et je le sais comme vous, mais c'est trop.

C'est comme si c'était elle, et à chaque pot que je déballe je la dépèce un peu plus. Ca me fait juste horreur.

Enflammée de fureurs cannibales...

29 mai 2008

Cher Père Noël

J'ai découvert avec horreur que nous n'étions déjà plus qu'à six mois de Noël. Il est donc largement temps que je fasse ma lettre au vieux barbu. C'est qu'à son âge, le temps de trouver les binocles, puis de se mettre en mouvement (et Dieu sait que la terre est basse), de lancer les préparatifs, tout ça... bon, vaut mieux s'y mettre à l'avance. Et puis, hein, je ne suis pas toute seule, je me doute qu'il va avoir un afflux de commandes à l'arrivée de l'hiver, je pense à son planning, je me déclare maintenant.
Ainsi donc...

Cher Père Noël,

L'an dernier, par l'intermédiaire de mes géniteurs, tu m'as permis de faire l'acquisition d'un paquet de riz (basmati je crois), de quelques conserves William Saurin et, sauf erreur, d'un pot de confiture. Je ne sais pas si tu as eu l'accusé de réception mais effectivement, ils n'ont pas été rats au point de garder toutes ces victuailles pour eux. Je te remercie donc de cette attention qui, bien qu'arrivant un an trop tard (je venais en effet de trouver du travail en décembre 2007 et ne crevais plus de faim), m'est allée droit au coeur.

Cependant, je sens bien que toi et moi, depuis 25 ans qu'on se fréquente plus ou moins, on commence un peu à tourner en rond côté idées. Alors, chose que je ne me rappelle pas avoir fait souvent (corrige-moi le cas échéant), je t'envoie donc une lettre avec mes préférences. Ca peut t'inspirer, qui sait ? D'autant que j'ai une idée de plus en plus précise de ce que je veux dans la vie, et Noël me semble être un moment idéal pour se voir offrir ce que l'on souhaite. M'enfin, bon, tu aviseras, hein. Après tout, de nous deux, c'est toi le barbu, je ne vais pas t'apprendre ton job, ce serait particulièrement effronté de ma part.

Je pense que tu seras heureux d'apprendre que ce qui se trouve cette année sur ma liste n'est pas exagérément ambitieux. Je ne vais pas (même si quelque part ça me ferait envie) te demander par exemple de ressusciter un disparu, ou plutôt une disparue bien précise dans mon cas, car même si je ne doute pas un seul instant que ce soit en ton pouvoir, tu as franchement autre chose à faire que de te prendre pour un autre barbu célèbre, j'ai nommé Dieu. Je suis sûre que le 25 décembre est au coeur de suffisamment de discorde entre vous, sans que moi, pauvre petite humaine, je ne vienne encore en rajouter. En plus je suis pas du genre très exigeante comme nana, t'as qu'à voir, je ne t'en ai jamais voulu pour les chaussettes, l'année où ma soeur a reçu son énorme Magic Van de Barbie. Je dis pas que j'ai trouvé ça aussi drôle que ladite frangine, mais ça ne nous a jamais empêchés de rester en bons termes toi et moi. D'façons, après, je lui ai perdu des accessoires, comme ça on n'a qu'à dire qu'il y a un point partout.

Tu dois recevoir un bon paquet de courriers comme celui-ci, j'imagine. Peut-être pas dés le mois de mai, cela dit... ou bien tu en es encore à éplucher les courriers des années précédentes ? Ça expliquerait pourquoi j'ai reçu mon "Dessinons la mode" 10 ans après te l'avoir demandé. Soit ça, soit tu as vraiment beaucoup d'humour. L'un n'empêche pas l'autre, cela étant. Mais en tous cas, te sachant très occupé, je me suis dit que j'allais m'informer au maximum sur tout ce qui serait utile à la préparation de mon cadeau, histoire de t'épargner le plus possible d'embêtements. Je m'en voudrais de te compliquer la vie.

C'est donc avec certitude que je t'affirme que, renseignements pris, il existe de très nombreux modèles de ce que je souhaite recevoir au pied du sapin, d'après ce qu'on m'a dit, il y en aurait... 6,7 milliards, environ divisé par deux. Tu vois, tu as du choix.

Là où ça se complique un peu, c'est que je ne veux pas de n'importe quel modèle quand même. Je te détaille donc ce qui me ferait vraiment, vraiment plaisir :
- un modèle intelligent ; je sais que c'est toujours un peu compliqué à trouver mais je te jure que j'en ai déjà vu, et c'est vraiment ça que je veux.
- un modèle pesant moins de 100kg ; je suis quand même un peu jeune pour mourir étouffée, mais j'aime bien quand c'est un peu moelleux et rembourré donc le juste milieu doit pouvoir être faisable, voire aussi un peu plus, pourquoi pas. Pis bon, le poids, ça dépend aussi, c'est à mettre en corrélation avec la taille. Si le modèle culmine haut, ça relativise...
- un modèle drôle ; bah oui, sinon, quand mon modèle ne sera plus ni intelligent ni d'une corpulence décente (d'après mes calculs, ce sera vrai au bout de six mois pour le premier, et 5 à 10 ans pour le second critère selon ce que je lui donnerai à manger), il sera sans intérêt et je serais obligée de jeter ton beau cadeau, ce qui serait dommage.
- un modèle passionné ; tu penses bien que si je voulais un truc complètement mou, je serais encore avec l'un de mes ex à l'heure qu'il est, mais note bien que quelle que soit sa passion, ça m'ira. Euh, sauf le foot. Pas de foot.
- un modèle respectueux : ça semble être la base de tout, m'enfin des fois, on voit de ces modèles, hein, je te jure, on préfère préciser. Ce serait cool qu'il me respecte moi, ce que j'aime, tout ça... Sans quoi je vais vouloir le revendre sur eBay à peine le 26 décembre arrivé.
- un modèle pas trop vieux ; sachant qu'une différence d'âge de 10 ans est ma limite, ça va encore, il reste pas mal de choix je pense. Mais par contre, on va arrêter avec les modèles plus jeunes que moi, si ça ne te fait rien.
- un modèle propre ; je suis de celles qui aiment prendre un modèle propre et se salir avec, pas le recevoir déjà crado et n'avoir plus envie de le toucher. Faut qu'une à deux fois par jour, ça sente un peu le savon quand même. Ya des savons aux parfums très masculins, hein, ça n'atteint en rien la virilité du modèle de passer sous une douche régulièrement.
- un modèle pas puceau ; ouais, nan, j'en suis revenue... je ne veux plus de jouets neufs, s'il te plaît. On a encore plus peur de casser quelque chose.
- un modèle avec du caractère ; là ça devient un peu plus chevelu, parce que c'est compliqué à définir. En gros, je voudrais quelqu'un qui soit capable de prendre des initiatives pour lui-même, mais pas pour moi ; qui n'hésite pas à me rentrer dans le lard quand ça va pas au lieu de rester dans son coin... mais pas au point d'être sans arrêt en conflit avec moi. Faut quand même que je ne sois pas fâchée en permanence avec, histoire que je puisse profiter du fait qu'il ne soit plus puceau.
- un modèle sans complexe de Peter Pan ; je me permets d'insister. Vraiment sans. Genre content de vieillir et tout. Ca veut pas dire qu'il doit absolument être super rasoir et vouloir vivre comme un retraité, et je ne tiens pas non plus à ce qu'il n'ait plus la capacité à rire et rêver, hein, mais s'il pouvait ne pas avoir peur de devenir un modèle d'âge adulte, franchement, ce serait génial. J'aurais ptet dû le mettre en tête de liste tellement c'est important. Mais au dit aussi : le meilleur à la fin. Je veux un modèle adulte et fier de l'être.

Après, ya aussi des trucs un peu plus particuliers, genre "options", tu vois, bon ça c'est pas obligé, mais si t'y arrives je serai encore plus contente :
- un modèle roux ; je fais une fixation sur les modèles roux. J'ai aussi vu que certains modèles sont roux mais seulement à certains endroits ; ça va aussi. Les bicolores ça peut même être fun en fait.
- un modèle qui a un costard ; depuis que je bosse au milieu de modèles en costards, j'arrête pas d'en vouloir un comme ça pour à la maison. Ca n'a pas besoin d'être tous les jours, mais quand même, c'est vachement seyant une fois de temps en temps.
- un modèle ambitieux ; juste une fois, pour voir ce que c'est, je suis assez curieuse.
- un modèle qui regarde des séries télé ; si ce ne sont pas les mêmes que moi on s'arrangera, mais ce serait bien qu'on puisse se faire des câlins devant la télé quand même. Ca n'a pas besoin d'être une passion pour lui, il suffit qu'il accepte d'en regarder, comme ça, de temps à autres.
- un modèle parisien ; comme tu le sais cher Père Noël, j'affectionne la capitale. Ce serait cool d'y repasser quelques nuits de temps en temps. L'arrondissement importe peu.
- un modèle avec les cheveux courts ; le plus court sera le mieux. La boule à zéro ? Passe aussi. Mais dés qu'il y a deux centimètres de cheveux, ça donne plus envie, j'avoue.

Et puis, pour que tu cibles encore mieux ce que tu peux prendre ou pas, voilà aussi les trucs dont je me moque comme de ma première chemise actuellement. Faut pas croire que ça me dérange. Tu vois genre, tu trouves un modèle super cool comme je veux, ptet même avec une option ou deux, et puis après tu réalises qu'il a une tare issue de la liste qui suit... bah c'est pas grave, pour moi ça va.
- un modèle qui n'est pas un dieu au lit ; oh, borhf, j'en ai connu d'autres. Ce ne sont pas les pires. Et puis, tu sais ce qu'on dit : si ça ne marche pas la première fois, il faut essayer encore, et encore, et encore... Ou s'acheter un sex toy.
- un modèle qui aime bien les jeux videos, le ciné, les ordinateurs, bref tout un tas de trucs pas très excitants à première vue ; non-non, au contraire, c'est cool, c'est un bon modèle ça. C'est juste que, si tu regardes, quelque part sur ses fesses il doit y avoir estampillé un logo "ne pas donner aux enfants de moins de 3 ans ni au nanas trop girly". Pour moi c'est donc pas du tout un soucis !
- un modèle pas très riche ; d'façons je ne le suis pas non plus.
- un modèle pas très bavard ; je le suis pour deux.
- un modèle qui a été cassé il y a longtemps et qu'on a essayé de réparer tant bien que mal ; moi aussi j'ai encore quelques points de colle çà et là, je comprends bien qu'on ne peut pas toujours avoir un modèle en état impeccable. De toutes façons je te l'ai dit, je n'en veux pas un neuf, donc d'occasion, yaura toujours des marques d'usure, c'est normal.
- un modèle maigrichon ; je préfère cet extrême que l'inverse, même si, tu l'auras noté, j'ai une préférence pour le rembourrage.
- un modèle trop grand ; c'est jamais trop grand, cher Père Noël. Attends, on parle de quoi au juste ?
- un modèle qui n'aime pas les mêmes choses que moi ; ohlala, si en plus il faut qu'on écoute la même musique, qu'on aie les mêmes passions et tout, on va jamais y arriver ! En plus, si c'est juste pour dégoter un autre moi-même, franchement, j'ai bien assez à faire avec moi sans en plus récupérer un clone. Non, non au contraire, s'il aime le parapente, collectionne les sifflets qui reproduisent des chants d'oiseaux, et/ou peut passer heures à réparer sa bagnole, bah ça me fera apprendre des trucs. Ou apprendre à en regarder, pas déconner.
- un modèle qui n'aime pas se raser souvent ; han, nan, le rêve, arrête ! C'est vraiment le truc sur lequel je comprendrai jamais la plupart des gonzesses. C'est meilleur si ça pique ! Et puis, un modèle pas rasé depuis une semaine, moi je trouve que ça a du charme, voilà. S'il t'en reste sur les bras, file-les moi, de ces modèles-là, moi je prends.

Avec tout ça normalement, Père Noël, tu as une idée plutôt précise de ce que je veux pour Noël.
Bon, comme on l'a dit plus tôt, on est fin mai, c'est encore jouable.

Et puis, si ça peut te soulager, je continue de prospecter de mon côté, je fais les magasins, je regarde un peu ce qu'on peut trouver en VPC aussi, et puis si je trouve avant toi, rassure-toi, je te préviendrai. Mais à deux, on a plus de chances de dénicher le modèle qui me ravirait. Pour être complètement honnête avec toi, si ça attend décembre c'est encore mieux vu que je sors d'une rupture encore un peu douloureuse, et que je préfèrerais accueillir mon cadeau l'esprit serein. Faut rien précipiter, hein.

Voilà, n'hésite pas à me contacter si tu as des questions, Père Noël ; je n'ai pas de cheminée en ce moment mais je suis au 5e avec beaucoup de place devant la fenêtre pour stationner un traîneau en lévitation, donc tu frappes aux carreaux et on en reparle, ya pas de problème. Limite tu m'envoies un petit mail avant, et j'aurai du grog pour toi et des carottes pour les rennes. Ca fait toujours plaisir.

Bonne chance pour trouver ce fabuleux présent, et rendez-vous le 25 décembre si on ne se recontacte pas d'ici là !

lady

PS : tu pourrais arguer qu'il y aurait plein d'autres choses à commander, peut-être plus utiles : un CDI, un appart bien à moi, etc... J'y ai bien pensé, effectivement, mais je reste persuadée que ça, c'est à moi de m'en charger toute seule. Et je t'assure que pour la situation stable, je ne pense pas avoir la patience jusqu'à Noël. Nan vraiment, j'ai bien réfléchi, c'est ça que je veux pour le 25 décembre dans mes chaussettes (ou directement dans mon lit, ya plus de place). En te remerciant.

19 juin 2008

I'm a geek geek girl in a geek geek world...

Je suis allée m'acheter un nouvel écran d'ordi.
Jusque là rien d'épatant, si ce n'est le fait qu'il y a quelques mois à peine, ç'aurait été inenvisageable ; bien que si j'étais raisonnable, j'attendrais d'avoir reçu ma nomination pour être bien sûre que tout va bien et que j'ai bien le CDI... mais ya un moment où il faut se laisser vivre, de gré ou de force.

Ou comment en partant d'un fait plutôt banal (enfin, heureusement que je dépense pas ça tous les jours quand même...) on prend conscience de deux ou trois trucs...

Plusieurs observations se sont en effet imposées à moi tandis que je rapatriais mon joli carton avec une grosse photo de mon écran tout plat dessus :
1 - ya au moins trois mecs à tête de geek qui se sont retournés sur mon passage et m'ont souri (non le sourire n'était pas adressé à l'écran, sûre et certaine) ou essayé de m'accoster, comme si soudain je venais de mériter d'être entrée dans leur champs de vision !
2 - vu le quartier où j'étais, yavait aussi plein de modèles en costard, eh bien deux se sont aussi arrêtés pour me sourire ou me faire un signe gentil... Alors voilà, ça y est, dés que tu claque du pognon dans du matos hi-tech, ils te reconnaissent comme l'une des leurs...
3 - je suis passée devant une boutique de fringues en allant prendre le métro. Sachant que ces derniers temps je m'intéresse un peu à renouveler ma garde-robe, j'ai glissé un oeil... depuis l'extérieur ; et je suis partie (tout est moche cette année, ya des gros motifs partout). J'ai passé 45mn à Surc**f à me répéter que je ne devais surtout rien acheter d'autre que l'écran dont pourtant le prix m'empêche actuellement de m'asseoir.

Bon, c'est officiel, inutile de se le cacher plus longtemps, je suis une geekette. Et j'attire le geek. Et quelques modèles en costard accessoirement.
Ca fait un choc la première fois qu'on est mis devant le fait. Il n'y a pas si longtemps, je me demandais (et ça s'est indirectement vu dans un post récent) si ma geekerie était juste la conséquence du fait que je ne pouvais pas faire autre chose que rester chez moi devant mon ordi, pendant les périodes de crise.
Mais de toute évidence, force est de constater que même maintenant que l'horizon s'éclaircit, je garde cela en moi. Il va donc falloir compter avec ce paramètre dans ma quête de la vie la plus équilibrée possible...

13 août 2008

Vide

Je me sens toute vide... et c'est pas très normal. Ou disons que ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé.

Il ne s'est pas passé un instant, ces dernières années, sans que je ressente quelque chose. Le plus souvent c'était négatif (dépression, désespoir, colère, haine, découragement, fatigue...), mais il y a évidemment parfois eu du positif (amour, motivation, envie de vivre...). Mais globalement il se passait toujours quelque chose. Je n'avais pas le temps de me sentir vide. Le plus approchant, c'était l'épuisement...
Et puis là, c'est mon 6e jour de vacances, et je suis confrontée à l'immense vacuité de mes sentiments. Je ne ressens rien. Rien ne m'intéresse complètement.

D'abord, qu'est-ce que c'est que des vacances ?
Sitôt que j'ai des jours de congés, qu'est-ce que je fais ? Rien. Je ne sais pas me reposer, je me remets en mode glandage, et comme le mode glandage, c'est que je faisais dans les pires moments, j'ai l'impression de revenir en arrière au lieu de vraiment décompresser. Ça me stresse parce que ça me ramène à une autre époque. D'ailleurs les vacances c'est tellement pas pour moi, que j'en perds le sommeil. Je m'occupe mais rien ne me réjouit. Quand je prends la décision d'arrêter de m'occuper et de me détendre, je finis par glander. C'est infernal. Il n'y a là-dedans aucune satisfaction.
Je me dis que je devrais sortir... mais pour sortir où, faire quoi, voir qui ? Je n'ai aucun repère. Je n'ai plus affronté le dehors depuis des années, si jamais je l'ai un jour déjà affronté.
J'ai envie de m'extirper de ma condition et je reste désespérément moi-même. Enfermée.

Je tourne en rond et je n'arrive même pas à m'en vouloir pour ça. Je vivote. Ça ne rime à rien. Et demain je retournerai au travail avec cette frustration énorme de n'avoir pas profité de mes vacances.
J'ai déjà eu 5 ans de vacances, et je n'en voulais pas. Bah j'avais raison de ne pas en vouloir, je n'arrive pas à en faire quelque chose. Je ne me relaxe pas, ça me stresse. Je cherche à passer un bon moment et je ne sais pas le faire, ou disons que ma façon de le faire ne me satisfait plus.

Au 1er septembre je vais changer de vie, mais je serai toujours la même, et ça m'exaspère. Je ne sais pas comment évoluer aussi. Je sais à quoi je voudrais que ma vie ressemble mais je n'ai aucune idée de comment je pourrai m'y glisser.
Les heures filent et je ne parviens pas à me détendre. Je stresse de voir la journée filer et que rien de vraiment relaxant ne se soit produit.
Je sais pourtant que personne n'ira me chercher chez moi, et que c'est à moi de lier de nouvelles relations. Mais rien à faire, je ne sais pas sortir de là.

La porte de la cage est ouverte et c'est même pas que j'ai peur, je ne sais juste pas sortir, parce que je ne sais pas quoi faire dehors.

Alors les chiffres se suivent sur l'horloge de l'ordinateur ou du magnétoscope, et je me vide de ma sève. Et merde.

Où sont passées les grandes tragédies du passé ? Si au moins j'avais quelque chose à pleurer, je sens que ça irait mieux. Mais je ne sais plus me provoquer que des larmes artificielles, devant telle série ou telle chanson. Je n'ai rien sur quoi pleurer. Je me sens vide sans tout ce qui m'accablait avant.
Je n'arrive pas à croire que je ne ressente plus ces douleurs simplement parce que j'ai le sentiment de changer de vie dans quelques jours. C'est juste un travail, au nom du ciel ! Pourquoi ai-je tellement l'impression que ça va transfigurer mon existence ?
Et pourquoi ai-je l'impression que les jours qui me séparent de mon nouveau travail, le dernier d'une certaine façon, sont une antichambre ?

Je ne suis pourtant pas arrivée quelque part, c'est juste le début. Il y a le début de ce poste,commençant par une semaine de formation, puis un an avant la titularisation si je l'ai, et ensuite je me chercherai un appart, et dans trois ans je pourrai demander un autre poste, plus intéressant, et puis il y aura toujours des étapes, ce n'est pas fini, mais rien à faire, j'ai l'impression d'attendre de toucher au but au 1er septembre, et dans l'intervalle, rien n'a de sens, et surtout pas moi.
Je pense que si j'étais au boulot, ça ne serait pas très différent ; d'ailleurs j'ai pris des jours de congés parce que lundi dernier je n'avais rien à faire et je me contentais d'écouter de la musique, ça m'a frustrée et je me suis dit "si c'est pour faire ça, j'ai pas de raison de me faire payer, je prends des jours", mais demain j'y retourne et ça va être de nouveau ça, et ça m'angoisse aussi.

Je crois que... JE SUIS DEVENUE ACCRO AU BOULOT !!!
Dés que je n'ai plus de rythme de travail infernal, je dépéris. Comment j'ai pu devenir comme ça en quelques mois ? Comment ce boulot a pu emplir ma vie à ce point ?
Est-ce que le suivant me donnera la même satisfaction ?
Pourquoi ai-je besoin de travailler pour goûter mes loisirs ?
Comment expliquer que je ne m'éclate jamais autant sur TP ou dans mes autres projets que quand j'ai déjà eu une semaine de travail éreintante ?
C'est ridicule !
Pourquoi suis-je vide juste parce que ma liste de tâches l'est aussi ?
Je ne suis donc que ça ? Un petit animal de cirque qui se morfond dans sa cage entre deux représentations ?

Mais attendez, je ne veux pas avoir besoin de mon travail pour exister ! Je refuse d'avoir besoin de ça ! C'était normal quand je n'en avais pas, c'était un manque, il y avait un déséquilibre, mais comment ça peut me manquer autant maintenant ? Six malheureux petits jours ? Non c'est impossible ! Il faut que je fasse quelque chose ! Il faut que je me trouve un mec qui me largue et que j'en chiale nuit et jour, que mon père me lance une ignominie vicelarde, ou que quelqu'un meure, il faut une déchirure, quelque chose qui fasse que je n'aie pas que mon travail pour me sentir vivante...

Mon Dieu... je suis workaholic.
Et le comble de l'horreur, c'est qu'il me reste des congés à prendre.

27 octobre 2009

Ambitious!

"Moi, je ne suis pas comme toi tu comprends, j'ai de l'ambition".
C'est en entendant cette phrase deux fois, quasiment mot pour mot, la semaine dernière, de la bouche de deux personnes différentes et qui ne se connaissent pas, que j'ai appris que je n'avais pas d'ambition. Ah, bon. C'est nouveau. J'avais pas eu le mémo. Toujours la dernière au courant.

L'ambition... je n'ai pas l'impression d'en être dénuée. Évidemment, largement moins qu'à une époque, quand je voulais partir aux Etats-Unis et devenir super riche et fonder une gigantesque Cop's Corp. C'était il ya 10 ans, il y a deux trois trucs que j'ai appris depuis sur le rapport que l'ambition entretient avec la réalité, et celui qu'entretient l'ambition avec la vanité.
Le chômage est passé par là, et il en a maté des plus durs que moi.

C'est vrai, je ne suis qu'assistante. Je me rappelle combien ma grand'mère avait été vexée quand, pendant que je préparais mon BTS, j'avais dit : "je ne veux pas être qu'une simple secrétaire". Elle qui avait été secrétaire toute sa vie. Pendant 42 ans. Terrible. Pourtant je n'ai rien contre le métier d'assistante, ce n'est pas un métier méprisable. Simplement je ne l'ai jamais choisi. Ca n'a jamais été ma vocation. Je ne l'aime même pas vraiment. Mais j'ai un métier, et il s'avère que j'y suis bonne. Je me dis parfois qu'il n'y a pas trop de mal, c'est facile comme métier. J'ai toujours au fond de moi la croyance que j'aurais pu faire mieux. La vie ne m'a pas demandé mon avis. C'était ça ou rien. Pour être sincère, je crois aussi que j'aurais pu faire pire, et que je ne vais pas passer mon temps à me plaindre d'avoir un BAC+2 même si j'aurais voulu et certainement pu faire plus, ni d'avoir un métier peu valorisant, ni de gagner moins de 2000€ par mois etc...

Alors comme ça, je n'ai pas d'ambition.
La mienne n'est peut-être pas dévorante, c'est vrai. Et surtout, la mienne ne se chiffre pas, c'est peut-être ça la différence. Je n'ambitionne pas de devenir très riche. Je crois que mon ambition se résume plus à une ambition de style de vie. Je ne veux pas gagner des mille et des cent, même si être pauvre me terrifie je ne suis jamais dans la démarche de gagner plus. Il faut dire que j'estime que pour quelqu'un en début de carrière, je gagne bien ma vie à l'heure actuelle, à vrai dire je gagne aujourd'hui plus que mes parents quand j'étais au collège (puisque c'est la première et dernière fois où j'ai appris leur salaire), donc plus que mes parents il y a 10/12 ans. C'est énorme, surtout par les temps qui courent. J'ai de la chance. Et je suis contente de me dire que je mérite le moindre centime de ce salaire, aussi. Ça me satisfait beaucoup. C'est même une énorme part de ma rétribution que de me dire que je mérite cet argent. Je ne suis pas de ces gens qui font de la figuration au boulot, qui choisissent la politique du moindre effort, qui ne font que le strict minimum, et qui s'en vont à 17h00 pile.

Je pourrais me dire que ce serait bien de gagner plus, évidemment, et pour tout dire, quand mon patron Blue a fait en sorte que ma prime soit augmentée, j'étais bien contente et j'ai vite fait tout dépensé, parce que c'était de l'argent qu'il m'avait fait gagner parce que je le méritais bien ; il avait bien dit que ma prime était plus grosse que celle des autres secrétaires parce que ce n'était que justice, surtout qu'elles sont plus avancées en carrière et gagnent donc plus que moi sur la grille. Et ça m'a fait plaisir évidemment, mais je ne réfléchis pas en argent. C'est sans doute là que je manque d'ambition, à la rigueur.

Et puis il en a fallu quand même un peu, de l'ambition, quelque part, pour être à 27 ans la plus jeune secrétaire du cabinet ministériel où je travaille. Je ne suis même pas encore titulaire et j'ai déjà fait pas mal de chemin pour travailler aujourd'hui à Matignon. Je n'ai pas œuvré pour avancer, je n'ai pas cherché à faire de la lèche à la bonne personne, je n'ai même pas vraiment réfléchi quand on m'a proposé de suivre ce cabinet-là. Mais travailler dur et me démener pour être la meilleure possible dans mon job, quelque part, c'est la marque de mon ambition. Une ambition d'être la meilleure dans ce que je fais, pour qu'à terme on me donne l'opportunité de faire autre chose. Pour quelqu'un qui était au chômage il y a deux ans, c'est quand même la marque d'une certaine envie de s'élever, je pense.

Et puis, moins avouable, peut-être que mon ambition, elle n'est pas seulement professionnelle. L'ambition, c'est aussi quand je me démène pour un site, ou pour un autre, ou pour un blog. C'est écrire plusieurs dizaines de fiches, articles et/ou posts par semaine. Je ne veux pas exactement en faire mon métier, je veux juste avoir ma place dans des projets, les miens ou ceux des autres, et y faire ce dont j'ai envie, me lancer dans quelque chose qui me plaise et qu'on m'ouvre la porte sans difficulté. A terme, mon ambition, c'est peut-être là qu'elle se trouve.

Alors, c'est vrai, j'ai peut-être l'air de me contenter de ce que j'ai. Il y a des choses qu'on apprend de gré ou de force, j'ai envie de dire. Mais je suis vexée qu'on pense que je n'ai pas d'ambition, parce que rien ne me semble plus éloigné de la réalité.

Mais peut-être aussi que mon ambition n'est pas de brûler les étapes. Peut-être que je n'ambitionne pas d'être "arrivée" avant 30 ans. Peut-être que je ne rêve pas d'avoir un appartement hors de prix. Peut-être que mon ambition, c'est juste de devenir moi-même et d'être à l'aise, à l'aise financièrement, professionnellement et intellectuellement.

Est-ce que ça fait de moi une petite chose rampante qui se satisfait de la médiocrité ? Peut-être après tout. Ou peut-être que nous n'avons pas la même échelle de valeur pour juger d'une réussite. La mienne, chère L, ne se mesure pas au porte-feuille de mon copain, pour commencer, et la mienne ne se fait pas en essayant des combines, des arnaques, des raccourcis douteux (et d'après ce que j'observe, des raccourcis foireux). Et peut-être aussi que certaines personnes n'ont pas encore très bien intégré certains principes de réalité, aussi. Je n'aime pas trop ce que sous-entend ce "je ne suis pas comme toi tu comprends, j'ai de l'ambition", mais je suis certaine de ne pas l'apprécier du tout, même quand il est suivi d'un gentil "mais le prends pas mal, hein". J'attends de voir, franchement, où mène l'ambition que je n'ai pas.

26 décembre 2010

Simples paradoxes

C'est difficile d'écrire sur ladytherapy depuis quelques temps. Pour plein de raisons.

C'est difficile parce que beaucoup de choses qui se passent ne méritent pas d'être racontées. C'est juste la vie, des choses sans intérêt que je raconte parce que j'aime bien raconter des anecdotes à mon entourage, mais rien de passionnant dans le fond, un nouveau boulot depuis fin novembre par exemple (dont d'ailleurs la place est plus sur ladymnistration mais j'ai pas encore vraiment réussi à juger si je peux parler de ce job-là), ou bien des projets de déménagement, des angoisses, des joies, des achats, des rêveries, des tentatives, des espoirs, des changements, des choses qui restent impassibles pour le meilleur ou pour le pire ; tout et rien. Je n'en parle pas parce que j'ai l'impression persistante que, si j'en parle ici, c'est que ça a de l'importance. Or ce sont bien souvent des choses sans grande importance. Ce blog a toujours eu pour but de chroniquer ce qui me tourmente au fond, et pas de commenter mon actualité.
Ce qui m'amène à la deuxième difficulté.

C'est difficile parce que beaucoup de choses qui se passent ne me troublent plus vraiment profondément. Je me vantais, à une époque, d'être quelqu'un qui se posait des questions, avait le courage et la capacité de réfléchir à ce qui arrive, à remuer encore et encore les sujets pour toujours savoir ce que j'en pensais. J'étais toujours à jour avec moi-même, parfaitement synchronisée comme un de ces smartphones que je me suis acheté il y a quelques semaines, parfaitement au courant, en temps quasi-réel, de là où je suis. Une sorte de foursquare intérieur, ce blog.
Mais aujourd'hui je ne sais pas si j'en suis encore capable. C'est comme si j'avais un peu perdu l'habitude d'aller dans le fond des choses. Il parait que c'est bien, d'arrêter de sans cesse tout remettre en question. Il parait que les certitudes ont du bon. Je trouve quand même un peu inquiétant de ne plus toujours me harceler moi-même de questions pour prendre ma latitude et ma longitude personnelles.

C'est difficile parce que les quelques petites choses qui me troublent un peu semblent souvent passagères. Inquiète à propos d'une collègue ? Si je ne me rue pas sur mon blog, quinze jours plus tard ça ne sert à rien de venir enfin y poser quelques mots : les choses ont changé, se sont résolues d'une façon ou d'une autre, ou tout simplement je ne baigne plus assez dans le jus de mon angoisse pour pouvoir correctement exprimer ce qui me tracassait alors. Ça s'est déjà produit de nombreuses fois... tout ça pour qu'un beau matin, je reçoive un SMS m'indiquant que la collègue s'est faite virer et que le soleil irradie à nouveau ma modeste vie professionnelle. J'aurais dû en parler, maintenant ça n'a plus de raison d'être. C'est une question de timing, un blog perso, parce que quand ça ne veut plus rien dire, écrire les mots bêtement sur le blog juste pour donner des nouvelles, juste pour chroniquer un passage de ma vie, juste pour approvisionner le blog, ça n'a pas de sens.
Peut-être que j'ai donné la priorité à ladytelephagy et que c'est une conséquence, aussi.

C'est difficile, enfin, et aujourd'hui en particulier, peut-être surtout, parce que je me sais lue par certaines personnes. Et que parfois je voudrais juste pouvoir leur dire : ok, ça, tu lis pas, c'est ma cuisine interne et si tu le lis tu vas avoir mal, ou avoir peur, ou être en colère, ou, dans le pire des cas, un peu de tout ça à la fois.
C'est l'inconvénient d'avoir développé des relations avec des gens rencontrés sur internet, c'est l'inconvénient d'avoir un semblant de vie sur internet d'ailleurs. Parfois j'ai envie d'aller tout recommencer sous un autre alias, ailleurs, là où on ne me connait pas, ou, du moins, où l'on ne fait pas de rapport entre moi et mon nom. Je n'ai jamais employé le pseudo de "ladyteruki" pour me cacher, juste parce que d'une part je voulais me protéger (j'ai quand même déjà été cambriolée pour avoir eu l'idée de dévoiler mon prénom [rare] et ma ville sur internet), et d'autre part parce que mon vrai prénom et mon vrai nom, je ne les ai pas choisis, ils ne sont pas moi, tandis que "ladyteruki" c'est absolument, forcément, entièrement moi. Ce n'était pas une façon de me cacher, c'était une façon de me dévoiler sans me risquer, ce qui est différent. Pourtant, là tout de suite par exemple, je voudrais qu'on ne sache pas que c'est moi et que je puisse juste dire ce que j'ai sur le cœur sans que qui que ce soit ne fasse le rapport avec moi... et donc avec ceux qui m'entourent. D'autant qu'ils ne sont pas si nombreux que ça.
Oui, c'est surtout ça. Tant qu'il ne s'agit que de moi, je peux tout dire. Quand ce que je pense, ce que je ressens, ce que je crains, quand tout ça touche aux autres autour de moi, ça devient gênant de parler. Peut-être tout simplement que je manque de courage pour admettre certaines choses à mes proches. Peut-être aussi que je rêve d'un espace où je pourrais tout dire sans craindre les conséquences.

Et pourtant, là, aujourd'hui, les conditions seraient plutôt réunies. Il s'est produit quelque chose (plus ou moins). J'ai essayé de prendre le temps d'y penser, d'avoir un semblant de recul. J'ai aussi le temps d'en faire un post, et de trouver les mots justes tant que l'émotion est là.
Mais la dernière difficulté est la plus grande et la plus insurmontable, parce que je ne peux pas cacher ce post au regard de certaines personnes. Même sans avoir la garantie qu'elle le liront, c'est trop risqué.

C'était pas plus mal la solitude totale. Mais d'un autre côté, je ne ressentirais pas ma petite tempête dans un verre d'eau actuelle si j'étais vraiment, complètement, absolument seule comme je l'ai été.
Sinon ce serait trop simple, vous comprenez.

30 septembre 2004

Au nom du Père ?

C'est un vaste sujet, qui renvoie à beaucoup de choses... Et comme le sujet était né sur un forum que je fréquente, voilà notre premier thème.

Ma famille a une histoire religieuse complexe, et selon moi, sitôt qu'on parle de religion on parle forcément à un moment de la famille. et, tout de suite, je me sens sur mon terrain.

Ma grand'mère maternelle était baptisée catholique, comme le reste de sa famille. Mais pendant la 2nde guerre mondiale (elle avait entre 10 et 15 ans), elle a été ulcérée et choquée par le comportement des Catholiques qu'elle a rencontrés, même et en fait surtout par les religieux à proprement parler. Elle a connu un curé collabo, d'après ce que j'ai compris, ça n'aide pas, et aussi il y a eu un problème avec des bonnes soeurs qui vraisemblablement se sont détournées des nécessiteux, alors que la charité chrétienne supposait qu'elles accueillent des gens comme ma grand'mère, qui tentaient d'échapper aux camps de travail (de fait, c'est là qu'elle a atterri avec sa mère et ses petites soeurs, eh oui sale époque, faisait pas bon être Polonais ou pire, Allemand exilé en France, et habitant, de surcroît, en Alsace. Il s'avère que la famille de ma grand'mère maternelle était tout cela à la fois...) Bref, écoeurée, elle a renié sa foi et s'est faite protestante (là où j'avoue, je ne vois pas vraiment un signe de changement marquant mais bon). De fait, ma mère est baptisée protestante aussi, et par voie de conséquence, ma soeur et moi le sommes. C'est là que les choses sont assez dingues. Ma mère ? Elle croît, sans plus. Ne prie pas, ne pratique pas, rien. Elle a juste cette étrange constante dans sa vie : Dieu existe. Mais elle ne fait pas "affaires" avec lui de quelque façon que ce soit. En fait une fois que je mettais le sujet sur le tapis, non sans beaucoup de maladresse car il est des familles dans lesquelles on se livre peu, j'ai appris avec surprise qu'elle était croyante, je devais avoir au bas mot une quinzaine d'années. Ma soeur ? Petite, c'était un grand flou artistique sur ce point. Et puis, il y a quelques années, elle a commencé à afficher un portrait de la Vierge au-dessus de son lit, porter une croix autour du cou dont elle est incapable de se séparer ou presque (toute massive qu'elle soit), et je la soupçonne de prier de temps à autres, bien que ce soit l'un des nombreux sujets que ma famille n'évoque jamais, ou avec mystère, comme quelque chose d'inavouable. Alors que je serais encline à penser qu'on a envie de faire connaître à d'autres la sérénité que notre foi nous apporte...

Quant à moi, vraiment... Il paraît qu'étant petite, je priais souvent et aimais aller dans les églises. Je n'en ai pas le souvenir. Je sais que j'ai passé la majeure partie de ma vie à me le demander. Chaque fois que mon père faisait ou disait des choses insupportables pour moi, je sais que mon réflexe une fois seule était de lever les yeux au ciel en pleurant et demandant "pourquoi ?". Sans doute que, n'ayant jamais trouvé de réponse acceptable, je me suis détournée de toute forme de religion. A une certaine époque de ma vie, c'en était presque à un état de révulsion, sans doute parce que j'ai, moi aussi, croisé le chemin de personnes qui se disaient ferventes et pieuses, mais dont le comportement odieux m'a profondément marquée (tu ne t'en souviens pas mais moi je pleure tous les 9 octobre...)

J'estimais avoir plus ou moins pris position, quand certaines choses ont changé ma façon d'appréhender ce problème. D'abord, j'ai été mise en contact avec la religion juive (oui, oui, tout-à-fait, y compris via Une Nounou d'Enfer), dont l'état d'esprit s'est avéré plutôt proche du mien (dans ses formes les moins radicales, cependant). Je me suis reconnue dans pas mal de choses provenant de cette religion, la façon de penser, la culture, même... Vers la fin de mes années de lycée, j'envisageais sérieusement une conversion. Enfin, envisager seulement, car je n'étais clairement pas prête à sauter le pas. D'ailleurs d'autres faits marquants de ma vie m'ont fait mettre cette préoccupation de côté.

Le second évènement à avoir ébranlé mes convictions a été le 11 septembre. Pas n'importe lequel : LE 11 septembre. Vous voyez. Ce jour-là, je me suis effondrée en larmes. Parce que les Etats-Unis sont une des patries d'adoption de mon âme (car en plus d'être relativement apolitique et athée, je suis aussi apatride... ou plutôt, multipatride), parce que la seule pensée de milliers de gens en train de souffrir (victimes et familles tout mêlés) m'a brisé le coeur, parce que... parce que l'état de mon coeur avait aussi à l'époque de curieuses similitudes avec l'état des deux tours, aussi. Ce soir-là, j'ai eu une longue engueulade avec Dieu (et je dois dire que comme avec toutes les personnes avec qui je m'engueule, c'était un dialogue de sourds...), j'était chamboulée par ce qu'Il avait osé permettre. A partir de ce moment, Lui et moi avons été irréconciliables, quelle que soit la religion par laquelle Il m'était présenté. C'était simplement impardonnable.

Ont suivi environ deux ans pendant lesquels j'étais remontée (deux ou trois fois encore nous avons eu de violentes disputes, où Il a chaque fois gagné par forfait, Il est très fort pour ne pas répondre et vous lasser), et chaque fois que ce genre de débat se profilait avec quelqu'un, j'affirmais avec véhémence que la seule chose en quoi l'homme doit avoir foi, c'est lui-même, sans quoi c'est de la lâcheté. Pour moi, le simple fait de remettre sa vie entre les mains d'une sorte de sur-être dont on ne peut pas même vérifier qu'Il se préoccupe de vous, si tant est qu'Il existe, est de la pure inconscience. Et une certaine solution de facilité. Il y a toujours quelqu'un pour porter le chapeau en cas de ratage : c'est pas votre faute, et d'ailleurs ce n'est pas une faute puisqu'Il en a voulu ainsi, et au cas où un doute subsisterait, on peut toujours invoquer l'imparable excuse du Diable qui cherche à dévoyer de gentils petits humains faibles et sans défense... C'était dans mon esprit l'excuse parfaite en toutes circonstances pour se dégager de toute responsabilité, et fuir les décisions. Peu importe les conséquences puisque cela fait partie de Son plan ! Et je suis également du genre à penser que dans toute relation d'Amour, c'est donnant-donnant, ce sur quoi Lui et moi, on n'est pas d'accord visiblement. Je connais plus de fervents croyants malheureux que de fervents croyants heureux. La religion naît toujours au sein de peuples en crise, d'ailleurs. A mon avis, s'Il est là, Son Amour est franchement limité.

Depuis quelques mois, les choses se remettent doucement en mouvement en moi sur ce sujet. Il y a un peu plus de deux mois, j'étais moralement disloquée, et l'un de mes réflexes a été d'appeler l'Eglise la plus proche de chez moi et de demander à en voir le curé. Réflexe certainement conditionné par des années et des années de télévision américaine, où tout ce pieux petit monde se réfugie dans des lieux saints au moindre doute existentiel (amateurs !). J'ai été plus que déçue : terrorrisée. Le curé m'a accueilli à peine une minute dans un foyer proche de l'Eglise, puis m'a confiée à une femme qui n'était pas du culte, chargée de se consacrer à l'aspect pratique de mes problèmes (et il s'est vite avéré qu'aller vivre parmi les nonnes et les jeunes enrôlés dans les Jeunesses Catholiques ou peu importe leur appellation, était la seule solution envisageable, ô frayeur !). Or je n'étais pas venue pour cela, mais bien pour tenter ce que je n'avais jamais osé : aller toquer à la porte de Dieu. J'ai eu une telle peur d'endoctrinement, que personne n'a démentie, que je me suis enfuie. Je me savais trop fragile pour résister à une séance de plus parmi ces gens. J'aurais, dans mon état, confié mon âme à n'importe qui promettant un tant soit peu de chaleur humaine et de réconfort.

Pour en revenir sur le cas de Dieu, je ne pense pas qu'Il soit capable de grand'chose pour nous. Mais je ne suis pas encore certaine de penser qu'Il existe ou non. C'est peut-être l'ingénieuse invention de coeurs solitaires (dans ce cas, pour effectuer le même travail, j'ai mon ours en peluche et lui au moins je peux le serrer fort quand ça ne va pas, Dieu peut-Il en dire autant ?!). Ou bien, une entité s'étant depuis éloignée de nous et dont nous cultivons le souvenir car sans Lui, beaucoup de l'espoir de cette planète s'affaisse brutalement. Ou encore, une merveilleuse trouvaille pour des irresponsables. Ou bien, rien de tout ce que l'on imagine : peut-être est-Il une chose indescriptible existant quelque part, mais incapable de ce dont on Le croit investi. Peut-être se morfond-Il d'avoir fait aussi bonne impression sur les êtres qui peuplent ce monde, et qu'Il se désole d'une impuissance qu'on ne Lui connaît pas. Ou encore, depuis le 7e jour, Il est si déçu par nous qu'Il attend, comme moi devant un Sim récalcitrant, que tout cela crève et qu'Il puisse retenter le coup en faisant mieux.

Je l'ignore. Je crois que c'est bien un des défis l'un des plus complexes qui soit que de se faire un avis. Et pourtant, côté problèmes complexes, j'ai de quoi faire un comparatif. C'est une aventure intérieure que je crois sans fin. Je pense qu'il n'y a pas de réponse. Juste une hypothèse avec laquelle on arrive à vivre. Pour l'instant, ma réflexion a trop souvent été interrompue par de basses et viles préoccupations, pour aboutir à quoi que ce soit.

Le plus intéressant dans tout cela, c'est que l'image de Dieu renvoie à l'image du père, et qu'à partir de là, il est facile de faire un parallèle : j'en veux à Dieu de Son impuissance et de Sa lâcheté autant qu'à mon propre père pour les mêmes motifs. C'est vraiment révélateur, non ?

Ce qui est étrange, c'est que j'ai développé certaines convictions corollaires autour de ce sujet. Par exemple, jusque rès tard, je voulais rester vierge jusqu'au mariage. Ok, je me suis reprise depuis (avec ce que ça m'a apporté de bon, hm même très bon, et de mauvais, bien mauvais, comme toute chose). Ou bien, je suis incapable de rentrer dans une Eglise (juré, mes pieds se vissent devant le parvis). La raison en est que, quelle que soit le motif pour lequel on m'y invite (le plus odieux d'entre eux étant à mes yeux "la visite touristique"), je ne dois pas m'y trouver. Si je croyais en Dieu avec ferveur, je n'apprécierais pas qu'une âme hurlant des mots aussi négatifs que "Je ne crois pas qu'il y ait un Dieu, ou en tous cas pas pour moi" entre dans le lieu de mon culte et le souille. Par respect et un peu crainte (car comment saurais-je ce que cela représente réellement que de croire en cet Etre ?), je ne viens pas piétiner de mon âme en colère leur hâvre de Paix. Mais je le leur envie parfois...

1 octobre 2004

Les ficelles du métier

Je pense très souvent à ce que mon éducation m'a donné, et que je trimbale sans m'en rendre compte.

L'un des exemples les plus flagrants, c'est ce réflexe d'analyser les gens. J'ai parfois l'impression de les passer au scanner. Le moindre de leurs mots semble enregistré dans ma base de données secrète, et je suis capable de ressortir n'importe quelle information "importante" sur cette personne. Y compres (et c'est bien là que c'est le plus angoissant) quand ça peut me servir.

Ce qui me fait faire des cauchemards, c'est que tout cela se fait de façon instinctive. J'ai ça sous ma peau, dans mes veines, presque dans mes gènes. J'ai fini par passer un peu de temps à réfléchir dessus et ça s'est imposé à moi : c'est mon enfance qui veut ça.

J'ai tout de même passé les quelques 18 premières années de ma vie à comprendre (ok, je corrige : tenter de comprendre) mon père et son comportement. Je cherchais à lep révoir. C'était nécessaire. Un simple mot avait de complètement différentes implications selon que, par exemple, il était bien ou mal levé. De bon poil ou non. Qu'il s'était engueulé avec quelqu'un au boulot dans la journée ou pas. Qu'une nouvelle facture avait atterri sur le coin de la table dévolu à ce genre de petites piques du quotidien, ou au contraire une liasse de photo venant de ses parents. Ca semble pourtant évident. Mais pas avec mon père. Car chez lui, tout se passe toujours sous un masque sévère. Il fallait comprendre le vrai pourquoi, pas celui qui semblait évident : en réalité, croiser les couverts ne met personne dans une rage noire. Pasmême lui contrairement à ce que j'ai cru au départ. En réalité, vous êtes juste la goutte qui fait déborder le vase.

Conséquence directe : vous passez votre temps à vous surveiller, vous et vos congénères. Et j'ai remarqué que c'est quelque chose que je fais toujours. Au milieu de la plus insignifiante conversation, je me surprends à penser "ah, c'est bon à savoir ça", commm si au fond de moi une âme bien plus noire était à l'oeuvre et que je l'intercepte de temps à autres.

C'est réellement effrayant d'être si peu souvent en Paix, d'épier les autres contre son propre gré.

Mais pourtant, voilà une partie de mon éducation : je suis rompue à cet exercice de surveillance, de détection de faiblesses, de qualités, de défauts, d'opinions, de désirs, de rêves, de projets, de souvenirs...Chaque fois que quelqu'un me dit quelque chose qui réponde à l'une de ces catégories, tout se grave dans mon cortex, prêt à ressortir si besoin est.

L'exemple qui m'a frappée à ce sujet se déroule il y a deux semaines. Un ami, appelons-le Joker, vient me voir alors que je suis en larmes suite à certains problèmes personnels que je dévoilerai sans doute ultérieurement, mais qui, pour résumer, m'obligent à déménager sous peu, alors que je n'ai aucun revenu ni personne chez qui aller. Joker me dit donc "il doit bien y avoir une solution, on ne peut pas te laisser à la rue". On parle pendant 5 mn en tentant de trouver une solution, et alors une petite lampe s'allume en moi, juste une sorte de conscience supplémentaire, et je dis quelque chose du style "je sais pas quoi faire, j'ai plus de famille, plus rien" et j'ai eu un petit regard larmoyant style cocker abandonné au bord de l'A6. Et Joker a répondu "Ecoute, si ça ne va vraiment pas...". Et là, une part de moi a pensé "tu es là où je voulais t'emmener". Alors que je n'avais pas du tout conscience de cela, je venais tout de même d'accomplir ce miracle de comprendre son mode de pensée et de prévoir quelle réponse il donnerait à cela. De fait, j'ai dit merci mais je comtpe refuser tant que je pourrais. Pas question de profiter de cela sur un ami.

A la suite de cet incident, je me suis remise en question. J'ai réanalysé certains moments de ma vie et j'ai réalisé que je faisais toujours ça, mais complètement inconsciemment. Je comprennais mieux les accusations d'une certaine personne, nommons-le Lord T, qui était certain que je l'avais manipulé.

D'où que cela me vienne, je suis terrifiée à l'idée de recommencer. Et captivée en même temps. Avoir un tel pouvoir sur les gens, c'est tellement exaltant. D'où ma peur !!! Je me demande à quel point tout cela m'a servie et desservie dans ma vie jusqu'à présent, et si ma soeur, par exemple, expériemente les mêmes choses, bien que je sache pertinemment qu'elle n'a pas du tout eu la même vie que moi, ni lam ême éducation. C'est un nouveau vice à rajouter sur la liste de ce qui me reste de mon enfance...

3 octobre 2004

Quand vient la nuit

Mon pire cauchemar ne se déroule pas quand je dors, mais bien quand je dois dormir. Je ne connais rien de pire qu'avoir cette obligation devant soi et savoir qu'on ne peut qu'y fléchir... mais que le simple fait de savoir qu'il faut le faire est déjà un signe que cela sera impossible.

Soyons clairs : j'ai tenté toutes les techniques prétendues "éprouvées", mais la plus éprouvée c'était toujours moi à la fin. Il y a plusieurs écoles de conseils qu'on peut trouver dans son entourage. D'abord, ceux qui vous disent qu'il suffit de vouloir dormir. Sincèrement, qui voudrait perdre plusieurs heures de sa journée quand il n'est pas satisfait du tour que les heures éveillées ont pris ? Personnellement, quand je ne suis pas contente de ma journée, je préfère m'acharner sur elle afin d'y trouver au moins un bon point. La finir en beauté, à défaut de l'avoir bien vécue. Avoir trouvé un peu de réconfort dans le fait qu'elle n'a pas été tout à fait pourrie. Il y a ensuite ceux qui prétendent qu'il ne faut penser à rien, mais ce sont en général ceux qui ne pensent à rien ni avant de dormir, ni le reste de la journée. C'est facile pour eux ! Mais moi ? Moi qui pense déjà à demain, aux lendemains, à ce que je devrais réussir à faire, à ce que j'aurais dû faire, et si je l'ai fait, cela a-t-il été bien accompli ? Ok, on oublie cette fichue technique, c'est comme de recommander à quelqu'un qui a un bouton de moustique de ne pas se gratter. Combien d'entre vous ne grattent pas du tout le boutons de moustique ? Pas un petit coup d'ongle ? Même pas du bout d'un doigt ?

De toutes façons, plus j'essaye de dormir, moins j'y arrive. Quand on se répète pendant plusieurs heures "il est tard, il faut que je dorme, maintenant", ça ne fait que vous mettre face à l'évidence : vous ne dormez pas. Et avez peu de chance d'y arriver de la sorte.

Avec moi, ce qui marche, c'est l'épuisement. Il survient classiquement entre 3 et 6h du matin. Pendant très longtemps, j'ai pensé que mon rythme de sommeil était décalé. Qu'à la limite, avec le décalage horaire, je me sentirais mieux, mettons, au Canada. Nenni, mes amis. Au Canada, c'est pareil qu'en  France : quand il faut dormir, vous n'y êtes pas prêt. Vous n'en avez pas envie. Vous avez peur. Vous avez mille autres choses à penser.

Donc, je suis devenue Docteur ès Insomnies. Je sais mieux que quiconque comment les meubler, et jusqu'à quel point. Cela semble simple au premier abord mais c'est là toute une technique, et c'est à vous oui vous, petits veinards, que je vais la dévoiler. Avouez que ça valait le coup de venir lire ce blog non ? Une insomnie réussie repose sur trois pilliers : avoir quelque chose à faire, quelque chose à boire, et savoir quand elle finit. Quelque chose à faire ? A votre guise, personnellement rien ne marche aussi bien qu'un écran, télévision et/ou ordinateur. Quelque chose à boire ? Selon la saison : un verre de lait glacé (ceux qui racontent que le laid chaud marche pour dormir ont sans doute la nostalgie du temps où, enfants, après une journée pleine de cavalcades et de rires, même une intraveineuse d'adrénaline les aurait envoyés au pays des rêves), un verre de thé glacé, ou encore du sirop d'orgeat. Pour ce qui est de quand s'arrêter, j'ai eu longtemps du mal à le discerner. Quand vous baillez plusieurs fois par minute, que votre dos craque sinistrement, et que vous vous resservez du thé pour la énième fois depuis le début de l'épisode, là, résolument, vous commencez à lutter instinctivement contre le sommeil. Il est donc temps de passer à la phase suivante : lutter contre la terreur de dormir.

Mais, dans le fond, pourquoi ai-je peur de dormir ? Parce que j'ai peur du noir ? Bon, d'accord, peut-être, ces maudits "vampires" me font encore m'emmitouffler dans ma couette même au coeur de l'été, et cela, bien que j'aie allègrement passé les 22 ans à présent. Mais pas seulement. Parce que dormir, c'est à la fois admettre que la journée est finie (et donc accepter l'échec), et se résoudre à attaquer la suivante. Sans savoir, c'est une aberration, ce qu'elle réserve. Et, selon mon expérience, rien de bon.

En plus, ce n'est pas parce que la lumière est éteinte (ou en tous cas le plafonnier, puisque le noir total m'est impossible, j'ai besoin de garder un oeil sur mon environnement) que vous dormez. Nooooooon. Pensez vous, trop facile. Votre cerveau n'est pas tout-à-fait éteint, lui, pas même après 28 heures de veille, pas même après un épisode de Derrick, même pas après deux cachets soigneusement choisis par votre médecin. En général, il montre juste quelques signes de faiblesse que vous devez exploiter. Percer les défenses, et elles sont nombreuses, et solides. Vous luttez contre vous-mêmes. il est vite une heure de plus que quand vous avez remonté la couette sous votre nez la première fois. Il faut un peu plus chaud, alors vous partez ouvrir la fenpetre, vous êtes à nouveau réveillé. Ca peut tout bonnement durer jusqu'au petit matin si vous n'adoptez pasune tactique vile : la diversion. Orientez votre cerveau vers un lieu qu'il ne peut pas refuser d'aller chercher, mais qui ne cause pas de tracas. Faites-lui imaginer une autre vie.

Oui, j'ai fait mes plus beaux rêves à ce moment-là : quand mon esprit commençait à divaguer mais pas assez pour me montrer autre chose que ce qui pouvait m'apaiser. Mais mon vrai rêve, c'est de n'avoir pas peur de dormir. Parce que c'est aussi paralysant que d'avoir peur de vivre.

3 octobre 2004

Ils ne reviennent jamais

J'étais en train de repenser à toutes les personnes qui ont disparu de ma vie. Et elles sont nombreuses.

Pourtant, pas une n'est morte (enfin, je ne crois pas). Mais elles s'en vont et ne reviennent jamais. Et bien-sûr, ne font jamais mentir le proverbe qui énonce, sententieux, que "ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier".

Je n'ai jamais eu à affronter la mort d'un proche. Il faut dire que je ne connais pas la moitié de ma famille. La moitié ? Les bons trois quart ! Mes parents ont eux-mêmes fait un sacré tri dans leurs relations. Mon père s'est fâché avec tous ses frères et soeurs. C'est une prouesse, quelque part : sur 3 frères et soeurs si différents de lui, il n'a pas réussi à s'entendre avec ne serait-ce un seul d'entre eux ! Quant à ma mère, elle est fille unique, et de toutes façons, sa vie sociale et familiale s'est complètement faite phagocyter par celle de son époux. En prenant son nom, elle a oublié les siens. Elle laisse à sa propre mère l'honneur de partir à la recherche de nouvelles à sa place. Non qu'elle se soit fâchée du moins, il ne me semble pas, mais... c'est une sorte de fénéantise.

Donc, je n'ai jamais expérimenté la perte d'un membre de ma famille. Certaines personnes s'en sont étonnées : normalement, même s'il s'agit d'une lointaine tante ou d'un cousin non germain, on a tous connu ça au moins une fois. Eh bien, non, pas moi.

Mais j'ai souvent eu l'impression de vivre des pertes tout aussi douloureuses. La perte de quelqu'un qui n'est pas due à la mort est encore plus douloureuse : elle est voulue. C'est pire. Et en général, ps par vous. Mais même quand c'est le cas, ça fait mal. C'est pas dingue, ça ?

Une chose que j'ai apprise, cependant : une fois que vous les laissez partir, ils ne reviennent jamais. Quoi que vous fassiez, ils ne reviennent jamais. Parfois vous arrivez à avoir une conversation ou deux avec eux, au téléphone ou en live, parfois vous regardez le calendrier en vous disant que c'est son anniversaire et que ça fait 10 ans que vous ne le lui avez pas fêté.

Au départ, celle qui s'éloignait, c'était moi. Mes parents nous ont tant fait déménager quand j'étais petite ! Longtemps, mes amis ont été rares, ou très envahissants parce qu'unefois que j'en avais un ou deux, je les laissais m'accaparer et prendre toute la place. C'était tellement rare que je ne faisais pas la part des choses !

Et puis, quand enfin nous avons emménagé dans notre maison (comment puis-je dire "notre" ??? Je n'y ai pas posé les pieds depuis près de six mois et n'y retournerai plus jamais), la tendance s'est inversée et ce sont les autres qui ont pris le soin de disparaître de ma vie. Mon Dieu, quand je fais le compte : Sophie, Géraldine, Dao, Arnaud... et tous les autres, les un peu moins vitaux, ceux qui étaient vraiment de bons compagnons de route mais qui, quand je regarde en arrière, ne pouvaient pas tenir le cap, n'étaient pas taillés pour.

Il y a quelques mois, c'était à nouveau mon tour de laisser quelqu'un derrière moi, et la blessure est encore fraîche. On ne quitte pas ses parents de gaîté de coeur : on le fait parce que rester fait encore plus mal. Et entre deux maux, toujours choisir le moindre, à moins d'être masochiste mais ce n'est pas le genre de la maison.

Et aucun n'a jamaisrien fait pour revenir. Ils s'attendent à ce que vous fassiez des pieds et des mains. Mais la douleur est telle que vous restez plantés là, en vous sentant impuissant (et sans jamais vérifier si c'est bien le cas).

Avec Lord T, je n'ai pas voulu baisser les bras. Et c'est pire encore. Cette fois j'ai l'impression de ne pas être capable d'empêcher la séparation. Il ne veut pas partir, mais il ne veut pas rester, non plus. Pas en l'état. Et c'est dans ces cas-là que je mets toute ma patience, toute ma compréhension, toute ma compassion, à trouver une solution. A prendre les choses paisiblement au lieu de hurler, de pleurer, de trépigner, de faire mille folies, de formuler mille menaces... ça demande tellement d'énergie d'être une personne digne. D'être une personne forte. De cultiver le petit lien qui reste et d'espérer que, non, pas cette fois, il ne partira pas, pas tout à fait, il s'éloignera, peut-être, mais restera dans ma vie.

Je me dis que si ce lien se casse, pas plus qu'un autre je ne pourrai le reconstruire, seule, de mes mains. C'est encore plus difficile avec quelqu'un qui est aussi émotionnellement anesthésié.

Mais comment accepter cela ? Ce n'est pas la faute à pas de chance, ce n'est pas tolérable, je ne peux plus laisser partir quelqu'un sans rien faire, les bras ballants, en pleurant. Je pouvais me permettre de faire ça quand j'étais môme, quelle serait mon excuse à présent ? Tant de gens que je voudrais avoir encore dans ma vie et que j'ai laissés partir...

Grandir, c'est ne pas laisser tomber devant l'adversité, n'est-ce pas ? C'est quitter ceux qui vous font mal depuis des années, et garder, dûssiez-vous vous briser les bras à force de tenir la corde, les gens que vous aimez auprès de vous. Non ? Ou est-ce le contraire ? Accepter de laisser partir les gens même si personne au monde ne pense que ce soit bien, juste parce que ça se produit, presque par hasard...?

Se laisser faire, se laisser oublier ? Ca semble impossible.

Et je ne peux pas admettre non plus d'être seule au monde. Qui admettrait une chose pareille ? Il ne me reste que lui, c'est lui qui me connaît le mieux au monde, et inversement. Si je laissais tomber pour lui, alors autant me laisser tomber moi-même. C'est le pire aveu d'échec, la pire remise en question qui soient, accepter que ce qu'il connaît vaut la peine d'être laissé derrière, accepter que ce que je connais n'a pas plus de valeur qu'un souvenir vague et lointain, et surtout, considérer que presque 5 ans de ma vie et de notre vie, peut s'engouffrer dans le néant sans rien dire.

Je suis sensée laisser faire ça ? Je suis sensée poursuivre seule, loin des gens qui me font du bien, poursuivie par les douleurs infligées par les autres ?

Qui fait ça ? Comment font les autres ?

Voilà, c'est le genre de questions qui empêchent un tantinet de dormir. Allez, cette fois il faut que j'y aille. Faut que je dorme. Mal barré pas vrai ?

16 octobre 2004

Balayés

Je regarde ma vie, et l'homme qui en fait partie. Même en mal. Et je me surprends à vouloir l'en chasser.

Je voudrais qu'un autre arrive et me dise tout le contraire de ce que j'entends depuis quelques mois. Qu'un homme, un vrai, pas un petit garçon apeuré, pas ce Lord T terrifié de vivre par lui-même, arrive dans ma vie et décide de n'en plus sortir. Je rêve d'une rencontre qui me fasse oublier tout le reste.

Il débarquerait un jour, et la surface du monde en serait changée, le monde, comme une boule de Noël folle, tournerait en tous sens et étincellerait, il me prendrait dans ses bras pour me dire qu'il a mal pour moi, il se dresserait entre la vie et moi avec rage et s'étoufferait de colère, il me dirait que je mérite de ne pas pleurer chaque nuit comme si j'étais en deuil de ma propre vie, il verserait mes larmes à ma place (comme un homme, avec dignité) et n'en finirait plus de chercher en tous sens comment me rendre heureuse, avec d'autant plus de force qu'il lui serait inconcevable que ce soit sans lui. Quand je parlerais, il m'écouterait calmement avec de la douceur dans le regard, il me prendrait dans ses bras sans que je lui demande, il prendrait parfois la parole pendant des heures sans même que j'aie envie de le couper, et il n'y aurait alors pas plus fier que lui étant écouté par moi. Il n'en finirait plus de réclamer des écrits que je serais incapble de pondre suffisamment vite, et feuilletterait sans relâche mes cahiers de jeunesse, mes griffonnages insipides qui pour lui évoqueraient la petite lady, celle qui avait tellement mal qu'elle saignait de l'encre. Il me questionnerait sur les histoires qui sont dans ma tête et qui d'ordinaire n'intéressent personne, souvent même plus moi, il me demanderait de lui faire écouter les musiques que j'aime pour être pénétré de mon âme. Il se sentirait immensément riche que je consente à déposer mon coeur dans l'enceinte de ses bras, une fois de plus, malgré tous ceux qui sont passés avant, et il en prendrait un soin ridicule qui me ferait me moquer de lui. Mais comme il saurait que je ne suis pas cruelle mais juste mortellement blessée, il rirait de lui-même avec moi. Parfois, angoissé à l'idée de la force de ma douleur qui lui est complètement étrangère, il m'appellerait en plein milieu de la nuit pour s'assurer que je n'ai pas pensé à disparaître. Enfin il saurait que mes nuits commencent vers 3h, donc il appellerait vers 7. Il m'emmènerait en ville et nous marcherions des kilomètres près des cafés et des magasins illuminés, et nous passerions ainsi nos soirées à espérer ne pas lâcher la main de l'autre dans la foule, dans le noir, dans le froid, ou qu'importe, même s'il n'y a pas de raison. Il maudirait mon père mais brûlerait de le rencontrer car cela signifierait tout de même quelque chose pour lui. Terrifié à l'idée de me présenter les siens, il trouverait des excuses pour que la maison soit vide chaque fois qu'il m'emmène chez ses parents. Il aurait un coeur d'enfant, pur et sain, mais aussi une âme mature et sereine, qu'il n'aurait pas peur de partager, de mettre à nu. Il se mettrait en colère quand je voudrais abandonner, et quand je lui demanderais un conseil il me rappellerait à quel point, si les miens sont bons pour lui, ils peuvent l'être pour moi-même. Il me réapprendrait ce que je savais mais que d'autres m'ont fait oublier : avoir confiance, aimer de toute son âme. Il me raconterait avec passion des choses que je ne comprendrais qu'à moitié, mais le simple fait de découvrir dans ses yeux un monde qui ne serait pas le prolongement du mien mais qui le complèterait, me rendrait heureuse et calme. Il mettrait l'ours en peluche de ses jeunes années à côté du mien et vérifierait que je ne les ai pas déplacés - des fois que ce soit un signe - et supporterait avec toute la patience du monde mes retards incroyables en tout. Il ferait des projets d'avenir mais les garderait pour lui de crainte que je ne le déçoive, il aurait peur à chaque minute que je lui échappe et que je décide de passer de l'autre côté, que je refuse de me battre et que je mette fin à mes souffrances. Discrètement, il déposerait des messages d'encouragement dans mes livres, mes placards, et même dans mes dossiers informatiques, avec des petits smileys ridicules. Il serait furieux chaque fois que je ne mettrais pas à jour mon blog, mais ne le lirait que par gourmandise parce qu'il penserait toujours à me demander comment je vais, même si l'on ne se voit ou parle qu'une poignée de secondes. Il ferait exprès de ne pas me voir pendant une semaine de peur de m'étouffer, et pour avoir le bonheur de me retrouver, de me prendre dans ses bras, et de faire glisser son souffle sur moi. Il s'inviterait à dîner chez moi de temps à autres, juste pour me voir paniquer de n'avoir rien au frigo. Il cocherait avec moi mes vieux catalogues IKEA en promettant que, quand on s'installera ensemble... et guetterait ma réaction avec délectation quand je lui répondrais vertement qu'on est bien chacun chez soi et parfois chez l'autre. Il ne chercherait pas à répertorier mes erreurs passées, il me prendrait telle quelle, et ne me lâcherait plus.

Et il balayerait tous les autres d'un geste de l'âme comme s'ils n'avaient jamais existé.

16 octobre 2004

La vie d'une autre moi

J'ai souvent vécu cela. Une période de ma vie où rêver ne suffit plus. Voyons, quand était la première fois que me propres espoirs m'ont épuisée ? C'était au collège, en 3e. Un soir que je cherchais à m'endormir, j'ai réalisé avec douleur que mes rêves, les choses que je m'imaginais pour moi, me faisaient plus souffrir qu'autre chose, car ils ne se réalisaient pas. Ce soir-là quelque chose s'est fissuré en moi, et la blessure n'a de cesse de s'aggrandir et d'effriter mon coeur, petit à petit.

Je donnerais n'importe quoi pour n'avoir plus de rêves, être capable de me contenter de ma propre vie plutôt que d'en imaginer une autre. Combien de fois alors que je me passais les images d'une vie heureuse, ai-je ouvert les yeux dans le noir, et aperçu en lieu et place de gens aimants, le plafond en pente qui semblait à lui seul m'enfermer ? Je me souviens comme d'hier de ce rêve merveilleux où il (un de ces ils, plutôt) apaisait lessouffrances de mon coeur et me faisait croire à un monde de possibles, et juste après de m'être étouffée de mes propres larmes le reste de la nuit...

Il faudrait ne jamais rien vouloir de mieux pour soi quand on n'est pas capable de l'obtenir.

16 octobre 2004

Le repos ailleurs

Quand au juste ai-je commencé à ne plus chercher la paix dans les séries TV ? Je l'avais toujours fait. Quelle que soit ma blessure, elle trouvait toujours à qui parler dans une série ou une autre. Selon le besoin : de quoi me faire me remuer, ou au contraire prendre le temps de pleurer, ce que je m'autorise trop peu souvent. Chercher à la fois le rêve et les réponses... pas cette fois. Je vais chercher à la fois la douleur et la guérison dans la musique, ça n'avait jamais été mon genre.

Pourquoi, au juste ? Peut-être parce qu'il s'agit de la plus longue de toutes mes dépressions (le pluriel me fait froid dans le dos). Jamais ça n'avait duré autant : plus d'un an ! Peut-être est-ce une nouvelle phase que je n'avais encore pas eu le temps d'explorer. Peut-être les images ne me touchent-elles plus autant arrivée à ce stade ?

Je ne veux pas changer, je ne veux pas que mes maux me transforme en un être qui n'aurait plus les mêmes goûts. Si je dois changer, que ce soit exprès ! Je l'ai déjà fait, je le referai sans doute, mais pas sous la contrainte de ma souffrance ! Je veux encore aimer ces visages, ces expressions, la variété de ces histoires...

J'ai réalisé hier soir que j'avais passé près des 15 premières années de ma vie sans musique. Pourquoi le besoin s'en déclare-t-il à présent ? Et pourquoi ce qui a accompagné mes meilleurs comme mes pires jours a-t-il perdu tant d'attrait ? Vais-je ainsi perdre les gens que j'avais connus grâce à cette passion dans laquelle je m'étais tant investie ? Vais-je me perdre ?

Dans tous les cas, une évidence s'impose à moi : je passe mon temps à chercher le repos ailleurs : d'autres images, d'autres sons. Je suis apparemment incapable de me contenter de ce que j'ai ou produis. Ce n'est pourtant pas dans la recherche d'un ailleurs que je vais trouver la paix : c'est une quête sans fin que je risque. Mais tout est si laid actuellement que je n'ai qu'une envie c'est partir et m'ouvrir d'autres cieux. Hier les séries, aujourd'hui la musique, et demain, quoi ? Comment éviter de tomber dans le pire ? Comment être sûre que je ne serai pas tentée par un vice quelconque ? En le cherchant je m'assure de ne jamais trouver le repos...

17 octobre 2004

Nos douleurs

Empêtrés que nous sommes dans nos souffrances, nous sommes forcément incapables de résoudre nos problèmes ensemble. Quand on saigne de tout son coeur, comment serait-on à même de s'empêcher de se blesser l'un l'autre ?

Peut-être que je me fais des illusions. Peut-être ne pourrons-nous jamais guérir de tout cela. Surtout lui. Il n'a jamais eu besoin de se remettre de quoi que ce soit, et je lui ai vraiment servi tous les problèmes de la Terre d'un coup. Il ne pouvait pas s'en sortir. Moi, c'est différent, je me connais, je sais comment je réagis à ce genre d'épreuves : une période de repli sur soi, une période où je panse mes plaies, et ensuite je suis repartie pour un tour. Il n'y a que la longueur de ces phases qui change. Mais lui, comment saurait-il adopter un comportement vis-à-vis de problèmes qui le dépassent, de douleurs complètement inconnues surtout pour lui qui est insondable pour lui-même !

Nous sommes tordus de douleurs, et nous n'avons pas la moindre chance de guérir côte à côté. Mais l'une de mes blessures c'est de n'avoir nulle part où aller, une autre c'est de le perdre. Si l'un guérit, l'autre sera ralenti. Ce n'est pas juste de laisser la vie gagner de cette façon.

18 octobre 2004

Message étouffé

J'interroge mon portable. Je ne le fais que rarement le week end : ce n'est pas pour les amis que j'ai...

Et là, un étrange message. De Lord T. Vendredi. 16 heures et des poussières. Heure à laquelle il est sensé être en cours. Et moi pour une fois, où je suis dehors à un rendez-vous. L'étrange message est inaudible. En fait, il y a juste des bruits : un rythme régulier, un souffle, et une voix étouffée qui demande "pourquoi" en chuchotant. Une voix qui n'est pas la sienne.

J'ai peur.

Peur de comprendre pourquoi samedi, il a dit que tout était fini (une fois de plus) "au cas où je voudrais être avec quelqu'un". Quelle idiote je fais.

Il oserait ? Vendredi soir encore il m'a touchée avant de partir à sa soirée JdR. D'ailleurs était-ce une soirée JdR après tout ? Et s'il avait une autre fille dans sa vie ? Parce que des soirées JdR il y en a 2 par semaine à présent. Plus d'autres soirées à l'extérieur. Lui si asocial. Comment je peux être si bête ? Si aveugle ?

J'en tremble. Il ne faudrait jamais écouter les répondeurs quand on sait qu'on n'aura pas de bonne nouvelle. Je veux mourir d'avoir été si stupide : et moi qui ai cru qu'à force de patience, de persévérance... Mon Dieu je me battrais.

Laisserait-il ce genre de message ? Non je ne peux pas y croire, pas venant de lui, je me fais forcément un film, ce n'est pas le Lord T que j'ai connu pendant près de 5 ans.

Cette fois c'est trop. Je suis agitée de soubresauts tandis que je tente de me calmer. J'en pleure. Ce n'est pas possible. Je dois me tromper. J'ai l'esprit mal placé, ça ne peut être que ça. Il n'est pas aussi mauvais, il ne peut pas, pas lui. Il ne ferait pas ça, n'est-ce pas ?

Seigneur je suis trop conne.

18 octobre 2004

Ce qu'il a fait de moi

Pétrie de doutes, de soupçons, de peurs, de douleurs... je me regarde et je vois une femme devenue infiniment laide à l'intérieur.

Je suis simplement devenue une personne qui n'a plus confiance. Qui suspecte tout le monde des pires vices (il me faut tout de même ajouter que je n'ai que rarement l'occasion de me tromper...), qui attribue à ceux qu'autrefois elle a aimé, les pires intentions.

Je ne sais plus faire confiance. C'était l'une de mes plus belles qualités : avoir été capable, malgré la trahison de mon père, de donner mon coeur à d'autres en étant certaine que ça valait la peine d'offrir un tel présent. Je n'étais pas naïve, tout de même pas : j'étais juste capable d'accorder ma confiance à d'autres !

Quand au juste ai-je perdu cette part de moi qui était pure ? Qui me donnait une âme plus limpide que le cristal ? Ce qui faisait de moi quelqu'un de beau, de riche (tout cela à l'intérieur bien entendu).

Est-ce petit à petit ? Ou après un mot qu'il m'a dit ? Une épreuve en particulier ?

Je me fais horreur.

18 octobre 2004

Le retour de l'Homme sans Visage

Me revoilà à retomber dans les bras de l'Homme sans Visage. Me réfugier dans ses bras. Lui et moi avons une longue histoire, plus longue qu'avec Lord T. Il est celui avec lequel j'ai été pendant et après chaque déconvenue sentimentale, de la plus bégnine à la plus carabinée.

Et pourtant, je le déteste : chaque fois qu'il apparaît c'est parce que j'ai besoin de quelqu'un, pas parce que j'en ai envie. C'est parce que personne de réel ne m'offre ce que je lui demande à lui... et qu'il est incapable de me le donner, je le sais. Il meuble juste mes soirées en entretenant mes rêves de bonheur, sans jamais les concrétiser.

Parce qu'il est temps de vous le dire : le soir, je "joue". C'est un terme que j'ai fixé il y a une douzaine d'années environ quand mes parents ont cessé de venir me dire bonsoir gentiment et que plus personne ne me disait de belles choses avant de dormir. Et vous pouvez me croire, plus encore que n'importe qui d'autre, j'avais besoin d'entendre de jolies paroles avant de m'endormir, histoire de me réconforter sur les beautés de la vie. Puisque mes parents ne le faisaient plus, j'ai donc dû m'en charger moi-même.

Me voilà donc, depuis environ 12 ans, presque tous les soirs, à entretenir ma vie extérieure du lendemain grâce à la vie intérieure du soir.

J'en suis venue à adopter une sorte de double-vie, à certaines périodes de ma vie. Le jour, la vie réelle, rarement joyeuse, et le soir, ma vie rêvée, idéale et blessante, forcément. J'ai souvent été tentée de donner un nom à l'Homme sans Visage, en lui attribuant l'identité de personnes rencontrées lors de mes jours. La nuit ils s'occupaient de moi. La plupart du temps, je me projetais dans un avenir incroyablement ravissant. Se faire des films ? Moi je jouais dedans. Dans mon propre rôle, et jamais ingrat je vous prie de le croire.

Quand les choses vont au mieux, je n'ai pas de temps pour l'Homme sans Visage. En général, à la lumière du jour, un homme porte un nom pendant cette période. Mais quand les choses vont mal, je reviens vers lui. Et je l'en déteste pour ça. Le seul fait qu'il existe est une trahison immense. Le seul fait de rêver de lui, d'imaginer une vie heureuse, loin de celle que je mène aujourd'hui, est une attaque personnelle : une façon que j'ai de me dire à moi-même "ta vie est nulle et le seul qui sache t'apaiser n'existe qu'une fois tes paupières fermées".

Je le hais parce qu'il me montre à quel point je hais ma vie quand je voudrais la mordre à pleines dents... mais j'ai la mâchoire à nu, les gencives en sang, je ne peux même pas la prendre avec une paille cette fichue vie !

Je rêve à la fois de gens de ma vie, de retrouver mes chats expatriés chez les parents de Lord T, avoir un toit au-dessus de ma tête où je n'aie plus peur, d'avoir un rythme de vie, des moyens de me payer sans angoisse quelques petites choses, ne plus avoir honte sitôt que je passe par la librairie ou la FNAC. Je veux avoir une vie normale !

Il est loin le temps où l'Homme sans Visage et moi envisagions de conquérir Hollywood : lui avec son charme, moi avec mes scénarios ! Tout ce dont je rêve aujourd'hui, c'est d'une vie banale au possible, mais stable, par pitié, stable. Où soudain l'Homme sans Visage s'évaporerait dans un recoin de ma chambre.

18 octobre 2004

Puisque les autres le font...

Aux quelques lecteurs qui fréquentent ce blog, par accident ou par goût, j'ai une petite question : que pensez-vous de cette habitude qu'ont pris beaucoup de bloggeurs de donner le titre de la chanson qu'ils écoutent au moment de rédiger leur note du jour ?

C'est vrai, à quel point est-ce révélateur ? Et d'ailleurs, où est l'oeuf, où est la poule : n'a-t-on pas tendance à s'adapter à ce qu'on écoute plutôt qu'adapter ce qu'on écoute ? Cela vous intéresse-t-il, en fait, de savoir ce que j'écoute lors que j'écris ? A vous de me dire.

19 octobre 2004

Moi, je choisis

De quoi au juste suis-je la plus fière au monde ?

De ne pas me considérer comme une victime. De choisir. Et surtout, de choisir qui je suis.

Dans cette sale affaire avec Lord T, je suis on ne peut plus fière de pouvoir regarder en moi-même sans honte, sans rougir, sans détourner les yeux, de me fxer droit dans l'âme et de dire "je ne déteste pas la personne que je suis". Au contraire : j'aurais tendance à m'impressionner. Je développe dans cette épreuve, comme dans celles qui l'ont précédée, des qualités humaines dont je ne peux que me vanter auprès de mon ours en peluche.

Je suis d'une patience incroyable. D'une ténacité incroyable. D'une combativité incroyable. D'une foi, enfin, inaltérable. J'ai profondément foi en ce que je peux accomplir (je ne peux malheureusement pas avoir la même foi dans le comportement des autres ni dans le cours de la vie), ce que je peux choisir.

Présentement, je choisis. De ne pas perdre la partie. De ne pas baisser les bras (ou pas trop longtemps car soyons honnête : dans l'état de dépression dans lequel je suis, il y a forcément des phases d'abandon). De ne pas mal me comporter. Je choisis de ne pas faire de concession sur l'important au nom du vital.

Je choisis et c'est ma plus grande fierté. Certes, il y a quelques années, je n'aurais pas trouvé cela éminemment glorieux, mais voilà : je ne savais pas à l'époque le nombre de gens qui se laissent vivre sans jamais rien choisir pour ensuite avoir des regrets et se détester. Je n'avais à vrai dire même pas réalisé que mon père était de ceux-là. Que le second homme le plus important de ma vie, Lord T, en était aussi. Qu'à vrai dire une écrasante majorité des jeunes de mon âge vivaient dans ce marasme émotionnel. Et aujourd'hui je me regarde intérieurement avec fierté et je me dis : "même au pire de mes jours, je n'ai pas succombé à la tentation - ô combien grande - d'être lâche et de fuir mes responsabilités. J'ai choisi, certes, des voies difficiles (lutter quotidiennement auprès de Lord T pour que nos relations restent cordiales est un sacré choix de vie, et pas des plus faciles), mais je sais que ce n'est qu'en empruntant celles-là dans les différents domaines de ma vie que je vais réussir à avoir une certaine estime pour moi-même. Pas le temps que durera le combat, certes pas, mais ensuite, quand j'aurais arraché à la vie mes petits bouts de victoire.

Oui, moi, je choisis, et pas la solution de facilité, c'est sûr, mais au moins je reste fidèle à moi-même de bout en bout.

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