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ladytherapy
4 décembre 2008

Tomodachi no Uta

Je consulte sur Copains d'avant le profil d'une copine de lycée. Ses loisirs d'aujourd'hui ne me surprennent pas. En un peu moins de 10 ans, ils ont évolué de façon plutôt logique.

Ce qui m'amuse, c'est que les Artistes qu'elle écoute... j'ai fondé un site qui en parle. Je me plais à imaginer qu'elle est peut-être déjà venue sur mon site, peut-être même de façon régulière, et qu'elle ne sait pas que je me cache derrière ce pseudo, et l'idée m'amuse beaucoup de me dire qu'en fait nous sommes plus proches qu'elle ne l'imagine (et qu'elle ne m'a jamais laissé l'être, elle qui se protégeait tant).

Je me fais sans doute tout un film, mais la communauté de Jfans francophones n'est pas non plus si étendue.

Ça se trouve elle me lit, et elle ignore qu'à côté de moi, dans l'armoire, il y a encore quelques uns de ses dessins. Et on se croise probablement, comme ça, sur internet, depuis plusieurs années, et je trouve l'idée vraiment amusante. Ça se trouve ça fait même des années qu'elle fait partie des commentateurs réguliers ! C'est amusant comme idée, non ?
Peut-être un peu triste aussi, mais surtout amusante.

Cette simple idée la rapproche de moi, sans que je n'aie à la contacter pour renouer de quelque façon que ce soit. Quelque part, elle écoute infection ou SLAP THAT NAUGHTY BODY.

Combien y a-t-il de chances pour qu'elle s'imagine un jour que j'en fais autant de mon côté ? (enfin, plutôt infection, à choisir, mais bon)

Je n'ai aucune envie de renouer avec la plupart des mes connaissances passées. J'aime voir où ces amis d'il y a 10 ans en sont, ce qu'ils ont fait de leur vie, s'ils ont beaucoup changé... mais je ne vois pas l'intérêt de revenir, justement après tout ce qui s'est passé dans la vie de chacun, et après tous les changements qui se sont produits.
De la même façon que jamais je ne pourrais reprendre le contact avec Rel (même si maintenant ça m'est moins douloureux à envisager qu'il y a quelques années), je préfère laisser toutes ces amitiés passées où elles sont, m'en tenir là, ne pas chercher à raviver quelque chose qui de toutes façons n'existera plus.

Mais quand j'écoute infection, j'y pense quand même un peu, maintenant.

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14 décembre 2008

Ô Temps, accélère ton vol !

Je ne sais plus trop ce que je cherchais, mais j'ai glissé un oeil dans mon historique, cet après-midi.
Et là, Google m'a tout dit. Google m'a dit tout ce que je cherchais dans la vie.

Je n'avais pas pris conscience de tous les changements que je projetais ces derniers temps. Je me suis peut-être un peu convaincue que j'étais contente de ce que j'avais, même si je n'y croyais qu'à moitié. Depuis septembre, je n'ai de cesse de répéter à qui veut bien l'entendre que pour le moment, je profite. Je profite, mais en même temps, j'attends qu'on me change de poste et que je parte loin de cette collègue poison, donc en fait je ne profite pas tant que ça. Je suis dans une nouvelle période transitoire, dans une nouvelle salle d'attente. Elle est simplement plus agréable que la précédente parce que j'ai un travail, des revenus et plus de loisirs. Mais en réalité, Google me l'a bien dit : je cherche encore plein de choses dans la vie. J'en veux plus.
La vérité c'est que j'attends d'avoir eu ma titularisation (tout le monde me dit que ce n'est qu'une formalité mais j'ai si peur qu'en réalité je ne l'obtienne pas, surtout avec l'ambiance au bureau pour le moment) pour passer à la vitesse supérieure.
Et Google m'a bien dit où je voulais en venir. Google voit bien "logements interministériels", puis "adopter un chat". Et dans mon historique on peut d'ailleurs voir aussi les heures passées sur les sites IKEA ou Alinéa...
Mon ordinateur entier, en fait, crie ce que je ne veux pas m'avouer : partir, m'installer, enfin, chez moi, ailleurs. Les plans, les budgets, les fictions, même ; des dossiers entiers de mon PC disent combien je trépigne.

Tout dans mon attitude, si je prête un peu attention, dit en fait ma frustration.

J'ai étudié pendant plusieurs heures ma liste de Noël. Rien à faire, je ne demande que des choses qui ne me satisferont pas complètement. Je passe faire des achats sans arrêt, mais la frustration est trop grande parce que je n'achète pas ce que je voudrais vraiment. Je voudrais en fait m'acheter des meubles, du linge de maison, de la vaisselle, toutes ces choses qui n'ont pas de sens aujourd'hui parce que je déménage, normalement, si Dieu le veut, dans plusieurs mois. Alors j'achète ces livres, ces DVD, je meuble en fait le temps, j'attends. La titularisation est loin et je ne suis pas encore, pas vraiment, en sécurité. D'une certaine façon, et tout paradoxal que ce puisse être, dépenser mes sous dans une FNUC est le plus raisonnable que j'aie trouvé.

Je passe un temps fou sur Paris. J'ai toujours une bonne excuse pour humer l'air pollué des bords de Seine. Il y a toujours un bâtiment à regarder avec nostalgie. Je retiens mes larmes et je me dis que je suis idiote d'être émue. Je me surprends à me dire que je vais descendre à cet arrêt pour rentrer. Mais ce n'est plus chez moi. Je dois prendre le RER jusque tout là-bas. J'ai même failli demander une carte 1 zone, à la SNCF, il y a quinze jours. Juste par réflexe. Un réflexe vieux de 5 ans. Un réflexe dont je ne m'explique pas pourquoi il revient maintenant. Parfois je me promène et je me dis que si je remontais cette rue, juste celle-là, je serais à la maison, mais ce n'est plus ma maison, ou pas encore. Je m'absorbe dans la contemplation des plans du métro sans faire exprès, et je me dis que ce serait bien dans cet arrondissement, ou celui-là... en fait tous me plaisent, j'ai juste envie d'en être à ce stade. A ce stade où je peux rester après le resto, aller me faire un ciné, et rentrer chez moi sans craindre d'avoir loupé le dernier train. A ce stade où je ne suis plus en exil.

Le soir, je vais me coucher sur ce petit lit une place que je ne supporte plus. Les lattes ont lâché il y a bien longtemps. Je hais que le matelas soit posé à même le sol, mais je me refuse à tout investissement en ce sens. Bientôt, je vais déménager, et j'achèterai un lit plus grand, de toutes façons. Encore quelques mois. Je n'en suis plus à ça près, n'est-ce pas ? Quelques mois encore. Pas plus. A l'automne je prends mes clics et mes clacs. Je me barre. Peut-être même que je brûlerai le matelas.

Je ne supporte plus l'appartement de toutes façons, je le méprise. Je n'ai plus envie d'en prendre soin. Je me gronde pour ça, mais je n'arrive pas à m'en vouloir. Quand je casse quelque chose, je hausse les épaules : d'façons, je me tire. Oh ouais, je me tire bientôt. Plus que quelques mois.

Je ne devrais pas dépenser mon argent. En janvier, j'arrête les dépenses, je me le suis promis. Mais j'ai aussi besoin de me dire que je vis déjà un peu, quand même. Que je profite. Mais en janvier j'arrête, j'économise. Sauf que ce sera alors une nouvelle forme de salle d'attente et cette seule pensée m'exaspère. Je n'en peux plus. Je veux mon chez moi. Je veux me barrer d'ici. Je veux ne plus être réveillée par les trains en pleine nuit, je veux ne plus avoir à prendre ces mêmes trains pour aller travailler à plusieurs dizaines de kilomètres d'ici, je veux me casser, je ne supporte plus d'être si loin de chez moi.

Mais même l'aide de Google ne m'est en fait pas d'un grand secours. Il y a des annonces à lire, mais si je les imprime, à quoi bon ? Il y a tellement de temps, encore, avant de monter d'un barreau sur l'échelle de la satisfaction. Toutes ces annonces n'auront plus de sens à l'automne prochain de toutes façons. Rien ne peut tuer cette frustration.
Il y a tellement de démarches à faire, mais aucune que je ne puisse entamer maintenant.

Tout ce que je veux, c'est encore avancer.

Non, je ne suis pas heureuse. Réussir le concours, ça n'a pas suffit. Je veux plus. Et une fois encore, ce qui manque, c'est que le temps ne s'accélère pas.

24 novembre 2004

Tendre l'oreille

Du plus loin que je remonte, j'ai toujours mis mon audition à rude contribution pour m'aider dans la vie. Chez mes parents, cela consistait à lister tous les bruits de la maison (quel craquement correspondait à quoi) et d'établir une sorte de carte auditive de la maison. De cette façon, j'étais immédiatement avertie de la présence de mes parents, de leur vitesse de déplacement, direction, etc... Quand au milieu du silence, j'entendais un certain bruit, je pense même que certaines zones de mon cerveau s'étaient auto-conditionnées : mon oreille gauche (toujours celle-là, j'ai remarqué) tressaillait, et, réflexe conditionné, mon regard balayait la pièce pour voir si rien de répréhensible n'était en vue (crayon, peinture, dessin, livres, jeux, ...). Une réaction pavlovienne que j'ai rétrouvée récemment alors que le lit a eu un discret mais net craquement dans la chambre de Lord T l'autre soir. Comme témoin de ma propre peur, j'ai senti l'oreille gauche fébrilement se dresser, vu mes yeux scanner la pièce et ai même ressenti le soulagement que rien ne pouvait m'être reproché. Là, j'ai compris : MA limite avait été franchie. Merci ma chère oreille pour cet indicateur si précis de ma peur.

Jusque très tard, je n'ai pas écouté de musique. Ca semble tellement incroyable à présent que je ne sais passer une journée sans ma chère Jpop ! Mes parents ont acquis un lecteur CD environ 5 ans après tout le monde, et comme je n'avais de toutes façons pas le droit de sortir, les achats de CD ne se sont pas envolés après cette acquisition. Le lecteur CD était de toutes façons sous clés. Je me revois, un soir, occupée à écouter un CD qu'une amie compatissante m'avait prêté, l'oreille collée contre l'appareil pour ne pas avoir à monter le son, entendre la grille d'entrée s'ouvrir et bondir pour refermer le meuble. Pendant plus d'un an, le seul CD que nous avions était un maxi single reçu gratuitement, d'un artiste inconnu (il l'est encore). Il a trôné fièrement dans la cuisine en attendant l'acquisition tant attendue. Le lecteur CD n'a rien révolutionné chez nous, la musique avait toujours du mal à se faire sa place. Tout juste si pendant le petit déjeuner, certains dimanches, mon père mettait la radio. C'est ainsi que j'ai, véritablement, entendu mes premières chansons : les titres les plus bateaux et les plus commerciaux du moment. Ce n'est en vérité qu'une fois que j'ai déménagé pour Paris, seule (bien que l'appartement appartienne à mes parents), que j'ai pu choisir un peu mieux ce que j'écoutais. Pour finir, avoir économisé pour mon ordinateur est ce que j'ai fait de mieux pour mon goût musical.

Je repense à ça parce que, frappée depuis hier par une virulente otite (la 6e en un an), je me dis que je commence à peine à comprendre ce que mon oreille peut m'offrir de bon... et que je n'ai pas envie de perdre l'ouïe si tôt. Peut-être que je dramatise, mais parfois il vaut mieux se rendre compte de ce qu'on risque de regretter avant de l'avoir perdu...

PS : au son de toute ma playlist Jpop : faut pas s'priver !

3 juin 2005

Mon chat croit en l'Ampoule

Depuis tout petit, mon chat croît en l'Ampoule.

Déjà alors qu'il n'était que chaton, Tomcat pouvait passer des heures, chaque soir ou presque, à fixer des yeux l'ampoule du salon. On pouvait faire ce qu'on voulait : bouger près de lui, lui parler, lui tirer les oreilles ou même remplir l'écuelle, rien à faire. Dans une dévotion sans faille, il ne lâchait pas l'Ampoule du regard, comme en prière.

Parfois il ne venait au salon que pour vérifier que l'Ampoule était là, levait les yeux puis retournait se coucher dans la chambre. On pouvait presque sentir une sorte de soulagement.

Peut-être que Tomcat a une mauvaise vue et préfère la lumière. Ou peut-être qu'il voit dans l'Ampoule ce que nous voyons lorsque nous fixons trop longuement le soleil. Ou peut-être qu'il pense sincèrement que l'Ampoule est une sorte de divinité intouchable (techniquement, il n'aurait pas tort, il ne touchera jamais aucune Ampoule).

De fait, je me demande pourquoi Trixie ne croît pas en l'Ampoule. C'aurait pu être une sorte de fascination féline, mais Trixie, l'Ampoule, elle s'en bat l'oeil.

En même temps, qu'a fait l'Ampoule pour Trixie ? Petit chaton qui a failli être noyé avec son frère, elle s'est retrouvée, même pas encore sevrée, dans un refuge où elle s'est fait battre par les autres chats. Elle a été adoptée une fois, puis rapportée. Puis une seconde fois et là, battue et torturée par ses maîtres, elle a une fois de plus été ramenée. Tout ça pendant sa première année. Où était l'Ampoule pendant tout ce temps ? De toutes façons, Trixie ne soupçonnait pas l'existence de l'Ampoule, au refuge, où il y avait à peine les moyens de nourrir tous les chats. Et les chiens. Peut-être bien que l'Ampoule n'existe pas pour tout le monde. C'est facile pour Tomcat de croire en l'Ampoule. Il n'avait que ça à faire, le soir : prier l'Ampoule. Trixie devait éviter les coups, où qu'elle se trouve.

Il y aura des mauvais jours. Des pires encore. Parfois quelques uns de pas trop mauvais. Et pendant tout ce temps, Tomcat croira en l'Ampoule.

Il y a quelque chose de réconfortant dans cette idée.

30 septembre 2005

Les urgences de la Salpé, c'est pas le Carter américain...

Une note rapide tandis que je n'ai toujours pas internet à ma nouvelle adresse (presqu'un mois de vie offline, je me désintoxique lentement mais sûrement) pour raconter ma soirée d'hier.

Epatante soirée.

Mais pour en comprendre quelques tenants et aboutissants, je m'en vais vous raconter un peu de mon passé médical : eh oui vous l'avez deviné, c'est pas encore aujourd'hui que je vais faire un post intéressant. Qu'il reste clair entre nous que je ne vous force pas à lire.

Voilà maintenant un peu plus de trois ans, on m'a diagnostiqué une malformation dermatologique de naissance, située dans le dos. Et pendant que la dermato à 80€ me pratiquait une petite (mais non moins douloureuse incision), elle m'apprend que cette malformation va se déclarer à nouveau dans le futur, et que la seule façon d'en être quitte est de passer sur le billard, se faire retirer l'espace d'un oeuf dans le dos, et attendre que ça cicatrise à ciel ouvert, avec un trou de la taille d'une mine dans le dos, sans pouvoir s'asseoir et encore moins se coucher sur le dos. Et ce pendant trois semaines, un mois, voire plus selon la taille de l'oeuf (aucun diagnostic ne permettant de prévoir à l'avance la taille de ce qui sera charcuté)

Me voilà donc hier avec une soudaine poussée et j'ai donc été envoyée à l'hôpital fissa par mon médecin qui pensait que je devais me faire opérer dans la journée.

Hélas, cent fois hélas, après 6h d'attente aux urgences, la bêêêête était trop conséquente pour une opération à dos ouvert, laquelle est repoussée à dans une dizaine de jours. En attendant je suis assomée par les médicaments, et surtout par le comportement du médecin qui m'a engueulée pour être venue et avoir attendu aux urgences 6h d'affilée. Et d'avoir vu cette femme assise à côté de moi, percutée par un bus, qui attendait pendant près de 2h d'être prise en charge et dont on n'avait même pas désinfecté les plaies.

Je me serais crue dans le Tiers Monde. Ce n'était pas le bon épisode d'Urgences dans le froid de Chicago, mais plutôt un des épisodes de la même série dans une Afrique à feu et à sang.

C'est tout de même pas grand'chose de prendre un peu soin de personnes en sang et en état de choc. Si je l'avais pas été moi-même, je l'aurais fait.

La Salpétrière, c'est pas le Count Couty. Et le Dr A., c'est pas le Carter américain...

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10 février 2006

Firewall

A quel point peut-on garder le contrôle sur la façon dont on veut gérer sa vie sentimentale/sociale ? C'est ce que j'ai tendance à me demander ces derniers temps.

Ca semble difficile de faire comprendre aux autres mes besoins en la matière. J'ai depuis quelques moins l'impression que la plupart des contacts que j'entretiens sont trop invasifs dans ma vie. Des coups de fil, des rendez-vous ? Je n'en demande pas tant et souvent me lasse en route. Je n'en ai simplement pas envie. Depuis que je vis à nouveau seule, je ressens ce besoin de rester seule, justement. Ou plutôt, j'ai toujours envie de contacts, je ne veux pas non plus devenir ermite ; je veux simplement ne voir des gens que lorsque j'en ai envie. Pas qu'ils s'imposent à moi. Il y a des fois où on a envie d'être seule, de prendre du temps pour soi et de se faire plaisir avec un bon film ou un bon bouquin ; pour moi, ça dure depuis plusieurs mois. Et avoir envie de voir du monde tient plutôt de l'exception que de la règle. Pourquoi ? Simplement parce qu'en ce moment ça ne m'intéresse pas.

S'envoyer des mails (lorsque j'ai internet), ça me convient, en revanche. Parce qu'il n'y a rien d'intrusif dans un mail. Un mail ne vous accapare pas pendant un quart d'heure. Un mail ne vous empêche pas d'aller lire un site qui vous plaît, ou ranger l'appartement, ni encore sortir se ballader à la découverte de votre nouvelle ville. Un mail n'exige pas de réponse immédiate si l'inspiration vous manque. Un mail ne vous court-circuite pas le reste de votre vie. Avec l'alternative possible d'envoyer un mail quand on en a envie si on se sent d'humeur causante, à tout moment, sans engager quoi que ce soit. Ecrire m'a toujours été plus facile de toutes façons, c'est vraiment idéal. Un coup de téléphone, c'est au bout de 10 à 15 minutes l'impression d'être opressée, prisonnière, de devoir afficher une façade pour n'être pas déplaisante, et de supporter la personne qui s'est introduite de force dans votre soirée, qui attend d'échanger alors que vous n'en avez pas envie. La plupart des gens, sur Internet, ont le bon goût d'avoir compris qu'ils ne sont pas le centre de vos préoccupations, ni l'inverse. Quel bonheur ! Se balader sur un forum, participer si le coeur m'en dit, et repartir sans attendre de réponse... le prochain qui passera et le voudra, postera... ou pas. Et je reviendrai lorsque cela me semblera convenient. Merveilleux ! Liberté totale !

Simplement, parfois, certaines personnes ne comprennent pas que ce n'est pas contre eux, mais bien pour moi. Que j'ai besoin d'espace, de solitude, et que telle que je me connais, je sais que ce n'est qu'une phase, mais que j'en ai besoin. Il y aura toujours quelqu'un pour le prendre personnellement, croire que je chercher à l'éviter... Mais non ! Je chercher à me retrouver ! Rien à voir !

Après environ deux ans de cohabitation plus ou moins (plutôt moins) heureuse, je suis contente de réapprendre à faire ces choses qui comptaient tant pour moi, et qui font que je me vis mieux. Lorsque j'habitais sur Paris, combien de fois ne me suis-je pas offert une glace, un dîner ou simplement un bouteille de soda, pour ensuite, selon l'humeur (et l'heure) flâner au Luxembourg sur une chaise qui glace les fesses, un livre sous le bras qu'on ne lira qu'à peine, ou au contraire aller se mettre devant un épisode qu'on aime ou qu'on voulait découvrir depuis longtemps. Prendre du temps pour soi ! La semaine passée, j'ai déballé des cartons qui encombraient le passage (je manque de meubles), et casé des babioles dans les coins. Soulever des cartons, redécouvrir mes trésors ou des calepins que je croyais perdus... j'ai passé une matinée formidable à prendre soin de mon chez moi. Depuis, j'ai gagné 2 m² au sol, j'ai dégagé le devant du placard, et je me sens mieux. Je me fais un thé, je fais rouler la petite table sur ses roues bancales, et je savoure le fait de me sentir un peu plus chez moi que la semaine d'avant, et ainsi de suite ! Des moments d'une simplicité enchanteresse dont je ressens le besoin, et qui me font un bien fout. Je le veux maintenant, je veux ma solitude ; je veux ranger ma maison comme si j'époussetais un peu de mon coeur, remettre au jour des objets que je n'utilisais plus depuis un an et qui attendaient que je m'installe, enfin, là où je n'aurais plus peur d'être délogée. Je relis ces vieux cahiers griffonnés qui me tiennent tant à coeur et qui, à travers ce que j'imaginais ou décrivais, me parlent de moi... J'ai besoin de me remettre à jour après une multitude d'erreur système.

Internet sert ma cause : je filtre. Les gens ne sont plus vexés de tomber sur un téléphone éteint et d'entendre mon répondeur pour la énième fois. Internet me sert de firewall social : j'évite les bugs qui m'ont abimée ces derniers temps. Je ne dis pas que je vais laisser la protection au maximum éternellement, simplement pour le moment, c'est no pasaran. Je le ressens comme ça. Personne ne devrait me forcer à faire autrement. Et je crains de finir par considérer comme virus toute personne qui me forcerait la main (quelque chose qui a toujours suscité des réactions allergiques chez moi, mais est exacerbé en cette période de besoin d'indépendance).

Voilà, c'est dit. Je veux juste qu'on me laisse tranquille et pouvoir me recentrer sur ce qui compte : moi. Les autres, on verra après, une fois le reformatage passé, lorsque l'outil sera pleinement opérationnel et pourra à nouveau gérer toutes les petites contrariétés qui viennent immanquablement avec l'installation de nouveaux logiciels.

Et, non, j'irai pas dîner chez toi lundi soir. Merde à la fin.

12 juin 2008

J'ai menti

Bah oui, vous vous en doutez bien, je ne disais pas la vérité quand je proclamais que je me contenterais de ce qu'on voudrait bien enfin m'accorder. Mais sur le coup, promis, hein, j'y croyais presque. Mais en vrai tout le monde se doutait que c'était faux, n'est-ce pas ?

Ceux qui me connaissent bien ont dû en fait bien rigoler, en me voyant écrire que je me contenterais de ce que j'aurais. J'ai écrit ça parce que je suffoquais, mais ce n'était pas moi. C'était juste pour amadouer le jury, j'imagine, mais c'est pas dans ma nature de me dire "ok, on arrête là, ça suffit, c'est bien comme ça".

Le problème avec moi, c'est justement que j'en veux toujours plus. Et bien évidemment, ça ne vaut pas que pour les séries télé et les PV de Jmusic ! En fait ce n'est même pas un problème, c'est juste l'un de mes traits de caractère. On s'en accommode bien, moi-même je me suis tout-à-fait acclimatée, c'est jusque que, parfois, j'oublie comment je suis.

Alors ouais, j'ai dégoté un boulot à vie, j'ai réussi ce p*tain de concours, mais...

Oh, la lune de miel est toujours là et bien là ; ça me prend, comme ça, un sourire se greffe sur mes lèvres, ou je me mets à pleurer de bonheur (tout-à-fait : de bonheur, je pensais que c'était une légende urbaine mais ça existe)... Et je me sens heureuse et peut-être même accomplie, en dépit de la fatigue due à mon boulot actuel, en dépit du fait que, hein, tout n'est pas parfait pour autant dans ma vie, en dépit du fait que d'autres de mes projets sont dans une période frustrante qu'une impatiente congénitale comme moi a du mal à laisser patiemment se dénouer sans broncher, etc...

Il aura fallu quoi, seulement 12 jours, avant que je ne me dise "une fois titulaire j'essayerai de faire ça, et ça, et d'avoir un poste là". Je suis déjà dix pas en avant !
Et puis je ne pense pas qu'au plan professionnel, évidemment...

Comme si je n'allais plus jamais m'arrêter de vouloir plus.
Ces dernières années j'ai appris à être patiente, à ronger mon frein et ne pas vouloir absolument tout, tout de suite. La question (ou devrais-je dire, la problématique) professionnelle m'avait matée, un peu, mais il s'avère que maintenant que justement, ça, c'est réglé, enfin en tous cas j'ai passé un pallier, eh bien les vannes sont ouvertes et j'en veux plus.

C'est dans ma nature d'être gourmande, et là, vu que j'ai cette super bonne nouvelle, j'ai envie de vivre mes envies à 200% et... bah... je peux pas. Enfin moi je pourrais, je suis au taquet, mais c'est le monde qui n'est pas prêt. Pourtant en 5 ans, il a eu le temps de se préparer, mais que voulez-vous... cela dit, je ne saurais le lui reprocher. Je reparais devant le monde avec une expérience de 5 années calamiteuses... qui se lisent probablement sur mon visage et le reste.

Du coup maintenant, je veux vivre tout ce qui me plaît et je trépigne sur place à me dire "mais ça je peux pas... rha ça non plus... ça pas encore, faudra attendre la titularisation... et ça j'arrive trop tard".

Et puis, de blague foireuse en blague foireuse, depuis quelques temps j'avais commencé à me dire que, ouais, ça me tenterait bien de vivre ci, ou expérimenter ça, et évidemment ce n'est pas parce que je le décide que le monde m'est offert. Le monde a continué à faire sa vie pendant 5 ans, et tant mieux pour ceux qui n'étaient pas descendus en marche comme j'ai l'impression de l'avoir fait pendant ces années de chomdu, de serrage de ceinture, d'errances et de larmes. Mais moi je n'y suis pas. Et comment me faire une place là-dedans quand on sait à quoi je ressemble ?

Et puis merde, sincèrement, je me demande si j'ai les moyens de mes ambitions.

Pour être claire, ces 5 années de chômage, de deuil, de séparations, et de crevage de faim suivi de périodes à bouffer n'importe quoi, ça m'a transformée. Physiquement aussi, je veux dire. J'ai des cicatrices, des marques, des formes qui n'étaient pas là il y a 5 ans. J'ai perdu 20 kilos en trois mois, à un moment, ensuite je les ai repris, puis j'en ai reperdu une partie, et repris encore, et progressivement là je reperds... C'était selon que j'avais un travail ou pas, selon que les pizzas étaient à 1€35 les 3 et mon budget de 3€ par semaine, etc... Je n'ai pas juste vieilli de 5 ans comme tout le monde pendant cette période (ou presque... mémé...), c'est mon corps qui a dû tout encaisser au fur et à mesure des épreuves, et qui s'est retrouvé affecté par tout ce que je vivais...

Le plus gros du tumulte semble derrière moi, mais que reste-t-il de ma carcasse ? Sera-t-elle à même de ne pas ressembler au corps d'une nana qui en a bavé ces dernières années ? Est-ce qu'un jour mon corps ne portera plus sur lui mon histoire, comme il le fait maintenant ?

Je me regarde et je n'ai aucune idée de ce que je vois. Ou plutôt ça change tous les jours.
Certains matins je me regarde et je me dis que, eeeeh, mais franchement, j'ai bien remonté la pente par rapport à un moment !
Et puis d'autres matins je me maquille en me disant que je ne trompe personne, et que 5 ans à tirer la langue comme un canasson en fin de vie, ça se voit, quelle que soit la coiffure (c'est officiel, chuis une gonzesse, j'essaye de faire quelque chose de mon mètre de cheveux !), quel que soit le fond de teint (qui eut cru un jour que je m'achèterais un fond de teint Dior, hein, franchement, qui ? mais il est encore trop foncé et orangé, ça va toujours pas, non au diktat du bronzage), quel que soit le vêtement (la fille qui s'achète un ou deux Tshirts tous les mois, l'hallu !), je reste quand même la nana dont le corps appelle à l'aide.

Eh, le corps, t'as pas reçu le mémo ? On a changé d'ère !

Si-si, c'est tout nouveau, ça vient de sortir, ça a 12 jours...

Je n'ai aucune idée de l'impression que je donne. Quand j'essaye d'y penser, d'imaginer ce que quelqu'un qui me voit pour la première fois pense de mon apparence, je finis par transférer mes pensées, mes peurs et mes dégoûts... ça ne marche pas.
Tenez, quand la fameuse super bonne nouvelle est tombée...
Eh bien une heure avant je rencontrais Caroline, et je me demandais ce qu'elle pensait (bon je n'ai pas pensé qu'à ça pendant qu'on discutait, mais elle a un regard tellement perçant que je me suis dit qu'elle avait forcément dû me détailler et se faire une opinion, ne serait-ce que pour aller parler de la fangirl ensuite...). Genre "ohlala, j'espère bien que c'était une blague ses conneries parce qu'avec sa tronche c'est même pas la peine d'y penser", ou bien "elle fait vieille pour son âge" (oui, j'ai ptet pris un peu plus que 5 ans pendant ces 5 ans de galère, en fait), ou je sais pas... Et merde, pourquoi les gens ne vous disent pas, texto : ,"ah bah dis donc, ton fond de teint il est pas aussi couvrant que le mien, on voit que ta peau te déteste" ('tain c'est vrai Caro, dis, tu me donnes la marque de ton fond de teint super épais qu'on voit à peine ta cicatrice ?) directement ? Plutôt que de nous laisser nous demander comment on est perçu ?

Moi en fait j'en sais rien, je ne sais pas à quoi je ressemble. Parfois je me vois avec le regard d'il y a 5 ans et je me dis "oh t'as un joli profil" (je me mate dans les vitrines, c'est atroce parfois de devenir une fille), et parfois je me vois même avec mes yeux d'il y a 10 ans et je vérifie l'étiquette de mon soustale parce que c'est pas possible que ça, ce soit un 95C (bah pourtant si, ya pas moyen... mais c'est vraiment petit alors, un 95C ?).
Et puis souvent je me vois comme si j'étais encore dans la période de galère, j'ai l'air ravagée, dévastée... mais pendant cette période de galère j'ai trouvé le moyen de b*iser (plein de fois) donc c'est que même ce cas de figure ne doit pas être tout-à-fait exact non plus.

Et si je m'interroge sur tout ça, sur ce dont j'ai l'air, c'est parce que, bah j'y peux rien, je veux aller de l'avant. Je ne veux pas retomber amoureuse, et même dans mes rêveries les plus secrètes je ne me dis pas "rha pis ce serait le grand amour et tout" (encore quelque chose que ces 5 ans m'ont volé : je ne sais même plus en rêver), je me dis juste "ah, aller au resto de temps à autres, se faire un bon film ou plutôt une bonne série souvent, papoter un peu, s'envoyer en l'air beaucoup, éventuellement l'inverse de temps à autres ; juste passer de bons moments et  ne pas se sentir en sursis" ! Mais je repose la question : ai-je les moyens de mes ambitions ?
Ou bien, est-ce que je serai toujours obligée de ressembler dehors à la miraculée que je suis dedans ? J'ai l'impression d'avoir réchappé au pire, et j'ai vraiment réchappé au pire quand on y pense, tout ça aurait pu mal tourner et ça n'est pas passé loin parfois, mais mon corps, mon corps est resté bloqué dans le continuum spatio-temporel où ma vie est pourrie et où ma chair en prend plein la gueule.

Je pensais trouver la voie de la guérison avec ce concours, mais de toute évidence, il reste encore beaucoup à faire. Ça résout tant mais ça ne résout rien...

Je m'étais bricolé des solutions pour aller de l'avant d'un pas leste, et sur une grande partie ça a bien marché : j'ai fait le deuil d'un certain nombre de choses qui ne me touchent plus du tout alors qu'elles m'écorchaient vive il y a trois mois à peine. En fait certains délires m'ont bien aidée à ne pas regarder en arrière.
Je me rappelle que j'avais déjà utilisé ce "truc" pour tourner la page une autre fois, ya 7 ans, ç'avait bien marché en fait, et là ça remarche tout pareil, et je n'attends pas que ça se réalise, je n'essaye même pas, ça m'arrange juste d'avoir cet artifice pour faire la transition, je me régale les yeux tout simplement, et ça m'évite de ressasser les mêmes douleurs, cette blessure de l'abandon, vraiment ça marche bien ce système, et puis dans quelques temps, des semaines si tout va bien (je sens déjà que ça s'atténue) ou quelques mois si je fais une rechute, j'enlèverai les petites roues et je me lancerai vers quelqu'un qui n'a rien à voir, c'est pas le but, je ne veux pas réellement sortir avec ce mec, je ne le connais même pas, je m'en sers, c'est tout, pour me rappeler qu'il y a d'autres mecs avec d'autres profils. Je me doute que jamais sa vie et la mienne n'entreront en collision et quand je l'ai choisi, pour mon tour de passe-passe avec le passé, je pensais sincèrement que c'était le cas. Et puis quelques jours plus tard Caroline m'a contactée et l'écart s'est rétréci... ce n'était plus drôle.
Mais il n'en ressortira rien et c'est tant mieux, il n'est pas là pour que ça existe, juste pour que je me rappelle que c'est envisageable à nouveau pendant que je me reconstruis. Quand je serai prête, je l'oublierai, comme les autres béquilles que je m'étais trouvées il y a des années, et puis quand je le reverrai furtivement, alors que je serai dans les bras de mon prochain mec, je sourirai en me disant "merci mon gars, tu le sais pas mais ta bonne humeur, tes conneries et ton sourire (pis deux trois autres choses aussi), ça m'a permis de tourner la page". Et personne n'en saura rien... et surtout pas lui. Et ce sera super comme ça.

Mais quand je me regarde, je me dis que ma propre guérison intérieure ne suffit pas. Il ne suffit pas que je sois prête à vivre de nouvelles choses. Il ne me suffira pas d'une béquille. Cette fois mon corps a morflé. Ca a duré des années tout ça.
Les autres aussi devront me regarder comme si j'étais envisageable. Est-ce que je ressemble à quelqu'un d'envisageable ? Est-ce que je peux me transformer en quelqu'un d'envisageable ?

Finalement, chercher un taff, c'était largement mois compliqué. L'étape suivante est vraiment pas gagnée.

21 juin 2008

Se dire que 24h plus tôt...

Pour la première fois, j'étais réellement heureuse. Je souriais sans raison. Je pleurais de joie. J'étais perpétuellement de bonne humeur même si complètement terrassée par la fatigue. J'aimais tout le monde, oui, même ceux qui d'ordinaire me remplissaient il y a peu de colère ou de rancoeur.
Rien, plus rien ne me rendait triste.

Et puis, il y a eu hier soir.
Et j'ai l'impression de vivre un nouveau deuil.

Alors me voilà revenue ici, dans cet endroit de moi que je connais bien ; il y a de la colère, peut-être même de la haine qui s'était efforcée de ne pas se montrer jusque là, un sentiment d'injustice et surtout, un sentiment de perte. De vol peut-être même. Je savais qu'on ne pouvait pas se fier à lui, mais j'espérais qu'au moins il était honnête à défaut d'être fiable, et qu'il ferait de son mieux pour tenir sa promesse. Mais même sa promesse n'a plus d'importance pour lui aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il cherchait depuis longtemps un moyen de faire table rase de tout, je me demandais quand ce serait mon tour mais il y avait pire, il y avait le tour de ça, qui fait aujourd'hui les frais de sa négligence. Mais derrière ça il y a des tas de gens qui comptaient sur lui, des tas de gens qui se sont donné du mal et qui, à cause de lui, l'auront fait pour rien. Sauf qu'il déteste qu'on compte sur lui. Et il a bien raison : on ne peut pas.

Je ne comprendrai jamais les gens comme ça. Ceux-là, je n'arrive pas à m'empêcher de les détester, de les haïr même, ceux-là, ils sont ceux qui ne méritent que mon mépris. Ceux qui n'ont rien à faire des conséquences de leurs actes et qui continuent quand même à faire de la casse. Ca fait quelques années que je fais un gros travail sur moi-même pour m'extirper du conglomérat de haine qui m'habitait auparavant. J'ai même réussi à ne plus en ressentir pour mon père. Au cours de mes deux dernières ruptures, mon letimotiv a été d'essayer d'être la meilleure personne possible, de ne pas me laisser ronger et en profiter pour devenir quelqu'un de méchant juste parce que je souffrais. Et après toutes les saloperies que T et G m'ont fait subir (la plupart du temps sans même comprendre la portée de leurs actes), j'étais plutôt contente d'avoir bien fini, de m'être libérée de toute haine. Mais là, la digue s'est rompue, la haine se déverse par torrents et je ne sais plus si ça vaut la peine que je la retienne, il a fait ce qu'il pouvait faire de pire, par lâcheté. Simplement parce que, oui, j'ai été inflexible. Il faut bien que quelqu'un le soit ! Deux ans ! Deux ans que ça trainait ! Mais c'est toujours plus facile de s'enfuir que d'assumer ses responsabilités ou tenir des promesses récemment renouvelées.

Comment je vais leur dire ? Comment je vais leur dire que tout ça c'était pour rien ? Que tout ça va s'arrêter parce qu'il est lâche et qu'il préfère tout plaquer, une fois de plus, plutôt que se donner du mal ? Comment je vais leur dire qu'on ne pourra pas continuer ? Comment je vais leur dire ?
Je n'arrive déjà même pas à me le dire !

Il fallait bien que ç'eut une fin, j'imagine, cette période de trois semaines où tout me semblait idyllique même quand je m'évanouissais de fatigue...

22 juin 2008

Respectable

Il a fallu 26 ans et demi à mes parents pour accepter que j'étais là. Non pas simplement qu'ils avaient une fille, mais que leur fille, c'était moi. Que j'étais leur fille et qu'il faudrait faire avec.
Il leur a fallu 26 ans et demi pour me voir.

En août dernier encore, ils se comportaient comme si je ne méritais pas qu'on s'intéresse à ce qui m'arrivait. Ils m'ont envoyé une lettre de menace alors qu'ils n'avaient même pas essayé de m'appeler au préalable. J'ai décroché un job fin septembre, nous ne nous parlions toujours pas. Une fois, en rentrant, j'ai croisé mon père dans le RER... et j'ai appris qu'il travaillait dans le même bâtiment que moi. Lui, le savait. Et il n'a même jamais eu l'idée de me proposer qu'on se voie.

J'ai senti que quelque chose commençait à changer quand j'ai obtenu le boulot que j'occupe encore actuellement, et pour deux mois encore, environ. Comme le bouche-à-oreille fonctionne bien, et que j'ai fait mes preuves depuis l'été 2006 dans ce ministère où je faisais des remplacements et des missions de deux ou trois mois, on m'a proposé un poste bien placé dans ce ministère. Pour résumer, en tant qu'assistante, je suis en contact régulier avec les assistantes de personnes très importantes, dans ce ministère et ailleurs. Et là, subitement, je suis devenue fréquentable pour mes parents. J'ai été invitée chez mes parents pour Noël. J'ai été invitée le mois suivant à fêter mon anniversaire. Mon père a proposé qu'on déjeune ensemble une fois par mois. Alors qu'un an auparavant, il pouvait m'arriver n'importe quoi, ils ne l'auraient pas su et n'auraient pas cherché à savoir, tout d'un coup quand je revenais de chez eux ils ont commencé à appeler chez moi pour vérifier que j'étais bien rentrée. Mon père m'a envoyé des mails au bureau (ma mère a mis plus de temps mais elle y est venue aussi).
Ce travail m'a rendu le droit de vivre à leurs yeux.
Parce que d'autres yeux m'ont jugée digne de faire ce travail, ils m'ont soudain jugée digne d'être leur fille.

Je le remarque, mais je ne leur fais pas remarquer. Ce n'est pas vraiment que j'apprécie cette façon de me traiter. Mais ils sont faibles et on n'y changera jamais rien. Ca me blesse encore de temps à autres. Mais j'y trouve mon compte aussi : ils font semblant de me voir comme leur fille, je fais semblant d'avoir de vrais parents ; nous passons des moments pas trop désagréables où nous nous contentons d'échanger des banalités, des plaisanteries et des anecdotes, et ce n'est pas la seule chose que je devrais attendre de mes parents mais c'est plus que ce qu'ils m'ont procuré à une époque.

Quand je leur ai annoncé qu'enfin, c'était le bout du tunnel pour moi, que j'avais réussi mon concours, ils m'ont dit qu'ils voulaient m'offrir un cadeau pour marquer le coup. Sur le coup, pour être honnête, je ne les ai pas pris au sérieux. Et puis, quel besoin ai-je qu'on m'offre un cadeau quand désormais je sais que je serai fonctionnaire et que donc j'aurai des revenus réguliers, et que donc désormais, les cadeaux, je pourrai me les faire moi-même !
Mais leur histoire de cadeau, ils y tenaient. Et c'est là que c'est devenu... que c'est devenu typique d'eux.

Ils m'ont demandé ce que je voulais. Mais ce que je voulais avait un rapport avec mes loisirs : Jmusic, séries télé, jeu video... Et c'était simplement inacceptable pour eux de m'offrir ce genre de choses. Ils voulaient m'offrir des choses "utiles". Mais les exemples que me donnaient ma mère n'étaient pas des choses utiles... juste des choses qui auraient plu à d'autres que moi.
- une paire de godasses
- un ensemble slip soustal
- un micro ondes
- un petit imper/manteau
- un bouquin particulier
- une séance esthéticienne (manucure ou épilation...)
- une trousse de beauté avec tes soins préférés (crème...;)
- un parfum
Mais toutes ces choses ne sont pas moi. Et je ne vais quand même pas me faire offrir une séance chez l'esthéticienne ou une ensemble de lingerie par mes parents !
Pourquoi vouloir me faire un cadeau "de récompense", un cadeau "pour marque le coup", si ce n'était pas pour me faire plaisir ? A qui s'adressait ce cadeau ? A leur fille, ou la fille idéalisée qui a un travail et des loisirs "normaux" ?

Il a fallu que je rue une fois de plus dans les brancards. Que j'envoie un mail à ma mère pour lui expliquer que toutes ces idées, elles partaient d'une bonne intention mais qu'au final elles étaient ridicules. Ils ne voulaient pas m'offrir quelque chose qui me plaise parce qu'ils ne le considéraient pas "culturel", mais quelqu'un m'explique l'apport culturel d'un parfum ? d'un micro-ondes ? d'une séance chez l'esthéticienne ? "Qu'on arrête de se mentir", ai-je hurlé par écrit, "on joue encore à un jeu de dupes ! Gardez votre cadeau si ce n'est pas pour moi que vous l'offrez ! Je n'y tiens pas et je peux m'en passer ! Je m'offrirai mes cadeaux moi-même ! Et ils me plairont !" Il fallait m'accepter telle que j'étais, ou ne pas m'accepter du tout.
Je ne suis pas un monstre ! Simplement j'aime des choses différentes !
Comme je ne croyais pas à l'efficacité de mon plaidoyer pour la tolérance, qui n'avait rien de nouveau et qui n'avait jusqu'alors rien changé, j'ai opté pour une autre tactique. A ce moment-là j'étais dans un tel état de grâce que je me suis dit : allez, tentons le tout pour le tout, c'est peut-être le moment où jamais de partir dans ma nouvelle vie d'un bon pied. Ca ne coûte rien d'essayer.
Alors lorsqu'est venu le déjeuner suivant avec mon père, j'ai donc sorti le grand jeu : super radieuse, à parler de mes projets, de mes espoirs, de "mon Dieu j'en vois enfin le bout", et tout et tout. Je savais que ça l'impacterait.

Et ça a marché, puisque finalement, ma mère m'a demandé une liste de choses qui me feraient plaisir, à des prix variés, en indiquant aussi mon ordre de préférence, et j'ai attendu de voir le résultat.

Finalement, aujourd'hui, mes parents m'ont offert ce qui était en tête de ma liste de préférence, et pour autant que je me souvienne, ils n'ont pas joué les rats, non plus.
J'ai retenu mes larmes en ouvrant le paquet. Ce n'était pas juste un DVD. C'était la reconnaissance de qui je suis.

J'ai attendu si longtemps que j'ai même du mal à le croire. Mes parents m'ont enfin vue.
Il n'aura fallu attendre que 26 ans et demi, deux semaines de lutte acharnée et de travail au corps, un boulot important et un autre pour début septembre.
C'est simple d'être respectable pour soi-même, finalement !

1 juillet 2008

Dieu habite Paris

Je sais qu'il y a un Dieu. Je le sais, parce qu'aujourd'hui, j'ai dégusté une glace à la rose aux pieds de la rue Soufflot. Si vous vous promeniez dans les parages à ce moment-là, eh bien, la fille qui retenait ses larmes de plaisir, là, juste devant le glacier ambulant (où la marchande me reconnaît toujours alors que ça fait deux ans que je n'étais plus venue, et avant cette fois-là, deux autres années encore), cette fille qui semblait la plus heureuse du monde avec un petit cornet une boule, c'était moi.
Et ça prouve qu'il y a un Dieu.
C'est une preuve irréfutable de son existence, et surtout, ça prouve que Dieu habite le 5e arrondissement. Mais je n'en ai jamais vraiment douté.

A l'époque où j'habitais chez moi (par opposition à toutes les époques où j'ai habité ailleurs que dans le 5e), je découvrais Paris et je m'y baladais beaucoup. Surtout la nuit. Sur le coup de deux heures du matin, une envie irrépressible de marcher dans les rues de Paris m'étreignait à la gorge, et je n'essayais même pas de résister : je sortais. Et je marchais. Dans les rues de Paris.

Et au fil des sorties, où que j'aille, ça s'est imposé comme une évidence : c'était le 5e arrondissement le meilleur endroit de Paris où trainer ses guêtres. Il y a des coins qui se défendent, certes, mais le 5e l'emporte haut la main.

J'ai déménagé fin août 2003 pour suivre T à Nantes. Je ne dis pas que je ne voulais pas aprtir : c'est faux. Je le voulais. Principalement parce que je pensais que ma vie m'attendait là-bas. N'y revenons pas, voulez-vous ?
Mais quand j'ai compris que ma vie ne se ferait pas là-bas, j'ai réalisé l'ampleur des dégâts : ce serait très difficile de revenir vivre chez moi, dans mon arrondissement. Surtout en étant au chômage.

Depuis lors, chaque fois que je reviens, je m'y sens chez moi. Pas chez moi comme "ah, cool, c'est familier !", non, chez moi comme "ici je restpire l'air fait pour mes poumons !". Vicié, d'accord, mais c'est le mien.

Maintenant que j'ai un travail, vous voyez donc bien où je veux en venir...

Remonter la rue Soufflot, m'arrêter au Jardin du Luxembourg, escalader la rue de la Montagne Sainte geneviève ou arpenter les quais de Seine, c'est comme retrouver une partie de ma chair que je me suis bêtement arrachée pour un homme. Mais aucun homme ne m'éloignera plus jamais de ma capitale. Cap sur la Seine ! Première étoile à droite, puis tout droit jusqu'au prochain déménagement. Rien ne me séparera de ma ville, c'est l'objectif et rien ne m'en détournera.

Je sais que mon coeur bat plus fort là, juste là, à cet endroit de l'univers. Et qu'en même temps j'y ressens un apaisement incroyable. Quand je remonte le boulevard Saint Michel, c'est comme si j'étais tout simplement à ma place, comme si la planète avait un trou à cet endroit précis, juste fait à ma taille, et que je le comble en m'y encastrant impeccablement. Comme dans les jouets pour enfants.

Alors, quand, l'espace de quelques minutes, ce soir, l'encastrement parfait s'est produit, forcément, pendant un instant, j'ai cru en Dieu.

Et donc maintenant le vrai miracle, ce serait d'y trouver un appartement dans mes moyens !

13 août 2008

Où sont les hommes ?

Je n'ai ni la force, ni l'envie, de retomber à nouveau amoureuse. Actuellement j'en serais plutôt au stade où j'ai envie d'imaginer qu'il est possible que je sois à nouveau avec quelqu'un jour, mais sans s'engager autant émotionnellement, et surtout sans rien faire pour que ça ne se concrétise vraiment.
Et comme je suis une gonzesse, c'est un peu compliqué d'en être là, forcément.

J'ai envie de tendresse, de complicité (de sexe aussi)... mais je n'ai pas envie de remettre ça maintenant. Enfin, si, quelque part j'aimerais en avoir l'opportunité, mais juste pour la refuser... allez comprendre.

Il y a quelques semaines, j'avais lu cet article sur un site de rencontre au concept original, qui appelait les hommes des produits, qu'on pouvait mettre dans un panier, etc... ça semblait rigolo mais on ne pouvait quasiment rien voir dudit site sans être inscrite. C'est là que je me suis inscrite pour la première fois sur un site de rencontre... et même pas pour faire des rencontres, je voulais juste voir comment ils avaient joué avec leur concept. Un peu navrant quand même.
J'ai bien regardé quelques fiches produits... mais je me disais "de toutes façons, ça ça ne va pas, ça ce n'est pas pour moi, ça ça ne me fait pas envie...". J'ai bien compris que, si aucun produit ne m'intéressait, c'est qu'en réalité je ne suis pas prête du tout à rencontrer à nouveau quelqu'un, pas dans ce sens.

Le plus troublant c'est que même si j'ai envie de baisers, de caresses, et tout le reste... je n'arrive à envisager ça avec aucun mec. Ça me dégoûterait presque. Toucher un nouveau type, faire tout un tas de choses avec un étranger... juste pas envie. Mais j'ai pas envie avec les ex non plus, cela dit. J'ai envie dans l'absolu mais surtout pas en particulier. Parfois je suis dans les couloirs du métro et je me dis "quelque part là-dedans, ya peut-être mon prochain mec... et aujourd'hui c'est juste un étranger qui transpire dans le métro sale".
Le sexe me fait envie mais ni avec quelqu'un, ni bien-sûr seule (pas le genre de la maison).
Je ne comprends pas bien où je veux en venir...

J'ai passé plusieurs heures, ces deux derniers mois, à discuter avec un mec sur Skype. C'était très sympa, on déconne bien, on a des passions en commun, etc... Il y a quelques années de ça je n'aurais pas pu m'empêcher de me demander si... ou bien si... mais là non, intérieurement il ne s'est rien passé, je n'ai rien imaginé, pas une seconde je n'ai idéalisé quoi que ce soit, en fait je n'ai pas arrêté de trouver des raisons de me dire que si ce gars n'est qu'un copain, ça me suffit amplement, parce que je ne voudrais pas d'un gars comme ça dans ma vie. Je vois du négatif chez tous les mecs, au lieu de chercher chez eux quelque chose qui puisse m'attirer. Je me dis "mais arrête, on a compris, tu ne pourras jamais rien ressentir pour ce gars !" mais les vannes sont ouvertes et je continue d'argumenter pour moi-même tout ce qui fait que ça n'irait pas.

Je crois que je me sens seule, mais pas désespérément seule, et c'est ça qui me désarçonne un peu.

J'ai envie de quelqu'un dans ma vie mais pas à n'importe quel prix, pas n'importe quel mec, et pas maintenant. Avant, j'étais soit seule et ravie de l'être, soit seule et désespérément en quête de quelqu'un pour m'aimer.
En ce moment je suis seule, avec le fantasme qu'un jour ça change, mais sans vouloir que ça change réellement.
Je ne veux pas rester seule mais je ne veux pas de quelqu'un dans ma vie. Je veux juste avoir l'impression que c'est possible.
C'est fatigant.

Il y a cette pub qui est passée à la télé, tout-à-l'heure : "votre ex pense-t-il encore à vous ?". Immédiatement j'ai pensé à T. Il m'a fallu quinze bonnes secondes avant de me dire : "eh mais, mon dernier ex... c'est G !". Je ne pensais déjà plus à lui. J'étais étonnée qu'il ne fasse déjà plus partie de ma chair, comme T. Que voulez-vous, il y a les mecs qui ont compté, et les mecs qui sont simplement passés. Ça s'est bien plus mal fini avec T qu'avec G, mais malgré tout, T aura toujours une place quelque part. Une nostalgie. G est juste ce mec qui est passé dans ma vie, et qui en est sorti. C'est un peu triste mais c'est comme ça. Dans quelques années, quand je repenserai à mes ex, il y a de fortes chances pour que je ne pense même plus à nommer G. Peut-être que la lâcheté et la trahison finale de G ont aussi joué, mais T n'est pas spécialement parti avec les honneurs non plus ; non, ce n'est pas circonstanciel, il y a seulement ceux qui ont compté, et ceux qui ne laissent rien derrière eux. Tout ce qui me reste de G, de toutes façons, c'est une paire de chaussettes qu'il a oubliées en partant, et un site inachevé. De T, il me reste une boîte orange pleine de souvenirs, un livre, des photos, des années de relations compliquées... ce n'est pas comparable.
Parfois j'ai envie de parler à T alors que je ne ressens plus rien pour lui, juste parce que T a été T. Je réalise souvent que T ne sera plus jamais vraiment T, et je me ravise, ou je me borne à échanger quelques banalités... Mais G ne sera jamais qu'un ex de plus. Une erreur. En dépit de tout ce qui s'est passé, je n'ai jamais réussi à considérer T comme une erreur.

Et pourtant, quand je regarde ces deux hommes du passé, plus les quelques autres, je me dis que je n'ai toujours pas trouvé ce que je cherchais.
Ce que j'ai toujours cherché.
Quand j'avais une dizaine d'années, l'idéal masculin, c'était Victor Hugo. Ne riez pas. Je me disais "si un homme comme ça, avec tant de choses à l'intérieur, tant de talent et tant de sentiments, a su exister à un moment, alors il doit y en avoir d'autres". C'était ça ma référence. Je cherchais un homme capable d'avoir un monde à l'intérieur de lui.
Le plus triste c'est que j'ai dépensé beaucoup d'énergie à avoir le béguin ou tomber amoureuse d'hommes désespérément vides. Chez T, j'aimais avoir l'impression qu'il combattait son vide, mais il ne m'a jamais semblé l'avoir vaincu. Chez G, j'avais l'impression qu'il meublait son vide d'une passion, mais il s'est avéré qu'il n'accomplissait jamais rien dans cette passion, elle le protégeait juste du monde adulte.
En fait je n'ai jamais rencontré d'homme qui m'inspire, comme je l'espérais quand j'avais 16 ans. Je voulais écrire pour un homme, lui écrire des rôles, lui écrire des histoires pour l'apaiser, avoir une sorte de muse masculine, quoi.

Mais ni Victor Hugo ni la muse masculine n'ont jamais croisé ma route. Chaque fois que j'ai rencontré des hommes, je pensais y trouver un être humain complet avec un monde intérieur, et je n'aimais jamais que l'écho de mon monde intérieur dans leur vide.

Il y a quelques temps, j'ai toutefois découvert un homme avec une vie intérieure dense. Avec sa propre inspiration. Avec ses propres passions. Avec ses propres ténèbres.
J'avais découvert son existence ya un bon bout de temps, un an et demi je pense, mais là, quelque chose sur son blog m'a touchée plus que d'ordinaire, et j'ai passé les 48 dernières heures à lire les premiers posts de son blog, et à me dire que finalement, il y a des petits Victor Hugo quelque part. En tous cas au moins un.

Et alors que je devrais être émue de cette révélation (mon Dieu, un mec complexe et qui ne s'en cache pas !), ça me laisse froide. Je suis contente de voir qu'il existe mais ça ne me fait pas rêver. Ça ne m'ouvre aucune fenêtre. Je ne me dis pas "finalement je pourrais trouver quelqu'un qui m'inspire, et vivre quelque chose avec lui", non, il existe dans son monde, et moi dans le mien, et je n'ai pas envie que les deux se rencontrent.
C'est triste de perdre la foi à ce point.
C'est triste de ne même pas retrouver une petite pointe d'espoir.
C'est triste de vouloir sans vouloir.

31 août 2010

I'm a survivor

La semaine dernière, il s'est passé quelque chose d'anodin et d'incroyable. J'ai reçu mon arrêté de nomination. Celui qui dit qu'enfin je peux souffler.

J'ai attendu de vivre ce moment depuis mon premier jour, quand le 1er septembre 2008, j'ai commencé ce travail que j'avais décroché grâce à ma réussite au concours de la fonction publique. Pour moi, c'était énorme. Je ne sais pas si vous vous souvenez de ça, du printemps 2008, de ma fringale de vivre, c'était une sacrée période...

C'était énorme parce qu'il y a encore 4 ans je crevais de faim. Si vous voulez faire le meilleur régime de votre vie, je recommande chaudement le chômage sans indemnité. Le jour où vous volez un paquet de bouillon en cubes juste parce que l'idée de manger vos 2kg de pâtes par semaine avec uniquement de l'eau vos retourne l'estomac au point de préférer vous affamer, vous savez que vous ne verrez plus jamais rien avec le même regard. C'était il y a 4 ans et certains jours, je porte une fourchette à ma bouche et j'ai encore les yeux humides.
Ce soir je suis rentrée chez moi et je savais que j'allais pouvoir regarder les Emmy Awards, et je me suis acheté des sushis, et ça n'était pas anodin. Ce ne l'est plus jamais. C'était il y a 4 ans et je n'ai jamais vraiment cicatrisé. Et voilà qu'un connard a retardé d'un an ma titularisation par pure mesquinerie, et je pense, au fond de moi, que si je n'avais pas eu l'un de mes patrons pour m'encourager à tenir bon et à me dépasser, j'aurais sincèrement pu faire du mal à cet enfoiré qui n'a sans doute jamais eu à voler un paquet de bouillon en cubes pour rendre la vie plus supportable.

Alors je pensais que cet arrêté allait, au bout du chemin, allait me renverser. Me rendre folle de bonheur.

Mais il n'y a eu de soulagement. Il n'y a pas eu d'ivresse. J'ai signé l'arrêté, je me le suis scanné pour garder une copie, et je me suis remise au travail. Juste comme ça. Je n'attendais plus cet arrêté, et il ne signifiait même plus rien pour moi. J'avais trop galéré pour y attacher encore la moindre importance.

L'anecdote pourrait s'arrêter là.
Mais ce soir, je me suis soudainement effondrée en larmes sans la moindre raison apparente. Pas pleuré de joie. Pleuré de désespoir.
J'ai pleuré parce qu'après tout ce temps, toutes ces complications, toutes ces histoires, toutes les fois où j'ai eu l'impression que ça irait mieux et que je devais avaler des comprimés pour faire semblant de sourire, toutes ces fois où j'ai eu l'impression que j'aurais le cœur brisé de façon irréparable et que quelqu'un me le brisait encore plus, toutes ces fois où j'ai eu le sentiment de ne plus me souvenir de ce qu'était le véritable désespoir et où je tentais de relativiser mes ténèbres par la comparaison...
...après tout ça, j'ai regardé autour de moi, et j'ai vu que j'étais la plus chanceuse.

J'ai survécu à tout ça. Je ne sais pas comment, certainement pas par force comme certaines personnes me le disent, plus probablement par un mélange de réflexe et d'espoir que "les choses finissent par aller mieux", je dois avoir ça en moi, cette sorte de foi qui dit que ça peut s'arranger, une foi que je n'avais pas il y a 9 ans quand j'ai voulu mourir, une fois dont je ne sais pas d'où elle me vient, une foi qui s'est vue contredite de très nombreuses fois, une foi qui très franchement, ressemble à s'y méprendre à de la naïveté certains jours, mais une foi qui m'a fait survivre à tout ça.

D'autres n'ont pas eu cette chance.

Comment je suis passée entre les mailles du filet ? Je l'ignore. J'aurais dû mourir il y a 9 ans. J'aurais certainement pu mourir depuis, de faim cette fois. J'aurais pu mourir ensuite, à nouveau, et je l'ai envisagé une fois ou deux pendant mes années de chômage, quand tout le monde me tournait le dos y compris celui qui à l'époque me semblait être le plus solide et le plus fiable de tous. Comment je suis arrivée au bout ? Je n'en sais rien. J'étais vouée à une vie totalement misérable intellectuellement, j'étais vouée au néant, je le crois vraiment. Je n'ai rien accompli de grand dans ma vie et ne l'accomplirai sans doute jamais, mais j'ai réussi à survivre et tout le monde n'a pas pu. Elle est partie cette année et elle avait tellement plus de cartes en main que moi pour réussir dans la vie, alors comment expliquer le fait que ce soit moi qui ai réussi à faire un bout de chemin en plus ? Je n'en sais rien.

J'ai le sentiment de vivre dans un monde tellement violent. Tout me semble infiniment brutal. Quand j'étais petite... qui est-ce que j'essaye de berner, non, jusqu'à mes 18 ou 19 ans ! je refusais de regarder les informations à la télé. Et puis je m'y suis mise et j'ai eu l'impression que c'était intéressant et enrichissant de sortir de mon nombril pour comprendre ce qui se passait dans le monde. Mais ces derniers temps, j'ai à nouveau ce sentiment que si je lis une seule information de plus, mon cœur va exploser sous la pression et la violence du monde. De tout le monde. Des gens qui font la guerre mais aussi de ceux qui nous gouvernent, de ceux qui votent pour eux... je me sens entourée de violence et je me dis que c'est un miracle que je sois arrivée si loin.

Je vais fêter mes 30 ans bientôt et je n'aurais jamais cru vivre si vieille.

Alors non, je ne me sens pas parvenue à quelque chose, je n'ai pas l'impression d'avoir franchi un cap avec ce petit arrêté. Il me protège de la faim et je devrais trouver cela miraculeux, mais j'ai l'impression qu'il reste encore tellement à affronter.

Parfois, quand je regarde de vieilles séries très connues, je vois l'un des acteurs qui aujourd'hui est en pleine déchéance ou au contraire en pleine gloire, et j'essaye d'imaginer ce que c'est que d'en être là, dans cet épisode d'une série que pour le moment personne ne connaît, d'être un acteur parmi tant d'autres qui espère que ça va marcher et changer sa vie, et de ne pas savoir ce que le futur réserve. J'ai ce sentiment-là, et souvent j'aimerais être dans 10 ou 15 ans pour regarder en arrière et être capable de me dire que je ne savais pas ce qui m'attendait, et que je m'envie. Ne pas savoir n'est qu'angoisse quand, ça se trouve, ce sera un sentiment que je regretterai dans quelques années.

J'ai peur parce que je crains de n'avoir pas passé le plus dur. J'ai peur parce que le futur reste incertain même avec ma garantie anti-crève la faim. J'ai peur parce que j'ai l'impression que je ne me déparerai plus jamais de la crainte de devoir voler un paquet de bouillon en cubes pour améliorer mon ordinaire.

Passer des obstacles, se sentir miraculé, et avoir l'impression que les plus gros défis sont devant.

30 septembre 2004

Inauguration

Bienvenue dans ce blog. Ok, ok, ya eu plus original. Ca viendra, si tout va bien.

J'avoue que j'ai quelques appréhensions à commencer tout cela. D'abord parce que je suis novice en la matière, mais pas seulement. Il ne s'agit pas de craindre de mettre mon coeur à nu devant des étrangers. Je n'ai jamais eu de mal avec ça, bien au contraire. Simplement, j'espère être à la hauteur de mes ambitions. N'est-ce pas toujours un peu le cas ?

Je n'ai pas la moindre idée de ce que deviendra ce blog (donc c'est mal parti), mais je l'ai créé, au départ, afin d'exorciser certaines de mes pensées. Petite déjà, j'ai remarqué qu'écrire était salvateur. Mais le temps m'a fait abandonner les stylos et me tourner petit-à-petit vers mon ordinateur. Les mots, eux, sont toujours là, et j'attends d'eux qu'ils parviennent à me soigner comme avant. Utopie ? L'avenir le dira.

Je ne crois pas utile de me présenter à vous. Peut-être parce que depuis toujours, j'écris en m'adressant à ce "vous", et qu'aujourd'hui Internet me donne... une excuse ! Ou bien parce que je crois qu'il estbien plus intéressant de se révéler au long de mes messages, que de tenter une présentation directe.

Sur l'air de "bonjour, moi c'est ladyteruki j'ai 22 ans et je suis quelqu'un de ... et de ...", ou pire encore "j'aime ..., ... et ... et je tiens à faire un coucou à..." Mon Dieu, je me ferais pitié. Tout cela sentirait à plein nez la maladresse, l'immaturité, et qui plus est, ça ne révèlerait rien du tout. Alors faisons chemin ensemble quelques temps. On verra bien. Découvrez ce que vous voulez de moi, d'après ce qui selon vous transparaîtra dans mes textes.

Je me sens infiniment gênée de ce premier post ; je voudrais avoir atteint le stade qu'ont certains blogs : une mécanique bien huilée, des visiteurs assidus même (et surtout) rares, et surtout ne plus ressentir ce besoin d'expliquer le pourquoi du comment. Mon truc à moi, c'est de chercher le pourquoi, pas de le donner. Jaime qu'il finisse par s'imposer à moi au bout d'une série d'interrogations et de pensées diverses et variées. Mais l'offrir à quiconque lit quelques lignes ? Ce serait trop facile. Et je n'ai jamais eu aucun goût pour ce qui était facile.

Alors pourquoi Internet ? Pourquoi un blog ? Ce n'est pas si facile (vous savez ce que c'est qu'un fichier css vous ? Moi je viens de l'apprendre), et cela demande, aux dires de certaines personnes, une certaine audace, de venir dévoiler sur la place public les choses qui se trament au plus profond de vous-même. Il paraît. Je ne vois pas tout cela. Tout ce que je sais, c'est que j'ai le sentiment d'accomplir une des choses que je cherchais pour moi-même depuis un sacré bout de temps. Quant au reste, c'est le problèmes des messages à venir...

PS : ce blog ayant été créé chez u-blog à l'origine, et n'ayant pas trouvé comment importer mes commentaires de l'époque, on repart donc de zéro. Pour certaines notes c'est dommage encore plus que pour d'autres, mais bon... c'est mieux que tout perdre, non ? Bonne lecture aux visiteurs de canalblog !

4 août 2009

Madeleine cheap

J'y suis allée sans vraiment y penser. Je savais simplement que, le temps d'arriver à l'appartement, il serait déjà tard, et que je n'avais aucune envie de cuisiner. C'était une de ces journées où il fait faim. J'en ai fait rajouter un.
Mais plus tard, en plantant mes crocs dedans, j'ai dû réprimer une larme. La sauce bouillante m'avait soudain rajeunie de plus de 20 ans, transportée à des centaines de kilomètres.

Je nous revois, face à face, sur les banquettes chamarrées, un personnage en plastique violet devant moi, à côté de la large vitrine, et surtout je la revois elle, ma grand'mère, qui déguste son premier hamburger. Je peux presque la toucher, elle est là, ses deux yeux gris luisant, avec cette couperose sur les joues qui les mettait si bien en valeur, ses cheveux disciplinés sous les pinces discrètes, la bouche toute fine qui mastique posément. Et moi, j'ai mes doigts de petite fille plongés dans un paquet de frites incandescentes, et les autres agrippés autour d'un hamburger brûlant. Et nous sommes assistes toutes les deux à mâcher nos hamburgers chauds au-delà de toute raison, contentes, le monde gravitant autour de notre banquette en toc.
J'ai environ 5 ans, et ma grand'mère m'a juste emmenée à McDonald's.

Je ne m'en rends pas vraiment compte, mais à 5 ans, manger au McDo, c'était mieux encore que faire un doigt d'honneur aux interdictions de mes parents. A Metz, je suis une petite fille libre, qui se promène et qui voit des gens, ma grand'mère m'emmène à son travail, et tout le monde y est aimable, il y a des placards remplis de dossiers et une machine à écrire, une odeur de renfermé et parfois des cartons remplis de jouets au sous-sol, ma grand'mère sacrifie son indépendance pour me donner l'impression d'avoir la mienne, elle mange des cochonneries avec moi parce qu'elle sait que le reste du temps, je ne peux pas, elle me laisse parler et me raconte son histoire comme si les deux étaient indissociables, elle ne me force pas à aller dehors, alors je vais sur le balcon miniature pour regarder les montgolfières s'incruster dans le ciel, elle me laisse me coucher tard parce que comme ça on peut bavarder assises à la table de la cuisine toute la soirée, je peux prendre un bain dans la baignoire qui reste glacée même quand elle est remplie d'eau bouillante, je caresse inlassablement le poil ras de ses fauteuils de velours beige, je lis tout ce qui me tombe sous la main, je m'absorbe dans la contemplation du petit oiseau bleu figé à jamais dans la chambre, je chante de vieilles ritournelles, j'enfouis mon nez sous les couvertures qui sentent le musc lorsque j'ai peur du noir, et j'ai tout le temps peur du noir, je l'écoute ronfler dans le lit d'à côté. Je découvre comment exister.

Plus de 20 ans plus tard, j'entends toujours le lointain cliquetis de mes chaînes qui frappent le sol quand je marche, mais j'ai appris la liberté. Je me promène et je vois des gens, je vais au travail, tout le monde y est aimable, il y a des placards remplis de dossiers et un ordinateur, une odeur de renfermé, j'ai l'impression d'être grande, je mange des cochonneries de temps à autres quand j'en ai envie, je passe mon temps à m'exprimer, je sors quand personne ne m'y force, je me couche tard après avoir discuté sur internet toute la soirée, je prends une douche bouillante, je caresse inlassablement le poil court de mes chatons, je lis tout ce qui me tombe sous la main, je m'absorbe dans la contemplation de BLUE BIRD, je chante de nouvelles chansons, j'enfouis mon nez sous les couvertures qui sentent les agrumes quand j'ai peur du noir, et j'ai tout le temps peur du noir, j'écoute Trixie ronfler sur l'oreiller d'à côté. J'existe parce qu'elle a bien voulu ne pas me laisser étouffer.
Tout me semble avoir commencé dans un McDonald's de Metz. Si elle ne m'avait pas laissé voir, laissé respiré, laissé exister, je serais encore dans ma geôle.

Sous mon palais, la sauce a tiédi. La vision a disparu. Je suis orpheline à nouveau. Ca n'a duré qu'une fraction de secondes, mais McDo m'a rendu ma grand'mère. Et la joie des découvertes anodines, et l'illusion de la liberté. C'est ma madeleine cheap à 1€, ce hamburger, cette sauce à température indécente que d'ordinaire on trouve tiède, ce cornichon tout mou, ce pain quasiment gélatineux. Il n'est même pas bon. Mais portée à ébullition, sa sauce me ramène aux premières fois où j'ai vu le monde, le dehors, dans ce qu'il a de plus simple. Il me ramène mon guide d'alos.
Les dents plantées dans un hamburger tiède et soudain très salé, je ne sais plus si j'ai 5 ans ou bientôt 28. Mais je sais qu'elle n'est plus là.

  THC!! -Kimi wo, Suki ni Natta

2 octobre 2009

Take a look at me now

Aujourd'hui, mon site, mon petit site à moi, Teruki Paradise... a 5 ans.

Après des mois, voire une bonne année, de souffrance, d'hésitations, de découragement, d'impatience... finalement Teruki Paradise a 5 ans et je mesure le chemin parcouru à l'aune de tout cela, en fin de compte.
Ce site, c'est ma chair. Je ne pourrais m'en défaire quand bien même je le voudrais. Et parfois, je l'ai voulu. Mais c'est dans l'ordre naturel des choses, quand on met autant de soi dans un projet, que parfois la route soit cahoteuse et que ça fasse autant de mal que de bien de réaliser qu'on s'est impliqué. Et tout ce que j'espère, c'est que les prochaines années continueront d'apporter le même lot d'inquiétudes et de satisfactions.

Avant quoi que ce soit d'autre, ce site me met face à moi-même, sans faux-semblant. Je ne peux rien me cacher quand il s'agit de ce site. La seule façon dont il est né, a grandi et vit désormais, c'est déjà tout dire de moi, quelque part.

Je venais de déménager à Nantes, pour y rejoindre mon copain de l'époque, T. Et je ne trouvais pas de travail. Et moins j'en trouvais moins j'étais motivée pour en chercher. Et finalement, cette passion pour la Jmusic qui venait de naître a eu toute la place pour s'épanouir quand, au bout d'un an, vidée de ma sève et d'un certain nombre de mes illusions, j'ai lancé ce petit site en html avec trois pages bricolées à partir d'une canevas créé par un ami. Ce n'était pas énorme. Mais une mise à jour quotidienne me permettait de me maintenir dans un certain climat d'excitation intellectuelle. C'était un nouveau challenge, mais en même temps c'était un refuge. Chaque jour, il y avait Teruki Paradise au bout de la route, et ça suffisait à me faire tenir le coup, la plupart du temps.
Il y a eu un nouveau défi : le passage à la v2, avec l'aide de G qui s'était impliqué comme je ne l'aurais jamais pensé. En six mois, le miracle était accompli, le site transformé. Ma vie pas tellement mais pendant cette période où les choses étaient dures par ailleurs, il y avait Teruki Paradise, une motivation, parfois la seule motivation, pour aller jusqu'au jour suivant. Pas de travail, pas d'argent, et à un moment pas de nourriture non plus, mais je me disais qu'une mise à jour de 6 ou 8 heures sur le site, ça ferait plaisir aux gens, et donc que ça me donnait une raison de ne pas baisser les bras.
La période suivante, disons, les deux dernières années, c'est devenu plus compliqué que ça. Parce que j'ai recommencé à travailler à un rythme correct. Fini les CDD, à moi mes bien-aimées heures supplémentaires (cf. post précédent), il fallait trouver du temps pour TP au lieu de trouver l'énergie de m'en déconnecter. L'ajustement a été long et n'est, pour tout dire, pas entièrement maîtrisé encore à l'heure actuelle.

Pourtant, si internet devait prendre feu, encore aujourd'hui, c'est Teruki Paradise que je sauverais en premier.
Parce que ce site représente tant d'investissement, de rencontres, d'opportunités personnelles (pas tellement professionnelles, mais comme ça n'a jamais été mon ambition), d'acharnement et de travail sur moi-même, que c'est, vraiment, une partie de ma chair. Parfois une jambe dont j'ai besoin pour marcher, parfois juste un appendice qui semble ne servir à rien, mais c'est une partie de moi, il n'y a simplement pas débat.

Tout ce que ce site m'a appris techniquement, et surtout personnellement, rien ni personne d'autre n'aurait pu me l'apprendre.

Du haut de ce site, ce sont 5 années de ma vie qui me contemplent, et pas juste des activités annexes. Être la créatrice de Teruki Paradise, ce n'est pas un statut social, c'est juste une caractéristique de qui je suis.

Au bout de 5 ans, me voilà avec un travail qui marche bien, un salaire dont je n'ai vraiment pas lieu de me plaindre, des projets personnels, professionnels... et comme toujours des projets pour TP, dont j'espère bien qu'ils aboutiront correctement. Mais qui peut savoir. Il s'est déjà passé tant de choses en 5 ans, et j'ai tant changé.

C'étaient 5 années incroyables. En dents de scie, certes. Mais incroyables. J'ai hâte de vivre les suivantes. Pour moi, et pour ce site qui représente tant à mes yeux.

Joyeux anniversaire, TP.

28 octobre 2009

Une grande fille

Arrivée à un certain point, tu te crois grande. Tu as quasiment 28 ans, tu as eu ton lot d'obstacles, et tu te dis qu'une fois surmontés, ils signifient que tu as grandi.

Tu te vois comme une grande personne parce que tes talons hauts claquent sur le trottoir, parce que tu as un travail, parce que tu as des sous à la banque, parce que tu te payes le resto, parce que tu vas aller voir une comédie musicale avec des amis, parce que tu livres plusieurs dizaines de textes par semaine. Les adultes font ça, ils font des tas de choses qui donnent l'impression qu'ils savent ce qu'ils font.
Tu penses que tu es indépendante, forte, que tu as une vie bien à toi, que tu gères c'est ce qu'on dit aujourd'hui : "alors, ton boulot ?"/"ça va, je gère", on dit qu'on gère comme si on disait qu'on jongle, on a l'impression d'être super doué pour mener une vie compliquée, c'est valorisant, de se dire qu'on gère et finalement, tu as acquis la conviction que tu te débrouilles très bien toute seule, et que tu es très bien comme ça.

Quand tu as une baisse de régime, tu vas voir l'Homme sans Visage et tu te prends à rêver une petite heure dans ses bras, il ne fait rien, il ne dit rien, il est juste là, et très franchement, tu sais de moins en moins quoi lui dire, à l'Homme sans Visage, la vie le jour est pleine d'occupations et de préoccupations, plus vraies, plus passionnantes, plus importantes à gérer. Alors l'Homme sans Visage commence à s'effacer et tu le convoques moins. Et puis, en fait, tu te dis que c'est normal, parce que l'Homme sans Visage, c'était un artifice d'adolescente fragile.

Alors, te voilà une grande fille. Tu y crois comme dur comme fer. Tu es tellement occupée... D'ailleurs ce soir-là après le boulot, tu dois aller nourrir les chats de ta voisine, rentrer nourrir les tiens et celui de ton patron, faire une fiche ou deux, peaufiner un article, préparer un post, et aller te coucher parce que mercredi, ton patron accompagne le ministre à son audition devant la Commission.

Et puis un soir, tu te retiens de pleurer sur ton petit bureau parce que tu te demandes qui s'occupe de toi, qui prend soin de toi. Tu voudrais rentrer à la maison et te rouler en boule dans une couverture chaude et qu'on vienne te caresser l'épaule en t'écoutant parler toute la nuit. Tu voudrais que quelqu'un te prenne en charge au moins jusqu'à demain matin et que tu n'aies à t'occuper de rien. Tu voudrais mettre des musiques douces et confortables et sucer ton pouce en pleurant un bon coup jusqu'au lever du jour, sans raison, juste pour que ça sorte.

Mais tu es une grande fille, alors après le boulot, tu vas nourrir les chats de ta voisine, tu rentres nourrir les tiens et celui de ton patron, tu fais une fiche ou deux, tu peaufines un article, tu prépares un post, et tu vas te coucher parce que mercredi, ton patron accompagne le ministre à son audition devant la Commission.

23 décembre 2009

It goes on and on and on...

Sans regarder l'heure je sais qu'il est bien trop tard. J'ai eu du mal à aller me coucher -non que je ne sois pas fatiguée mais les nerfs sont encore trop vrillés. J'ai utilisé tout ce que je connaissais pour me calmer, l'Homme sans Visage lui-même a été convoqué... j'ai tout essayé, tout sauf la seule chose qui marche. Mais à présent je tends la main vers la lumière, plisse les yeux, et lis nettement un 0 et 1 devant, et il est clairement trop tard pour se droguer. Ou je risque de ne pas me lever du tout demain. Pourquoi je rechigne tant à prendre les somnifères ? Je prends bien les autres sans sourciller !

Comment a commencé l'insomnie ? Comment elle n'a pas fini, surtout. J'ai tenté de m'apaiser. Les vieux trucs ont semblé faire l'affaire jusqu'au moment où la colère est remontée. Car l'angoisse se mêle à la colère, en ce moment. Depuis deux jours que je suis revenue au boulot, je partage mon temps entre l'accablement et la colère. Je ne comprends simplement comment des gens soit-disant éduqués peuvent tolérer travailler comme ça. Ils sont censés être plus évolués que des Néanderthals pourtant, mais leur degré de réflexion est plus de l'ordre du néant que du derthal. Alors je boulotte mes petits cachets et je me dis que je ne vais pas tout plaquer et me tirer juste parce que les gens sont bêtes et méchants, sinon je n'ai pas fini. Et puis franchement, j'ai survécu à pire, il faudrait ne pas l'oublier. Ça apparait souvent comme une piètre consolation mais j'ai décidé de m'y accrocher. J'ai quelque part la conviction que si cette fois, je ne me laisse pas distancer, si cette fois je ne romps pas comme un barrage, cette fois j'aurai gagné, je serai plus grande. Pas plus grande qu'eux. Plus grande que moi. Alors je serre les dents.
Et le soir, alors que je devrais dormir, ou qu'au pire je devrais me détendre en galante compagnie avec l'Homme sans Nom, je déverse ma bile et je lance à la figure imaginaire de Mr Parano tout ce que j'aimerais lui cracher à la gueule.

J'ai les dialogues en tête. Plusieurs versions des dialogues, en fait. Et je les répète encore et encore parce que ça fait du bien que ça sorte quand même d'une façon ou d'une autre. Parfois il est juste scié. Parfois il est furieux. Il ne s'excuse jamais, j'ai besoin d'un minimum de réalisme. Mais parfois j'arrive à le moucher. Parfois je sors de son grand bureau en disant que je suis consciente que ça ne changera rien (peut-être que c'est trop réaliste ?) mais que puisqu'il voulait savoir...

C'est ça qui m'énerve. Cette petite phrase qu'il a lancée sur un ton pseudo-innocent hier. J'attends la suite. Le second round. Vas-y, demande-le moi maintenant, demande-moi pourquoi j'ai été arrêtée deux semaines. Viens ! Ose ! Me regarder dans les yeux et me demander ce qui a bien pu m'arriver, comme s'il était évident que j'allais te le dire, et comme s'il était évident que ça te laisse la moindre emprise sur moi. La réponse à ta question tu la connais déjà. Tu la connais et tu veux me poser la suivante, j'en suis sûre. Tu ne veux pas me demander "ce que j'ai eu", mais pourquoi, si je ne suis pas contente, je ne pars pas. Et c'est là que j'ai tout préparé. Je ne sais pas si j'aurai un jour le cran de te le dire, mais je ne pars pas parce que je suis plus grande que ça, parce que j'ai passé l'âge de tout laisser tomber parce que c'est trop difficile. Si encore c'était le boulot qui était trop difficile, j'admettrais que je ne suis pas assez douée pour ça, que je n'ai pas la compétence ou l'envergure. Mais il s'avère que je suis bonne dans mon travail, ce qui est un fichu miracle si on considère à quel point je n'ai jamais voulu être secrétaire. Fort heureusement, quel que soit le métier, j'aime travailler. Et j'ai choisi de travailler en cabinet parce que je pensais travailler avec une élite, des gens suprêmement intelligents qui auraient investi leur travail autant que Monsieur Patron, qui lui-même avait été membre de cabinet, avant de devenir mon patron, justement. Je pensais qu'ils étaient tous comme Monsieur Patron. Et je tombe sur toi, Mr Parano, noyé sous les intrigues, incapable de voir au-delà des intérêts personnels. Je n'ai pas signé pour ça. Mais j'ai signé. Et il en va de ma fierté d'aller au bout, de ma conscience aussi. Je me regarde les yeux dans les yeux, dans le miroir, le matin. Et quand il fait noir, je me regarde aussi les yeux dans les yeux, et je n'ai pas honte de ce que je vois au fond de moi, je n'ai pas à m'arranger avec moi-même. Je suis contente d'être une bosseuse, et j'ai l'orgueil de penser qu'il en faut des comme moi pour que tes secrétaires préférées, Mr Parano, puisse continuer à manigancer, il faut qu'il y ait un équilibre, on ne peut pas constituer un cabinet avec uniquement des secrétaires qui passent leur temps à manipuler les uns et les autres pour leur intérêt personnel ou pour le tien, il faut qu'il y en ait qui bossent. Je suis de celles-là, alors laissez-moi en-dehors de vos conneries. Je ne veux pas être mêlée à vos enfantillages. De toutes façons je ne t'ai jamais donné satisfaction dans ce domaine, Mr Parano. Alors dis à tes sbires de me fiche la paix, et laisse-moi bosser, et passer ce projet de loi, et partir. Car bien-sûr, je veux partir. Mais pas tant que je n'ai pas fini, parce que sinon, je ne vaux pas grand'chose, si je me laisse écraser par la bêtise des autres une fois de plus.

Alors, oui, pour ça je prends des médicaments. Il faudrait que je prenne les somnifères aussi, d'ailleurs, mais il va être 2h du matin à présent et il est trop tard, je me lève dans environ 4h.

Les mots tournent et s'accumulent et je ne dors toujours pas. Parfois j'ouvre les yeux, et je réalise au bruit des trains, dehors, que je ne suis pas dans le bureau de Mr Parano mais dans ma chambre, qu'il fait noir et que je suis toute seule. Je ne suis pas en train de régler mes comptes avec Mr Parano. Et je ne le ferai probablement jamais. Il continuera à jouer les pseudo-Gepetto de bas étage encore longtemps, j'imagine. Il m'aura oubliée le lendemain du jour où j'aurai disparu de sa vue et ne s'inquiètera jamais de tout ça.

Mais moi, face à mon mur de crépi, je sais que Mr Parano, il sera toujours dans un coin de ma tête. Et même pas vraiment parce qu'il aura eu ce pouvoir sur moi pendant quelques mois, un an tout au plus, mais bien parce qu'il n'est pas le premier bonhomme à me faire du mal par plaisir égoïste. Au travail comme dans la vie, c'est rare de tomber sur des gens qui se préoccupent des conséquences de leurs actes sur quelqu'un d'autre qu'eux. Et Mr Parano, par l'imprévisibilité de ses humeurs, par son inquisition, par la violence rentrée de certains de ses actes ou ses mots, m'évoque évidemment un autre avant lui. Quelqu'un qui a eu bien plus d'un an pour étendre son pouvoir sur moi.

Ce qui me rend malade, Mr Parano, dans le fond, ce n'est même pas toi -désolée pour ton insatiable ego. Non, ce qui me rend malade, c'est que des types comme toi, il en existe des tas, et que j'ai grandi avec l'un d'entre eux. Et ton comportement inconséquent me rappelle à quel point je voulais changer de vie. Je pensais que quelqu'un comme toi, avec une éducation, aurait peut-être plus de chances de réfléchir que mon père qui n'est pas forcément l'astre le plus brillant de la constellation.

Il est largement plus de 2 heures et je sais bien que je vais aller m'évanouir dans mon lit d'ici environ une heure. Je vais tirer la couverture sous le menton. Pas forcément pleurer, mais froncer les sourcils en me demandant comment je vais faire demain.

Comme tous les autres jours, lady. Tu vas prendre tes médicaments, faire des sourires chimiques à tout le monde, faire semblant de te réjouir pour Noël, et passer une journée de plus dans l'antichambre de l'Enfer. Et tu te diras que c'est pas si grave, tant que tu as des sous, de la bonne nourriture, de la musique et des séries, tu peux tenir le coup encore un peu. Comment tu as tenu jusque là ? Eh bah voilà. Tu vas continuer.

C'est même pas comme si la question se posait vraiment, dans le fond.
D'ailleurs c'est finalement une bonne nouvelle de ne pas se la poser.

23 mars 2010

Rites de passage

Depuis toujours, j'ai cette sensation d'avoir raté quelque chose de vital. Et ce quelque chose de vital, c'était en fait plein de petites choses. Fêter mon bac ; plusieurs copines l'ont fait, pas moi. Fêter mes 18 ans ; ma sœur l'a fait, pas moi (c'était une méga-teuf que mes parents ont très largement contribué à voir aboutir). Fêter mes 20 ans ; au moins l'un de mes cousins l'a fait, pas moi. Des choses comme ça. Des manifestations marquant un passage à l'âge adulte. Je n'aimais pas les fêtes, et y suis toujours assez rétive, mais enfin, je ne marquais jamais le coup, quoi.
Quand j'ai eu mon bac, je travaillais. Mon père a été voir les résultats pour moi, il m'a appelé, m'a dit "tu as le bac avec mention". J'ai dit que c'était cool, j'ai raccroché, je suis retournée travailler. Le soir, je suis rentrée et on a mangé une tarte au citron au dessert. C'est comme ça que j'ai fêté ma mention au bac. Six mois après n'avoir pas fêté mon anniversaire avec des amis, mais uniquement les parents et la grand'mère un dimanche. Et je sentais bien que j'aurais dû faire mieux que ça. Que j'aurais dû me rendre ces instants mémorables (et peut-être, mais juste peut-être, mémorables pour mon entourage aussi ; comme dans "tu te rappelles quand on a fêté les 20 ans de lady ?"). Je le sentais plus confusément à l'époque, et j'en nourrissais simplement une grande jalousie dirigée contre un peu tout le monde et n'importe qui. Aujourd'hui je sais que j'ai raté mes rites de passage. Ça me manque encore, parfois. Ils sont sans doute nécessaires pour officialiser un certain nombre de choses. Ils ont une raison d'être après tout.

Alors voilà, mes rites de passage, au mieux ils se sont faits en toute discrétion comme la petite tarte au citron, au pire ils n'ont pas eu lieu du tout...

Comme pour mon premier déménagement dans un appart à moi toute seule où je n'ai jamais pendu la crémaillère. Ce matin-là, je suis partie au boulot, mes parents ont amené mes affaires dans l'appart, je suis rentrée du boulot dans l'appart au lieu de rentrer chez eux, j'ai écouté les infos à la radio (la télé n'avait pas été tout de suite déménagée), j'ai mangé de la semoule et deux saucisses que ma mère avait laissées au frigo, assise près de la fenêtre, et je suis allée me coucher dans l'heure qui a suivi.

Je repense à tous les instants qui semblaient importants à marquer d'une croix dans le calendrier de ma vie... je ne les ai pas soulignés. Parfois j'y pensais sans pouvoir le faire, parfois ça ne me venait à l'idée que plus tard, trop tard.

Mais enfin, la bonne nouvelle, c'est qu'a priori, arrivée à 28 ans, les rites de passages manqués sont tous derrière moi et non devant. A l'approche de la trentaine, on peut considérer aujourd'hui que je suis une adulte et qu'il n'y a plus besoin de signaler quand je fais quelque chose dans ce genre. Aujourd'hui, je ne deviens pas adulte, je le suis. Du moins peut-on l'espérer. Et ce que je fais n'est jamais symbolique de mon passage à l'âge adulte, il marque (au mieux) une évolution vers une "situation". Et je dois dire qu'après avoir eu, pendant environ deux décennies, et plus particulièrement sur la fin de la seconde, l'impression de passer à côté de tous ces rites, ça me rassure de me dire que quoi que je fasse maintenant, j'ai passé cette période transitoire et que j'aborde une phase de stabilisation. C'est vraiment une idée plaisante et réconfortante dont je ne me lasse pas.
D'un autre côté j'ai toujours su que j'aimerais vieillir.

Mais enfin, ça fait quelques semaines que j'entends parler d'un truc, là, comme ça, que plein de gens de mon âge ou un peu moins font, et que je ne fais pas, et je suis en train de me dire : dis-donc, lady, tu serais pas en train de louper le coche encore une fois ?
Les évènements à l'origine de ce questionnement ?
- Mon beau-frère a contracté un prêt pour acheter un appartement.
- Ma sœur va contracter un prêt pour acheter une voiture.
- Ma sœur calcule ce premier prêt en fonction de celui qu'elle contractera pour ouvrir son cabinet dans quelques années.
- L'une de mes amies va contracter un prêt pour racheter un appartement.
Vous me le dites, si vous voyez une tendance générale qui se dessine, hein... Et encore, je mets de côté les personnes qui ont emprunté de l'argent pour payer leurs études, c'est encore autre chose.

Mettons de côté le débat autour de la question "contracter un prêt à un jeune âge est-il une bonne chose ?", car bien que le principe du prêt en lui-même me gène (j'ai grandi dans une famille qui avait en permanence des prêts à rembourser, et ça me dépasse que des gens puissent avoir l'idée de demander un prêt pour la maison, un prêt pour la voiture, un prêt pour le canapé...), ce n'est pas la question ici.
Ce qui me turlupine, c'est que ces personnes s'installent dans la vie et pour cela, contractent un prêt. Et que moi, non.

Ce qui implique que mon beau-frère va être propriétaire, mon amie aussi, ma sœur aura une voiture et dans quelques années un cabinet. Et là, tout de suite, en ce moment, je regarde autour de moi, je vois la télévision, l'ordinateur, les quelques meubles, les CD et DVD... bon, et puis ? J'ai quoi, moi ?

Le plus étonnant dans cette interrogation qui me saisit à la gorge depuis que j'ai relié les points entre eux, c'est que je suis pleinement consciente de ne pas vouloir être propriétaire d'un appart (je veux pouvoir changer facilement si je viens à ressentir la plus minime sensation d'étouffement, et j'ai aussi toujours dans un coin de ma tête l'idée de l'expatriation potentielle que j'accepterais sur le champs si on me la proposait sous une forme ou une autre pour une vingtaine de pays), je ne veux pas acheter de voiture (ce qui est logique puisque je n'ai même pas le permis), et je n'ai aucune envie d'ouvrir mon propre cabinet, ma profession ne s'y prêtant pas et, d'ailleurs, la profession de mes rêves non plus. Concrètement, je ne veux pas ce qu'ils obtiennent via ces prêts. Ce n'est pas ce que j'ai l'impression de vaguement envier à nouveau.

Mais je me dis que, voilà, ces histoires de prêts sur 5, 10, 115, 20 ans... ce sont des engagements d'adulte. Et moi je n'ai aucun engagement de ce genre.
Et tout d'un coup, je me sens comme... vous savez, dans les séries qui se déroulent dans une famille ? Il y a toujours un des enfants (souvent un garçon) qui est totalement irresponsable, bien qu'ayant la trentaine bien sonnée. Il est génial avec les enfants des autres mais il ne sait pas garder un job, il considère la maison parentale comme un point de chute chaque fois que ça foire (et ça foire souvent), il est incapable d'entretenir une relation stable et, lors des repas de famille, la grand'mère le regarde en secouant la tête avec inquiétude et lui glisse une enveloppe discrètement sous la table, parce que ce galopin c'est son préféré même si on ne sait pas trop ce qu'on va en faire et qu'il donne bien du soucis.

Soudain, je suis ce personnage-là et je m'imagine aux repas de famille dans un an ou deux, en train de raconter comment ma titularisation est encore reportée alors que ma sœur se plaint de ne pas avoir pu partir en vacances à cause du papier peint qui doit être fait dans l'appartement ou de la voiture qui a été percutée le mois dernier.

Je dramatise. Je dramatise forcément. Je suis une grande fille, après tout, non ?
Est-ce que j'ai besoin d'acheter un appartement et m'enchaîner pour 15 ou 20 ans à mon banquier (minimum) pour être une adulte ? Non. Non, évidemment. Être adulte c'est autre chose. Enfin, je crois.

En vérité je ne suis plus très sûre, tout d'un coup, d'être une adulte.

Peut-être que si je vivais une relation sérieuse, ou si tout se passait bien au boulot, ou... peut-être si un autre élément de ma vie me semblait plus stable, je ne serais pas aussi inquiète de voir tous ces gens souscrire à des prêts alors qu'ils ont mon âge ou moins (ou moins ! au nom du ciel, ma sœur a 5 ans de moins, mais combien de fois encore va-t-elle me rappeler qu'elle va plus vite que moi pour tout ?), mais là non, je n'ai rien pour démentir cette impression cruelle d'être le vilain petit canard.

En soi, franchement, contracter un prêt, ça n'a rien d'enviable. Ma sœur me racontait que le prêt de l'appartement, il engage mon beau-frère (et donc ma sœur par ricochet) sur 25 ans ! 25 ans !!! Ils en sont déjà à calculer dans combien de temps ils auront remboursé une somme suffisante pour... revendre l'appart et contracter un prêt pour acheter plus grand ! Et comment le prêt pour ouvrir son cabinet dans quelques années s'intercale là-dedans ! Mon Dieu, mon beau-frère et ma sœur vont devenir comme mes parents, chaque année sera le signe d'une nouvelle échéance d'un de leurs prêts, l'angoisse ! Je ne suis pas envieuse de ça, c'est horrible ! Pendant 25 ans, tu vis à crédit et tu passes ta vie à faire des calculs ? Mais c'est inhumain !
Je ne veux pas de ça. Vraiment, objectivement, je ne veux pas vivre cette vie-là. Je veux continuer à faire comme je fais : quand je veux quelque chose, j'économise et je me l'achète rubis sur l'ongle quand j'ai la somme intégrale sur le compte en banque. Évidemment c'est facile pour moi de dire ça parce que je ne veux rien qui coûte plusieurs milliers d'euros, mais enfin, franchement, ça me correspond beaucoup plus.

Mais j'ai quand même le sentiment de passer, encore une fois, à côté de la normalité, à côté d'un rite de passage qui dis que je suis grande et responsable.
Je devrais peut-être contracter un prêt quand même. Un truc débile, peut-être même au pif. Juste histoire de me calmer les nerfs. Parce que vraiment, là, si quelqu'un m'annonce encore qu'il a contracté un prêt pour s'acheter une vie d'adulte, je pense que je vais certainement être bonne à enfermer.

19 avril 2010

Dangereux mimétisme

Depuis qu'elle est partie, vraiment, c'est dur. Et très franchement, pour quelqu'un que j'ai rencontré "en vrai" il y a seulement 9 mois, ça m'étonne un peu de réagir comme ça, mais, comme le dit ma psy (en ce moment je fais partie de ces gens qui commencent leurs phrases par "comme le dit ma psy"), ça faisait très longtemps que je m'étais fermée aux autres, et pour la première fois depuis des années que je laissais quelqu'un entrer dans mon cœur, ça rend les choses encore plus difficiles. Elle avait de l'importance par elle-même, parce que c'était une personne absolument magique, et puis elle avait de l'importance à cause de ça aussi, parce que plus personne n'avait eu le droit d'avoir un tel accès à moi-même.

Je ne suis pas une personne secrète, pourtant. Loin de là. Posez-moi la question la plus intime qui vous vienne à l'esprit, et j'y répondrai, parfois avec une formulation un peu humoristique si je suis embarrassée, mais en tous cas toujours. C'est d'ailleurs en cela que l'expérience formspring s'est avérée décevante, les gens se sont souvent bornés à des questions simplistes et n'ont pas cherché à me pousser dans mes retranchements, je n'ai pas pu tester mes limites en la matière. Il doit bien y avoir pourtant une limite à ce que j'accepte de dire à tout le monde et n'importe qui, mais je ne connais pas encore cette limite. J'avoue être assez contente de ce trait de caractère que j'ai, qui fait de moi quelqu'un de fondamentalement honnête, d'une certaine façon. Je me vois comme Gally mettant tirant son coeur de sa poitrine et le posant sur la table, là où tout le monde peut voir qu'il est en jeu.
Mais étrangement, plus je suis prête à parler d'absolument tout avec tout le monde, moins il y a d'intimes dans ma vie. Je ne manque pas d'intime, mais je manque d'intimes, clairement. Je ne m'attache plus à personne.

Ou plutôt, je ne m'attachais plus à personne. Et puis il y a ce soir, dans ce bar, deux petits cocktails et beaucoup, beaucoup de souvenirs évoqués, et ce n'était que la seconde fois que nous nous rencontrions "en vrai", mais c'était comme si nous avions vécu côte à côte. Nous étions deux personnes fondamentalement différentes, au vécu différent, au présent différent, aux aspirations différentes, mais au ressenti absolument similaire.

C'était souvent une chose douloureuse. Elle me renvoyait le miroir de ma propre douleur. Parfois on parlait au téléphone une, ou deux heures, au beau milieu de la nuit, c'est principalement arrivé cet hiver suite au décès de son grand-père, et pendant plusieurs jours ensuite, je me sentais terriblement mal, comme une sorte de nausée émotionnelle, parce que tout ce qu'elle avait dit, je l'avais ressenti à un moment ou à un autre de ma vie, et ça faisait terriblement mal d'être mise face à tout cela.
Je suis habituée à parler de ma douleur, et aujourd'hui, je sais en parler sans sombrer systématiquement dans le pathos, ce qui est une immense victoire sur moi-même.
Mais entendre quelqu'un d'autre dire toutes ces choses-là, c'était une expérience terrible. Terrible.

Pour autant que ç'ait été infiniment douloureux de partager tous ces sentiments avec elle, c'était aussi profondément réconfortant d'avoir cette autre personne, qui savait. Qui savait ce que chaque chose pouvait représenter.

J'ai repensé aux mois que nous avons passé, depuis notre "vraie" rencontre, à la façon dont s'était déroulée notre amitié. Pas une fois, pas une seule, nous n'avons eu de dispute, de désaccord profond sur quoi que ce soit. Nos goûts variaient, nos expériences variaient, nos envies variaient... mais sur le fond, jamais le moindre désaccord.
Et je trouvais incroyablement confortable de sentir en elle cet accord constant avec tout ce qui me semblait être le pilier de mon être.

Mais en même temps, je ne nous prenais pas pour des jumelles ou quelque chose de ce genre. Ce n'était pas fusionnel. Je respectais le fait qu'elle mène une vie dont je désapprouvais beaucoup d'éléments.
Aujourd'hui je me dis que peut-être j'aurais dû quand même ouvrir ma gueule.

Quand ce soir-là, elle m'a appelée, et qu'elle m'a dit toutes ces choses gentilles, et que je lui en ai dit d'autres gentilles aussi... je n'aurais pas dû. J'aurais dû lui dire "écoute, ma chérie, c'est n'importe quoi, il faut que tu arrêtes tes conneries, tu te rends pas compte, t'es complètement pétée ma grande, explosée, c'est pas raisonnable, personne ne devrait boire comme ça à s'en rendre malade, il faut que tu fasses quelque chose". Au lieu de ça j'ai été gentille et tendre et compréhensive, et quand j'ai raccroché, la première chose que j'ai dite à Tomcat, c'est "that cannot be healthy". Et non, c'était pas sain, en effet, et ça s'est vérifié par la suite. J'aurais dû dire quelque chose. Me fâcher. Les amis font ça. Ils vous disent quand vous avez merdé. Ils vous disent que vous avez un problème. Quitte à se fâcher et se prendre la tête quelques jours ou une semaine, ou deux à la limite. J'étais en position de le faire. Mais je respectais trop le fait qu'elle soit différente de moi et qu'elle ait le droit de mener sa vie comme elle l'entendait. Oui, on peut respecter trop quelqu'un, au point de la laisser se perdre.

Ca fait 12 jours que tout le monde me répète combien elle m'appréciait et combien j'ai compté. A quel point j'avais été gentille avec elle. Et je suppose que c'est une consolation pour plein de monde de se dire que, pendant ces derniers mois où elle allait si mal, il y a eu des personnes dans sa vie (pas que moi évidemment) pour être là et être gentille et toujours avoir une attention. Et c'est parfait si ces personnes trouvent une sorte de consolation dans cette idée.
Mais moi. Moi j'ai été gentille. C'était la chose la plus importante au monde pour moi depuis quelques temps, une véritable obsession : être quelqu'un de bien. J'ai été bien. Gentille. Compréhensive. Tolérante.
Et finalement j'aurais dû être une chieuse. Ca ne l'aurait peut-être pas sauvée.
Ou peut-être que si, je ne saurai jamais.

Depuis 12 jours me voilà dans un étrange cercle où j'essaye de me distancier de notre ressenti commun mais où, en même temps, je suis attirée par lui. Je voudrais comprendre ce qui était tellement bien dans le fait d'être bourrée. Dieu merci j'ai comme règle depuis plusieurs années de ne jamais garder d'alcool à la maison, je n'ai aucune idée de ce qui se passerait si ce n'était pas le cas. Par contre des médicaments, j'en ai. Et pour la première fois de ma vie, je ne les dédaigne pas. D'ordinaire, on me les prescrit, je les prends pendant quelques jours, trois, quatre, cinq si je suis motivée, et puis j'oublie. Et le lendemain je me dis "oh, c'était pas si terrible de faire sans, pourquoi reprendre ?". Et ça s'arrête là. Jusqu'à l'ordonnance suivante.
Mais là non. Là je prends mes médicaments, avec une sorte d'anticipation, même, ah, il est 22h, la bonne heure pour prendre les deux médicaments, celui pour se calmer et celui pour dormir. Et puis j'apprécie tellement la sensation d'avoir la tête qui tourne et de me prendre les pieds partout et de ne pas tenir debout que j'en rajoute un troisième. Et je sais que ce n'est pas la chose à faire. Et que le lendemain, les effets vont se poursuivre jusque tard dans la matinée, oh je vais me lever (enfin, pour le moment j'ai réussi à me lever sans problème, on ne sait pas ce que l'avenir réserve), mais jusqu'à 10, ou 11 heures, je vais être complètement shootée, et j'aime cette sensation. Et ça me fait peur parce que jusque là je l'ai détestée et méprisée, cette sensation.

Et tout est comme ça. Je pense au suicide, sans arrêt. Pas le mien, pas le sien, le suicide en général. A des façons de mourir, pas pour moi, pas celle qu'elle a choisie (même si elle me révolte), mais en général, comment mourir ? Je pense à la mort alors que je sais que j'ai dépassé ce stade il y a quelques années maintenant. C'est comme la sobriété, je compte le temps passé avec des petits jetons imaginaires, je sais que je tiens bon, je sais aussi que je peux glisser.

Elle a basculé et j'ai envie de faire le mouvement aussi. Je n'ai pas envie de binge drinking et je n'ai pas envie de mourir, mais c'est quand même une sorte de tentation permanente parce que, même si ma psy me le dit : "vous n'êtes pas elle", et même si je le sais et l'ai toujours su comme une évidence, je ne sais pas.
Il y a une sorte de besoin de mimétisme.

Je crois qu'elle me manque aussi comme ça. Ca me manque d'avoir perdu cette partie de moi qui était en communion avec quelqu'un, et je voudrais retrouver ça.
Et pour mon propre bien, je ne dois pas, il ne faut pas, et je ne le veux en fait qu'à moitié.

Mais ce soir, je sais que je vais regarder ma plaquette de médicaments comme je l'ai regardée hier soir. Avec soulagement.

23 novembre 2004

L'angoisse de Noël

J'ai peur de Noël.

Ok, non, bon, précisons un brin. Je n'ai pas peur des chômeurs avinés en costume rouge rapiécés (qui peut dire ce qui m'attend après tout ?) dans les centres commerciaux, ni de ne pas trouver de cadeaux pour ceux que j'aime (en reste-t-il seulement ?). Ce sont peut-être des angoisses courantes (si j'ai bon souvenir) à l'approche de ces fichues fêtes, mais cette année, je ne les partage pas...

Cette année, ce qui me fait peur, c'est de n'avoir personne avec qui le fêter (pour la première fois de ma vie, puisqu'en cours d'année je me suis séparée de mes parents, je n'aurai pas cet impératif, et je soupçonne ma grand'mère de ne pas le fêter car c'est une date anniversaire d'un deuil très marquant pour elle), et de n'avoir rien qui se rapporte à cette fête : pas d'ambiance bonne enfant, pas de cadeaux, pas de repas avec quelqu'un. Dans le fond Noël n'est pas mort quand j'ai appris que le Père Noël n'existait pas, mais quand j'ai compris, cette année, que ma famille n'existait pas.

Où étais-je l'an passé à la même époque ? Lord T et moi nous coltinions en alternance une fois ses parents, une fois les miens, pendant quatre jours passés en région parisienne, sommes rentrés chez nous, il a appris un deuil dans sa famille et le lendemain d'un réveillon de la nouvelle année triste à en pleurer (c'est d'ailleurs ce qui est arrivé), est parti à un enterrement. Je pensais sincèrement que ça ne saurait être pire cette année...

Mon cadeau de Noël, cette année, sera de ne pas me retrouver à la rue. Et moi qui me plaignais du Noël où mes parents m'ont offert 5 paires de chaussettes... Tout est relatif, finalement.

J'ai peur que Noël ne soit plus jamais magique, avec la frénésie de décorer la maison, l'envie irrépressible de faire du pain d'épices pour la St Nicolas, etc... Quel étonnement, en fait, que je pense qu'elle reste ma fête préférée alors que, quand je regarde en arrière en me disant que je devrais sans doute être nostalgique, ils ont tous été pires les uns que les autres. Pathétiques, avec les cadeaux impersonnels de mes grands-parents paternels, déprimants, avec de cinglantes scènes de mon père, ou encore celui de l'an passé alors que les premiers problèmes se déclaraient avec Lord T qui ne tolérait plus ma dépression. Pourquoi est-ce que j'aime tant Noël, finalement ?

Parce que j'ai envie de croire qu'une année seulement, il ressemblera à celui des téléfilms sirupeux dont je me gave avidement...

PS : sur fond de Morning Musume - Happy Xmas Show (Live) qui est dispo sur Teruki Paradise (catégorie Hello! Project)...

23 novembre 2004

Certains soirs je ne rêve pas de lui

Véridique. La plupart des autres soirs, je rêve de moi. D'une gloire à laquelle j'étais capable de croire fermement, autrefois. Je me disais qu'il n'y aviat aucune raison pour que quelqu'un comme moi soit incapable de réaliser ses rêves. En fait, à présent ce ne sont pas vraiment des rêves, juste des idéaux pour tenir, finalement. Me dire que je suis capable d'être reconnue pour ce que je suis. Et je comprends complètement que ce soit mon fantasme en ce moment, parce que rien n'est pire que son indifférence.

Quand je n'étais pas encore l'ombre de moi-même, je n'aurais toléré ça de personne, j'en aurais remontré jusqu'à saturation ! J'aurais pété le feu, retourné le monde, déplacé quelques galaxies dans ma colère, dans mon audace, dans ma fougue !

J'ai la nostalgie d'une moi passée qui savait faire mieux, qui savait être mieux. Je me sens brisée et diminuée de moi-même. C'est insultant, c'est ignoble.

Mais parfois, au détour d'un mail Tiboutien, ou d'un compliment sur le mail nocturne d'un quasi-inconnu, je me dis... allons, je ne me suis pas perdue, je me suis juste oubliée. J'ai encore en moi ce qui me fait un être formidable, ce qui fait de moi la plus divine des créatures de ce monde. D'autres semblent trouver le chemin, je finirai bien par en faire autant.

Dans mon imaginaire, ces périodes d'intense souffrance m'anoblissent, me purifient. Je me réconforte en me disant que je serai la plus incroyable des femmes. En fait quand je souffre, je me sens plus femme que jamais, plus femme qu'entre les bras d'aucun homme, réel ou non, plus femme que dans aucun regard. Je me sens terriblement grande, belle, diaphane et altière, comme un idéal féminin de poète classique. Je me sens ainsi à l'intérieur, et veux faire durer cette impression.

Peut-être qu'en me faisant du mal, après ce que les autres m'ont fait, Lord T m'a rendu le plus grand des services. Il me permet d'évoluer. Serais-je capable de cela, seule et/ou heureuse ? Il me permet de donner corps à la valeur que je chéris le plus au monde : progresser.

Alors, peut-être qu'une fois que tout sera fini, je serai capable de lui dire merci de m'avoir faite plus femme qu'aucun autre avant lui.

12 novembre 2007

Ridicule

Je ne voulais pas que ça se finisse comme ça. Mais qui le veut ? C'est vraiment si ridicule de finir une relation de cette façon...

Vous savez le pire ? Mercredi, je l'ai quitté parce qu'il ne m'inclut pas dans ses projets... pas parce que je ne l'aimais plus. Et voilà où nous en sommes. C'est vraiment le comble du ridicule, non ?

"Peut-être que..."
Avec des peut-être, on pourrait en faire des choses ! Peut-être qu'il n'a jamais souhaité qu'on reste ensemble après son déménagement. Peut-être qu'il le voulait mais ne savait pas comment le formuler, et qu'il aurait fallu lui laisser plus de temps. Peut-être... peut-être...

C'est difficile de savoir quoi penser.
Avec le temps il avait fini par me convaincre que si lui et moi rompions, ça ne se passerait pas comme ça. Je ne le formulais jamais mais j'avais fini par le croire quand il me disait que les ruptures propres, c'était possible. Que nous pouvions rester en contact. Que nous pouvions finir TP ensemble. Qu'il ne me laisserait pas tomber.

Aujourd'hui il a démissionné, et je sens que la tristesse commence, lentement, à l'emporter sur la colère.
Je m'étais promis de ne pas me laisser vaincre, mais je n'avais pas prévu que les choses empireraient...

C'est vraiment ridicule tout ça. J'ai l'impression d'avoir toujours 18 ans. J'ai l'impression que rien n'a jamais changé dans ma vie. Je me sens ridicule de me dire les mêmes choses qu'il y a quelques années, à la rupture précédente. Je me sens ridicule de penser encore que je vais devoir faire sans lui. Je me sens ridicule d'être triste.

J'ai hâte de m'être endurcie. Ce sera bien quand j'aurai atteint le point où je m'en fous. Espérons que ça me prenne moins de temps que pour ma rupture précédente, histoire que je ne fiche pas en l'air des mois de ma vie...

21 novembre 2004

Juste un sourire

Quand, épuisée par cette ambiance, je lui demande qu'on arrive à sourire, il me dit : "Je ne me sens pas comme ça. J'ai l'impression qu'on vit quelque chose de tellement différent."

N'était-ce pas ce qu'il voulait ? Ne vit-on pas uniquement ce qu'il a toujours voulu ? S'il va mal, il sait pourtant que moi, j'ai décidé de ne pas l'abandonner...

C'est à n'y rien comprendre...

PS : Sur le générique de New York 911...

27 novembre 2004

Les vampires

Un pan de mon histoire qui nécessitera très certainement un second volet ! Vaste sujet que les vampires.

Mais j'y ai repensé aujourd'hui, complètement par hasard, tout-à-fait hors contexte.

Il faut savoir que les vampires sont une de mes pires peurs depuis toujours. Mélange de stéréotypes communément admis et de mon propre imaginaire, j'ai eu beaucoup de mal à définir ce qu'était un vampire. Mais, grosso-modo, c'est quelqu'un de pas très net qui est prêt à vous aspirer (tout l'enjeu est de ne jamais découvrir quoi ). La variante par rapport à l'idéologie populaire est qu'un vampire n'a pas néeccairement de canines pointues, le teint blafard ou une cape draculesque. En fait, ce qui est le plus angoissant, c'est que le vampire n'a pas de forme. C'est une ombre. D'ailleurs chez moi ces deux termes (vampire et ombre) sont quasiment synonymes. Il a des yeux terrifiants qui n'ont pourtant aucun caractère concrêt : ni forme spéciale, ni couleur. Un vampire n'est palpable qu'au moment de l'intense douleur que vous ressentez dans le cou quand il est trop tard. Et surtout (source de mes plus édifiantes crises de panique), le vampire n'a pas de plan d'existence défini : il apparaît en rêve comme dans le réel. Ca le dérange pas de voyager pour vous piéger.

Cassons-là les stéréotypes encore non passés en revue dans cette note : non, un vampire ne pratique pas d'arts martiaux, ne meurt pas grâce à un simple piquet de bois, ni ne craint la lumière (que serait une ombre sans elle ?) ni l'ail. Et surtout, il n'a pas peur des autres. Ceux qui par hasard pourraient se trouver dans la même pièce ne l'intimident pas : parents, petit ami, ours en peluche...

Le seul moyen d'échapper à un vampire est d'en passer inaperçu : planquée sous les couvertures marchait plutôt bien pour moi jusqu'à l'adolescence où j'ai eu envie de respirer l'air frais de ma chambre plutôt que celui, quelque peu étouffant, de sous mon édredon. Les moyens de lutte se sont diversifiés : à ce jour je m'assure simplement de la meilleure visibilité possible dans la chambre. En résumé, j'évite de laisser des zones d'ombre plus fortes que d'autres. Personne ne dort aussi bien que moi en pleine lumière. Plus il y a d'appareils électriques en fonctionnement (avec leur lot de voyants divers et variés), plus je suis à mon aise, ce qui irrite souvent mes compagnons de chambrée ! Les pieds bloquant instinctivement le bas de ma couette (histoire de ne pas sentir un main me happer un membre éloigné du troupeau), laquelle orne mon cou comme un énorme collier, j'inspecte la pièce dans ses moindres détails avant de consentir à fermer les yeux (et passer à la suite du plan, non moins ardu : dormir, mais cela a, je crois, fait l'objet d'une note à part entière).

Les vampires sont ma hantise depuis toujours et je doute que cela cesse une jour. Même sous somnifères (à l'époque où je tentais le coup... ah ! j'en ai gaspillé des sous pour mon sommeil ou prétendu tel !), les vampires ne me lâchent pas. Bref, je vis avec les vampires depuis toujours et ai donc systématiquement une pensée pour eux lorsque je vois un ombre difforme dans un film.

Pourtant aujourd'hui il n'y a pas eu d'ombre furtive dans ce qui m'a fait penser à eux. J'étais en plein visionnage de Sex & the City (déjà la 6e et dernière saison, que le temps passe vite, quand je pense que je pleurais déjà sur une rupture quand j'ai découvert cette série !) et soudain il m'est apparu clairement qu'Alexandr Petrovski était un vampire. Nouvelle génération. Un vampire pour adulte. De ceux qui prennent une femme formidable et lui aspirent tout. J'ai tourné le regard et j'ai vu mon voisin en train de regarder l'épisode avec moi (indigné bien-sûr, puisqu'il n'a aucune conscience de ce qu'il m'a fait). Eh oui les amis, j'ai vécu avec un vampire pendant un an et demi.

17 décembre 2004

Fenêtre

Ce soir je me suis surprise à vouloir regarder par la fenêtre. Cette petite fenêtre dont je n'avais pas ouvert les volets depuis bien longtemps, et qui crystallise mes envies. Au-delà du "jeu", juste ouvrir cette fenêtre sur l'avenir que je me souhaite. Je ne m'y étais plus autorisée depuis bien longtemps.

Et je nous vois, là, devant mes yeux, je vois cette homme que je n'Aime plus mais que je sais que j'aimerai à nouveau, lorsque j'y serai prête, lorsque je serai forte à nouveau, je le vois auprès de moi, je le vois vouloir recommencer.

Au juste, je ne suis pas sûre d'être contente de rêver de tout cela, mais de temps à autres, et tant que je délimite bien de quel côté du chambranle tout cela se passe, ça devrait aller. Je crois que ça ne peut pas me faire de mal si je reste bien dans ces limites. Rêver est une des choses que je faisais depuis toujours, jusqu'à ce que, quelque part au cours de la relation avec Lord T, j'arrête et devienne strictement terre à terre, préoccupée en permanence, soucieuse, geignarde, mélancolique et tout le tralala. Peut-être que cela fait partie des éléments qui jusque là m'avaient fait survivre à mes douleurs précédentes ?

Je me rappelle de l'effroi de ma psy quand j'avais commencé à la voir, quand elle a appris pour mes "jeux". Je crois que je n'avais jamais vu quelqu'un réagir aussi violemment à l'idée que je puisse rêver, le soir, à une vie meilleure. Elle m'avait exortée à arrêter, je n'avais pas voulu suivre son conseil. Pas tout de suite. Mais le fait est que plus tard, bien plus tard, j'ai tout de même arrêté et même si ce n'est pas entièrement lié, il faut tout de même bien admettre que je ne m'en suis pas porté mieux.

Alors, je vais m'autoriser, de temps à autres, à ouvrir ma fenêtre en grand, en prendre plein les yeux, me laisser irradier par ce qui s'y présente, quoi qu'il s'y présente.

Et si j'ai envie de rêver que Lord T et moi nous reprenons quelque chose dans un avenir pas trop proche, je vais arrêter de m'en empêcher. Une bonne fois pour toute, il faut que j'arrête de tout vouloir rendre sérieux. Il y a tellement de choses sérieuses de par le monde, il faudrait franchement que je le sois un peu moins.

Que je m'autorise à me blottir une dernière nuit dans les bras de Lord T, que je m'autorise à rencontrer un jeune adolescent avec lequel mon seul point commun est notre passion des séries, que je m'autorise à rabrouer ma grand'mère qui se permet un peu trop de choses, que je m'autorise toutes ces petites choses que j'ai passé des mois et des mois à m'interdire, toujours avec la peur au ventre, toujours en me demandant quelles en seraient les conséquences, comment j'allais le gérer, etc... Ai-je pour autant eu des conséquences moins désastreuses ? Ai-je pour autant mieux géré les choses ? Pas vraiment, non !

Certes, je ne serai jamais de ces jeunes femmes insouciantes -je n'ai pas été éduquée pour- mais je peux au moins m'accorder un peu d'air frais de temps à autres. C'est sans doute parce que je ne l'ai pas fait plus tôt que tout a été tellement difficile ces derniers temps. Je n'ai pas su survivre aux épreuves parce que je ne me concentrais que sur elles.

Non, je vais me permettre, de temps à autres, de regarder toutes les choses magnifiques sur lesquelles donne cette fenêtre. Je peux y voir pour le moment une relation puissante et lumineuse. Je veux me concentrer là-dessus quelques heures ce soir, et peut-être même demain.

Et avec un peu de chance, à force, cela deviendra une porte vers ce même paysage.

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