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ladytherapy

24 janvier 2005

La mort est un long fleuve...

Quand la voiture a dépassé le Buffalo Grill, j'ai su que je pleurerais. En fait, quand j'ai réalisé que nous ne tournerions pas à droite, là, j'ai compris. Cette époque-là était finie. Et à vrai dire, soudainement, ça m'a surtout fait de la peine pour Pépé : une page de sa vie était tournée, un peu (un peu) comme moi récemment. Je ne veux pas dire que ça me fasse me sentir plus proche : juste, je comprends un peu.

Je suis donc certaine de pleurer, au moins quelques larmes. Dans un premier temps, je me sentais incroyablement étrangère à cela, et froide. Et puis, peut-être parce que finalement, pour la première fois de ma vie, j'ai le droit de pleurer devant mon père, et que l'ambiance s'y prête, je pressens que mes résistances cèderont, à un moment, demain. Et dans le fond, j'ai passé ces derniers mois à me retenir de pleurer, je ne l'ai fait qu'en de rares occasions, lorsque mes nerfs lâchaient, et après tout, pourquoi ne pas m'autoriser à pleurer pour tout cela ? Peut-être que quelqu'un me prendra dans ses bras. Ou peut-être pas, mais pour une fois, on n'aura aucun droit de me le reprocher. C'est cela que je suis venue chercher ? Le droit de pleurer ?

Je me sens un peu coupable de ne pas la pleurer elle, mais comme je l'ai déjà dit, je n'en vois pas la raison sachant que ma grand'mère m'était étrangère. Cependant, pourquoi ne pas vivre ce deuil de la façon qui me sied ? Qui, certes, est toute personnelle, mais qui me regarde. Je pleure la famille que je rencontre demain, la grand'mère que je ne connaîtrai jamais, la vie pas facile de ces derniers mois, la frustration, la peur, la colère, ce qui est en moi et qui n'attend que tout cela pour sortir. C'est d'ailleurs, sans doute, le cas d'autres personnes qui pleurent aussi, à la fois le défunt et la vie, sauf que ne le savent pas. Mais je veux m'y autoriser. Etre vraie avec les miens. Leur donner une chance de me satisfaire : me consoler dans un moment grave.

Je veux pleurer.

Le plus ironique c'est que, pour le moment, je n'y arrive pas.

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21 janvier 2005

Ma grand'mère est morte

Non, pas Mirador. L'entente n'est pas cordiale mais ce n'est pas au point de lui provoquer une crise cardiaque. Avouez que Dieu aurait vraiment envie de me mettre au défi si c'était Mirador...

Non, l'autre grand'mère. La mère de mon père.

C'était très étrange, la façon dont j'ai réagi, et à vrai dire je m'en inquiète un peu. Sur les coups de 7h du matin, par là, j'ai reçu un texto de ma soeur m'annonçant son décès, et que mon père allait organiser l'enterrement à Dijon. J'étais encore à moitié ensommeillée (mes insomnies ont repris leur rythme normal), mais j'ai pensé : "de toutes façons je ne la connaissais pas". A part cette dernière année où j'ai été en froid avec ma famille et où je n'ai été voir aucun d'entre eux, j'ai vu ladite matriarche trois ou quatre fois par an, ce qui est plutôt raisonnable quand on habite à 350 km. Et il est de coutume (corvée ?) familiale de les appeler (il y a un an également que je ne le fais plus, au grand effroi de mes parents) hebdomadairement. Mais, qu'on se voie ou qu'on s'appelle, on n'a rien à dire. Rien. Ma grand'mère ne nous parle pas. Pardon, parlait. On se contente de demander comment ça va ("oh, comme les moins jeunes"), quel temps il fait ("bah il a plu hier, ça fait du bien au jardin"), ensuite on nous retourne la politesse, et c'est là que c'est pervers : même si on croule sous les ennuis, les préoccupations, les chagrins et autres, ne pas leur en parler est la règle implicite depuis toujours. Donc, communication zéro. Quand on va les voir, pareil : ils ne racontent rien de leur enfance, leur jeunesse ou leurs expériences, comme le fait Mirador (parfois jusqu'à overdose), non, ils se contentent de nous servir des plats suintant de graisse et s'attachent à parler d'un maximum de lieux communs (le temps, par exemple, ce grand classique, mais aussi ces fichus arabes qui détruisent le pays. Ouh, les vilains étrangers ! Il fait bon ne pas se souvenir que mon grand-père n'a pas une goutte de sang français dans les veines pendant ce genre de conversations... ça fait désordre).

En un éclair, en lisant le texto de ma soeur, voilà tout ce à quoi j'ai pensé. J'étais à moitié dans les vapes mais j'ai compris à cet instant que ma grand'mère, en fait, je ne la connaissais pas et ne l'avais jamais connue.

Je me suis retournée et je me suis rendormie.

Depuis, je n'ai pas versé une larme. J'ai à peine pensé à la douleur de mon grand-père.

Je me suis contentée d'appeler ma mère pour connaître la date de l'enterrement, mais, je dois le dire, plus par obligation morale et curiosité qu'autre chose. Je n'ai jamais assisté à un enterrement (je ne connais pas les bons trois quarts de ma famille, donc j'ignore même s'il y a eu des décès ces 20 dernières années ; oh, sans doute, j'imagine...). Il faut tout m'expliquer sur comment ça se passe (ma curiosité me jouera des tours, je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant, mais il faudra aller à l'Eglise). Je me sens soudain un peu dégueulasse de venir sans avoir envie de la pleurer. Mais, quoi ? Comme avec le reste de ma famille, nous ne sommes liées que par le sang. C'est ça que je vais aller honnorer. Les liens incompressibles.

Qu'elle, elle ne devait pas avoir en tête quand, en venant nous voir, ma mère et moi, à la maternité, elle a jeté une barbotteuse achetée pour 5 francs au marché, jaunâtre, et est repartie chez elle fissa. Ni quand elle m'a prise dans ses bras pour la première fois : j'avais 9 mois... Ma grand'mère ne m'aimait sans doute pas, ce qui explique que je ne l'aie jamais perçue comme proche. Mais j'y vais. Il le faut. J'ai peur de le regretter. De m'en vouloir. De me reprocher ça plus tard, de n'avoir pas été là pour ceux qui, eux, ont l'impression que je compte dans la famille, même uniquement par les liens du sang. Ceux pour qui ça veut dire quelque chose.

La mort ne m'a pas autant perturbée que je l'aurais cru. Quand Lord T, l'an dernier à quelques semaines près, a perdu un vague grand-oncle dont il ne connaissait que le nom (et encore), il était effondré. La mort le touche beaucoup depuis le décès de sa grand'mère, il y a environ 10 ans. Je pensais que ça me ferait pareil. Mais non, pas du tout.

J'ai été sans doute plus attristée par le décès de Jerry Orbach que par celui de ma propre grand'mère : je suis froide, voilà tout.

A vrai dire je m'y suis préparée depuis des années déjà. Pas spécialement pour ma grand'mère paternelle mais pour mon père. Ca fait quelques temps que j'ai une petite idée de comment je vais prendre sa mort. En fait, pendant des années, je l'ai souhaitée, cette mort, parfois même en la désirant faite de ma main. J'avais tellement de haine à l'époque. Tellement de colère. De douleur par sa faute. Je ne le pensais pas si clairement, mais c'était là et je rageais entre mes dents en me jurant que je le tuerais un jour. Quand j'y pense : j'aurais pu. Je savais où étaient les couteaux les plus pointus, et même son arme de service. Dans le fond, j'étais plus faible que je ne le voulais croire, je ne l'ai pas fait. Mais parfois il manque très peu pour que la machine se mette en route. Le pire que j'aie fait c'est lui donner des claques et des coups de poings quand lui-même ne faisait pas mieux. C'était déjà très violent maintenant que j'y pense, mais ça semblait si normal. Enfin bref, j'avais la mort en tête pendant des années. Et puis le temps a fait son oeuvre (ma thérapie, aussi), et j'ai évacué cette haine. J'ai même compris que s'il mourrait, il y aurait tant de choses inachevées, tant de choses qui resteraient à jamais un mystère (notamment le pourquoi). Non que j'aie quelque espoir de comprendre ces choses avant son décès : il est fermé à toute discussion de ce type. Il a toujours refusé d'admettre qu'il y avait un quelconque problème à la maison, sauf quand il s'agit de se faire pardonner : là il y avait un aveu dans sa tournure de phrase : "tu sais j'ai changé maintenant", "c'est plus pareil à la maison", "j'ai arrêté le café, je m'énervre moins qu'avant" (toujours la faute des autres : café, médicaments, travail, stress, que de la lâcheté en somme), "je ne le ferai plus", etc... Promesses d'ivrogne. Je me suis fait avoir quelques temps, je pensais pouvoir mettre les choses au clair, pas du tout. Mais s'il meurt, tout espoir de comprendre sera définitivement enfui. Et je pense que je ressentirai l'amertume, logée depuis l'adolescence quelque part en moi, de ne pas avoir moi-même présidé à son exécution, parce que, quelque part, la mort, c'est entre lui et moi. Je me sentirais trahie que quelqu'un le tue dans l'exercice de ses fonctions, ou qu'il meure de vieillesse. Oui, sa mort me fera souffrir, pas en tant que perte d'un parent mais de toute évidence, j'en souffrirai. Et je pleurerai sans doute à travers cet homme le père que j'aurais voulu aimer pleinement, et dont j'aurais voulu être aimée.
Mais pour ma grand'mère ce n'est pas pareil. L'intimité des combats avec mon père ne se retrouve pas avec elle. Elle fait partie de l'incroyablement vaste communauté de gens de ma famille qui se sont arrangés pour ne pas connaître ma souffrance, pour ne même pas me connaître moi. Elle n'a fait aucun effort pour faire partie de ma vie. Je la soupçonne de m'avoir calomniée afin de se débarrasser de moi (une anecdote qu'on m'a racontée : en vacances chez mes grands-parents, chose qui ne s'est produite qu'une seule fois, j'aurais traité mon grand-père de con, ce dont je me suis toujours défendue avec véhémence mais c'était la parole d'une gamine déjà peu supportée à la maison contre celle d'une puissante matriarche. Mais le fait est là : ils ne m'ont plus jamais prise en vacances... ). Bref, je ne ressens aucune peine. Parfois ma gorge se noue, mais pas vraiment parce que je suis triste, uniquement parce que je voudrais l'être. Je voudrais pleurer ma famille. J'en suis toujours là : je voudrais les ressentir comme proches, comme une famille normale, mais ce n'est pas le cas. Peut-être que je dois prendre ce deuil comme une métaphore de mon deuil vis-à-vis de ma famille : la première étape vers l'enterrement de mes sentiments pour eux. Parce que, de toutes façons, ils n'ont jamais consacré autant d'énergie que je viens de le faire pour me comprendre et m'aimer, pas même essayé.

Ah, une dernière anecdote comique : l'enterrement, mardi... se déroulera le jour de mon anniversaire. Ya des fois comme ça.

16 janvier 2005

Interdit aux moins de 18 ans (minimum)

Je sens que ça va me hanter toute la journée, ça.

Mes fichus "jeux" me jouent de nouveaux tours -des inédits, cette fois. Tout avait commencé alors que j'avais envie de m'imaginer avoir un travail qui me plaise. C'était la base de départ, et soudain, au détour de ce concept, a surgi Tenshi, ce jeune garçon dont j'étais amoureuse il y a pratiquement 10 ans maintenant, un fou d'informatique, un petit être adorable et mignon à souhait, et je me suis embringuée dans quelque chose qui m'a dépassée. En fait, il me proposait de fonder avec lui notre propre société de distribution de DVD de séries, et comme cela demandait des moyens que nous n'avions pas, nous décidions d'entrer en colocation dans un minuscule appartement nous servant également de bureau. Mon intention, arrivée à ce point de l'histoire, était de réintégrer Lord T et de le faire arriver dans cette nouvelle vie, avec mon meilleur ami, un boulot de rêve, et un logement -enfin. Mais rien ne s'est déroulé comme prévu et à vrai dire, je ne sais pas pourquoi je m'en étonne puisque c'est ce qui arrive toujours. Au lieu de ça, quand Lord T s'est pointé, je l'ai reçu comme un misérable et en me lovant dans les bras de Tenshi. Du coup tout a dévié de sa trajectoire initiale et j'en suis venue à imaginer la relation avec Tenshi (une sorte de nouvel Homme-sans-Visage si vous voulez mon avis). Et c'était chaud.

Nom d'un chien, ça ne m'était pas arrivé depuis combien de temps ! Rêver seulement à une relation amoureuse ? L'Homme-sans-Visage a fait quelques apparitions sporadiques depuis la rupture avec Lord T, mais la plupart du temps c'était avec ce dernier que j'imaginais des choses, cependant elles étaient toujours platoniques. Du domaine du "jeu" orienté sur quelque chose de plus charnel, ça date d'il y a bien plus longtemps. Deux ans, je pense, par là. Je n'ai eu aucun "jeu" de cet ordre tout le temps qu'a duré ma relation avec Lord T (les "jeux" sont un tantinet difficiles à réaliser quand quelqu'un est dans le lit à moins d'un mètre), ni même juste avant alors que nous n'étions pas ensemble mais que j'avais des sentiments pour lui. Oui, deux ans, dans ces eaux-là.

Mais au bout de quelques heures de "jeu", pour la première fois, j'ai été dépassée. Mon imagination a été trop forte. Ca n'était jamais arrivé et je me suis trouvée désemparée. Je ne sais tout simplement pas subvenir à mes propres besoins.

Il était très tard quand j'ai essayé pour la première fois : au tout début, alors que Lord T et moi étions ensemble, il y a un an et demi environ. Il était en voyage d'études au Maroc, et je me sentais tellement épanouie à l'époque... excepté sur un plan, parce qu'il était loin. Je me sentais femme. J'avais envie d'essayer. J'avais 21 ans et demi, et c'était la première fois. En fait la première était un fiasco. Je ne savais pas m'y prendre. Alors que tellement de gens commencent par là, moi je n'avais même jamais essayé et ça m'a rendue furieuse de n'arriver à rien. J'ai essayé pas mal de choses avant d'arriver à un résultat -maigre. Résultat quand Lord T est revenu du Maroc, ça a été sa fête. Seule je n'arrive à rien.

Mais je m'étais toujours dit que ça n'avait aucune importance. Quelle qu'ait été la longueur de mon célibat, j'avais toujours fait sans. Je pensais ne pas en ressentir le besoin. C'était sans compter sur la stimulation inattendue du "jeu" avec Tenshi, j'ai été prise au dépourvu, et au désarroi, j'ai vâââââââââguement tenté quelque chose. Seigneur, je suis nulle. Et ça va me hanter toute la journée. De toutes façons il est évident que sur ce point, je suis seule, je ne peux pas repousser à dans quelques jours en me disant que je compenserai quand je verrai mon petit ami, puisque je n'en ai pas et que, vraisemblablement, ça va prendre un petit moment (je le pressens comme plus que "petit", en fait, ce moment) avant que je ne regarde un homme de cette façon. Je suis seule face à mon besoin et je ne me suis jamais préparée à ça. En fait, j'ai toujours pensé que je n'éprouvais pas de désir en général, juste du désir pour quelqu'un quand j'ai effectivement un quelqu'un dans ma vie. Et ça me torture, parce que seule, ça m'énerve, ça m'angoisse, je n'arrive à rien, c'est pire encore, j'ai ça en horreur, en plus ça n'a strictement rien à voir, c'est vide de sens, j'ai l'impression que mes gestes sont techniques où il faudrait du divin, des sentiments, un regard où plonger le mien, tout ça. Ca va m'user les nerfs cette histoire, d'où sort ce désir, d'où vient cette pulsion !? Je n'avais jamais ressenti ça avant et c'est la panique.

Et ce n'est pas prêt de s'arranger si vous voulez mon avis.

Voilà, jeunes gens, l'histoire de ma pauvre vie sexuelle.

12 janvier 2005

L'histoire est un éternel recommencement

J'ai la sensation étrange d'avoir déjà vécu cette scène. Attendez, je me concentre sur les mots exacts : "Tu n'es pas chez toi ici, je te signale, ce n'est que temporaire et en fait, ça l'est de plus en plus. Fin mars, travail ou pas travail, il faudra que tu sois partie."

Ah, oui, c'est très proche de ce qui a sifflé à mes oreilles il y a quelques mois. Au lieu d'un jeune éphèbe pété de thunes, c'est une vielle dame rondouillette qui me le dit. Ca, et le délai (deux mois et demi au lieu de trois mois pleins) : sinon il n'y a aucune différence.

J'en ai marre de tous ces gens qui acceptent de me prendre chez eux et qui se rendent compte que ça veut dire que je vais être chez eux. Ils changent tout simplement d'avis et me mettent à la rue, et c'est vrai que ça règle le problème : le leur. Mais quand on prétend aider, pourquoi ne pas vraiment le faire ? Dans ce cas-là, pourquoi ne pas dire dés le début "non je n'ai pas envie que tu viennes", mais non, à chaque fois, ils font des choix et vous les reprochent ensuite "je n'ai jamais voulu que tu vives ici". Alors pourquoi y suis-je ? Comme si je m'étais invitée en forçant la porte. Quand les gens assumeront-ils leurs choix ???

9 janvier 2005

Descendance

C'est fini. A jamais. Je n'aurai pas d'enfant de Lord T.

Ca peut paraître stupide à dire : je n'en voulais pas spécialement. Mais vous savez, les femmes... Elles oublient leur plaquette de pillules à 350 km, ne reprennent qu'au bout de deux jours après un week end sans médecin... et hop ! Elles s'imaginent être enceintes. Elles se disent que c'est un lien qui survit. Elles se demandent comment elles pourraient le gérer dans la situation actuelle -déjà rien que financièrement ! Elles s'imaginent tout un tas de choses. Et puis... Et puis non. Pas d'enfant. Arrive le dimanche (ce fameux dimanche du mois) et, aucun doute, il n'y aura pas de bébé.

Mesdames et Mesdemoiselles, ça vous le fait aussi à vous ? Je sais qu'il y a peu de lectrices sur ce blog, ou en tous cas peu qui se déclarent, ou en tous cas c'était vrai la dernière fois que j'ai regardé (ça commence à dater d'ailleurs). Mais je pose tout de même la question. Est-ce qu'il vous arrive parfois de compter comme je le fais, le nombre de bébés qui ne sont pas nés ? Depuis bientôt dix ans que je pourrais, je n'ai pas eu d'enfant. Grand bien me fasse, mais parfois je compte. Et je me dis : j'ai empêché tout ce petit monde de venir à la vie. Je sais pertinemment que le calcul est erroné : non, je ne pourrais de toutes façons pas avoir 12 bébés par an même si j'essayais. Mais... j'ai une pensée pour tout ce petit monde tout de même. C'est un sacré pouvoir, à la réfléxion. J'aurais pu choisir d'avoir des bébés plus souvent que ça. Je ne l'ai pas fait. Curieuse chose.

Ce qui me renvoie aux premières tentatives de contraception. Jusqu'à l'âge de 18 ans, la chose était simple : abstinence. Ca me fait sourire aujourd'hui de penser à quel point j'étais aggrippée à ma virginité par principe (et par peur dudit bébé, ah, les nanas...) Donc naturellement quand la première fois est venue, je n'avais aucune contraception, je me suis ruée sur une sorte de pillule du lendemain que m'avait passée une copine, même pas de médecin (ah, les nanas entre elles...) Et avec dans les jours qui ont suivi est arrivée l'angoisse : vous parlez d'une tranquilité d'esprit, la première fois avait une saveur un peu amère ! (ah, les nanas...) Mais cette pillule du lendemain, comme je l'ai détestée ! Et moi avec. J'avais l'impression de tuer ce qui n'était probablement même pas là. Je me sentais très mal. Féministes, remontez vos manches, j'étais une indécrottable de la vieille école !

Je n'ai pas pris la pillule à proprement parler de suite. Le plus longtemps je pouvais contraindre au préservatif, mieux c'était. Peur panique des gynécos ? Ah oui, tout-à-fait, et c'est encore vrai (le jour où on aura droit à quelques consultation de familiarisation avec ledit praticien, je consens à y réfléchir. Un ptit dîner par exemple. Quoi ? D'ordinaire c'est bien le minimum pour en arriver là, non ???) Quand il a fallu s'y mettre, à la pillule, je me haïssais. C'était du meurtre permanent. Le premier mois, chaque soir à heure dite, en avalant l'objet de la honte, je me répétais que je détestais ce que je faisais. Tout ça pour s'envoyer en l'air, non mais franchement. Préférer sacrifier une vie pour son petit confort ! Je suis terrible, je sais. Je l'étais. C'est vite fait d'avoir des principes quand on est jeune. Si stupides soient-ils, ensuite, avec le recul.

J'avais 16 ans quand j'ai commencé à parler d'enfant. D'enfants, à vrai dire. J'en voulais cinq, rien que ça, et dans mon quasi-délire, j'avais même imaginé un tas de choses à leur propos : leur année de naissance, leur sexe, leur prénom, leur type de personnalité. Dans la lancée j'ai commencé à écrire une sorte de roman dont je faisais une lecture hebdomadaire à mes copines de l'époque (belle époque d'ailleurs) J'étais à fond dedans. Assortie à ma passion récurrente pour l'imagination de maisons et de décoration d'intérieur (merci les Sims de me permettre de vivre cette passion à peu près décemment), c'était vraiment terrible. Sur la fin j'avais même une petite frise chronologique sur les années à venir (ça me ferait bien marrer de la relire maintenant d'ailleurs, je sais que je suis déjà en retard sur mon planning, à bien des égards)

Et pourtant, en fait, malgré tout cela, et aussi surprenant que cela paraisse, je n'en veux plus, des enfants. Surtout pas. J'ai peur, tellement peur, d'être mauvaise, de refaire tout le chemin dans l'autre sens, de succomber à ce qui est implanté en moi depuis toujours, de faire du mal, beaucoup de mal, d'être une mère odieuse, de rendre les enfants en question victime de mes tourments passés... A l'heure actuelle, je serais une très mauvaise mère, et pas seulement parce que j'aurais à peine de quoi nourrir un rejeton, mais bel et bien parce que je suis incapable de me préoccuper de quiconque excepté moi. C'est la vérité toute nue, comme on dit : dans ma situation je m'en fais trop pour moi-même. Et puis, je n'ai pas de certitudes à transmettre, pas de sentiment de sécurité duquel enrober mes gestes, pas de chaleur à donner.

Pour l'avenir ? Question récurrente. Réponses variables. J'en voudrais sans en vouloir. Qu'il soit dit, su et connu désormais que je n'en sais rien. Oui, d'une certaine façon, tout cela est alléchant : c'est sympa d'idéaliser une maison dans laquelle enfin des enfants seraient heureux. Mais ce ne serait pas moi. Ai-je réellement envie d'être mère ? Je ne sais pas. Parfois je prends un de mes chatons dans mes bras, et je me demande si c'est si compliqué d'avoir un enfant, parce que ça semble tellement naturel de ne faire aucun mal, de ne dire aucun mot blessant, d'être la personne vers qui on vient ronronner quand on a besoin de quelque chose (hem) mais je ne serai jamais celle qui a des parents, qui peut compter sur eux, et même si je sais que je n'en aurai jamais, je n'en ai pas tout-à-fait fait le deuil, apparemment. C'est une déception encore trop vivace. Construire ma propre famille ? Pourquoi pas, quand j'aurai accepté l'échec de celle qui m'a vue naître ? Avec la bonne personne, celle qui n'aura pas peur et surtout pas d'elle-même. Dans un environnement calme, serein, stable (surtout stable). Oui, peut-être que j'aurai à ce moment-là, s'il vient, envie d'y réfléchir.

Ou peut-être pas. Mon autre fantasme, c'est ce foyer aux meubles stylés et aux larges et grandes videothèques, cet appart d'intellectuel parisien, et il n'y a pas de place pour des enfants dans ce fantasme-là.

La révolution sexuelle est sensée être passée par là. Mais dans le fond, ne sommes-nous pas, en grande majorité, plus perdues les unes que les autres ? Quand les hommes nous faisaient faire les choses selon leur point de vue, au moins tout était clair. De temps à autres, une Colette levait la tête, mais dans le rang, silencieuses, nous abattions notre travail de femme et c'était sécurisant. Quand comme moi on a vécu en cage pendant des années et qu'on commence à peine à avoir ses propres envies, on regrette ce genre d'expérience. J'aurais peut-être, dans le fond, aimé être mariée à 16 ans, avoir déjà une tripotée de marmots à éduquer, et laisser Monsieur s'en faire pour le contenu de la marmite. J'aurais peut-être aimé être docile et n'avoir aucune ambition autre que ma famille. Je me le dis parfois, comme à regrêt.

Mais où mène cette note ?! C'est effarant comme j'ai pu dévier de mon sujet.

En tous cas, ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas pour cette fois.

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9 janvier 2005

Les pions blancs et les pions noirs

Ca fait trois semaines et j'aime ma vie. Passionément. Ah non, vous n'imaginez pas.

C'est bien simple, ça faisait deux jours que j'étais ici que je pleurais déjà le soir en murmurant, entre deux sanglots, "Je veux rentrer chez moi". Phrase qui d'ailleurs, contient une certaine dose d'humour, preuve que vraiment, je ne perds pas le sens du bon mot même dans les situations difficiles. C'est toujours ça.

Mais vous me connaissez : je hausse les épaules mentalement en me disant que ça n'est qu'une phase. Que ça va passer. Que ça va s'arranger, même. Naïvement ? Sans doute.

Voilà que ça fait trois semaines et le constat est le même : quand, pitié, quand m'en irai-je d'ici ?

Trois semaines et, voyons ? Combien d'engueulades avec Mirador ? Une demi-douzaine. Au bas mot.

Suis-je quelqu'un de méchant ? Voilà mon thème d'aujourd'hui. La petite question qui va me picoter le cerveau jusqu'à ce que, possibilité A, je me console avec un mensonge quelconque, possibilité B, je m'endorme en pleurant.

Combien d'heures par jour puis-je donc passer à me demander si je suis une bonne personne ? A moitié en me le répétant (ça fait du bien quand personne d'autre n'y consent ou ne peut vraiment y répondre) et en me le demandant, en fait. Je fais une consommation massive, excessive, de questionnement sur ma qualité d'être humain. Sans doute la seule dans mon entourage. J'ai remarqué que ceux qui devraient le plus se poser la question l'évitent soigneusement. De là à prétendre que la réciproque est vraie, je ne m'avance pas, de surcroît ce serait vraiment peu modeste -ça ferait de moi une mauvaise personne donc. C'est compliqué, hm ?

Impulsive. Je veux bien reconnaître que je sois impulsive. En fait je le reconnais sans honte ni détour, je ne suis pas certaine que ce soit un défaut, tout dépend de qui est en face, car ça conditionne l'impulsion. Oui, impulsion de colère, souvent, quand les gens prennent le parti d'être désagréables et espèrent qu'on ne leur fera pas remarquer.

Odieuse. Ca m'arrive. Disons : je sais comment taper, je sais où taper, et quand j'ai mal je ne m'en prive pas. Donc odieuse occasionnelle. Pas par nature : par réaction. En même temps avec le nombre de congénères sur la planète, difficile de vivre autrement que dans la réaction. Je suis certainement odieuse très souvent.

Acerbe. Oh la vilaine langue de vipère. C'est moi ça. Je ne retiens jamais derrière mes dents quelque chose qui pourrait faire mal à quelqu'un que je ne porte pas en haute estime.

Mais sinon ?

Depuis quand n'ai-je pas été poussée dans mes retranchements ? De quand date la dernière conversation où je n'aie pas été à cran ? Je ne me rappelle pas n'avoir pas eu le coeur dans la gorge depuis des mois. Sans doute aussi ai-je une mémoire sélective du fait de mon état actuel, mais tout de même.

Qu'il s'agisse de surcompenser avec certains Belges en visite, en affichant une gaîté, oh, pas feinte, pas vraiment, juste exagérée afin de n'avoir pas à parler de ce qui me préoccupe vraiment... ou de tomber en larmes au téléphone avec Joker (lequel, c'est certain, ne me rappellera jamais ; règle n°1 de la rupture dégueulasse : les amis de ton ex ne sont plus vraiment des amis, mais faut faire comme si), je suis number one dans les émotions hors de proportions ces derniers temps.
Alors oui, quand Mirador, une fois de plus, est désagréable, menace de me priver du peu qui me tient à flot (en attendant de voir ma psy mercredi, dont je ne suis pas sûre s'il s'agissait d'un rendez-vous ponctuel ou d'une reprise de nos consultations, ça n'a pas été très clair mais il faudra vraiment mettre ça à plat), oui, sans doute : en joue, prête, feu ! Je tire où ça fait mal parce que je n'ai même plus le temps de lécher mes blessures.

Je ne la supporte plus, il faut aussi dire ce qui est. Chaque fois qu'elle s'adresse à moi (ce qui est fondamentalement différent des fois où elle parle, car j'ai plus l'impression qu'une poupée gonfflable à mon effigie remplirait dans ce cas la même fonction), je ressens ça comme une attaque. Je sens que quelque chose s'attaque à moi. A quelque chose qui me fait moi. A ce qui fait ma spécificité. Ce qui fait que je ne suis pas une autre. Pas elle, par exemple. Je sens qu'elle veut modifier mes habitudes (bien-sûr, aucune des siennes ne doit varier d'un pouce, sur l'air de "je suis chez moi ici et pas toi", comme si ça excusait tout). Qu'elle veut modifier ma façon de vivre, de voir la vie. Pas dans le bon sens. Ce n'est pas pour que je me sente mieux, pas pour que je vive mieux, pas du tout dans ce soucis. C'est parce qu'elle pense que je dois faire comme elle. Non pas qu'elle pense que j'irai mieux, que je serai heureuse ou quoi que ce soit de ce genre, non, vraiment. Il s'agit uniquement de gommer toute disparité. A terme, j'ai l'impression qu'elle veut faire en sorte que je lui sois si semblable qu'elle aura à nouveau l'impression de vivre seule, que je n'existe pas.

Je peux exagérer. C'est très possible. On exagère toujours un peu quand c'est subjectif. D'accord, je peux l'admettre. Mais cette impression n'est qu'une longue impression de trois semaines. J'ai l'impression d'être gommée, lentement, par tentatives multiples et détournées. Chaque concession que je fais n'est pas suffisante : elle attend de moi l'aplatissement total. Je n'y peux rien, je ne peux pas laisser faire ça.

Qu'elle soit ma grand'mère ? Ca fait bien longtemps que tout cela ne veut plus rien dire en réalité. Une famille ? Je ne ressens plus rien qui s'en rapproche. Les liens du sang, c'est une chose, mais c'est devenu sans valeur pour moi. Et quand ça en avait, je ne souffrais pas moins : bagage inutilement douloureux, en fait. C'est parti, tout ça, la notion d'appartenir à quelque chose (surtout d'aussi boiteux), l'impression de devoir répondre à quelque chose, le sentiment de dette. Tout ça a disparu et je ne sais pas trop quand, mais peu importe. Voilà un sentiment mort qui ne me manque pas, et comme la chose est rare, je ne m'attarde pas sur la question.

Cela fait-il de moi une mauvaise personne ?

En fait, du point de vue de mes parents et de ma grand'mère, résolument : oui.

N'avoir plus aucun sentiment pour ma famille de sang fait-il réellement de moi quelqu'un de peu convenable ?
De ce que je sais, pour la plupart des gens, c'est inconcevable. La famille de Lord T a arrêté de chercher à comprendre, mais de toute évidence elle ne s'y était jamais fait. Peu de parents comprennent. Et sitôt qu'il s'agit de quelque chose du type "beaux-parents", ça fait très peur.

Mais sinon ?

Je crois que je réfléchis comme s'il y avait un absolu de "bonnes personnes" et de "mauvaises personnes" (en écrivant cette phrase j'ai une pensée pour mes profs de lettres de lycée). Mais ce n'est pas le cas. Pourtant ce qui se dessine derrière cette question, c'est la reconnaissance. J'ai envie qu'on m'aime, tout bonnement.

Aïe ! Touché. Si je pleure en écrivant cette phrase, c'est de toute évidence que j'ai mis le doigt sur quelque chose.

Pas très étonnant, dans le fond. Pas très étonnant que j'aie l'impression de n'être pas aimée. Les gens avec qui je vis m'ont donné, ces derniers mois, plutôt l'impression de me haïr farouchement, ou pire encore, de me mépriser. A quelques exceptions temporelles près, qui toutes ce sont avérées fugaces... et mensongères : non ce n'était pas de l'affection pour moi, mais un besoin d'affection pour eux. Et chaque fois j'ai sauté à pieds joints dedans. C'est normal, j'étais faible. Et je le suis encore.
Justement, je me sens faible, si faible.

Quelqu'un peut me dire depuis combien de temps je me sens épuisée de vivre ? Je n'ai pas mon blog sous les yeux, mais il me semble vaguement que ce n'est pas la première fois que j'écris ces mots. Et avant de les écrire, je devais les penser depuis plusieurs mois déjà.

Je voudrais juste me sentir plus forte. Juste trouver quelque part le courage. Les gens qui l'ont semblent le tirer de leurs certitudes : je n'en ai plus une.

J'ai réalisé avec douleur que la foi qui m'animait jusqu'alors, cette foi qui était en moi depuis près de 5 ans, et qui avait germé un peu par surprise, cette fois a totalement disparu. Je n'ai plus aucune sorte d'espoir, et c'était le dernier que j'abritais.
Plus une seule certitude. Plus de sentiment de sécurité : ce après quoi je cours depuis des années, et dont en fait j'ai l'impression de n'avoir fait que m'éloigner.

Les gens comme moi finissent-ils bien ? Je ne parle pas simplement de mon avenir : tant que je serai lâche, tant que je trouverai des excuses, je resterai en vie et vivoterai tant bien que mal, comme je le fais depuis plusieurs mois déjà. Je n'ai aucune illusion à ce sujet : m'attendent des périodes d'apparente rémission, et des dépressions chaque fois plus graves. C'est, quoi ? La troisième ? Bravo, bel effort. Ou alors ce n'en est qu'une seule de plusieurs années et je ne suis pas certaine de me consoler de cette idée-là.

Non, ce que je me demande, c'est combien de temps, avec ce genre de vie, ce genre de pensées, ce genre d'entourage, ce genre de souvenirs, combien de temps je vais être capable de me demander si je suis une personne bien ? Parce que du jour où ça ne préoccupera plus, il sera trop tard.

6 janvier 2005

Je cherche la Paix dans mes rêves

Voilà ce qu'il veut, voilà ce qu'il a eu : on n'a plus aucun contact d'aucune sorte en journée.

La nuit, c'est autre chose. Il est là. C'est l'évidence. Il s'aggrippe pour ne pas me laisser tranquille. Le harcèlement continue, d'une certaine façon et pour autant que c'en ait été un (ce que me confirmera mon ancienne psy que je dois retrouver la semaine prochaine)

Chaque fois, je rêve de lui.

Je sais que j'ai longtemps rêvé de la situation avec mon père. J'ai en mémoire un froid et particulièrement désagréable rêve où j'étais assise à mon bureau en train de dessiner (à moitié absorbée, comme on peut l'être dans un rêve, par quelque chose de complètement farfelu, en l'occurence des crayons de couleur dansant en forme d'arc-en-ciel), lorsqu'il a bondit bestialement et plein de fureur dans la chambre pour me... oui, encore heureux, le rêve s'était arrêté là. Mais c'est un des rares rêves où la situation se déroulait comme dans la réalité. Le reste du temps, tout se faisait sous couvert de métaphores plus ou moins habiles, souvent filées, comme le vampire, que vous devez maintenant connaître.

Avec Lord T, de toute évidence, je n'y arriverai pas. Mon esprit n'a pas l'air de maturer la question en la digérant via un processus métaphorique, ou une représentation abstraite quelconque, mais bel et bien des portraits cinglants de réalisme et de vérité : quand un élément varie du réel, vous pouvez être sûrs qu'il n'a pas la moindre influence sur ce qui se passe. Le décor varie par exemple, mais ni la rancoeur tenace, ni le mépris, ni les mots blessants, ni même, de mon côté, l'impression que tout est fini et que le moindre de mes efforts me coûte sans rien accomplir.

Il ne s'agit pas de rêver pour utiliser une soupape de sécurité, je revis, quasiment toutes les nuits, avec lui, la même chose que ces six derniers mois : belle performance pour quelqu'un qui voulait partir. De toute évidence j'y suis encore.

Cette nuit, une variante : j'ai eu l'espace d'un instant l'impression que les choses se passaient différemment. Dans cette version, il y avait de l'espoir. Il avait accepté une sorte de conciliation devant un groupe de psys, et ne restait pas enfermé dans son mutisme. Et c'est naturellement le moment qu'a choisi le réveil pour sonner.

J'ai donc lutté pour me rendormir : il me fallait un happy end. Eh, merde, au moins une fois et en rêve, ça fait de mal à qui ? J'ai senti que j'en avais besoin, juste un peu, juste une fois, juste parce que je vais très mal, juste parce que j'ai recommencé ma frénésie des achats, juste parce que je pleurais au téléphone l'autre jour avec Joker, juste parce que ça arrive trop peu souvent actuellement, juste parce que Mirador n'en finit plus de m'étouffer. J'avais tout cela à l'esprit confusément et j'ai tenté de me rendormir, malgré mes deux matous qui miaulaient à qui mieux-mieux (faut que j'arrête de les nourrir au saut du lit, ça va me tuer mes grasses-mat' ça)

Dans un premier temps, ça allait. Je déménageais, mais il était gentil. Sa mère était gentille. Elle nous commandait des kilos de chocolat (conséquence que je présume découler de consommation de chocolat belge la veille, à propos merci encore Tibou, dans ce contexte précis ça n'en a peut-être pas l'air, mais j'ai vraiment apprécié). Lord T me fait visiter son campus, les pièces sont plus blanches, plus lumineuses, il a pour moi des attentions touchantes.

J'aurais dû me réveiller à ce moment-là car une fois de plus les choses ont mal tourné et nous sommes revenus à la case départ. Une fois de plus le réel a repris le dessus.

C'en est décourageant, si même mon inconscient, mon subconscient, et toute la tribu des -scients, ne m'aident pas à guérir, la tâche va forcément être plus difficile. Comme si j'avais besoin de ça, comme si elle ne l'était pas suffisamment, comme si franchement je ne pouvais m'attendre à un coup de main de personne, pas même de moi.

Au réveil (près d'1h20 plus tard), le même tableau : le nouveau toit en pente qui m'étouffe, les chats affamés (ce n'est pas bon non plus de dormir avec pareilles bestioles se pourléchant à côté), et la conviction d'avoir raté ma nuit.

1 janvier 2005

Ce conflit entre moi et mes proches

Lors d'un accrochage cet après-midi avec Mirador, j'ai compris qu'elle n'avait pas réellement de reproches à me faire : en réalité, ce qui lui déplaît, c'est la personne que je suis. Je ne suis clairement pas la personne qu'elle a été, je ne prends pas les décisions qu'elle aurait prises, et je ne pense pas de la façon dont elle le fait.

Ce constat m'amène à craindre les mois à venir : je n'ai rien à me reprocher sinon de ne pas être une autre.

Elle cherche désespérément des arguments à m'opposer sur ce que je devrais faire/penser/dire/ressentir, mais en réalité, rien de tout cela ne tient la route : je ne lui plais tout simplement pas.

De toute évidence, une personne de plus de mon proche entourage qui n'apprécie pas la personne que je suis.

De là, une question qui me taraude depuis quelques heures : faut-il, parce que les gens proches de vous n'apprécient pas votre façon d'être, en changer pour autant ?

Lord T (précisons : dans la prériode post-rupture) n'appréciait pas mon mode de pensée (trop axé sur l'émotionnel à son goût), Mirador n'apprécie pas mes occupations pendant mon temps libre (comme je dis, une fois toutes mes démarches effectuées, il vaut mieux que je m'occupe intelligemment, en écrivant, participant à la vie "associative" en faisant du bénévolat sur SériesLive, etc... plutôt qu'en fixant le téléphone en espérant qu'un recruteur m'appelle, mais apparemment non), mes parents n'ont jamais aimé mes choix dans pas mal de domaines (mes amis, souvent trop colorés à leur goût, mais aussi mes passions : l'écriture, le dessin, la japanime du temps où je m'y adonnais, les séries TV un peu après, etc... en fait dés que mon père me voyait avec un livre il me trouvait une autre occupation de type ménage et de fait, j'ai longtemps lu dans la clandestinité, bref, vous voyez le genre...)

Ca fait beaucoup de monde qui n'apprécie pas des traits de ma personnalité ou mes goûts.

La question se pose donc : devrais-je donc changer ? Dois-je faire ce travail sur moi pour cesser de déplaire ? Est-ce la condition sine qua non pour obtenir l'affection de mes proches ?

Ou bien cela veut-il dire que ce ne sont pas les bonnes personnes à placer dans mon entourage ? Ce sont des réactions que j'entends plutôt de personnes avec qui je vis, et il faut le dire, la cohabitation n'est (ou n'a été) facile dans aucun de ces cas.
Alors ? Dois-je m'en inquiéter et envisager une refonte de ma personne, ma façon de faire, de penser, d'envisager le monde, les choses que j'aime... ou décider qu'un jour quelqu'un s'accordera à mon tempérament et l'appréciera pour ce qu'il est : en ce moment, prêt à tout pour un peu de Paix.

1 janvier 2005

Insignifiant

Ce mot trouve toute sa plénitude lorsque Mirador ouvre la bouche. Tout ce qu'elle dit est, non pas assomant, non pas agaçant, non en fait, c'est insignifiant.

Son esprit se fixe sur tout ce qui peut être insignifiant. Je ne vois pas d'autre terme.

Certes, j'ai déjà parlé de mon admiration pour la mentalité Japonaise telle que je la perçois, à savoir qu'ils sont infiniment moins blasés que nous autres Occidentaux, et qu'ils accordent de l'importance aux plus menus détails de l'existence. Certes.
Et il est vrai que je suis, moi-même, un tant soit peu blasée, et distante, vis-à-vis de Mirador, dans un retournement de situation soapesque qui fait de moi (chose effrayante au vu de mes lectures récentes, voir post précédent) l'avatar de Lord T en cette maison. Entièrement vrai.

Mais la façon dont le cerveau de Mirador se focalise sur le plus anodin, le plus ridicule, et le plus mortellement inutile, a quelque chose de fascinant.

Par un concours de circonstances que je ne m'explique pas vraiment, mais dans lequel j'ai tendance à voir un peu plus qu'une coïcindence (plutôt dans le genre d'un acte manqué), deux des livres que j'ai lus la semaine passée ont ceci de commun qu'il y est question de personnes âgées en fin de vie. Je n'avais pas acheté ces ouvrages afin de lire sur ce sujet ; en fait, l'un est un auteur japonais que je m'étais promis de lire tôt ou tard -j'ai bien fait- et un autre est un récit d'une femme ayant vécu des brutalités morales étant enfant, et de la part de sa mère. Mais tous les deux se rejoignent (avec quelques trente ans d'écart environ) lorsqu'ils abordent les derniers jours de leur mère. C'était la minute littéraire.

Ce qui y est cinglant, dans un récit comme dans l'autre, c'est la décomposition minutieuse des étapes vers la sénilité. Avec, et c'est là que je reviens à mon sujet, de fulgurants points communs avec la situation de Mirador, que je sens un tantinet sur le déclin, et qui se focalise, donc, sur ce qui peut être aux yeux du commun des mortels franchement sans intérêt.
Deux hypothèses.

Soit Mirador, du haut de ses 75 années de sagesse et d'expérience, a appris que ce qui a vraiment de la valeur en ce monde est en fait insignifiant au premier abord... soit elle déraille sincèrement. Me tenir un discours d'un quart d'heure sur une lettre de la Poste qu'elle pensait n'avoir pas reçue mais qui est en fait dans sa pile de courrier depuis plusieurs jours (au passage, non sans avoir égratigné les jours précédents, la qualité des services postaux, ces incapables qui n'ont pas l'air d'avoir compris que la seule boîte aux lettres de la ville qui compte réellement doit être desservie avant 9h tapantes) ça tient quand même de la folie ! Ca fait une demi-journée qu'elle s'est aperçue que la lettre est arrivée, il faut se remettre !

Trixie a passé la nuit dans la cuisine alors que normalement les chats dorment avec moi. Sauf que pendant qu'hier soir nous regardions une video à l'étage ("Seul au monde", un peu tristoune pour entamer la nouvelle année mais bon, ce n'est que mon avis) elle s'est faufilée et nous l'y avons enfermée. Avec ce que cela comporte d'inquiétude le lendemain matin, forcément ! Nous l'avons retrouvée sur le coup de 11h, et au déjeuner (deux heures plus tard, donc), j'en entends encore parler : elle est retrouvée, le mystère est résolu, passons à autre chose !!! Et quand les obsessions d'insignifiance de Mirador ne se fixent que pendant une demi-journée, je m'estime heureuse.

Il ne fait pas bon vieillir, croyez-moi !

30 décembre 2004

Victime

J'ai trouvé dans la bibliothèque de ma grand'mère un livre intitulé "Harcèlement Moral". En vérité, je vous le dis : édifiante lecture.

Tandis que je m'attendais à retrouver majoritairement les comportements de mon père tels que je les ai connus, j'ai en fait trouvé les comportements de mon père, de Lord T, d'un ancien employeur... La question se pose donc sous un jour nouveau : moi qui m'en suis toujours défendue, suis-je une victime ?

Quand je vivais chez mes parents et que je trempais mon lit de larmes presque chaque nuit, je me répétais que je n'étais pas battue, et j'ai toujours refusé ce terme. J'ai en fait carrément décidé que je n'étais pas victime : c'était normal dans un sens, je considérais que tout cela était justifié.

Plus tard c'est devenu un credo de défense : je n'étais plus victime. Je me souviens me l'être répété consciemment une fois ou deux en guise d'encouragement. Pour finir je suis passée par une longue phase où j'étais convaincue d'être inébranlable et où, forcément, le terme victime ne pouvait plus coller.

Voilà comment on est une formidable victime. Pendant que je décrétais être forte, je désignais mon flanc à tous les prédateurs en mal de chair à déchirer et d'organes à éviscérer. Je me bernais afin de ne pas voir que je continuais de laisser prendre ce genre de comportements sur moi.

J'ai donc laissé Lord T entreprendre le même type de comportement de terreur sur moi que mon père l'avait fait avant.
Comment ne me suis-je pas aperçue de cela ? Les mêmes méthodes, les mêmes tons, les mêmes gestes...! Comment ai-je pu me contenter de dire que j'étais malheureuse, et ne pas affirmer "je me suis laissée emprisonner dans la même spirale de souffrance" ?

Il est dit dans le livre que les enfants ayant vécu des violences morales de ce type ont tendance à les reproduire. Ca, j'aurais presque pu vous le dire. J'aurais par contre apprécié que quelqu'un me prévienne que nous avons tendance à les laisser reproduire !!!

Suis-je une victime ? On dirait. La vraie question c'est : comment ne plus en être une ?

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