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ladytherapy

4 octobre 2004

Haine

Pas facile de rester humain quand on se sent malheureux. J'ai toutes les peines du monde à garder de l'estime pour moi-même lorsque ma vie me fait horreur. Cependant, je pense que l'image que j'aurais de moi serait pire encore si je ne faisais pas d'efforts pour faire ressortir le meilleur de moi-même, y compris quand cela n'est pas nécessaire.

Après tout, quand il s'agit de survivre, peu importe à quel prix, n'est-ce pas ? Eh bien non, je m'acharne à essayer de bien faire les choses, bien traiter les gens. C'est aussi comme ça que je vais survivre, me semble-t-il parfois. Quand la période de crise sera passée, il faudra tout de même pouvoir affronter le regard de la femme dans le miroir. Ce n'est pas donné à tout le monde...

Pourtant il est des moments où la haine me submerge. Où toute atteinte à ma personne, mon intégrité, et le respect minimum qui, me semle-t-il, m'est dû, me met dans une colère noire et dévastatrice. Dans ces moments-là, je voudrais tuer, pire, blesser, profondément, et si possible mentalement. Je suis cruelle, et j'ai une certaine satisfaction à l'être. Je me repais de l'idée qu'on n'est pas meilleur avec moi et que donc je peux m'octroyer ce droit d'être infâme. La vie l'a bien été elle. Et il l'est bien, lui, lorsqu'il me menace de me mettre à la porte, tout en me rabaissant le plus possible. Et moi, je devrais rester calme, impassible, prendre sur moi et être patiente ? Parfois la patience devrait aller se faire foutre.

Je n'ai aucun mérite de savoir frapper où cela fait mal, et d'être réellement mauvaise. Tout le crédit en revient à mes parents. Ils me l'ont si bien appris, je ne fais que rendre justice à leur oeuvre. Pendant des années j'ai vécu des joutes verbales d'une profonde laideur et d'une cruauté sans nom, la règle implicite semblait être que celui qui se tient encore debout mentalement a gagné. J'ai eu une formation du tonnerre sur ce terrain. La haine, je sais la libérer, la laisser inonder mon esprit et prendre une force presque sanguinaire.

Parfois dans un accès de rage (souvent parce que, comme une bête, j'ai été blessée et que cela libère mes pires vilénies), je m'exclame "Tu veux être méprisant ? Tu veux être cruel ? Tu veux être méchant ? Vas-y, viens, c'est mon terrain, j'ai grandi là-dedans, je peux jouer à ça, je peux le faire et je te ferai mal moi aussi. Tu n'as même pas idée de ce que je peux faire. Entraîne-moi sur ce terrain, tu vas m'y trouver".

Et à l'intérieur de moi-même une voix frissonne de peur, je ne sais pas si c'est une part de moi que j'effraye parce que je suis intimidante, ou parce que je hais ma haine, et que je la sens prête à me dévaster autant qu'à dévaster l'autre. Il y a tellement de violence en moi que je suis touchée la première. Voilà qui avant tout, blesse, l'image que j'ai de moi-même, une fois revenue au calme.

Mais aussi, est-ce ma faute ? Après tout, on a tous nos limites, et on ne peut décemment pas accepter que d'autres les franchissent impunément, en espérant que nous passerons l'éponge. Parfois c'est simplement trop. Et je me suis construite dans un univers où ce genre d'irrespect payait cher. Peut-être que si le monde arrêtait de me faire autant de mal, cette haine en moi s'étoufferait. Il me semble que c'est déjà arrivé temporairement, mais c'est vrai aussi que juste après, je me reprochais d'avoir baissé ma garde. Il faudrait ne jamais avoir à s'endurcir autant.

Cette haine que je ressens depuis ma plus tendre enfance s'est calmée, ou plutôt porte désormais sur autre chose. Je n'en veux plus tant à mon père : j'en veux à la vie. C'est elle qui l'a abimé et me l'a donné tout cassé, tout tordu, tout dysfonctionnant. Et fait de même avec moi, petit à petit.

Et des jours comme aujourd'hui, j'ai envie de me lever et de lui dire, à la vie : "vas-y, viens, essaye, je vais te buter, je vais te faire souffrir comme personne avant tu seras brisée, tu seras une loque". Mais on lui fait pas ça, à la vie. Ca ne marche pas comme ça.

Et puis, finalement, ça marche comme ça avec personne. Le mal que je fais aux autres dans ces cas-là, il me revient : on fait monter les envies de vengeance, de haine, de colère, de blessure, d'affrontement. Et on ne s'en sort ni grandi, ni très en forme.

J'ai pourtant essayé, je le jure, d'être patiente. Compréhensive. Tolérante. De prendre sur moi et de me dire que ce n'était qu'une phase. Mais, quoi ? A un moment, laisser couler ce n'est rien d'autre qu'être faible. Pas question d'être faible. Ma vie va mal, c'est une chose. Que je me laisse piétiner en est une autre, et c'est hors de question.

En fait le dilemme est le suivant : libérer la haine qui heurte tout le monde y compris une part de mon âme, ou me laisser piétiner et à terme, n'être plus personne...?

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3 octobre 2004

J'ai oublié aussi

Je viens de regarder la fin de Sept à Huit sur TF1, où une jeune fille expliquait son enfance malheureuse, qu'elle a consignée dans un livre. J'ai reconnu beaucoup de choses en elle qui sont en moi, au niveau du comportement principalement puisque je n'ai pas été battue à proprement parlé. Je regrette de n'avoir noté que le titre de livre et pas le nom de cette jeune fille...

EDIT : j'ai réussi à trouver le lien vers Amazon, la fiche de ce livre est ici.

3 octobre 2004

Ils ne reviennent jamais

J'étais en train de repenser à toutes les personnes qui ont disparu de ma vie. Et elles sont nombreuses.

Pourtant, pas une n'est morte (enfin, je ne crois pas). Mais elles s'en vont et ne reviennent jamais. Et bien-sûr, ne font jamais mentir le proverbe qui énonce, sententieux, que "ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier".

Je n'ai jamais eu à affronter la mort d'un proche. Il faut dire que je ne connais pas la moitié de ma famille. La moitié ? Les bons trois quart ! Mes parents ont eux-mêmes fait un sacré tri dans leurs relations. Mon père s'est fâché avec tous ses frères et soeurs. C'est une prouesse, quelque part : sur 3 frères et soeurs si différents de lui, il n'a pas réussi à s'entendre avec ne serait-ce un seul d'entre eux ! Quant à ma mère, elle est fille unique, et de toutes façons, sa vie sociale et familiale s'est complètement faite phagocyter par celle de son époux. En prenant son nom, elle a oublié les siens. Elle laisse à sa propre mère l'honneur de partir à la recherche de nouvelles à sa place. Non qu'elle se soit fâchée du moins, il ne me semble pas, mais... c'est une sorte de fénéantise.

Donc, je n'ai jamais expérimenté la perte d'un membre de ma famille. Certaines personnes s'en sont étonnées : normalement, même s'il s'agit d'une lointaine tante ou d'un cousin non germain, on a tous connu ça au moins une fois. Eh bien, non, pas moi.

Mais j'ai souvent eu l'impression de vivre des pertes tout aussi douloureuses. La perte de quelqu'un qui n'est pas due à la mort est encore plus douloureuse : elle est voulue. C'est pire. Et en général, ps par vous. Mais même quand c'est le cas, ça fait mal. C'est pas dingue, ça ?

Une chose que j'ai apprise, cependant : une fois que vous les laissez partir, ils ne reviennent jamais. Quoi que vous fassiez, ils ne reviennent jamais. Parfois vous arrivez à avoir une conversation ou deux avec eux, au téléphone ou en live, parfois vous regardez le calendrier en vous disant que c'est son anniversaire et que ça fait 10 ans que vous ne le lui avez pas fêté.

Au départ, celle qui s'éloignait, c'était moi. Mes parents nous ont tant fait déménager quand j'étais petite ! Longtemps, mes amis ont été rares, ou très envahissants parce qu'unefois que j'en avais un ou deux, je les laissais m'accaparer et prendre toute la place. C'était tellement rare que je ne faisais pas la part des choses !

Et puis, quand enfin nous avons emménagé dans notre maison (comment puis-je dire "notre" ??? Je n'y ai pas posé les pieds depuis près de six mois et n'y retournerai plus jamais), la tendance s'est inversée et ce sont les autres qui ont pris le soin de disparaître de ma vie. Mon Dieu, quand je fais le compte : Sophie, Géraldine, Dao, Arnaud... et tous les autres, les un peu moins vitaux, ceux qui étaient vraiment de bons compagnons de route mais qui, quand je regarde en arrière, ne pouvaient pas tenir le cap, n'étaient pas taillés pour.

Il y a quelques mois, c'était à nouveau mon tour de laisser quelqu'un derrière moi, et la blessure est encore fraîche. On ne quitte pas ses parents de gaîté de coeur : on le fait parce que rester fait encore plus mal. Et entre deux maux, toujours choisir le moindre, à moins d'être masochiste mais ce n'est pas le genre de la maison.

Et aucun n'a jamaisrien fait pour revenir. Ils s'attendent à ce que vous fassiez des pieds et des mains. Mais la douleur est telle que vous restez plantés là, en vous sentant impuissant (et sans jamais vérifier si c'est bien le cas).

Avec Lord T, je n'ai pas voulu baisser les bras. Et c'est pire encore. Cette fois j'ai l'impression de ne pas être capable d'empêcher la séparation. Il ne veut pas partir, mais il ne veut pas rester, non plus. Pas en l'état. Et c'est dans ces cas-là que je mets toute ma patience, toute ma compréhension, toute ma compassion, à trouver une solution. A prendre les choses paisiblement au lieu de hurler, de pleurer, de trépigner, de faire mille folies, de formuler mille menaces... ça demande tellement d'énergie d'être une personne digne. D'être une personne forte. De cultiver le petit lien qui reste et d'espérer que, non, pas cette fois, il ne partira pas, pas tout à fait, il s'éloignera, peut-être, mais restera dans ma vie.

Je me dis que si ce lien se casse, pas plus qu'un autre je ne pourrai le reconstruire, seule, de mes mains. C'est encore plus difficile avec quelqu'un qui est aussi émotionnellement anesthésié.

Mais comment accepter cela ? Ce n'est pas la faute à pas de chance, ce n'est pas tolérable, je ne peux plus laisser partir quelqu'un sans rien faire, les bras ballants, en pleurant. Je pouvais me permettre de faire ça quand j'étais môme, quelle serait mon excuse à présent ? Tant de gens que je voudrais avoir encore dans ma vie et que j'ai laissés partir...

Grandir, c'est ne pas laisser tomber devant l'adversité, n'est-ce pas ? C'est quitter ceux qui vous font mal depuis des années, et garder, dûssiez-vous vous briser les bras à force de tenir la corde, les gens que vous aimez auprès de vous. Non ? Ou est-ce le contraire ? Accepter de laisser partir les gens même si personne au monde ne pense que ce soit bien, juste parce que ça se produit, presque par hasard...?

Se laisser faire, se laisser oublier ? Ca semble impossible.

Et je ne peux pas admettre non plus d'être seule au monde. Qui admettrait une chose pareille ? Il ne me reste que lui, c'est lui qui me connaît le mieux au monde, et inversement. Si je laissais tomber pour lui, alors autant me laisser tomber moi-même. C'est le pire aveu d'échec, la pire remise en question qui soient, accepter que ce qu'il connaît vaut la peine d'être laissé derrière, accepter que ce que je connais n'a pas plus de valeur qu'un souvenir vague et lointain, et surtout, considérer que presque 5 ans de ma vie et de notre vie, peut s'engouffrer dans le néant sans rien dire.

Je suis sensée laisser faire ça ? Je suis sensée poursuivre seule, loin des gens qui me font du bien, poursuivie par les douleurs infligées par les autres ?

Qui fait ça ? Comment font les autres ?

Voilà, c'est le genre de questions qui empêchent un tantinet de dormir. Allez, cette fois il faut que j'y aille. Faut que je dorme. Mal barré pas vrai ?

3 octobre 2004

Quand vient la nuit

Mon pire cauchemar ne se déroule pas quand je dors, mais bien quand je dois dormir. Je ne connais rien de pire qu'avoir cette obligation devant soi et savoir qu'on ne peut qu'y fléchir... mais que le simple fait de savoir qu'il faut le faire est déjà un signe que cela sera impossible.

Soyons clairs : j'ai tenté toutes les techniques prétendues "éprouvées", mais la plus éprouvée c'était toujours moi à la fin. Il y a plusieurs écoles de conseils qu'on peut trouver dans son entourage. D'abord, ceux qui vous disent qu'il suffit de vouloir dormir. Sincèrement, qui voudrait perdre plusieurs heures de sa journée quand il n'est pas satisfait du tour que les heures éveillées ont pris ? Personnellement, quand je ne suis pas contente de ma journée, je préfère m'acharner sur elle afin d'y trouver au moins un bon point. La finir en beauté, à défaut de l'avoir bien vécue. Avoir trouvé un peu de réconfort dans le fait qu'elle n'a pas été tout à fait pourrie. Il y a ensuite ceux qui prétendent qu'il ne faut penser à rien, mais ce sont en général ceux qui ne pensent à rien ni avant de dormir, ni le reste de la journée. C'est facile pour eux ! Mais moi ? Moi qui pense déjà à demain, aux lendemains, à ce que je devrais réussir à faire, à ce que j'aurais dû faire, et si je l'ai fait, cela a-t-il été bien accompli ? Ok, on oublie cette fichue technique, c'est comme de recommander à quelqu'un qui a un bouton de moustique de ne pas se gratter. Combien d'entre vous ne grattent pas du tout le boutons de moustique ? Pas un petit coup d'ongle ? Même pas du bout d'un doigt ?

De toutes façons, plus j'essaye de dormir, moins j'y arrive. Quand on se répète pendant plusieurs heures "il est tard, il faut que je dorme, maintenant", ça ne fait que vous mettre face à l'évidence : vous ne dormez pas. Et avez peu de chance d'y arriver de la sorte.

Avec moi, ce qui marche, c'est l'épuisement. Il survient classiquement entre 3 et 6h du matin. Pendant très longtemps, j'ai pensé que mon rythme de sommeil était décalé. Qu'à la limite, avec le décalage horaire, je me sentirais mieux, mettons, au Canada. Nenni, mes amis. Au Canada, c'est pareil qu'en  France : quand il faut dormir, vous n'y êtes pas prêt. Vous n'en avez pas envie. Vous avez peur. Vous avez mille autres choses à penser.

Donc, je suis devenue Docteur ès Insomnies. Je sais mieux que quiconque comment les meubler, et jusqu'à quel point. Cela semble simple au premier abord mais c'est là toute une technique, et c'est à vous oui vous, petits veinards, que je vais la dévoiler. Avouez que ça valait le coup de venir lire ce blog non ? Une insomnie réussie repose sur trois pilliers : avoir quelque chose à faire, quelque chose à boire, et savoir quand elle finit. Quelque chose à faire ? A votre guise, personnellement rien ne marche aussi bien qu'un écran, télévision et/ou ordinateur. Quelque chose à boire ? Selon la saison : un verre de lait glacé (ceux qui racontent que le laid chaud marche pour dormir ont sans doute la nostalgie du temps où, enfants, après une journée pleine de cavalcades et de rires, même une intraveineuse d'adrénaline les aurait envoyés au pays des rêves), un verre de thé glacé, ou encore du sirop d'orgeat. Pour ce qui est de quand s'arrêter, j'ai eu longtemps du mal à le discerner. Quand vous baillez plusieurs fois par minute, que votre dos craque sinistrement, et que vous vous resservez du thé pour la énième fois depuis le début de l'épisode, là, résolument, vous commencez à lutter instinctivement contre le sommeil. Il est donc temps de passer à la phase suivante : lutter contre la terreur de dormir.

Mais, dans le fond, pourquoi ai-je peur de dormir ? Parce que j'ai peur du noir ? Bon, d'accord, peut-être, ces maudits "vampires" me font encore m'emmitouffler dans ma couette même au coeur de l'été, et cela, bien que j'aie allègrement passé les 22 ans à présent. Mais pas seulement. Parce que dormir, c'est à la fois admettre que la journée est finie (et donc accepter l'échec), et se résoudre à attaquer la suivante. Sans savoir, c'est une aberration, ce qu'elle réserve. Et, selon mon expérience, rien de bon.

En plus, ce n'est pas parce que la lumière est éteinte (ou en tous cas le plafonnier, puisque le noir total m'est impossible, j'ai besoin de garder un oeil sur mon environnement) que vous dormez. Nooooooon. Pensez vous, trop facile. Votre cerveau n'est pas tout-à-fait éteint, lui, pas même après 28 heures de veille, pas même après un épisode de Derrick, même pas après deux cachets soigneusement choisis par votre médecin. En général, il montre juste quelques signes de faiblesse que vous devez exploiter. Percer les défenses, et elles sont nombreuses, et solides. Vous luttez contre vous-mêmes. il est vite une heure de plus que quand vous avez remonté la couette sous votre nez la première fois. Il faut un peu plus chaud, alors vous partez ouvrir la fenpetre, vous êtes à nouveau réveillé. Ca peut tout bonnement durer jusqu'au petit matin si vous n'adoptez pasune tactique vile : la diversion. Orientez votre cerveau vers un lieu qu'il ne peut pas refuser d'aller chercher, mais qui ne cause pas de tracas. Faites-lui imaginer une autre vie.

Oui, j'ai fait mes plus beaux rêves à ce moment-là : quand mon esprit commençait à divaguer mais pas assez pour me montrer autre chose que ce qui pouvait m'apaiser. Mais mon vrai rêve, c'est de n'avoir pas peur de dormir. Parce que c'est aussi paralysant que d'avoir peur de vivre.

1 octobre 2004

Les ficelles du métier

Je pense très souvent à ce que mon éducation m'a donné, et que je trimbale sans m'en rendre compte.

L'un des exemples les plus flagrants, c'est ce réflexe d'analyser les gens. J'ai parfois l'impression de les passer au scanner. Le moindre de leurs mots semble enregistré dans ma base de données secrète, et je suis capable de ressortir n'importe quelle information "importante" sur cette personne. Y compres (et c'est bien là que c'est le plus angoissant) quand ça peut me servir.

Ce qui me fait faire des cauchemards, c'est que tout cela se fait de façon instinctive. J'ai ça sous ma peau, dans mes veines, presque dans mes gènes. J'ai fini par passer un peu de temps à réfléchir dessus et ça s'est imposé à moi : c'est mon enfance qui veut ça.

J'ai tout de même passé les quelques 18 premières années de ma vie à comprendre (ok, je corrige : tenter de comprendre) mon père et son comportement. Je cherchais à lep révoir. C'était nécessaire. Un simple mot avait de complètement différentes implications selon que, par exemple, il était bien ou mal levé. De bon poil ou non. Qu'il s'était engueulé avec quelqu'un au boulot dans la journée ou pas. Qu'une nouvelle facture avait atterri sur le coin de la table dévolu à ce genre de petites piques du quotidien, ou au contraire une liasse de photo venant de ses parents. Ca semble pourtant évident. Mais pas avec mon père. Car chez lui, tout se passe toujours sous un masque sévère. Il fallait comprendre le vrai pourquoi, pas celui qui semblait évident : en réalité, croiser les couverts ne met personne dans une rage noire. Pasmême lui contrairement à ce que j'ai cru au départ. En réalité, vous êtes juste la goutte qui fait déborder le vase.

Conséquence directe : vous passez votre temps à vous surveiller, vous et vos congénères. Et j'ai remarqué que c'est quelque chose que je fais toujours. Au milieu de la plus insignifiante conversation, je me surprends à penser "ah, c'est bon à savoir ça", commm si au fond de moi une âme bien plus noire était à l'oeuvre et que je l'intercepte de temps à autres.

C'est réellement effrayant d'être si peu souvent en Paix, d'épier les autres contre son propre gré.

Mais pourtant, voilà une partie de mon éducation : je suis rompue à cet exercice de surveillance, de détection de faiblesses, de qualités, de défauts, d'opinions, de désirs, de rêves, de projets, de souvenirs...Chaque fois que quelqu'un me dit quelque chose qui réponde à l'une de ces catégories, tout se grave dans mon cortex, prêt à ressortir si besoin est.

L'exemple qui m'a frappée à ce sujet se déroule il y a deux semaines. Un ami, appelons-le Joker, vient me voir alors que je suis en larmes suite à certains problèmes personnels que je dévoilerai sans doute ultérieurement, mais qui, pour résumer, m'obligent à déménager sous peu, alors que je n'ai aucun revenu ni personne chez qui aller. Joker me dit donc "il doit bien y avoir une solution, on ne peut pas te laisser à la rue". On parle pendant 5 mn en tentant de trouver une solution, et alors une petite lampe s'allume en moi, juste une sorte de conscience supplémentaire, et je dis quelque chose du style "je sais pas quoi faire, j'ai plus de famille, plus rien" et j'ai eu un petit regard larmoyant style cocker abandonné au bord de l'A6. Et Joker a répondu "Ecoute, si ça ne va vraiment pas...". Et là, une part de moi a pensé "tu es là où je voulais t'emmener". Alors que je n'avais pas du tout conscience de cela, je venais tout de même d'accomplir ce miracle de comprendre son mode de pensée et de prévoir quelle réponse il donnerait à cela. De fait, j'ai dit merci mais je comtpe refuser tant que je pourrais. Pas question de profiter de cela sur un ami.

A la suite de cet incident, je me suis remise en question. J'ai réanalysé certains moments de ma vie et j'ai réalisé que je faisais toujours ça, mais complètement inconsciemment. Je comprennais mieux les accusations d'une certaine personne, nommons-le Lord T, qui était certain que je l'avais manipulé.

D'où que cela me vienne, je suis terrifiée à l'idée de recommencer. Et captivée en même temps. Avoir un tel pouvoir sur les gens, c'est tellement exaltant. D'où ma peur !!! Je me demande à quel point tout cela m'a servie et desservie dans ma vie jusqu'à présent, et si ma soeur, par exemple, expériemente les mêmes choses, bien que je sache pertinemment qu'elle n'a pas du tout eu la même vie que moi, ni lam ême éducation. C'est un nouveau vice à rajouter sur la liste de ce qui me reste de mon enfance...

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30 septembre 2004

Au nom du Père ?

C'est un vaste sujet, qui renvoie à beaucoup de choses... Et comme le sujet était né sur un forum que je fréquente, voilà notre premier thème.

Ma famille a une histoire religieuse complexe, et selon moi, sitôt qu'on parle de religion on parle forcément à un moment de la famille. et, tout de suite, je me sens sur mon terrain.

Ma grand'mère maternelle était baptisée catholique, comme le reste de sa famille. Mais pendant la 2nde guerre mondiale (elle avait entre 10 et 15 ans), elle a été ulcérée et choquée par le comportement des Catholiques qu'elle a rencontrés, même et en fait surtout par les religieux à proprement parler. Elle a connu un curé collabo, d'après ce que j'ai compris, ça n'aide pas, et aussi il y a eu un problème avec des bonnes soeurs qui vraisemblablement se sont détournées des nécessiteux, alors que la charité chrétienne supposait qu'elles accueillent des gens comme ma grand'mère, qui tentaient d'échapper aux camps de travail (de fait, c'est là qu'elle a atterri avec sa mère et ses petites soeurs, eh oui sale époque, faisait pas bon être Polonais ou pire, Allemand exilé en France, et habitant, de surcroît, en Alsace. Il s'avère que la famille de ma grand'mère maternelle était tout cela à la fois...) Bref, écoeurée, elle a renié sa foi et s'est faite protestante (là où j'avoue, je ne vois pas vraiment un signe de changement marquant mais bon). De fait, ma mère est baptisée protestante aussi, et par voie de conséquence, ma soeur et moi le sommes. C'est là que les choses sont assez dingues. Ma mère ? Elle croît, sans plus. Ne prie pas, ne pratique pas, rien. Elle a juste cette étrange constante dans sa vie : Dieu existe. Mais elle ne fait pas "affaires" avec lui de quelque façon que ce soit. En fait une fois que je mettais le sujet sur le tapis, non sans beaucoup de maladresse car il est des familles dans lesquelles on se livre peu, j'ai appris avec surprise qu'elle était croyante, je devais avoir au bas mot une quinzaine d'années. Ma soeur ? Petite, c'était un grand flou artistique sur ce point. Et puis, il y a quelques années, elle a commencé à afficher un portrait de la Vierge au-dessus de son lit, porter une croix autour du cou dont elle est incapable de se séparer ou presque (toute massive qu'elle soit), et je la soupçonne de prier de temps à autres, bien que ce soit l'un des nombreux sujets que ma famille n'évoque jamais, ou avec mystère, comme quelque chose d'inavouable. Alors que je serais encline à penser qu'on a envie de faire connaître à d'autres la sérénité que notre foi nous apporte...

Quant à moi, vraiment... Il paraît qu'étant petite, je priais souvent et aimais aller dans les églises. Je n'en ai pas le souvenir. Je sais que j'ai passé la majeure partie de ma vie à me le demander. Chaque fois que mon père faisait ou disait des choses insupportables pour moi, je sais que mon réflexe une fois seule était de lever les yeux au ciel en pleurant et demandant "pourquoi ?". Sans doute que, n'ayant jamais trouvé de réponse acceptable, je me suis détournée de toute forme de religion. A une certaine époque de ma vie, c'en était presque à un état de révulsion, sans doute parce que j'ai, moi aussi, croisé le chemin de personnes qui se disaient ferventes et pieuses, mais dont le comportement odieux m'a profondément marquée (tu ne t'en souviens pas mais moi je pleure tous les 9 octobre...)

J'estimais avoir plus ou moins pris position, quand certaines choses ont changé ma façon d'appréhender ce problème. D'abord, j'ai été mise en contact avec la religion juive (oui, oui, tout-à-fait, y compris via Une Nounou d'Enfer), dont l'état d'esprit s'est avéré plutôt proche du mien (dans ses formes les moins radicales, cependant). Je me suis reconnue dans pas mal de choses provenant de cette religion, la façon de penser, la culture, même... Vers la fin de mes années de lycée, j'envisageais sérieusement une conversion. Enfin, envisager seulement, car je n'étais clairement pas prête à sauter le pas. D'ailleurs d'autres faits marquants de ma vie m'ont fait mettre cette préoccupation de côté.

Le second évènement à avoir ébranlé mes convictions a été le 11 septembre. Pas n'importe lequel : LE 11 septembre. Vous voyez. Ce jour-là, je me suis effondrée en larmes. Parce que les Etats-Unis sont une des patries d'adoption de mon âme (car en plus d'être relativement apolitique et athée, je suis aussi apatride... ou plutôt, multipatride), parce que la seule pensée de milliers de gens en train de souffrir (victimes et familles tout mêlés) m'a brisé le coeur, parce que... parce que l'état de mon coeur avait aussi à l'époque de curieuses similitudes avec l'état des deux tours, aussi. Ce soir-là, j'ai eu une longue engueulade avec Dieu (et je dois dire que comme avec toutes les personnes avec qui je m'engueule, c'était un dialogue de sourds...), j'était chamboulée par ce qu'Il avait osé permettre. A partir de ce moment, Lui et moi avons été irréconciliables, quelle que soit la religion par laquelle Il m'était présenté. C'était simplement impardonnable.

Ont suivi environ deux ans pendant lesquels j'étais remontée (deux ou trois fois encore nous avons eu de violentes disputes, où Il a chaque fois gagné par forfait, Il est très fort pour ne pas répondre et vous lasser), et chaque fois que ce genre de débat se profilait avec quelqu'un, j'affirmais avec véhémence que la seule chose en quoi l'homme doit avoir foi, c'est lui-même, sans quoi c'est de la lâcheté. Pour moi, le simple fait de remettre sa vie entre les mains d'une sorte de sur-être dont on ne peut pas même vérifier qu'Il se préoccupe de vous, si tant est qu'Il existe, est de la pure inconscience. Et une certaine solution de facilité. Il y a toujours quelqu'un pour porter le chapeau en cas de ratage : c'est pas votre faute, et d'ailleurs ce n'est pas une faute puisqu'Il en a voulu ainsi, et au cas où un doute subsisterait, on peut toujours invoquer l'imparable excuse du Diable qui cherche à dévoyer de gentils petits humains faibles et sans défense... C'était dans mon esprit l'excuse parfaite en toutes circonstances pour se dégager de toute responsabilité, et fuir les décisions. Peu importe les conséquences puisque cela fait partie de Son plan ! Et je suis également du genre à penser que dans toute relation d'Amour, c'est donnant-donnant, ce sur quoi Lui et moi, on n'est pas d'accord visiblement. Je connais plus de fervents croyants malheureux que de fervents croyants heureux. La religion naît toujours au sein de peuples en crise, d'ailleurs. A mon avis, s'Il est là, Son Amour est franchement limité.

Depuis quelques mois, les choses se remettent doucement en mouvement en moi sur ce sujet. Il y a un peu plus de deux mois, j'étais moralement disloquée, et l'un de mes réflexes a été d'appeler l'Eglise la plus proche de chez moi et de demander à en voir le curé. Réflexe certainement conditionné par des années et des années de télévision américaine, où tout ce pieux petit monde se réfugie dans des lieux saints au moindre doute existentiel (amateurs !). J'ai été plus que déçue : terrorrisée. Le curé m'a accueilli à peine une minute dans un foyer proche de l'Eglise, puis m'a confiée à une femme qui n'était pas du culte, chargée de se consacrer à l'aspect pratique de mes problèmes (et il s'est vite avéré qu'aller vivre parmi les nonnes et les jeunes enrôlés dans les Jeunesses Catholiques ou peu importe leur appellation, était la seule solution envisageable, ô frayeur !). Or je n'étais pas venue pour cela, mais bien pour tenter ce que je n'avais jamais osé : aller toquer à la porte de Dieu. J'ai eu une telle peur d'endoctrinement, que personne n'a démentie, que je me suis enfuie. Je me savais trop fragile pour résister à une séance de plus parmi ces gens. J'aurais, dans mon état, confié mon âme à n'importe qui promettant un tant soit peu de chaleur humaine et de réconfort.

Pour en revenir sur le cas de Dieu, je ne pense pas qu'Il soit capable de grand'chose pour nous. Mais je ne suis pas encore certaine de penser qu'Il existe ou non. C'est peut-être l'ingénieuse invention de coeurs solitaires (dans ce cas, pour effectuer le même travail, j'ai mon ours en peluche et lui au moins je peux le serrer fort quand ça ne va pas, Dieu peut-Il en dire autant ?!). Ou bien, une entité s'étant depuis éloignée de nous et dont nous cultivons le souvenir car sans Lui, beaucoup de l'espoir de cette planète s'affaisse brutalement. Ou encore, une merveilleuse trouvaille pour des irresponsables. Ou bien, rien de tout ce que l'on imagine : peut-être est-Il une chose indescriptible existant quelque part, mais incapable de ce dont on Le croit investi. Peut-être se morfond-Il d'avoir fait aussi bonne impression sur les êtres qui peuplent ce monde, et qu'Il se désole d'une impuissance qu'on ne Lui connaît pas. Ou encore, depuis le 7e jour, Il est si déçu par nous qu'Il attend, comme moi devant un Sim récalcitrant, que tout cela crève et qu'Il puisse retenter le coup en faisant mieux.

Je l'ignore. Je crois que c'est bien un des défis l'un des plus complexes qui soit que de se faire un avis. Et pourtant, côté problèmes complexes, j'ai de quoi faire un comparatif. C'est une aventure intérieure que je crois sans fin. Je pense qu'il n'y a pas de réponse. Juste une hypothèse avec laquelle on arrive à vivre. Pour l'instant, ma réflexion a trop souvent été interrompue par de basses et viles préoccupations, pour aboutir à quoi que ce soit.

Le plus intéressant dans tout cela, c'est que l'image de Dieu renvoie à l'image du père, et qu'à partir de là, il est facile de faire un parallèle : j'en veux à Dieu de Son impuissance et de Sa lâcheté autant qu'à mon propre père pour les mêmes motifs. C'est vraiment révélateur, non ?

Ce qui est étrange, c'est que j'ai développé certaines convictions corollaires autour de ce sujet. Par exemple, jusque rès tard, je voulais rester vierge jusqu'au mariage. Ok, je me suis reprise depuis (avec ce que ça m'a apporté de bon, hm même très bon, et de mauvais, bien mauvais, comme toute chose). Ou bien, je suis incapable de rentrer dans une Eglise (juré, mes pieds se vissent devant le parvis). La raison en est que, quelle que soit le motif pour lequel on m'y invite (le plus odieux d'entre eux étant à mes yeux "la visite touristique"), je ne dois pas m'y trouver. Si je croyais en Dieu avec ferveur, je n'apprécierais pas qu'une âme hurlant des mots aussi négatifs que "Je ne crois pas qu'il y ait un Dieu, ou en tous cas pas pour moi" entre dans le lieu de mon culte et le souille. Par respect et un peu crainte (car comment saurais-je ce que cela représente réellement que de croire en cet Etre ?), je ne viens pas piétiner de mon âme en colère leur hâvre de Paix. Mais je le leur envie parfois...

30 septembre 2004

Inauguration

Bienvenue dans ce blog. Ok, ok, ya eu plus original. Ca viendra, si tout va bien.

J'avoue que j'ai quelques appréhensions à commencer tout cela. D'abord parce que je suis novice en la matière, mais pas seulement. Il ne s'agit pas de craindre de mettre mon coeur à nu devant des étrangers. Je n'ai jamais eu de mal avec ça, bien au contraire. Simplement, j'espère être à la hauteur de mes ambitions. N'est-ce pas toujours un peu le cas ?

Je n'ai pas la moindre idée de ce que deviendra ce blog (donc c'est mal parti), mais je l'ai créé, au départ, afin d'exorciser certaines de mes pensées. Petite déjà, j'ai remarqué qu'écrire était salvateur. Mais le temps m'a fait abandonner les stylos et me tourner petit-à-petit vers mon ordinateur. Les mots, eux, sont toujours là, et j'attends d'eux qu'ils parviennent à me soigner comme avant. Utopie ? L'avenir le dira.

Je ne crois pas utile de me présenter à vous. Peut-être parce que depuis toujours, j'écris en m'adressant à ce "vous", et qu'aujourd'hui Internet me donne... une excuse ! Ou bien parce que je crois qu'il estbien plus intéressant de se révéler au long de mes messages, que de tenter une présentation directe.

Sur l'air de "bonjour, moi c'est ladyteruki j'ai 22 ans et je suis quelqu'un de ... et de ...", ou pire encore "j'aime ..., ... et ... et je tiens à faire un coucou à..." Mon Dieu, je me ferais pitié. Tout cela sentirait à plein nez la maladresse, l'immaturité, et qui plus est, ça ne révèlerait rien du tout. Alors faisons chemin ensemble quelques temps. On verra bien. Découvrez ce que vous voulez de moi, d'après ce qui selon vous transparaîtra dans mes textes.

Je me sens infiniment gênée de ce premier post ; je voudrais avoir atteint le stade qu'ont certains blogs : une mécanique bien huilée, des visiteurs assidus même (et surtout) rares, et surtout ne plus ressentir ce besoin d'expliquer le pourquoi du comment. Mon truc à moi, c'est de chercher le pourquoi, pas de le donner. Jaime qu'il finisse par s'imposer à moi au bout d'une série d'interrogations et de pensées diverses et variées. Mais l'offrir à quiconque lit quelques lignes ? Ce serait trop facile. Et je n'ai jamais eu aucun goût pour ce qui était facile.

Alors pourquoi Internet ? Pourquoi un blog ? Ce n'est pas si facile (vous savez ce que c'est qu'un fichier css vous ? Moi je viens de l'apprendre), et cela demande, aux dires de certaines personnes, une certaine audace, de venir dévoiler sur la place public les choses qui se trament au plus profond de vous-même. Il paraît. Je ne vois pas tout cela. Tout ce que je sais, c'est que j'ai le sentiment d'accomplir une des choses que je cherchais pour moi-même depuis un sacré bout de temps. Quant au reste, c'est le problèmes des messages à venir...

PS : ce blog ayant été créé chez u-blog à l'origine, et n'ayant pas trouvé comment importer mes commentaires de l'époque, on repart donc de zéro. Pour certaines notes c'est dommage encore plus que pour d'autres, mais bon... c'est mieux que tout perdre, non ? Bonne lecture aux visiteurs de canalblog !

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