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ladytherapy
27 décembre 2010

With a little help from my friends

Comment dit-on à un ami qu'on manque d'amis ? Ça fait plusieurs semaines que je me pose la question. Si c'est un ami, je devrais tout pouvoir lui dire et pourtant, idéalement, on essaye de ne pas blesser ses amis, et ici ne rien dire semble plutôt indiqué. Alors j'ai essayé de lancer le sujet, avec mes amis, de façon détournée, chacun à part, chacun d'une façon différente. Je ne sais pas combien ont percuté. Je ne sais pas comment ceux qui ont compris l'ont pris. Mais c'est là.

Je me sens seule. Je voudrais de nouveaux amis.
Je n'ai rien contre ceux que j'ai mais ils semblent, disons, trop peu nombreux. Si c'étaient des amants je dirais que je suis dans une période de nymphomanie où j'ai besoin de plus pour être satisfaite. Mais ce sont des amis et on va simplement dire que c'est une question de nombre. Ils ont leurs vies, ils ont leurs passions, ils ont leurs préoccupations... j'ai juste l'impression de les avoir un peu souvent fait passer devant moi et que maintenant, c'est trop tard, ils ne seront pas mes amis même pour ce qui est difficile. Que n'importe qui peut aller se faire une virée au restaurant mais qu'il faut les avoir bien accrochées pour aussi m'écouter pour parler de ce qui est sombre. Peut-être que j'ai l'impression d'être leur amie mais qu'ils sont mes copains. Peut-être que c'est injuste de dire cela. Peut-être que j'en demande trop d'un coup alors que pendant longtemps je n'ai rien demandé à personne.

Pendant des mois, des années, j'ai fait cavalier seul. J'ai fait semblant de me contenter des sorties détendues au resto. La vérité c'est que j'adore aller au resto. J'aime les soirées resto entre amis. Mais on dirait depuis quelques mois que je ne sais plus m'en contenter.
J'aime être avec eux. Je prends un sincère plaisir à m'en occuper, comme j'ai pu le faire pour Noël où j'en ai légèrement beaucoup fait pour rendre les choses confortables, notamment, à l'un d'entre eux. Mais peut-être, juste peut-être, que depuis quelques mois, j'attends que ce ne soit plus gratuit. Que j'attends qu'on me renvoie l'ascenseur.

Sans doute que j'ai trop donné l'image d'une nana qui se contentait des restos et gérait le reste toute seule. Peut-être que je leur ai trop renvoyé l'image d'une nana indépendante qui n'a besoin que de copains. A tous les coups, ils ont pensé que depuis qu'elle était partie, je voulais prendre de la distance. Et pendant quelques temps ça a été vrai. C'est sans doute là que les habitudes se sont prises...

Dans le fond je ne peux pas le lui reprocher quand il me dit qu'ils ne peuvent pas faire leurs agendas en fonction de moi. C'est évidemment vrai, et je ne saurais le leur demander. Mais lorsque je m'ouvre, lorsque je sais qu'ils auraient le temps, je leur reproche quand même de ne pas prendre le temps de s'occuper de moi pour de vrai. La vérité, c'est qu'un peu trop souvent, c'est la disponibilité intellectuelle qui semble leur manquer. Peut-être que j'en ai marre d'être celle qui est forte et indépendante. Des fois moi aussi je voudrais pouvoir harceler les autres de questions sur tout ce que je fais et attendre qu'ils valident ce que je dis, comme lui le fait quand il n'entend que quand je vais dans son sens. Moi aussi je devrais avoir droit à ça, non ? Ou bien sommes-nous tous bloqués dans des rôles immuables ? Je suis, serai, éternellement, la vieille du groupe, celle à qui on s'adresse mais dont il semble incongru qu'elle ressente aussi le besoin d'être, de temps en temps, délestée de la responsabilité d'être toujours sûre de ce qu'il faut dire et faire...

Ce qui m'amène à l'autre partie de ce qui me trotte dans la tête : il me faut peut-être de nouveaux amis, certes, mais s'il m'en faut, il me les faut plus âgés. Passer quelques heures l'autre jour chez cette collègue plus âgée m'a fait un bien fou. Mais c'est une collègue et j'aime trop cloisonner. Et puis, dans un monde comme celui dans lequel je travaille, gommer les limites, ce n'est pas très bon... on ne sait jamais. Les collègues bien intentionnées ne sont pas nombreuses, et il faut se méfier des apparences. Cloisonner c'est se protéger.
N'empêche que c'est tellement agréable de se lier avec quelqu'un de plus de 40 ans. C'est tellement libérateur. Horriblement prétentieux à dire mais j'ai l'impression d'être sur la même longueur d'ondes, de parler le même langage. On fait l'économie de tout un tas de choses. Pour autant, les conversations ne sont pas systématiquement sérieuses. On plaisante juste différemment. C'est libérateur. Je plaisante avec cette collègue et me reviennent à l'esprit toutes les fois où je me suis entendue avec des gens du double de mon âge ou plus, depuis toujours. A la maternelle déjà, ce qui m'intéressait, c'était de discuter avec la gardienne, pas de passer la récré avec les autres. Tout ça refait surface et je me sens tellement plus libre. Je n'ai pas besoin de faire semblant d'être forte et personne ne le tient pour acquis, et pourtant je ne suis pas la "petite jeune". A pied d'égalité, je suis une adulte avec une autre adulte. Ça me manque tellement de ne pas vivre ça plus souvent.

Ces derniers temps la vie semble truffée d'instants de grâce voués à ne jamais se reproduire. C'est aussi ça que j'ai envie d'exprimer quand je ressens le besoin de "plus d'amis, plus vieux". C'est accéder à une certaine stabilité dans mes relations, plutôt que ces petits instants qui sitôt après, et pour plusieurs semaines, me font retourner à ma solitude.

Pas de méprise : j'aime ma solitude. Sans elle, impossible d'accéder aux friandises intellectuelles, culturelles et personnelles dont ma vie est jalonnée, dont elle semble se remplir chaque jour un peu plus. Sans ma solitude, comment renouer avec l'écriture, comment me gorger des fictions que j'aime, comment lire autant, comment élargir toujours plus mes horizons ! Ça semble incompatible avec une vie sociale soutenue. Mais le problème c'est de trouver l'équilibre. Ça a toujours été de trouver l'équilibre.
Peut-être que je me suis entourée d'amis dont je savais, à la base, qu'ils n'offriraient pas plus. Peut-être que je n'ai laissé entrer dans ma vie, à un moment, que ceux qui n'exigeraient pas de moi qui je sacrifie de ma précieuse solitude, que ceux qui ne m'empêcheraient pas de me goinfrer de mes friandises. Je l'ai sans doute un peu cherché, aussi, finalement. Je ne peux pas le leur reprocher, je dois juste admettre qu'il ne faut pas le leur demander, aller chercher tout cela ailleurs.

La solitude me pèse parce que je réalise que quand je lève le nez, et je commence à lever le nez alors que tant de choses se stabilisent, notamment au boulot où 2010 a été une année compliquée, je ne peux pas demander à mes amis plus de présence.

Et que soyons honnêtes deux secondes, je commence à penser aussi à d'autres choses que les amis. Ça fait assez longtemps maintenant. Ça a assez duré. Mon désir de stabilité, celui qui me taraude depuis des années et dont je cherche la formule magique à tâtons depuis si longtemps, me souffle aussi qu'à un moment il faudra se remettre à y penser. J'ai toujours rêvé de stabilité sans vraiment me lancer dans l'entreprise difficile qui consiste à trouver l'équilibre. Maintenant je commence à y penser à nouveau. J'aime ma solitude, mais j'aimerais qu'il y ait des moments où il y ait autre choses. Ça se réveille depuis des mois, lentement, comme une jambe engourdie, là ça commence un peu à fourmiller, quand même. Et je m'aperçois que la solitude est la seule chose stable dans ma vie.

Alors quand il y a des instants comme celui-là, qui semblent s'étirer pendant des heures dans le calme et la sérénité, quand il y a des instants où tout concorde, la discussion parfaite, la discussion passionnée, la discussion adulte, et le silence, quand je trouve de tout dans la relation nouvelle que j'ai avec quelqu'un que je connais peu, forcément, j'ai des frissons. Aucune idée, dans le fond, de ce que ces frissons signifient, et certainement trop tôt pour le déterminer. Mais des frissons, quelle qu'en soit la raison, c'est nouveau, ou en tous cas, nouveau depuis longtemps, et ça tombe à point nommé.
Mais voilà, je suis seule depuis trop longtemps, je suis déçue depuis trop longtemps, je suis frustrée depuis trop longtemps par l'amitié, l'amour et les relations de travail, et tout le reste, et dans le fond il n'y a pas vraiment de réponse.

C'est ma faute. Je veux plus que ce que je n'ai. Plus que me satisfaire d'une soirée de détente au resto. Après tout, avant, j'y arrivais.

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26 décembre 2010

Simples paradoxes

C'est difficile d'écrire sur ladytherapy depuis quelques temps. Pour plein de raisons.

C'est difficile parce que beaucoup de choses qui se passent ne méritent pas d'être racontées. C'est juste la vie, des choses sans intérêt que je raconte parce que j'aime bien raconter des anecdotes à mon entourage, mais rien de passionnant dans le fond, un nouveau boulot depuis fin novembre par exemple (dont d'ailleurs la place est plus sur ladymnistration mais j'ai pas encore vraiment réussi à juger si je peux parler de ce job-là), ou bien des projets de déménagement, des angoisses, des joies, des achats, des rêveries, des tentatives, des espoirs, des changements, des choses qui restent impassibles pour le meilleur ou pour le pire ; tout et rien. Je n'en parle pas parce que j'ai l'impression persistante que, si j'en parle ici, c'est que ça a de l'importance. Or ce sont bien souvent des choses sans grande importance. Ce blog a toujours eu pour but de chroniquer ce qui me tourmente au fond, et pas de commenter mon actualité.
Ce qui m'amène à la deuxième difficulté.

C'est difficile parce que beaucoup de choses qui se passent ne me troublent plus vraiment profondément. Je me vantais, à une époque, d'être quelqu'un qui se posait des questions, avait le courage et la capacité de réfléchir à ce qui arrive, à remuer encore et encore les sujets pour toujours savoir ce que j'en pensais. J'étais toujours à jour avec moi-même, parfaitement synchronisée comme un de ces smartphones que je me suis acheté il y a quelques semaines, parfaitement au courant, en temps quasi-réel, de là où je suis. Une sorte de foursquare intérieur, ce blog.
Mais aujourd'hui je ne sais pas si j'en suis encore capable. C'est comme si j'avais un peu perdu l'habitude d'aller dans le fond des choses. Il parait que c'est bien, d'arrêter de sans cesse tout remettre en question. Il parait que les certitudes ont du bon. Je trouve quand même un peu inquiétant de ne plus toujours me harceler moi-même de questions pour prendre ma latitude et ma longitude personnelles.

C'est difficile parce que les quelques petites choses qui me troublent un peu semblent souvent passagères. Inquiète à propos d'une collègue ? Si je ne me rue pas sur mon blog, quinze jours plus tard ça ne sert à rien de venir enfin y poser quelques mots : les choses ont changé, se sont résolues d'une façon ou d'une autre, ou tout simplement je ne baigne plus assez dans le jus de mon angoisse pour pouvoir correctement exprimer ce qui me tracassait alors. Ça s'est déjà produit de nombreuses fois... tout ça pour qu'un beau matin, je reçoive un SMS m'indiquant que la collègue s'est faite virer et que le soleil irradie à nouveau ma modeste vie professionnelle. J'aurais dû en parler, maintenant ça n'a plus de raison d'être. C'est une question de timing, un blog perso, parce que quand ça ne veut plus rien dire, écrire les mots bêtement sur le blog juste pour donner des nouvelles, juste pour chroniquer un passage de ma vie, juste pour approvisionner le blog, ça n'a pas de sens.
Peut-être que j'ai donné la priorité à ladytelephagy et que c'est une conséquence, aussi.

C'est difficile, enfin, et aujourd'hui en particulier, peut-être surtout, parce que je me sais lue par certaines personnes. Et que parfois je voudrais juste pouvoir leur dire : ok, ça, tu lis pas, c'est ma cuisine interne et si tu le lis tu vas avoir mal, ou avoir peur, ou être en colère, ou, dans le pire des cas, un peu de tout ça à la fois.
C'est l'inconvénient d'avoir développé des relations avec des gens rencontrés sur internet, c'est l'inconvénient d'avoir un semblant de vie sur internet d'ailleurs. Parfois j'ai envie d'aller tout recommencer sous un autre alias, ailleurs, là où on ne me connait pas, ou, du moins, où l'on ne fait pas de rapport entre moi et mon nom. Je n'ai jamais employé le pseudo de "ladyteruki" pour me cacher, juste parce que d'une part je voulais me protéger (j'ai quand même déjà été cambriolée pour avoir eu l'idée de dévoiler mon prénom [rare] et ma ville sur internet), et d'autre part parce que mon vrai prénom et mon vrai nom, je ne les ai pas choisis, ils ne sont pas moi, tandis que "ladyteruki" c'est absolument, forcément, entièrement moi. Ce n'était pas une façon de me cacher, c'était une façon de me dévoiler sans me risquer, ce qui est différent. Pourtant, là tout de suite par exemple, je voudrais qu'on ne sache pas que c'est moi et que je puisse juste dire ce que j'ai sur le cœur sans que qui que ce soit ne fasse le rapport avec moi... et donc avec ceux qui m'entourent. D'autant qu'ils ne sont pas si nombreux que ça.
Oui, c'est surtout ça. Tant qu'il ne s'agit que de moi, je peux tout dire. Quand ce que je pense, ce que je ressens, ce que je crains, quand tout ça touche aux autres autour de moi, ça devient gênant de parler. Peut-être tout simplement que je manque de courage pour admettre certaines choses à mes proches. Peut-être aussi que je rêve d'un espace où je pourrais tout dire sans craindre les conséquences.

Et pourtant, là, aujourd'hui, les conditions seraient plutôt réunies. Il s'est produit quelque chose (plus ou moins). J'ai essayé de prendre le temps d'y penser, d'avoir un semblant de recul. J'ai aussi le temps d'en faire un post, et de trouver les mots justes tant que l'émotion est là.
Mais la dernière difficulté est la plus grande et la plus insurmontable, parce que je ne peux pas cacher ce post au regard de certaines personnes. Même sans avoir la garantie qu'elle le liront, c'est trop risqué.

C'était pas plus mal la solitude totale. Mais d'un autre côté, je ne ressentirais pas ma petite tempête dans un verre d'eau actuelle si j'étais vraiment, complètement, absolument seule comme je l'ai été.
Sinon ce serait trop simple, vous comprenez.

19 décembre 2010

Faites des fins d'année

A l'approche de Noël, les blessures ressortent. On pourrait penser que c'est la solitude qui me pèse, mais pas du tout. Ce qui fait vraiment mal, c'est de retourner cinq années en arrière avec une seule chanson.
Et pourtant difficile de ne pas l'écouter, comme il est difficile de ne pas penser à cette période de ma vie. Cela fait cinq ans et pourtant c'est comme si c'était hier.

Je recommence à y penser le 7 décembre, quand je fête mon anniversaire le plus douloureux et le plus joyeux à la fois : cette année, ça fait trois années consécutives que je n'avais pas connu un seul jour de chômage. Des arrêts de travail, oui, du chômage, non, pas un seul jour. Et c'est certainement la commémoration la plus importante de ma vie. Je peux me passer de Noël, du Jour de l'An, de tout. J'ai appris. Mais célébrer une nouvelle année sans un seul jour de chômage, c'est sacré. Je n'ai pas encore défini vraiment la forme de cette célébration, il n'y a pas vraiment de rituel même si, ce qui se dessine, c'est justement de ne pas prendre un jour de congès et d'aller travailler, et puis de dépenser quelques sous juste pour le plaisir de dire que je le peux. Cette année c'était un petit resto chinois. Dans le fond ça n'a pas d'importance. Tout ce qui compte c'est que je travaille et que j'ai de l'argent. Un peu. Mais suffisamment pour fêter ça.
Maintenant que je suis titulaire, depuis la fin août, on pourrait penser que ça prend moins d'importance, que je m'habitue, que je me sens en sécurité. Mais il n'en est rien.

Alors dés le 7 décembre, je commence à sentir remonter mes angoisses de fin d'année. Celles que j'ai connues il y a cinq ans et que l'anniversaire du 7 décembre devrait apaiser, mais qu'au lieu de ça, il ravive. Je devrais certainement me sentir mieux mais Noël, c'est devenu une putain de blessure sans que je m'en rende compte. Je pense que je n'ai pas fini d'avoir un contentieux avec Noël. Avant c'était une histoire de blessure familiale, la métaphore de tout ce qui me manque dans ma famille, et aujourd'hui c'est devenu un résumé global de tout ce qui me blesse dans la vie.
Il y a des chances pour que je ne puisse plus jamais être réconciliée avec Noël.

Alors voilà, pendant tout le mois de décembre, instinctivement, je reviens vers cette chanson.

Il y a deux chansons, en fait, en décembre. Une que j'écoute tous les ans depuis trois ans, qu'on pourrait presque lier au 7 décembre parce qu'elle évoque le bon côté de la période de Noël, de tout ce mois qu'au fond j'adore, entre marché de Noël, neige, et rues plongées dans le froid. J'écoute Baby don't cry de Namie Amuro en remontant le boulevard Saint Germain depuis le ministère jusqu'à Saint Michel, à pieds, avec la chanson dans les oreilles en boucle, et c'est devenu mon petit rituel qui dit que ça y est, c'est Noël. Je crois des cabanes où ça sent bon le vin chaud, les gens sont emmitouflés jusqu'aux yeux, il y a des décorations, des paquets et des machins partout, et moi j'ai les mains dans les poches, ma petite chanson, et le rythme cadencé de mes pas. C'est certainement ce qu'il y a de plus proche de l'esprit de Noël pour moi. Je ne le fais qu'une fois, ça suffit, en général je m'achète pour 50€ de pain d'épices que je vais offrir et/ou manger avant la fin du mois, et j'arrive à Saint Michel où je prends le RER pour rentrer. C'est le moment magique des fêtes de fin d'année. Ça semble peu pourtant.

Sans doute parce qu'il y a l'autre chanson. Celle qui est bien plus entêtante, parce qu'elle me ramène à quelque chose de tellement sordide. Et ça fait donc cinq ans. Cinq ans que je crevais la faim dans mon appartement glacé.
La chanson n'a rien de spécialement lié à Noël. C'est une ballade, une ballade pluvieuse sans aucun doute, plutôt quelque chose d'automnal, et qui n'a rien à voir avec ce que j'ai expérimenté à cette époque.

Mais je n'avais plus internet, je n'avais plus à manger, je n'avais plus rien. Et surtout, je n'avais plus ma musique. Sans internet, la Jmusic, c'est mission impossible... Pour Noël, je suis allée chez mes parents, comme chaque année inexorablement. Et en attendant de passer à table, je me suis dépêchée de télécharger les derniers PV d'Ayumi Hamasaki, sortis quelques jours en avance afin de promouvoir son nouvel album. C'est tout ce que j'ai eu le temps de télécharger et, une fois rentrée chez moi, je les ai écoutés. Et celle-ci a retenu mon attention. Elle m'a aidée à évacuer les larmes qui ne sortaient pas, ou trop difficilement. J'en ai pleuré pendant des soirées -je n'avais guère mieux à faire.
Cette année-là, mon menu de Noël, c'était un saladier de pâtes avec une boîte de sardines à l'huile que je n'ai même pas eu le courage de finir. Je n'en pouvais plus, des pâtes. Au moins cette fois il y avait un assaisonnement.

Alors, pour Noël, oui, depuis que j'ai les moyens, j'ai tendance à dépenser des sous, et à les dépenser dans la bouffe.
Cette année, ce ne sont pas mes cadeaux pour ma famille qui vont me ruiner de toute façon, puisque chaque année ils s'arrangent pour que Noël soit encore plus dépecé de ses rituels que l'année précédente. D'ailleurs j'ai même refusé d'avoir un cadeau de leur part si c'était pour me creuser et inventer un truc qu'ils puissent m'acheter sans avoir l'impression de cultiver mon vice, puisqu'ils pensent que mes passions ne sont que ça. Alors ce ne sont vraiment pas les cadeaux qui vont les étouffer, ils ont un truc pour deux pour la valeur exorbitante de 11€ chacun, et puis merde. Qu'ils aillent se faire foutre. Je suis déjà bien gentille d'avoir consenti à y aller alors que rien ne me fait moins envie au monde que d'aller les voir, et attendre que mesquinement ils entament le sujet du déménagement, parce qu'ils auront peur de l'aborder frontalement mais qu'ils ne seront pas capables de mettre cette question de côté pendant UNE soirée. Ils l'aborderont l'air innocent, sur le ton de "ah tiens et alors, au fait, où ça en est ?", et je sais très bien que tout ce qu'ils pensent, c'est que je n'y ai pas encore vraiment réfléchi ni vraiment commencé. Qu'ils croient ce qu'ils veulent, rien ne les empêchera jamais d'être convaincus que je suis une nulle qui ne fait jamais rien comme il faut.
Je sais que dans le fond, le seul cadeau qu'ils veulent vraiment, c'est que je sois quelqu'un d'autre. Et ça je ne le leur offrirai jamais. Jamais.

Mon argent, je vais le garder pour les gens qui importent un peu plus dans ma vie que ces deux-là qui pensent qu'on peut fêter Noël avec quelqu'un en la culpabilisant et en sous-entendant des menaces sourdes. J'ai entendu "oui mais si tu ne viens ni à Noël, ni au jour de l'an...", et j'ai aussi entendu ce qui n'a pas été dit derrière. Les gens qui comptent dans ma vie n'agissent pas comme ça avec moi. Ils ne me forcent pas à fêter Noël enchaînée à la table de la salle à manger en ayant le culot de soutenir que la famille c'est le plus important. Les gens qui comptent un peu dans ma vie savent très exactement qui je suis et ne me demandent pas de le changer.

C'est la dernière année. L'an prochain je vais le finaliser, ce déménagement. Les angoisses de décembre resteront peut-être dans l'ancien appartement, avec un peu de chance. Et si ce n'est pas le cas, c'est pas grave. J'emmènerai mes angoisses, mes souvenirs et mes blessures, je dépenserai mes 50€ de pain d'épices le 7 décembre 2011 en remontant le boulevard Saint Germain, je dépenserai beaucoup d'argent pour me nourrir pour Noël, et je fêterai les fêtes de fin d'année avec ceux qui apprécieront ma présence pour ce qu'elle est, et non pour ce à quoi elle est censée ressembler.
Ils veulent que je déménage. Oh oui je vais déménager. Careful what you wish for.

Peut-être que c'est la dernière année que j'écoute cette chanson en souffrant. Peut-être que l'an prochain, au lieu de rester bloquée dans cette chanson triste et grise et pluvieuse, peut-être que je ferai enfin attention au dernier plan de la video. Peut-être que je me serai enfin échappée par là.

AyumiHamasaki_rainyday

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