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ladytherapy
28 octobre 2009

Une grande fille

Arrivée à un certain point, tu te crois grande. Tu as quasiment 28 ans, tu as eu ton lot d'obstacles, et tu te dis qu'une fois surmontés, ils signifient que tu as grandi.

Tu te vois comme une grande personne parce que tes talons hauts claquent sur le trottoir, parce que tu as un travail, parce que tu as des sous à la banque, parce que tu te payes le resto, parce que tu vas aller voir une comédie musicale avec des amis, parce que tu livres plusieurs dizaines de textes par semaine. Les adultes font ça, ils font des tas de choses qui donnent l'impression qu'ils savent ce qu'ils font.
Tu penses que tu es indépendante, forte, que tu as une vie bien à toi, que tu gères c'est ce qu'on dit aujourd'hui : "alors, ton boulot ?"/"ça va, je gère", on dit qu'on gère comme si on disait qu'on jongle, on a l'impression d'être super doué pour mener une vie compliquée, c'est valorisant, de se dire qu'on gère et finalement, tu as acquis la conviction que tu te débrouilles très bien toute seule, et que tu es très bien comme ça.

Quand tu as une baisse de régime, tu vas voir l'Homme sans Visage et tu te prends à rêver une petite heure dans ses bras, il ne fait rien, il ne dit rien, il est juste là, et très franchement, tu sais de moins en moins quoi lui dire, à l'Homme sans Visage, la vie le jour est pleine d'occupations et de préoccupations, plus vraies, plus passionnantes, plus importantes à gérer. Alors l'Homme sans Visage commence à s'effacer et tu le convoques moins. Et puis, en fait, tu te dis que c'est normal, parce que l'Homme sans Visage, c'était un artifice d'adolescente fragile.

Alors, te voilà une grande fille. Tu y crois comme dur comme fer. Tu es tellement occupée... D'ailleurs ce soir-là après le boulot, tu dois aller nourrir les chats de ta voisine, rentrer nourrir les tiens et celui de ton patron, faire une fiche ou deux, peaufiner un article, préparer un post, et aller te coucher parce que mercredi, ton patron accompagne le ministre à son audition devant la Commission.

Et puis un soir, tu te retiens de pleurer sur ton petit bureau parce que tu te demandes qui s'occupe de toi, qui prend soin de toi. Tu voudrais rentrer à la maison et te rouler en boule dans une couverture chaude et qu'on vienne te caresser l'épaule en t'écoutant parler toute la nuit. Tu voudrais que quelqu'un te prenne en charge au moins jusqu'à demain matin et que tu n'aies à t'occuper de rien. Tu voudrais mettre des musiques douces et confortables et sucer ton pouce en pleurant un bon coup jusqu'au lever du jour, sans raison, juste pour que ça sorte.

Mais tu es une grande fille, alors après le boulot, tu vas nourrir les chats de ta voisine, tu rentres nourrir les tiens et celui de ton patron, tu fais une fiche ou deux, tu peaufines un article, tu prépares un post, et tu vas te coucher parce que mercredi, ton patron accompagne le ministre à son audition devant la Commission.

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27 octobre 2009

Ambitious!

"Moi, je ne suis pas comme toi tu comprends, j'ai de l'ambition".
C'est en entendant cette phrase deux fois, quasiment mot pour mot, la semaine dernière, de la bouche de deux personnes différentes et qui ne se connaissent pas, que j'ai appris que je n'avais pas d'ambition. Ah, bon. C'est nouveau. J'avais pas eu le mémo. Toujours la dernière au courant.

L'ambition... je n'ai pas l'impression d'en être dénuée. Évidemment, largement moins qu'à une époque, quand je voulais partir aux Etats-Unis et devenir super riche et fonder une gigantesque Cop's Corp. C'était il ya 10 ans, il y a deux trois trucs que j'ai appris depuis sur le rapport que l'ambition entretient avec la réalité, et celui qu'entretient l'ambition avec la vanité.
Le chômage est passé par là, et il en a maté des plus durs que moi.

C'est vrai, je ne suis qu'assistante. Je me rappelle combien ma grand'mère avait été vexée quand, pendant que je préparais mon BTS, j'avais dit : "je ne veux pas être qu'une simple secrétaire". Elle qui avait été secrétaire toute sa vie. Pendant 42 ans. Terrible. Pourtant je n'ai rien contre le métier d'assistante, ce n'est pas un métier méprisable. Simplement je ne l'ai jamais choisi. Ca n'a jamais été ma vocation. Je ne l'aime même pas vraiment. Mais j'ai un métier, et il s'avère que j'y suis bonne. Je me dis parfois qu'il n'y a pas trop de mal, c'est facile comme métier. J'ai toujours au fond de moi la croyance que j'aurais pu faire mieux. La vie ne m'a pas demandé mon avis. C'était ça ou rien. Pour être sincère, je crois aussi que j'aurais pu faire pire, et que je ne vais pas passer mon temps à me plaindre d'avoir un BAC+2 même si j'aurais voulu et certainement pu faire plus, ni d'avoir un métier peu valorisant, ni de gagner moins de 2000€ par mois etc...

Alors comme ça, je n'ai pas d'ambition.
La mienne n'est peut-être pas dévorante, c'est vrai. Et surtout, la mienne ne se chiffre pas, c'est peut-être ça la différence. Je n'ambitionne pas de devenir très riche. Je crois que mon ambition se résume plus à une ambition de style de vie. Je ne veux pas gagner des mille et des cent, même si être pauvre me terrifie je ne suis jamais dans la démarche de gagner plus. Il faut dire que j'estime que pour quelqu'un en début de carrière, je gagne bien ma vie à l'heure actuelle, à vrai dire je gagne aujourd'hui plus que mes parents quand j'étais au collège (puisque c'est la première et dernière fois où j'ai appris leur salaire), donc plus que mes parents il y a 10/12 ans. C'est énorme, surtout par les temps qui courent. J'ai de la chance. Et je suis contente de me dire que je mérite le moindre centime de ce salaire, aussi. Ça me satisfait beaucoup. C'est même une énorme part de ma rétribution que de me dire que je mérite cet argent. Je ne suis pas de ces gens qui font de la figuration au boulot, qui choisissent la politique du moindre effort, qui ne font que le strict minimum, et qui s'en vont à 17h00 pile.

Je pourrais me dire que ce serait bien de gagner plus, évidemment, et pour tout dire, quand mon patron Blue a fait en sorte que ma prime soit augmentée, j'étais bien contente et j'ai vite fait tout dépensé, parce que c'était de l'argent qu'il m'avait fait gagner parce que je le méritais bien ; il avait bien dit que ma prime était plus grosse que celle des autres secrétaires parce que ce n'était que justice, surtout qu'elles sont plus avancées en carrière et gagnent donc plus que moi sur la grille. Et ça m'a fait plaisir évidemment, mais je ne réfléchis pas en argent. C'est sans doute là que je manque d'ambition, à la rigueur.

Et puis il en a fallu quand même un peu, de l'ambition, quelque part, pour être à 27 ans la plus jeune secrétaire du cabinet ministériel où je travaille. Je ne suis même pas encore titulaire et j'ai déjà fait pas mal de chemin pour travailler aujourd'hui à Matignon. Je n'ai pas œuvré pour avancer, je n'ai pas cherché à faire de la lèche à la bonne personne, je n'ai même pas vraiment réfléchi quand on m'a proposé de suivre ce cabinet-là. Mais travailler dur et me démener pour être la meilleure possible dans mon job, quelque part, c'est la marque de mon ambition. Une ambition d'être la meilleure dans ce que je fais, pour qu'à terme on me donne l'opportunité de faire autre chose. Pour quelqu'un qui était au chômage il y a deux ans, c'est quand même la marque d'une certaine envie de s'élever, je pense.

Et puis, moins avouable, peut-être que mon ambition, elle n'est pas seulement professionnelle. L'ambition, c'est aussi quand je me démène pour un site, ou pour un autre, ou pour un blog. C'est écrire plusieurs dizaines de fiches, articles et/ou posts par semaine. Je ne veux pas exactement en faire mon métier, je veux juste avoir ma place dans des projets, les miens ou ceux des autres, et y faire ce dont j'ai envie, me lancer dans quelque chose qui me plaise et qu'on m'ouvre la porte sans difficulté. A terme, mon ambition, c'est peut-être là qu'elle se trouve.

Alors, c'est vrai, j'ai peut-être l'air de me contenter de ce que j'ai. Il y a des choses qu'on apprend de gré ou de force, j'ai envie de dire. Mais je suis vexée qu'on pense que je n'ai pas d'ambition, parce que rien ne me semble plus éloigné de la réalité.

Mais peut-être aussi que mon ambition n'est pas de brûler les étapes. Peut-être que je n'ambitionne pas d'être "arrivée" avant 30 ans. Peut-être que je ne rêve pas d'avoir un appartement hors de prix. Peut-être que mon ambition, c'est juste de devenir moi-même et d'être à l'aise, à l'aise financièrement, professionnellement et intellectuellement.

Est-ce que ça fait de moi une petite chose rampante qui se satisfait de la médiocrité ? Peut-être après tout. Ou peut-être que nous n'avons pas la même échelle de valeur pour juger d'une réussite. La mienne, chère L, ne se mesure pas au porte-feuille de mon copain, pour commencer, et la mienne ne se fait pas en essayant des combines, des arnaques, des raccourcis douteux (et d'après ce que j'observe, des raccourcis foireux). Et peut-être aussi que certaines personnes n'ont pas encore très bien intégré certains principes de réalité, aussi. Je n'aime pas trop ce que sous-entend ce "je ne suis pas comme toi tu comprends, j'ai de l'ambition", mais je suis certaine de ne pas l'apprécier du tout, même quand il est suivi d'un gentil "mais le prends pas mal, hein". J'attends de voir, franchement, où mène l'ambition que je n'ai pas.

2 octobre 2009

Take a look at me now

Aujourd'hui, mon site, mon petit site à moi, Teruki Paradise... a 5 ans.

Après des mois, voire une bonne année, de souffrance, d'hésitations, de découragement, d'impatience... finalement Teruki Paradise a 5 ans et je mesure le chemin parcouru à l'aune de tout cela, en fin de compte.
Ce site, c'est ma chair. Je ne pourrais m'en défaire quand bien même je le voudrais. Et parfois, je l'ai voulu. Mais c'est dans l'ordre naturel des choses, quand on met autant de soi dans un projet, que parfois la route soit cahoteuse et que ça fasse autant de mal que de bien de réaliser qu'on s'est impliqué. Et tout ce que j'espère, c'est que les prochaines années continueront d'apporter le même lot d'inquiétudes et de satisfactions.

Avant quoi que ce soit d'autre, ce site me met face à moi-même, sans faux-semblant. Je ne peux rien me cacher quand il s'agit de ce site. La seule façon dont il est né, a grandi et vit désormais, c'est déjà tout dire de moi, quelque part.

Je venais de déménager à Nantes, pour y rejoindre mon copain de l'époque, T. Et je ne trouvais pas de travail. Et moins j'en trouvais moins j'étais motivée pour en chercher. Et finalement, cette passion pour la Jmusic qui venait de naître a eu toute la place pour s'épanouir quand, au bout d'un an, vidée de ma sève et d'un certain nombre de mes illusions, j'ai lancé ce petit site en html avec trois pages bricolées à partir d'une canevas créé par un ami. Ce n'était pas énorme. Mais une mise à jour quotidienne me permettait de me maintenir dans un certain climat d'excitation intellectuelle. C'était un nouveau challenge, mais en même temps c'était un refuge. Chaque jour, il y avait Teruki Paradise au bout de la route, et ça suffisait à me faire tenir le coup, la plupart du temps.
Il y a eu un nouveau défi : le passage à la v2, avec l'aide de G qui s'était impliqué comme je ne l'aurais jamais pensé. En six mois, le miracle était accompli, le site transformé. Ma vie pas tellement mais pendant cette période où les choses étaient dures par ailleurs, il y avait Teruki Paradise, une motivation, parfois la seule motivation, pour aller jusqu'au jour suivant. Pas de travail, pas d'argent, et à un moment pas de nourriture non plus, mais je me disais qu'une mise à jour de 6 ou 8 heures sur le site, ça ferait plaisir aux gens, et donc que ça me donnait une raison de ne pas baisser les bras.
La période suivante, disons, les deux dernières années, c'est devenu plus compliqué que ça. Parce que j'ai recommencé à travailler à un rythme correct. Fini les CDD, à moi mes bien-aimées heures supplémentaires (cf. post précédent), il fallait trouver du temps pour TP au lieu de trouver l'énergie de m'en déconnecter. L'ajustement a été long et n'est, pour tout dire, pas entièrement maîtrisé encore à l'heure actuelle.

Pourtant, si internet devait prendre feu, encore aujourd'hui, c'est Teruki Paradise que je sauverais en premier.
Parce que ce site représente tant d'investissement, de rencontres, d'opportunités personnelles (pas tellement professionnelles, mais comme ça n'a jamais été mon ambition), d'acharnement et de travail sur moi-même, que c'est, vraiment, une partie de ma chair. Parfois une jambe dont j'ai besoin pour marcher, parfois juste un appendice qui semble ne servir à rien, mais c'est une partie de moi, il n'y a simplement pas débat.

Tout ce que ce site m'a appris techniquement, et surtout personnellement, rien ni personne d'autre n'aurait pu me l'apprendre.

Du haut de ce site, ce sont 5 années de ma vie qui me contemplent, et pas juste des activités annexes. Être la créatrice de Teruki Paradise, ce n'est pas un statut social, c'est juste une caractéristique de qui je suis.

Au bout de 5 ans, me voilà avec un travail qui marche bien, un salaire dont je n'ai vraiment pas lieu de me plaindre, des projets personnels, professionnels... et comme toujours des projets pour TP, dont j'espère bien qu'ils aboutiront correctement. Mais qui peut savoir. Il s'est déjà passé tant de choses en 5 ans, et j'ai tant changé.

C'étaient 5 années incroyables. En dents de scie, certes. Mais incroyables. J'ai hâte de vivre les suivantes. Pour moi, et pour ce site qui représente tant à mes yeux.

Joyeux anniversaire, TP.

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