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ladytherapy
7 janvier 2008

Fenêtre refermée

« Je te pourris la vie »… Prélude à un adieu que je sais imminent et qu’il ne fera rien pour retarder. Je me contemple le calendrier en me demandant : « dans combien de mois, combien de semaines va-t-il définitivement disparaître de ma vie ? ». Cela semble inéluctable aujourd’hui. Mais cette fois-là, je ne serai pas celle qui expliciterai l’inavouable, je refuse ce rôle. S’il veut sortir de ma vie, par embarras ou autre, il faudra qu’il le dise lui-même.

Je devrais sans doute me rassurer de voir que je suis encore capable de faire partie de la vie de T. ; ce n’était pas l’intention mais j’ai découvert que, malgré tout, malgré lui aussi, trois ans après notre rupture nous faisions encore partie l’un de la vie de l’autre. Il lit mon blog (peut-être en ce moment-même) régulièrement, et moi je pense à lui aussi de temps à autres (surtout lorsque je pense à ma grand’mère…). Oui, cela devrait me rassurer après ce que nous avons vécu. Mais ce n’est pas le cas. Je n’arrive pas à me réchauffer le cœur à cette idée.

Oui, je suis malheureuse depuis plus de deux mois… C’est plutôt normal je dirais. J’ai la chance d’avoir d’autres choses auxquelles me raccrocher, et qui font que je suis simplement malheureuse, et pas à nouveau au fond du gouffre. Je n’en suis pas à me demander pourquoi je vis… juste pourquoi je fais certaines choses. D’une certaine façon je suis en progrès ! J’ai la tristesse sèche comme un hiver ; les larmes coulent en de (trop !) rares occasions, mon cœur est dur et froid et je me dessèche lentement… je suis malheureuse, mais je n’en suis pas dépressive pour autant. Simplement rien ne me réchauffe vraiment, rien ne me réjouit entièrement. Je guérirai peut-être même de ce froid, un jour, qui sait.

Oui, je suis malheureuse depuis plus de deux mois, et c’est de sa faute… Ma foi on ne va pas le nier : je suis encore très attachée à lui, et sans aucun doute je le suis plus que lui (ça me passera) (ça passe déjà).

De toute évidence, je serais plus heureuse si nous étions encore ensemble, c’est un fait. Maintenant serais-je plus heureuse si nous nous remettions ensemble ? J’en suis beaucoup moins certaine.

Il y a la nostalgie. Je repense à nos bons moments. Ca ne fait qu’à moitié mal, car je parviens à encore ressentir le bonheur et la beauté de ces instants. Ces instants que j’aimerais à la fois coucher sur le papier pour ne jamais les oublier, et en même temps que j’ai envie de ne même pas dévoiler à moi-même, à garder secrètement dans un coin de mon cœur, moitié pour qu’ils gardent leur innocence, moitié pour pouvoir les perdre progressivement dans le froid sourd qui me gagne.

Il y a encore l’attachement. Je sais qu’à chaque jour qui passe où je me sens (sais ?) rejetée, il s’étiole et disparaît lentement. Je suis loin de ressentir ce que j’éprouvais il y a à peine deux mois, c’est net. J’ai été tellement blessée et déçue que je ne peux pas faire autrement que voir ces sentiments se réduire petit-à-petit comme peau de chagrin. Ca me fait peur d’ailleurs, j’ai l’impression que cela va trop vite. Non que j’aie envie de me complaire dans des sentiments qui n’auraient plus lieu d’être, mais simplement, je trouve inquiétant que mon cœur se referme avec une telle brutalité, comme un piège ; et que le prisonnier, c’est mon avenir, condamné à se ronger la jambe. Quelque chose meurt en moi chaque jour et ça me rend infiniment triste de me dire que je ne serai plus capable de cet attachement plus tard. Parce que c’est ça qui meurt : ma capacité à aimer. Cette fois j’ai donné tout ce qu’il me restait. Mais l’attachement est encore là pour le moment.

Et puis, il y a encore le désir. Les mauvaises langues (et j’en suis) ainsi que les psys de bas étage diront que c’est ironique de ressentir pareil désir lorsque précisément il ne peut plus être assouvi. Je crois que cela dépasse le cadre de l’effet de manque : la vérité c’est que je me sens incroyablement épanouie dans un autre domaine de ma vie qui, lorsqu’il me manque, me dévore les entrailles. Pourquoi n’ai-je pas su profiter mieux de l’époque bénie où nous étions ensemble ? Simplement parce que la terreur d’être sans argent, sans reconnaissance, sans visibilité sur l’avenir, me rongeaient au-delà du raisonnable. Ce n’est pas juste de la peur, c’est de la terreur. Et je l’ai laissée me faire passer à côté de ce que j’avais déjà, réduisant ma libido à néant.

Pourtant je suis là, avec ce désir en moi, un désir que je n’ai ressenti que rarement à ce point, avec même des fantasmes et c’est quasiment nouveau pour moi ! Je ne me rends compte qu’à présent à quel point avec lui j’ai avancé dans ma vie de femme, je fais le bilan de ce que j’ai découvert, appris sur moi-même et sur lui… J’aperçois parmi les souvenirs des choses que je n’avais pas vues alors : comment j’ai réalisé mon précieux rêve du dimanche matin, comment j’ai trouvé un compagnon avec lequel il était plaisant de vivre les mêmes plaisirs… Et, bien que je m’empêche, autant que possible, d’y penser, par respect pour lui et pour me ménager, parfois je laisse échapper un soupir en repensant à son corps. Et à ses yeux…

Et je me retrouve là, avec toutes ces choses que je réalise maintenant que mes plus grandes angoisses se sont calmées, et je considère avec horreur combien j’aurais été heureuse à présent si seulement… !

Si seulement quoi, d’ailleurs ? Si j’avais été patiente ? Si j’avais été moins terrifiée ? Peut-être qu’il n’y a pas que des « si je », qu’il y a un « si il » aussi… ? De toutes façons je ne saurai jamais.

Bien-sûr que ça me pourrit la vie de ne plus être avec lui, mais le retour arrière n’est pas possible de toutes façons ; alors quoi ?

Une part de moi, qui se réveille après cette peur léthargique, a envie de désirer d’aller de l’avant. Mais la simple idée de vouloir vivre une relation à nouveau me semble particulièrement absurde et dangereuse, ne parlons même pas de concrétiser cette idée, ce serait de la folie pure ! Faut-il donc que je m’éveille à tout un tas de choses alors même que je n’ai plus envie de rentrer dans un nouveau cycle… quel gâchis.

Ni avec lui, ni avec aucun autre, je ne pourrai à nouveau ressentir cette confiance, ni cette intimité. C’est surtout de ça dont je suis en train de faire le deuil pour le moment.

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