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ladytherapy
17 août 2005

Pas de sentiment

J'avais eu pas mal d'entretiens étranges ces deux dernières années. Mais j''avais encore beaucoup à apprendre du grain de folie qui habite certains recruteurs.

Il y a quelques semaines de cela, j'avais eu ce rendez-vous dans une boîte de communication dirigée par deux personnes, A. et A., et qui avait viré au coup de foudre mutuel. J'étais étonnée de passer au tutoiement immédiatement, étonnée des déclarations d'Amour textuelles du type "nous on vous dit franchement, on a un coup de coeur pour toi", étonnée de la facilité à discuter de choses sans rapport avec l'entretien à la fin, pendant 20 minutes, sur nos loisirs.

Je ne m'étais pas inquiétée outre mesure. Peut-être parce que l'excès de recruteurs assis sur des balais m'avait donné envie de ce type de rencontre.

Aujourd'hui, réponse de A. au retour de ses vacances, au téléphone : ce sera non. Je m'apprête à raccrocher. Arrivée au "non", je n'aime pas prolonger.

Combien de fois m'est-il arrivé d'entendre "non" au téléphone ?! J'ai une aversion profonde pour ce qui suit cette réponse : "mais on garde votre CV", "vous comprenez votre profil ne correspondait pas tout-à-fait", "vous étiez deux et ça s'est joué à pas grand'chose" et ma préférée, mais elle ne s'est produite qu'une fois "on a peur que vous ne vous ennuyiez à ce poste". Bref tout un tas d'explications dont on peut fort bien se passer et qui ne sont que bavardages sans conviction. Un recruteur qui tente d'apporter un peu d'humanité à sa décision et de se donner bonne conscience. Même si, en réalité, il s'en bat l'oeil que sans lui vous creviez la faim, ce qui est normal puisqu'il ne vous a vu que 15mn dans toute sa vie. Lecture du CV y compris.

Je l'avais sentie venir, la réponse d'A., quand lui et A. m'avaient annoncé qu'ils avaient vu une autre personne et qu'ils hésitaient. J'attendais quand même la confirmation, au cas où.

Sans doute un des pires coups de fil de ma vie, et j'en ai eu des pas jouasses.

Je voulais m'arrêter au "on est vraiment désolés" mais A. était intarrissable. Si des violons avaient commencé à jouer derrière lui je n'aurais pas été plus étonnée que ça. "Mais ça nous fait un coup au coeur vous savez" (d'être repassés au vouvoiement indique que tout le monde devrait s'en remettre), "on avait vraiment le coup de coeur, on vous aimait beaucoup, ça me fait mal et encore plus à A. elle c'est encore pire"... "mais vous savez avec l'autre ce n'est qu'un essai alors qui peut dire ce qui va arriver ? On ne peut pas savoir de quoi est fait le futur, peut-être que plus tard on pourra travailler ensemble !"

J'ai eu des ruptures amoureuses moins fusionnelles que ça.

C'était presque malsain de voir tous ces bons sentiments dégouliner de mon téléphone et devenir une flaque de promesses sans lendemain.

Je suis pour nouer des contacts. A fond. Pour à 100%. Mais je ne suis pas pour m'en sentir prisonnière.

Et surtout je ne veux pas me lier autant avec des personnes qui font partie de ma vie professionnelle. Les deux doivent être soigneusement cloisonnés. De toutes façons je ne suis pas la même personne au boulot et au civil alors ce serait vain. Au boulot, pas de sentiment. Règle d'or.

Dans ma déception de ne pas avoir le job (on est toujours déçu même quand on s'y attend), je me dis que ç'aurait été étrange de travailler avec A. et A., et de ne m'apercevoir qu'ensuite qu'ils étaient aussi émotifs et fusionnels. Il y a quelque chose d'angoissant à cette idée. L'espace d'un instant et pendant que A. me parlait de mon énorme potentiel (qu'il n'avait pas voulu utiliser, quand même) j'ai entrevu une sorte d'avenir parallèle où j'aurais pu travailler avec eux et je me suis dit : "Wow. J'ai échappé à quelque chose, là".

Et puis il faut bien se trouver de maigres compensations lorsqu'on loupe un job.

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