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ladytherapy
30 décembre 2004

Victime

J'ai trouvé dans la bibliothèque de ma grand'mère un livre intitulé "Harcèlement Moral". En vérité, je vous le dis : édifiante lecture.

Tandis que je m'attendais à retrouver majoritairement les comportements de mon père tels que je les ai connus, j'ai en fait trouvé les comportements de mon père, de Lord T, d'un ancien employeur... La question se pose donc sous un jour nouveau : moi qui m'en suis toujours défendue, suis-je une victime ?

Quand je vivais chez mes parents et que je trempais mon lit de larmes presque chaque nuit, je me répétais que je n'étais pas battue, et j'ai toujours refusé ce terme. J'ai en fait carrément décidé que je n'étais pas victime : c'était normal dans un sens, je considérais que tout cela était justifié.

Plus tard c'est devenu un credo de défense : je n'étais plus victime. Je me souviens me l'être répété consciemment une fois ou deux en guise d'encouragement. Pour finir je suis passée par une longue phase où j'étais convaincue d'être inébranlable et où, forcément, le terme victime ne pouvait plus coller.

Voilà comment on est une formidable victime. Pendant que je décrétais être forte, je désignais mon flanc à tous les prédateurs en mal de chair à déchirer et d'organes à éviscérer. Je me bernais afin de ne pas voir que je continuais de laisser prendre ce genre de comportements sur moi.

J'ai donc laissé Lord T entreprendre le même type de comportement de terreur sur moi que mon père l'avait fait avant.
Comment ne me suis-je pas aperçue de cela ? Les mêmes méthodes, les mêmes tons, les mêmes gestes...! Comment ai-je pu me contenter de dire que j'étais malheureuse, et ne pas affirmer "je me suis laissée emprisonner dans la même spirale de souffrance" ?

Il est dit dans le livre que les enfants ayant vécu des violences morales de ce type ont tendance à les reproduire. Ca, j'aurais presque pu vous le dire. J'aurais par contre apprécié que quelqu'un me prévienne que nous avons tendance à les laisser reproduire !!!

Suis-je une victime ? On dirait. La vraie question c'est : comment ne plus en être une ?

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26 décembre 2004

Leg

Triste héritage que ce que m'a légué Lord T depuis cette étrange cohabitation de plusieurs mois.

Je suis lui.

Je m'en suis d'abord vaguement doutée le premier soir que j'ai passé ici. J'étais déprimée à mort que tout cela prenne fin, je n'avais pas envie de manger, juste de pleurer (ce que j'ai d'ailleurs fait une fois à couvert). Mirador m'a proposé de dîner, j'ai refusé et elle a dit "tu devrais, prends au moins une soupe", et j'ai répliqué sèchement : "ce n'est pas la peine d'insister, je n'ai pas faim, je n'ai pas envie de manger, je ne mangerai pas et plus tu insisteras, moins j'aurai envie. Ne cherche pas à me faire changer d'avis". J'ai bien vu sa mine triste quand elle a dit dans un souffle "bon, d'accord", et j'ai pensé à Lord T qui n'était encore que dans la pièce d'à côté en train de se préparer à partir, et je me suis dit "je viens de dire exactement ce que j'ai entendu ces derniers mois". J'ai haussé les épaules mentalement, me disant simplement que c'était la fatigue, la douleur, que ça n'arriverait plus.

L'évidence est là. Chaque mot que j'ai envie de répondre à Mirador semble emprunté à Lord T. Du moindre "ça doit captiver ceux que ça intéresse" (une blague récurrente avec Lord T jusqu'à ce qu'il me la balance un jour mesquinement, lui faisant perdre son statut de private joke à jamais) aux réponses de type : "je ne ressens rien pour toi".

C'est d'ailleurs assez terrible de me rendre compte que je ressens pour ma famille la même chose qu'il ressent(ait ?) pour moi : indifférence totale. Cohabitation minimale. Politesse de justesse. Aucune affection. Besoin d'être séparés aussi souvent que possible.

Le fait d'avoir l'impression de ressentir la même chose est à double tranchant. D'un côté, je me dis que je le comprends enfin, et ai envie de l'appeler, et de le lui dire, qu'enfin j'ai compris... Mais les raisons qui font que j'ai envie de l'appeler, font que je ne le fais pas. Simplement parce que je peux à présent me mettre à sa place et comprendre que je ne suis pas la bienvenue, ni au téléphone, ni ailleurs dans sa vie, quelle qu'ait été notre dernière semaine.

Et juste comme ça, à la fois la blessure s'ouvre et commence tristement à cicatriser.

C'est officiel, je l'ai perdu, comme ma famille m'a perdue et ne me retrouvera jamais. De la même façon que leur seule existence dans mon entourage m'insupporte, que les mots, les gestes, la présence de Mirador, me font pousser des soupirs d'impatience, de rage et de frustration. Je voudrais être n'importe où ailleurs qu'aussi près. Je voudrais pouvoir continuer à vivre sans eux. Fichues réalités financières, qui m'obligent à entendre, en une semaine à peine "je suis chez moi ici je te signale, pas toi". Ah, qu'elle est originale celle-là !

Suis-je quelqu'un d'insupportable à vivre ?

Je me le suis demandé, mais pas forcément. La vérité c'est que vivre avec des gens que l'on aime et qui vous le rendent bien n'a évidemment pas le même niveau de difficulté que de vivre avec des gens avec qui on a des contentieux.

Certes, je ne fais rien pour les régler avec Mirador. Je n'en vois pas l'utilité. La frustration ne changerait en rien. Et quel intérêt pour moi de lui dire froidement qu'elle ne compte pas à mes yeux ? Elle n'a pas besoin de l'entendre, ni moi de le dire. Et franchement, je ne le ressens pas comme un poids duquel me soulager, je n'ai rien à lui confier, elle n'est qu'une personne, pas une proche, elle n'a pas plus de valeur à mes yeux... que 6 milliards d'autres êtres humains.

Merci pour le leg.

24 décembre 2004

C'est tous les matins dimanche

En ce qui concerne le déphasage, je suis experte. Vous lisez tout de même quelqu'un qui depuis environ un an, ne se levait pas avant 13h environ, du fait qu'elle s'endormait sur les coups de 6 ou 7h du mat. Eh ouais.
Mais là, je bats mes propres records.

Je pensais sincèrement que le changement de rythme allait être brutal chez Mirador. Ce surnom, elle le doit en partie à ses pulsions de contrôle sur mon emploi du temps. Je n'en avais plus l'habitude : depuis la rupture avec Lord T (et en vérité, déjà avant même si cela n'avait cours que pour les heures de sommeil), je décidais de mes horaires seule et le plus souvent, en complet décalage avec les 'normes' en la matière. De l'ordre du petit déjeuner sur le coup de 16h (j'ai du mal à avaler quelque chose dans les heures qui suivent mon lever). Vous voyez le genre.

Alors quand j'ai compris qu'il faudrait avoir des repas au même moment, ne pas regarder la télé tard ou ne pas laisser l'ordi allumé lorsqu'elle dort, j'ai envisagé un désastre complet. Pour tout dire, je m'imaginais vivre des heures d'insomnie dans mon lit, en train d'écouter les chats ronfler (car mes chats ronflent. Enfin, surtout Tomcat, Trixie serait plutôt du genre à siffler dans son sommeil).

Rien de tout cela (excepté pour les bruits nocturnes de mes camarades de chambrée). En fait, j'ignore comment j'en suis arrivée là, mais depuis lundi ou mardi, je me lève en pleine nuit et ne parviens pas à me rendormir. Avec pour effet d'avoir des horaires de veille du type : 4h-20h, enfin dans ces eaux-là, quoi.

Un décalage dans l'autre sens.

Finalement, mon problème n'était pas tant de ne pas être adaptée aux horaires de sommeil classiques (que je suppose être en 22h et 8h), mais la vérité est la suivante : je suis nulle pour dormir. Pas étonnant que je déteste ça. Ou bien ? Où est l'oeuf, où est la poule ?

Le problème persiste, je suis en décalage complet.

Comme si je vivais en permanence des décalages horaires de pays où je n'ai jamais mis les pieds. Tiens, pour rigoler, j'essayerai de voir dans quel pays je dors en ce moment. Les voyages forment la jeunesse.
Donc tous les matins, me voilà éveillée très tôt. La lumière des lampes dans la rue filtre à travers les rideaux épais mais lâches de mon vasistas. Hm...

L'ambiance est celle d'un dimanche matin.

Quand j'étais petite, le dimanche matin, je me réveillais plus tôt que tout le monde. La maison était silencieuse. On entendait les bruits du jardin (les oiseaux, le vent...). Je restais là, à rêvasser encore un peu, à tortiller mes doigts dans les draps, à lire.
Et puis sur le coup de 9h, les portes s'ouvraient, la maison se mettait en mouvement, je reposais tout et attendais que ma mère vienne me réveiller -car bien-sûr, comme beaucoup de gosses, je faisais semblant de dormir. Pas pour rire. Pas pour faire une surprise (quoique ça a dû m'arriver une ou deux fois). Juste pour que le matin se passe comme si de rien n'était et que tout le monde ignore tout de ma vie nocturne. Ma double-vie. Personne ne sait comme moi avoir l'air profondément endormie. Je sais même moduler mon souffle. Tout le monde tombe dans le panneau. Dimanche matin d'enfance.

A présent j'ai l'impression de revivre ces dimanches matins dans une maison endormie. Et d'attendre l'heure pour descendre, comme si de rien n'était.

Les dimanches matins, les vrais, c'est important. C'est mon fantasme personnel. C'est ma réponse à la question métaphysique "qu'est-ce que le bonheur ?". Se réveiller un dimanche matin lumineux, une lumière blanche filtrant de derrière les volets, une odeur de café (que pourtant je ne bois pas) dans la maison, et un visage endormi et serein posé sur l'oreiller aux motifs de lierre pastel à côté de moi.

Ne me demandez pas. C'est un fantasme. Il n'y a rien à expliquer.

Mais le matin où je vis cela, en ressens toute la plénitude, et n'ai pas envie de traîner dans mon lit, seule avec ma vie parallèle, ce matin-là j'ai gagné.

21 décembre 2004

Rappelez-moi de mourir jeune

Seigneur ! Il ne fait pas bon avoir 75 ans si j'en crois l'exemple de ma grand'mère Mirador !

Voyons-voir : en moins de 3 jours, elle m'a parlé 4 fois de ses proprios qui se sont fait opérer des yeux, 3 fois d'une cuiller de bois qu'elle a cassé (et si elle devait la garder, et si elle devait en racheter, mais savez-vous qu'une aussi bonne cuiller, on n'en fait plus ? Alors où en trouver !?), une dizaine de fois de ce qu'on allait manger (pour note, elle m'a fait dresser pas plus tard que la semaine dernière une liste exaustive de ce que je mange ou non, et à quel repas), a reporté à plus tard par 6 fois des travaux à effectuer dans la maison en raison de mon installation (je soupçonne ces tâches d'être effectuées le lendemain de mon départ), m'a montré 3 fois les mêmes photos (de gens que je ne connais même pas, et ne connaîtrai jamais d'ailleurs), a raconté plus d'une dizaine de fois qu'elle était passionnée par l'histoire de sa famille (PS : vous ne la verrez jamais faire quoi que ce soit dans ce sens de la journée), m'a exhortée 7 fois à me couvrir plus, a radoté 4 fois sur la température de la pièce (variante : l'escalier, une autre pièce) et a tenu des propos racistes une seule fois (on est en progrès). Ah non attendez : deux. C'est déjà un bel effort. Et a gâtifié sur mes chatons une bonne quinzaine de fois, au moins. Bien. Ca, c'est fait. (Oui, j'ai compté, rares sont les occupations actuellement)

Intriguée (je devrais dire, angoissée), je lui ai demandé comment elle occupait ses journées. Le bilan est terrifiant.
Elle se lève à 9h, prépare son petit déjeuner, déjeune, fait sa vaisselle du matin, va à la toilette... hop il est déjà temps de préparer le déjeuner ! Elle déjeune, fait sa vaiselle du midi... et là on entre dans un grand flou artistique, car elle explique qu'elle 'fait des trucs' dans la cuisine. Selon mon observation, elle fait des mots croisés, relit pour la énième fois son France Soir, et... mais attendez ! Il est l'heure de préparer le dîner ! Elle dîne, 'fait des trucs' dans la cuisine et va se coucher sur le coup de 21h ou 22h (les soirs fastes). La vie de vieux est captivante. C'est atterrant.

Ok, j'avoue : je sais pertinemment que TOUS les vieux ne vivent pas de cette façon. La grand'mère de Lord T, à titre d'exemple, fait une quantité de choses : elle donne des cours particuliers à des jeunes, est membre d'associations (dont le Lyon's Club, eh oui quand même), voyage d'un de ses enfants à un autre (ou les petits-enfants quand la génération précédemment citée est épuisée), va à des expos, au cinéma, etc...

Qui représente la majorité des comportements chez les personnes âgées ? Je crains que ce ne soit pas Grand'Mère T. C'est dommage d'ailleurs.

Du plus loin que je me souvienne, la vie de mes grands-parents paternels est à peine plus palpitante que celle de Mirador, rythmée par quelques cérémonies d'anciens combattants (auxquelles ils ne vont plus à présent, car d'après ce que je sais mon autre grand'mère est mal en point et mon grand-père ne se déplace pas sans elle).
Alors, je vous en conjure, abattez-moi avant que je ne devienne vieille.

A la réflexion, ce ne sera pas nécessaire, j'ai déjà eu tellement d'occasions, je suis quasiment certaine de trépasser prématurément. Ouf !

18 décembre 2004

Ces hommes qui ont peur

Nous y voilà. Et la souffrance est réelle. Plus que je ne me l'étais imaginé ces derniers jours -je suis simplement naïve.

Quelque chose a changé. Mais pas lui.

J'étais tellement stupide de croire... Je ne sais plus en quoi j'ai cru, en fait. Je suis juste certaine que je n'y crois plus.

Les adieux n'en seront peut-être pas, après tout. Demain il me ramène les chatons restés chez ses parents, la semaine prochaine il me ramène de nouvelles affaires... (d'ailleurs ça a failli être un dernier voyage à deux mais, merci Maman T., ce ne sera pas le cas)

Alors il y aura peut-être un encore. Peut-être des nouvelles. Je dis ça mais j'en suis si peu sûre. Et puis, j'en ai marre.

Voilà tout j'en ai marre de lui mettre le nez dans ses évidences.

Il me dit que cette semaine a été plus que juste du sexe, quand je lui dis "je peux pas te dire je t'aime parce que c'est trop fort pour ce que je ressens, mais je voudrais dire quelque chose dans ce genre" il me répond qu'il comprend et que lui aussi, quand je souligne qu'avec n'importe qui d'autre, une semaine similaire lui aurait donné envie de poursuivre, il avoue que c'est vrai, que c'était bien.

C'est mon problème.

Pourquoi dimanche dernier les choses ont-elles glissé ? Pourquoi ne pas nous en être tenus au scénario de départ ? Nous aurions appris à nous haïr, au moins aussi fort que nous avions appris par nous aimer. Désormais c'est l'ambiguité la plus totale.

Il a réclamé plus. Mais quand moi j'en fais autant, il me regarde froidement et répond avec mépris.

Peut-être que dans le fond je l'aime encore, ou que je suis retombée amoureuse, je n'en sais rien. Ou tout simplement ne suis-je pas de ces filles capables de baiser sans s'investir un minimum.

Plus simplement, quand je passe une bonne semaine, je me dis que je veux que la suivante soit du même niveau, je n'ai plus envie de me demander si, et à quel point, et est-ce que...? Non, j'ai juste envie d'être bien.

Moi tout ce que je voulais c'était guérir, mais il n'y a que lui qui se sente victorieux dans tout cela. Il a toujours eu ce qu'il voulait. Moi pas. Ce sera toujours la différence entre nous. Le peu qu'il comprend vouloir, il l'obtient, quant à moi j'ai beau me battre de toutes mes forces, c'est l'échec.

C'est trop dur. Comment j'ai survécu à cela en étant amoureuse ? Sans plus l'être (ou au moins plus tout à fait dans le pire des cas) je suis déchirée. J'ai le coeur si gros que j'ai l'impression qui va m'étouffer.

Je veux juste... juste faire perdurer ce que nous avons retrouvé.

Mais au nom du passé, je n'ai pas droit à un présent convenable.

Les hommes sont des lâches.

Désormais ce sera mon ours en peluche et moi. J'ai donné.

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18 décembre 2004

Entracte

Bonbons, caramels et chocolats ! Esquimaux glacés !

Voici une très légère pause dans ce blog. Légère de deux à trois semaines, certes, mais ce n'est qu'une pause. Promis. Je suis toujours revenue jusqu'à présent, pas vrai ? Le temps d'avoir à nouveau Internet et me revoilà.

En attendant, faites-moi plaisir, prenez-soin de vous, aimez-vous les uns les autres (couverts autant que possible), et passez d'excellentes fêtes de fin d'année.

Quant à moi, avec la dernière semaine, j'ai plutôt une faim d'année - celle à venir. On verra bien.

Dans les commentaires de ce post, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques, petits bonjours et autres notes, j'aime avoir de vos nouvelles. Et profitez-en pour voter : voulez-vous que je vous fasse part des notes rédigées le temps de mon éloignement ? A vous de me dire, à vous de voter, Joyeux Noël et tout ça, on se revoit en 2005.

18 décembre 2004

Quelque chose a changé

Ce soir les cartons ont été faits jusque très tard. Je pensais haïr jusqu'à la moindre seconde de cette journée. En fait je ne l'aime que plus.

Je suis heureuse de partir. Contrariée de devoir me plier à ma mirador de grand'mère, mais heureuse de partir. Quand j'ai eu compris ça, c'est comme si quelque chose avait été mis au jour dans ma tête. Ce n'était peut-être qu'un neurone mourrant, mais j'aime à penser que quelque chose a changé en moi.

Une fois les cartons finis, Lord T et moi nous sommes regardés deux épisodes de séries qu'on adore (Malcolm et A la Maison Blanche), nous nous sommes câlinés, puis nous avons fait l'Amour. C'était juste simple. Il n'y avait pas de pression, pas de colère, pas de peur de l'avenir, juste lui et moi, on était là, on a fait certaines choses que nous n'avions jamais vécues, ni l'un avec l'autre, ni jamais, on a trouvé le moyen de se découvrir encore un peu ce soir, de partager des secrêts inexplorés et c'était simplement beau.

Quand tout a été fini, nous nous sommes regardés avec quelque chose de calme dans le regard, et je lui ai demandé "après cette semaine, est-ce que quelque chose a changé ?", il a pris quelques secondes pour répondre, comme à son habitude, et il a dit que oui. "Tu penses que je suis une trainée ?" ai-je ajoutée, inquiète de l'image que j'avais donné ces quelques derniers jours, toujours aggrippée à un appendice quelconque (enfin, j'me comprends). "Non, pas du tout dans ce domaine-là", a-t-il soufflé, "mais j'ai besoin de réfléchir à quel point et ce que ça touche".

Quelque chose a changé dans notre regard l'un sur l'autre. Nous sommes à nouveau capables de nous amuser ensemble. Capables d'apprécier la compagnie de l'autre. Capables d'avoir de l'estime pour l'autre.

Même dans la pire des situations, nous avons refait surface. Je ressens trop de plénitude et de sérénité pour m'en réjouir, mais dans les temps sombres qui m'attendent, et que malheureusement personne ne pourra suivre en live dans un premier temps, je serai heureuse d'y repenser en me disant : "Tout n'est pas perdu".

J'ai envie d'aimer. J'ai envie de l'aimer. Et je me dis que je ne suis pas si loin que je le pensais de pouvoir le faire. Je vais juste m'armer de patience, mais j'ai la conviction que ce n'est pas en pure perte. Enfin...

Quelque chose a changé et c'est peut-être lui, ou peut-être nous. Ou peut-être moi. Peut-être bien tout cela à la fois.

Les changements sont longs, douloureux et dangereux, mais dans le fond, une fois achevés... il faut autant de bien qu'une nuit dans les bras de l'homme dont on sait qu'on l'aimera toute sa vie.

PS : sur Jenifer - Donne-moi le temps. Et j'ai même pas honte (pour une fois) d'admettre que j'ai une chanson française en tête. Sectaire, moi ? Nenni. On en reparle à mon retour, ok ?

17 décembre 2004

Fenêtre

Ce soir je me suis surprise à vouloir regarder par la fenêtre. Cette petite fenêtre dont je n'avais pas ouvert les volets depuis bien longtemps, et qui crystallise mes envies. Au-delà du "jeu", juste ouvrir cette fenêtre sur l'avenir que je me souhaite. Je ne m'y étais plus autorisée depuis bien longtemps.

Et je nous vois, là, devant mes yeux, je vois cette homme que je n'Aime plus mais que je sais que j'aimerai à nouveau, lorsque j'y serai prête, lorsque je serai forte à nouveau, je le vois auprès de moi, je le vois vouloir recommencer.

Au juste, je ne suis pas sûre d'être contente de rêver de tout cela, mais de temps à autres, et tant que je délimite bien de quel côté du chambranle tout cela se passe, ça devrait aller. Je crois que ça ne peut pas me faire de mal si je reste bien dans ces limites. Rêver est une des choses que je faisais depuis toujours, jusqu'à ce que, quelque part au cours de la relation avec Lord T, j'arrête et devienne strictement terre à terre, préoccupée en permanence, soucieuse, geignarde, mélancolique et tout le tralala. Peut-être que cela fait partie des éléments qui jusque là m'avaient fait survivre à mes douleurs précédentes ?

Je me rappelle de l'effroi de ma psy quand j'avais commencé à la voir, quand elle a appris pour mes "jeux". Je crois que je n'avais jamais vu quelqu'un réagir aussi violemment à l'idée que je puisse rêver, le soir, à une vie meilleure. Elle m'avait exortée à arrêter, je n'avais pas voulu suivre son conseil. Pas tout de suite. Mais le fait est que plus tard, bien plus tard, j'ai tout de même arrêté et même si ce n'est pas entièrement lié, il faut tout de même bien admettre que je ne m'en suis pas porté mieux.

Alors, je vais m'autoriser, de temps à autres, à ouvrir ma fenêtre en grand, en prendre plein les yeux, me laisser irradier par ce qui s'y présente, quoi qu'il s'y présente.

Et si j'ai envie de rêver que Lord T et moi nous reprenons quelque chose dans un avenir pas trop proche, je vais arrêter de m'en empêcher. Une bonne fois pour toute, il faut que j'arrête de tout vouloir rendre sérieux. Il y a tellement de choses sérieuses de par le monde, il faudrait franchement que je le sois un peu moins.

Que je m'autorise à me blottir une dernière nuit dans les bras de Lord T, que je m'autorise à rencontrer un jeune adolescent avec lequel mon seul point commun est notre passion des séries, que je m'autorise à rabrouer ma grand'mère qui se permet un peu trop de choses, que je m'autorise toutes ces petites choses que j'ai passé des mois et des mois à m'interdire, toujours avec la peur au ventre, toujours en me demandant quelles en seraient les conséquences, comment j'allais le gérer, etc... Ai-je pour autant eu des conséquences moins désastreuses ? Ai-je pour autant mieux géré les choses ? Pas vraiment, non !

Certes, je ne serai jamais de ces jeunes femmes insouciantes -je n'ai pas été éduquée pour- mais je peux au moins m'accorder un peu d'air frais de temps à autres. C'est sans doute parce que je ne l'ai pas fait plus tôt que tout a été tellement difficile ces derniers temps. Je n'ai pas su survivre aux épreuves parce que je ne me concentrais que sur elles.

Non, je vais me permettre, de temps à autres, de regarder toutes les choses magnifiques sur lesquelles donne cette fenêtre. Je peux y voir pour le moment une relation puissante et lumineuse. Je veux me concentrer là-dessus quelques heures ce soir, et peut-être même demain.

Et avec un peu de chance, à force, cela deviendra une porte vers ce même paysage.

16 décembre 2004

Femme

Quand je me retrouve dans les bras d'un homme et que je m'y amuse, j'ai tendance à me trouver... pas belle, ce n'est pas le mot.

Femme.

Soudain j'ai envie de m'habiller bien, de me maquiller, de me tenir avec élégance, de prendre soin de moi. Me sentir femme dehors. Et dedans bien-sûr, en prodiguant gentillesses, attentions et câlins, mais ça... ça ne date pas d'aujourd'hui. Ni de dimanche, héhéhé...

C'est bon de se sentir plus humaine. Ce doit être normal, j'imagine, mais c'est tout-à-fait étranger pour moi, dans le fond je n'ai pas eu tant d'hommes que ça dans ma vie, et encore moins dans mon lit.

Dans le fond c'est pas plus mal de se sentir normale de temps à autres. Bon, mon amant vient d'arriver, je m'en vais lui faire un sort de ce pas...

16 décembre 2004

Touchants adieux et merveilleuses retrouvailles

Notre adieu est sans doute le plus beau dont j'aie jamais entendu parler. Combien de personnes qui ont vécu les 5 années les plus constructives de leurs vies côte à côte, se sont aimées, fait rire, fait pleurer, rassurées, soutenues, délaissées, appelées, parlées, touchées, suppliées, exortées, et pour finir se sont déchirées, se quitteraient sur une semaine de lune de miel, avec rires, insouciance apparente et confidences ?

J'avais raison de penser que c'est la plus belle histoire de ma vie. La plus romanesque. La plus exaltante. La plus remuante. Celle qui de bout en bout aura fait battre mon coeur - peu importe au rythme de quoi. Larmes tantôt de joie, tantôt de douleur, il m'aura fait vivre plus passionnément que quiconque. Je n'ai jamais osé imaginer quoi que ce soit de tel, et pourtant croyez-moi, mes "jeux" ne manquaient pas de rebondissements très Danielle Steelien...

Ce soir alors que nous déconnions sur quelque chose de charnel, soudain un frisson (et bizarrement au premier abord il n'était pas très agréable) :

lui - Ce serait bien qu'un jour tu me montres...
moi - J'y penserai.
lui - Il faudra que ce soit dans la semaine sinon chez ta grand'mère... bof quoi.
moi - Tu veux bien répéter ?
lui (coi) - J'ai rien dit.

Mesdames et Messieurs, sous vos yeux ébahis (bien qu'en très léger différé), il a sous-entendu que cette aventure se poursuive au-delà de la semaine. Vous le comprenez comme moi, pas vrai ? Lui-même était estomaqué. A la suite de quoi, cette seule pensée m'a tout coupé, lui c'est la pensée de ma grand'mère qui l'a refroidit, il allait se coucher mais je lui dis... "c'est dommage de finir la soirée comme ça". Eh bien celui-là même qui tenait à se coucher tôt, celui-là même qui ne passe d'ordinaire pas une minute de rab' avec moi, celui-là même qui avant dimanche soir m'aurait rabrouée comme c'est pas permis, celui-là a demander si j'avais un ptit DVD à nous mettre sous la dent, et l'a tendrement regardé avec moi.

Les hommes devraient faire attention quand ils nous donnent de l'espoir : on a tendance à y croire.

Et moi qui ai douté : mais triple buse que je suis, ce n'est pas qu'il ne ressente plus rien, c'est seulement qu'une fois de plus il était perdu, une fois de plus il était immature, une fois de plus il n'était pas prêt ! Comment ai-je pu me remettre en question alors que c'était si évident. En trois jours à peine nous voilà dans notre élément. Comment ai-je osé douter que je survivrai jusqu'à notre guérison ?

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