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ladytherapy
19 octobre 2004

Les soirs où le monde est moche

Peut-être que ça n'arrive qu'aux petites rêveuses comme moi. Ces gamines prépubères qui rêvent encore à l'Amour comme à un sentiment et non un acte.

Il est de ces soirs, de ces nuits peut-être plutôt, où les images que m'envoie le monde sont profondément laides. Pire. Moches. Ce ne sont pas les images en elles-mêmes qui me blessent, ce sont les idées qu'elles véhiculent.

Pourtant ce soir ne semblait pas être un tel soir. J'ai juste voulu me faire plaisir en regardant un bon pilote. Le premier épisode d'une série est ce que je préfère au monde : c'est une nouvelle intimité qui arrive dans la vôtre, et il y a appropriation mutuelle. Quand ça marche. Mais quand ça ne prend pas, c'est laid, c'est moche, même.

Me voilà donc devant ce qu'on m'avait promis comme étant une des séries du moment, téméraire, ambitieuse. The L Word. Et moi qui d'ordinaire ne me choque pas facilement devant la télé (je ne dis pas, je m'émeus, mais je suis difficiliment choquable, surtout par une fiction), me voilà sens dessus dessous. C'est moche le monde. C'est moche quand tout ce qui semble compter, c'est la haine ou le sexe. Voilà quand le monde me dégoûte. Des bouts de seins, des types en train de se branler ou se faire branler, des léchouillages abrupts, que de la laideur.

Ok, ça vous est déjà arrivé ? Allumer un écran et n'y voir que cette laideur ? Et se dire qu'en plus que tout cela manque dramatiquement d'esthétisme, en plus, les comportements et états d'esprits que ça traduit tendent à laisser penser que le monde est super moche. Cycliquement, les écrans que j'aime tant, et qui de surcroît en période de dépression, sont mes seuls liens avec le "dehors", me déçoivent mortellement. Je me rappelle de ce soir où je me suis infligée la fin d'un film de guerre où un jeune soldat assistait au viol d'une jeune vietnamienne qui finissait exécutée sur une voie ferrée, tout ça pour zapper sur un documentaire ultra-trash où des femmes se faisaient poignarder leur aine nue sur une scène tout en gardant leur visage voilé, et dans la lancée, un quelconque téléfilm aux scènes non pas sulfureuses mais particulièrement malsaines. Bref, en une heure de télévision à peine, le monde m'avait offert tout ce qu'il avait de plus laid. Je revis ça, de temps à autres.

Et juste après je me prends le coeur entre les mains comme si je voulais le réchauffer, le ranimer, j'ai mal de ce que j'ai vu, je me dis que quelqu'un comme moi n'a aucune chance dans ce monde répugnant. C'est vrai, après tout : quelqu'un qui croît aussi fermement en l'amélioration personnelle, dans le fait de travailler sur soi, de toujours tenter son possible pour être la personne la plus droite, la plus juste possible, comment quelqu'un comme moi peut survivre dans ce bain de sang et de sperme ? Sérieusement ?!

Ne vous méprenez pas. Je ne me considère pas comme parfaite. Loin de là. Si je m'aimais à ce point je n'aurais sans doute pas de blog. Peut-être même pas d'Internet ! Je brillerais si fort par moi-même que le contact d'inconnus me serait complètement égal. La violence fait partie de moi, presque autant que le sexe. Mais là, là franchement, là ça dépasse tout ce que mes yeux ont pu voir.

C'est facile de se dire que les médias transforment notre regard. C'est bien entendu un peu vrai : ils nous montrent soit le plus lisse, soit le plus laid. Mais ce qu'ils montrent... a forcément une part de réalité. Et cette seule part est en elle-même dégoûtante. Mais, voilà, c'est la vie, affrontons-la ! Au moins un peu. Je me gave d'images depuis des années, fussent-elles aussi laides que celles de ce soir, ou d'un de ces autres soirs où le monde est moche. J'ai besoin de mon injection de vie sous-cutanée, et se jeter une image bien cadrée, ça fait un shoot d'enfer. Mais parfois, je fais vraiment un bad trip. Et vous savez quoi ? Quelque part j'en redemande, parce que je n'ai pas balancé ma TV (et ceux qui me connaissent savent que d'ici à ce que ça arrive...!!!)

Bref moi je ne suis pas exactement meilleure. Mais au moins j'ai le mérite d'essayer, c'est peut-être ça la différence. Et c'est peut-être ce qui me choque, dans le fond : l'atmosphère de complaisance de toutes ces images. Ces gens qui font des choses laides et absurdes, et qui en sont ravis. Qui se font mal, qui font mal, qui baisent dans tous les coins et dans tous les sens. Et qui continuent de la sorte. Sans jamais rien remettre en question. Sans se demander s'il n'y a pas de meilleure vie à mener que celle-là. Voilà ce qui heurte mes convictions les plus intimes. Ca, et la négation de tout ce qu'il y a d'humain en ce monde.

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19 octobre 2004

Moi, je choisis

De quoi au juste suis-je la plus fière au monde ?

De ne pas me considérer comme une victime. De choisir. Et surtout, de choisir qui je suis.

Dans cette sale affaire avec Lord T, je suis on ne peut plus fière de pouvoir regarder en moi-même sans honte, sans rougir, sans détourner les yeux, de me fxer droit dans l'âme et de dire "je ne déteste pas la personne que je suis". Au contraire : j'aurais tendance à m'impressionner. Je développe dans cette épreuve, comme dans celles qui l'ont précédée, des qualités humaines dont je ne peux que me vanter auprès de mon ours en peluche.

Je suis d'une patience incroyable. D'une ténacité incroyable. D'une combativité incroyable. D'une foi, enfin, inaltérable. J'ai profondément foi en ce que je peux accomplir (je ne peux malheureusement pas avoir la même foi dans le comportement des autres ni dans le cours de la vie), ce que je peux choisir.

Présentement, je choisis. De ne pas perdre la partie. De ne pas baisser les bras (ou pas trop longtemps car soyons honnête : dans l'état de dépression dans lequel je suis, il y a forcément des phases d'abandon). De ne pas mal me comporter. Je choisis de ne pas faire de concession sur l'important au nom du vital.

Je choisis et c'est ma plus grande fierté. Certes, il y a quelques années, je n'aurais pas trouvé cela éminemment glorieux, mais voilà : je ne savais pas à l'époque le nombre de gens qui se laissent vivre sans jamais rien choisir pour ensuite avoir des regrets et se détester. Je n'avais à vrai dire même pas réalisé que mon père était de ceux-là. Que le second homme le plus important de ma vie, Lord T, en était aussi. Qu'à vrai dire une écrasante majorité des jeunes de mon âge vivaient dans ce marasme émotionnel. Et aujourd'hui je me regarde intérieurement avec fierté et je me dis : "même au pire de mes jours, je n'ai pas succombé à la tentation - ô combien grande - d'être lâche et de fuir mes responsabilités. J'ai choisi, certes, des voies difficiles (lutter quotidiennement auprès de Lord T pour que nos relations restent cordiales est un sacré choix de vie, et pas des plus faciles), mais je sais que ce n'est qu'en empruntant celles-là dans les différents domaines de ma vie que je vais réussir à avoir une certaine estime pour moi-même. Pas le temps que durera le combat, certes pas, mais ensuite, quand j'aurais arraché à la vie mes petits bouts de victoire.

Oui, moi, je choisis, et pas la solution de facilité, c'est sûr, mais au moins je reste fidèle à moi-même de bout en bout.

18 octobre 2004

Puisque les autres le font...

Aux quelques lecteurs qui fréquentent ce blog, par accident ou par goût, j'ai une petite question : que pensez-vous de cette habitude qu'ont pris beaucoup de bloggeurs de donner le titre de la chanson qu'ils écoutent au moment de rédiger leur note du jour ?

C'est vrai, à quel point est-ce révélateur ? Et d'ailleurs, où est l'oeuf, où est la poule : n'a-t-on pas tendance à s'adapter à ce qu'on écoute plutôt qu'adapter ce qu'on écoute ? Cela vous intéresse-t-il, en fait, de savoir ce que j'écoute lors que j'écris ? A vous de me dire.

18 octobre 2004

Le retour de l'Homme sans Visage

Me revoilà à retomber dans les bras de l'Homme sans Visage. Me réfugier dans ses bras. Lui et moi avons une longue histoire, plus longue qu'avec Lord T. Il est celui avec lequel j'ai été pendant et après chaque déconvenue sentimentale, de la plus bégnine à la plus carabinée.

Et pourtant, je le déteste : chaque fois qu'il apparaît c'est parce que j'ai besoin de quelqu'un, pas parce que j'en ai envie. C'est parce que personne de réel ne m'offre ce que je lui demande à lui... et qu'il est incapable de me le donner, je le sais. Il meuble juste mes soirées en entretenant mes rêves de bonheur, sans jamais les concrétiser.

Parce qu'il est temps de vous le dire : le soir, je "joue". C'est un terme que j'ai fixé il y a une douzaine d'années environ quand mes parents ont cessé de venir me dire bonsoir gentiment et que plus personne ne me disait de belles choses avant de dormir. Et vous pouvez me croire, plus encore que n'importe qui d'autre, j'avais besoin d'entendre de jolies paroles avant de m'endormir, histoire de me réconforter sur les beautés de la vie. Puisque mes parents ne le faisaient plus, j'ai donc dû m'en charger moi-même.

Me voilà donc, depuis environ 12 ans, presque tous les soirs, à entretenir ma vie extérieure du lendemain grâce à la vie intérieure du soir.

J'en suis venue à adopter une sorte de double-vie, à certaines périodes de ma vie. Le jour, la vie réelle, rarement joyeuse, et le soir, ma vie rêvée, idéale et blessante, forcément. J'ai souvent été tentée de donner un nom à l'Homme sans Visage, en lui attribuant l'identité de personnes rencontrées lors de mes jours. La nuit ils s'occupaient de moi. La plupart du temps, je me projetais dans un avenir incroyablement ravissant. Se faire des films ? Moi je jouais dedans. Dans mon propre rôle, et jamais ingrat je vous prie de le croire.

Quand les choses vont au mieux, je n'ai pas de temps pour l'Homme sans Visage. En général, à la lumière du jour, un homme porte un nom pendant cette période. Mais quand les choses vont mal, je reviens vers lui. Et je l'en déteste pour ça. Le seul fait qu'il existe est une trahison immense. Le seul fait de rêver de lui, d'imaginer une vie heureuse, loin de celle que je mène aujourd'hui, est une attaque personnelle : une façon que j'ai de me dire à moi-même "ta vie est nulle et le seul qui sache t'apaiser n'existe qu'une fois tes paupières fermées".

Je le hais parce qu'il me montre à quel point je hais ma vie quand je voudrais la mordre à pleines dents... mais j'ai la mâchoire à nu, les gencives en sang, je ne peux même pas la prendre avec une paille cette fichue vie !

Je rêve à la fois de gens de ma vie, de retrouver mes chats expatriés chez les parents de Lord T, avoir un toit au-dessus de ma tête où je n'aie plus peur, d'avoir un rythme de vie, des moyens de me payer sans angoisse quelques petites choses, ne plus avoir honte sitôt que je passe par la librairie ou la FNAC. Je veux avoir une vie normale !

Il est loin le temps où l'Homme sans Visage et moi envisagions de conquérir Hollywood : lui avec son charme, moi avec mes scénarios ! Tout ce dont je rêve aujourd'hui, c'est d'une vie banale au possible, mais stable, par pitié, stable. Où soudain l'Homme sans Visage s'évaporerait dans un recoin de ma chambre.

18 octobre 2004

Ce qu'il a fait de moi

Pétrie de doutes, de soupçons, de peurs, de douleurs... je me regarde et je vois une femme devenue infiniment laide à l'intérieur.

Je suis simplement devenue une personne qui n'a plus confiance. Qui suspecte tout le monde des pires vices (il me faut tout de même ajouter que je n'ai que rarement l'occasion de me tromper...), qui attribue à ceux qu'autrefois elle a aimé, les pires intentions.

Je ne sais plus faire confiance. C'était l'une de mes plus belles qualités : avoir été capable, malgré la trahison de mon père, de donner mon coeur à d'autres en étant certaine que ça valait la peine d'offrir un tel présent. Je n'étais pas naïve, tout de même pas : j'étais juste capable d'accorder ma confiance à d'autres !

Quand au juste ai-je perdu cette part de moi qui était pure ? Qui me donnait une âme plus limpide que le cristal ? Ce qui faisait de moi quelqu'un de beau, de riche (tout cela à l'intérieur bien entendu).

Est-ce petit à petit ? Ou après un mot qu'il m'a dit ? Une épreuve en particulier ?

Je me fais horreur.

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18 octobre 2004

Message étouffé

J'interroge mon portable. Je ne le fais que rarement le week end : ce n'est pas pour les amis que j'ai...

Et là, un étrange message. De Lord T. Vendredi. 16 heures et des poussières. Heure à laquelle il est sensé être en cours. Et moi pour une fois, où je suis dehors à un rendez-vous. L'étrange message est inaudible. En fait, il y a juste des bruits : un rythme régulier, un souffle, et une voix étouffée qui demande "pourquoi" en chuchotant. Une voix qui n'est pas la sienne.

J'ai peur.

Peur de comprendre pourquoi samedi, il a dit que tout était fini (une fois de plus) "au cas où je voudrais être avec quelqu'un". Quelle idiote je fais.

Il oserait ? Vendredi soir encore il m'a touchée avant de partir à sa soirée JdR. D'ailleurs était-ce une soirée JdR après tout ? Et s'il avait une autre fille dans sa vie ? Parce que des soirées JdR il y en a 2 par semaine à présent. Plus d'autres soirées à l'extérieur. Lui si asocial. Comment je peux être si bête ? Si aveugle ?

J'en tremble. Il ne faudrait jamais écouter les répondeurs quand on sait qu'on n'aura pas de bonne nouvelle. Je veux mourir d'avoir été si stupide : et moi qui ai cru qu'à force de patience, de persévérance... Mon Dieu je me battrais.

Laisserait-il ce genre de message ? Non je ne peux pas y croire, pas venant de lui, je me fais forcément un film, ce n'est pas le Lord T que j'ai connu pendant près de 5 ans.

Cette fois c'est trop. Je suis agitée de soubresauts tandis que je tente de me calmer. J'en pleure. Ce n'est pas possible. Je dois me tromper. J'ai l'esprit mal placé, ça ne peut être que ça. Il n'est pas aussi mauvais, il ne peut pas, pas lui. Il ne ferait pas ça, n'est-ce pas ?

Seigneur je suis trop conne.

17 octobre 2004

Nos douleurs

Empêtrés que nous sommes dans nos souffrances, nous sommes forcément incapables de résoudre nos problèmes ensemble. Quand on saigne de tout son coeur, comment serait-on à même de s'empêcher de se blesser l'un l'autre ?

Peut-être que je me fais des illusions. Peut-être ne pourrons-nous jamais guérir de tout cela. Surtout lui. Il n'a jamais eu besoin de se remettre de quoi que ce soit, et je lui ai vraiment servi tous les problèmes de la Terre d'un coup. Il ne pouvait pas s'en sortir. Moi, c'est différent, je me connais, je sais comment je réagis à ce genre d'épreuves : une période de repli sur soi, une période où je panse mes plaies, et ensuite je suis repartie pour un tour. Il n'y a que la longueur de ces phases qui change. Mais lui, comment saurait-il adopter un comportement vis-à-vis de problèmes qui le dépassent, de douleurs complètement inconnues surtout pour lui qui est insondable pour lui-même !

Nous sommes tordus de douleurs, et nous n'avons pas la moindre chance de guérir côte à côté. Mais l'une de mes blessures c'est de n'avoir nulle part où aller, une autre c'est de le perdre. Si l'un guérit, l'autre sera ralenti. Ce n'est pas juste de laisser la vie gagner de cette façon.

16 octobre 2004

Le repos ailleurs

Quand au juste ai-je commencé à ne plus chercher la paix dans les séries TV ? Je l'avais toujours fait. Quelle que soit ma blessure, elle trouvait toujours à qui parler dans une série ou une autre. Selon le besoin : de quoi me faire me remuer, ou au contraire prendre le temps de pleurer, ce que je m'autorise trop peu souvent. Chercher à la fois le rêve et les réponses... pas cette fois. Je vais chercher à la fois la douleur et la guérison dans la musique, ça n'avait jamais été mon genre.

Pourquoi, au juste ? Peut-être parce qu'il s'agit de la plus longue de toutes mes dépressions (le pluriel me fait froid dans le dos). Jamais ça n'avait duré autant : plus d'un an ! Peut-être est-ce une nouvelle phase que je n'avais encore pas eu le temps d'explorer. Peut-être les images ne me touchent-elles plus autant arrivée à ce stade ?

Je ne veux pas changer, je ne veux pas que mes maux me transforme en un être qui n'aurait plus les mêmes goûts. Si je dois changer, que ce soit exprès ! Je l'ai déjà fait, je le referai sans doute, mais pas sous la contrainte de ma souffrance ! Je veux encore aimer ces visages, ces expressions, la variété de ces histoires...

J'ai réalisé hier soir que j'avais passé près des 15 premières années de ma vie sans musique. Pourquoi le besoin s'en déclare-t-il à présent ? Et pourquoi ce qui a accompagné mes meilleurs comme mes pires jours a-t-il perdu tant d'attrait ? Vais-je ainsi perdre les gens que j'avais connus grâce à cette passion dans laquelle je m'étais tant investie ? Vais-je me perdre ?

Dans tous les cas, une évidence s'impose à moi : je passe mon temps à chercher le repos ailleurs : d'autres images, d'autres sons. Je suis apparemment incapable de me contenter de ce que j'ai ou produis. Ce n'est pourtant pas dans la recherche d'un ailleurs que je vais trouver la paix : c'est une quête sans fin que je risque. Mais tout est si laid actuellement que je n'ai qu'une envie c'est partir et m'ouvrir d'autres cieux. Hier les séries, aujourd'hui la musique, et demain, quoi ? Comment éviter de tomber dans le pire ? Comment être sûre que je ne serai pas tentée par un vice quelconque ? En le cherchant je m'assure de ne jamais trouver le repos...

16 octobre 2004

La vie d'une autre moi

J'ai souvent vécu cela. Une période de ma vie où rêver ne suffit plus. Voyons, quand était la première fois que me propres espoirs m'ont épuisée ? C'était au collège, en 3e. Un soir que je cherchais à m'endormir, j'ai réalisé avec douleur que mes rêves, les choses que je m'imaginais pour moi, me faisaient plus souffrir qu'autre chose, car ils ne se réalisaient pas. Ce soir-là quelque chose s'est fissuré en moi, et la blessure n'a de cesse de s'aggrandir et d'effriter mon coeur, petit à petit.

Je donnerais n'importe quoi pour n'avoir plus de rêves, être capable de me contenter de ma propre vie plutôt que d'en imaginer une autre. Combien de fois alors que je me passais les images d'une vie heureuse, ai-je ouvert les yeux dans le noir, et aperçu en lieu et place de gens aimants, le plafond en pente qui semblait à lui seul m'enfermer ? Je me souviens comme d'hier de ce rêve merveilleux où il (un de ces ils, plutôt) apaisait lessouffrances de mon coeur et me faisait croire à un monde de possibles, et juste après de m'être étouffée de mes propres larmes le reste de la nuit...

Il faudrait ne jamais rien vouloir de mieux pour soi quand on n'est pas capable de l'obtenir.

16 octobre 2004

Balayés

Je regarde ma vie, et l'homme qui en fait partie. Même en mal. Et je me surprends à vouloir l'en chasser.

Je voudrais qu'un autre arrive et me dise tout le contraire de ce que j'entends depuis quelques mois. Qu'un homme, un vrai, pas un petit garçon apeuré, pas ce Lord T terrifié de vivre par lui-même, arrive dans ma vie et décide de n'en plus sortir. Je rêve d'une rencontre qui me fasse oublier tout le reste.

Il débarquerait un jour, et la surface du monde en serait changée, le monde, comme une boule de Noël folle, tournerait en tous sens et étincellerait, il me prendrait dans ses bras pour me dire qu'il a mal pour moi, il se dresserait entre la vie et moi avec rage et s'étoufferait de colère, il me dirait que je mérite de ne pas pleurer chaque nuit comme si j'étais en deuil de ma propre vie, il verserait mes larmes à ma place (comme un homme, avec dignité) et n'en finirait plus de chercher en tous sens comment me rendre heureuse, avec d'autant plus de force qu'il lui serait inconcevable que ce soit sans lui. Quand je parlerais, il m'écouterait calmement avec de la douceur dans le regard, il me prendrait dans ses bras sans que je lui demande, il prendrait parfois la parole pendant des heures sans même que j'aie envie de le couper, et il n'y aurait alors pas plus fier que lui étant écouté par moi. Il n'en finirait plus de réclamer des écrits que je serais incapble de pondre suffisamment vite, et feuilletterait sans relâche mes cahiers de jeunesse, mes griffonnages insipides qui pour lui évoqueraient la petite lady, celle qui avait tellement mal qu'elle saignait de l'encre. Il me questionnerait sur les histoires qui sont dans ma tête et qui d'ordinaire n'intéressent personne, souvent même plus moi, il me demanderait de lui faire écouter les musiques que j'aime pour être pénétré de mon âme. Il se sentirait immensément riche que je consente à déposer mon coeur dans l'enceinte de ses bras, une fois de plus, malgré tous ceux qui sont passés avant, et il en prendrait un soin ridicule qui me ferait me moquer de lui. Mais comme il saurait que je ne suis pas cruelle mais juste mortellement blessée, il rirait de lui-même avec moi. Parfois, angoissé à l'idée de la force de ma douleur qui lui est complètement étrangère, il m'appellerait en plein milieu de la nuit pour s'assurer que je n'ai pas pensé à disparaître. Enfin il saurait que mes nuits commencent vers 3h, donc il appellerait vers 7. Il m'emmènerait en ville et nous marcherions des kilomètres près des cafés et des magasins illuminés, et nous passerions ainsi nos soirées à espérer ne pas lâcher la main de l'autre dans la foule, dans le noir, dans le froid, ou qu'importe, même s'il n'y a pas de raison. Il maudirait mon père mais brûlerait de le rencontrer car cela signifierait tout de même quelque chose pour lui. Terrifié à l'idée de me présenter les siens, il trouverait des excuses pour que la maison soit vide chaque fois qu'il m'emmène chez ses parents. Il aurait un coeur d'enfant, pur et sain, mais aussi une âme mature et sereine, qu'il n'aurait pas peur de partager, de mettre à nu. Il se mettrait en colère quand je voudrais abandonner, et quand je lui demanderais un conseil il me rappellerait à quel point, si les miens sont bons pour lui, ils peuvent l'être pour moi-même. Il me réapprendrait ce que je savais mais que d'autres m'ont fait oublier : avoir confiance, aimer de toute son âme. Il me raconterait avec passion des choses que je ne comprendrais qu'à moitié, mais le simple fait de découvrir dans ses yeux un monde qui ne serait pas le prolongement du mien mais qui le complèterait, me rendrait heureuse et calme. Il mettrait l'ours en peluche de ses jeunes années à côté du mien et vérifierait que je ne les ai pas déplacés - des fois que ce soit un signe - et supporterait avec toute la patience du monde mes retards incroyables en tout. Il ferait des projets d'avenir mais les garderait pour lui de crainte que je ne le déçoive, il aurait peur à chaque minute que je lui échappe et que je décide de passer de l'autre côté, que je refuse de me battre et que je mette fin à mes souffrances. Discrètement, il déposerait des messages d'encouragement dans mes livres, mes placards, et même dans mes dossiers informatiques, avec des petits smileys ridicules. Il serait furieux chaque fois que je ne mettrais pas à jour mon blog, mais ne le lirait que par gourmandise parce qu'il penserait toujours à me demander comment je vais, même si l'on ne se voit ou parle qu'une poignée de secondes. Il ferait exprès de ne pas me voir pendant une semaine de peur de m'étouffer, et pour avoir le bonheur de me retrouver, de me prendre dans ses bras, et de faire glisser son souffle sur moi. Il s'inviterait à dîner chez moi de temps à autres, juste pour me voir paniquer de n'avoir rien au frigo. Il cocherait avec moi mes vieux catalogues IKEA en promettant que, quand on s'installera ensemble... et guetterait ma réaction avec délectation quand je lui répondrais vertement qu'on est bien chacun chez soi et parfois chez l'autre. Il ne chercherait pas à répertorier mes erreurs passées, il me prendrait telle quelle, et ne me lâcherait plus.

Et il balayerait tous les autres d'un geste de l'âme comme s'ils n'avaient jamais existé.

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